Sorti dans l’indifférence en Islande fin 2012 puis récupéré par Nuclear Blast pour porter le monstre au regard du monde, rien qu’avec sa pochette, ce Voyage fait une promesse : celle d’un trip spatial, un délire lysergique tout droit sorti des 70’s. The Vintage Caravan est un power trio, comme Cream, Jimi Hendrix Experience ou Blue Cheer, type de formation typique de la fin des années 60 ayant écrit les plus belles pages dans l’encyclopédie des décibels. Autrement dit, ça racle allègrement dans les vieux pots même si on remarquera un certain manque de maturité ; on comprend mieux pourquoi quand on jette un œil sur une photo du groupe : en boîte de nuit, ils ne passent pas ! Ils ont à peine 20 ans mais cette caravane est tirée par un hybride stoner qui doit autant à Queens Of The Stone Age qu’aux noms sus-cités, sans renier les classiques Black Sabbath, Iron Maiden ou Blue Öyster Cult…
On a des garçons prometteurs : Guðjón Reynisson, batteur audacieux et efficace. Óskar Logi joue ses soli comme un cochon mais offre de bonnes garanties ; dans ce déferlement métallique le jeune guitariste patauge dans le bol de nouilles. Il est aussi le hurleur en chef. Mais vraisemblablement, c’est le bassiste qui tient la baraque, comme un papa. Il est à la base de la pyramide, la fondation. Souvent quand ses copains pataugent, ce gentleman arrive, dévale la colline, attrape tout le monde par le colback et les sauve du marasme. Sur tous les titres, il dirige d’une main de fer la rythmique ultra hot qui répond scolairement aux dogmes du genre : breaks à gogo, basses ronflantes, fuzz, longues impros…
Tout au long de l’histoire les gars cravachent, livrent du rock’n’roll balourd (« Cocaïne Sally »), un édifice stoner (« Let Me Be ») ou ce « Midnight Meditation » hanté qui sort d’un tombeau. Il y a ce « Winterland » incroyable, érigé en cathédrale sonique qui décolle après quelques minutes de muzak – R.E.M. n’aurait pas renié ça -, lorsqu’Alex Örn prend ses responsabilités et emmène le groupe dans une jungle heavy boogie à faire trembler les murs ; et là, surprise ! Un guitar hero surgit, bombe le torse et déploie ses ailes dans la stratosphère de la six-cordes. Ce garçon est surprenant. Sur « Expand Your Mind », pendant six minutes, la bande a le temps de travailler le morceau, de le tordre, pour l’élever vers des hauteurs himalayennes. L’équipe clôt le spectacle avec « Le Voyage du Roi », épopée fantastique de 12 minutes, avec tapis volant, lampe magique et poupée vaudou squattant nos pupilles dilatées. Reste le maillon faible, une balade aseptisée sous influence Pearl Jam (« Do You Remember »).
Au final, même si il y a la sensation de déjà entendu et qu’ils s’amusent à chatouiller le côté mainstream du rock ; ce disque est déjà un bon prétexte pour prendre la route et venir enflammer les salles coincées du Vieux Contient.
Ci-dessous la chanson « Midnight Meditation » :
Album Voyage, sortie le 31 janvier 2014 chez Nuclear Blast Records.