Accomplissement, estime, appartenance, sécurité, physiologie : autant de besoins qui poussent régulièrement l’homme à se hiérarchiser pour avancer de nouveau et faire face. C’est dans cette optique que le groupe perpignanais The Ghost I See s’est posé pour nous offrir un EP prometteur et redoutable. Les cinq besoins définis par Maslow dans sa fameuse pyramide sont couverts à l’écoute des morceaux de Wisdom, titre de leur premier EP, avec en primeur une intro très claire : « For Those Afraid To Speak » (pour ceux qui ont peur de parler). Il n’y a pas lieu de procrastiner, cette création artistique emmènera chaque auditeur dans un monde parallèle, où le défoulement est permis.
Composée de six membres, cette formation de 2019 n’est pas novice en la matière. Le syncrétisme musical fonctionne parfaitement : chacun amenant au groupe toute son expérience musicale, et avec comme rêve ultime celui de pouvoir vivre de sa passion. D’ailleurs, une organisation très stricte s’est instaurée naturellement pour ne pas perdre de vue l’objectif du combo : la création. Les compositions sont peaufinées par l’ensemble, et c’est diablement efficace. Les titres sont clairement taillés pour le live, terrain de jeu dans lequel il est possible d’apprécier toute l’étendue de leurs recherches musicales. Néanmoins, il peut être difficile à la première écoute d’appréhender l’émotion primaire recherchée, au sortir d’enceintes ou de systèmes de sonorisation non calibrés. Leur metalcore, à la sauce While She Sleep ou encore Parkway Drive, est tranchant. C’est simple, The Ghost I See a repris les bases de ce style musical : un son lourd, un rythme entraînant, le tout combiné à la voix claire de Loïc Caro et au chant scream de Johnas Hervieu, vous emmenant tout droit dans le rugueux. Les breakdowns lents couplés aux sons pleins et précis des guitares vous invitent au mosh sans hésitation. Limpide.
Certes le metalcore a cette particularité de brutalité, y compris dans le chant, mais il faut reconnaître que les paroles sont posées de manière remarquable sur chaque portée. Le message ne peut pas être plus clair : c’est impérieux, autoritaire et féroce.
L’EP va mettre un bon coup de pied dans la fourmilière : 2020 sera l’année musicale de The Ghost I See dans ce domaine. Les nuques vont chauffer, les oreilles vont rougir, et le cœur palpitera à chaque note émise… L’effet est garanti ! En attendant le 24 avril, date de la sortie de Wisdom, c’est à cœur ouvert que le bassiste du groupe Geoffrey Escaich a répondu à notre sollicitation pour faire découvrir l’univers du groupe :
« Nous sommes un groupe de post-hardcore/metalcore de Perpignan. Le projet a vu le jour début 2019 mais Loïc, notre chanteur pour les parties claires, n’a intégré le projet qu’en août. Pourquoi The Ghost I See ? Nous ne faisons pas référence à un fantôme au sens littéral du terme [rires]. L’idée est qu’en fait, le fantôme serait notre ombre. L’ombre, c’est l’idéal qu’on s’imagine, qu’on voit réussir, celui qu’on aimerait être. Notre but est de pousser les gens à ne faire qu’un avec la leur : qu’ils se battent pour ce qu’ils veulent, que chacun mette en œuvre les efforts et les moyens pour atteindre ses buts et ne pas vivre de chimères, de rêves, d’idéaux ou de regrets. Nos compositions sont influencées par plusieurs groupes « référence », tels que Wage War, Attila et, dans une moindre mesure, Bring Me The Horizon ou encore Crystal Lake.
Il faut noter que par chez nous, début 2019, les groupes de metal se comptaient sur les doigts d’une seule main. Il y avait un cruel manque. Heureusement, la tendance s’inverse aujourd’hui avec un milieu associatif mettant en avant la scène locale et une communauté metal en constante évolution. Ce démarrage ‘en trombe’ n’aurait de toute façon pas été possible sans la motivation des gars. Le projet a boosté tout le monde et les résultats sont là. On n’a pas compté nos heures aussi, mais quand on aime, on ne compte pas ! Nous avons instauré dès le début une gestion entrepreneuriale du groupe, qui impose de la rigueur, du sérieux… et énormément de travail. Ainsi, dès le lancement de la page Facebook et du compte Instagram, nous nous sommes rendus très actifs, nous avions fait notre autopromotion dans l’ombre et avions commencé à ‘parler concert’ pour ne pas arriver les mains vides. Nos anciens contacts et groupes nous ont permis d’arriver ‘fort’, avec notamment un tremplin en février, que nous avons gagné (le Festival en Kit pour pouvoir jouer au Tremplin du Desertival).
Nous avions forcément des ambitions en nous lançant (concernant les vues du clip, entre autres) mais nous nous sommes quand même pris une claque. C’est ‘l’engouement’ qui nous a surpris ! Les vues, les abonnés Facebook, Insta, tout est monté très vite (à notre échelle) et c’est très encourageant pour nous, tout en mettant une pression positive sur nos épaules. Au-delà de ça, on a très vite été en contact avec Malsain Clothing (marque française de vêtement) et Skull strings, qu’on remercie chaleureusement. Ce genre de soutien n’a pas de prix pour des groupes émergents comme nous.
En se mettant en ‘veille’ sur le marché moderne de la musique, on s’aperçoit assez rapidement que le format CD tous les un à deux ans s’épuise. On vit dans une société où les gens consomment et jettent. Dans cette même logique, ne pas apporter de contenu frais aux auditeurs n’assure pas la pérennité des revenus aux artistes. Partant de ce principe, les groupes se doivent, pour leur survie, de tenir en haleine leurs fans. Comme d’autres groupes, nous avons fait le choix de ne pas sortir d’album mais seulement des ‘singles’ assortis de contenus exclusifs et/ou des EP plusieurs fois par an. Pour faire simple : on concentre notre créativité à cent pour cent sur une pièce puis sur une autre. Nous sommes tout le temps en studio, tout le temps en mix, tout le temps en train d’écrire, tout en étant à cent pour cent auto-produits.
A ce jour, je propose une ou plusieurs compos finies sur du Guitar pro ou en fichier audio (avec un air de chant et des paroles si possible), je fais écouter aux gars et on valide le ou les morceaux en l’état ou en débattant des modifications à faire. Dans un second temps on les travaille en répète puis on les enregistre pour avoir les samples pour les concerts. Cette méthode, je pense, permet de garder une cohérence dans le son, le style, les thèmes évoqués tout en laissant la liberté créative à chacun d’entre nous. De cette façon nous avons pu commencer avec cinq morceaux dès la première répète. Forcément, après tout découle assez rapidement (je pense au clip notamment).
Concernant l’EP en lui-même, appelé Wisdom (Sagesse), nous avons réuni nos musiques évoquant, d’une façon ou d’une autre, un sujet avec recul, réflexion : le stress au travail (en incitant à prendre du recul avant qu’il ne soit trop tard), la trahison entre amis (en évitant la vengeance et la rancune), nous parlons même, dans ‘Bullfight’, de notre vision des ‘metalleux’, qu’il faut arrêter de stigmatiser : le sens de nos paroles est une chose importante pour nous, on crie, mais ce n’est pas du charabia ! Notre musique est violente, les paroles se doivent de l’être aussi. Dans les faits, nous traitons des sujets auxquels nous pouvons tous être confrontés. On amplifie les mots utilisés pour coller à notre style de musique mais nous essayons de faire preuve de réflexion et de sagesse au niveau des sujets que l’on aborde plutôt que de se contenter d’insulter ou dire n’importe quoi.
Prêt pour se défendre sur la scène nationale ? Oui, il faudra ! On bosse jour et nuit pour ! Notre son est taillé pour le live, on est sûrs de pouvoir conquérir de nouvelles oreilles sur scène ! On veut petit à petit se développer sur le Sud puis à l’échelle française, en espérant que cet EP nous donnera le coup de pouce nécessaire. Nous avons eu l’opportunité d’ouvrir pour Polar, notre ambition est de multiplier les dates en première partie de groupes pros, dans notre style, pour continuer de se faire un nom et remplir notre jeune CV.
Les prochaines étapes sont simples : faire plus de vues, plus de stream, vendre notre merch et notre album pour pouvoir faire des clips à plus gros budget et investir dans le son, le tout en faisant davantage de concerts… de plus en plus gros. Nous mettons un point d’honneur à dire les choses pour que chacun puisse ouvrir ses chakras et nous suivre dans nos mélodies. Cela nous voulons le partager chaque journée, tourner partout en France, et vivre le rêve d’une certaine façon. »
Line-up :
Loïc Caro : chant
Johnas Hervieu : chant « scream »
Ritchy Perez : guitare lead
Gaël Carre : guitare rythmique
Geoffrey Escaich : basse
Vincent Carre : batterie
Vous pouvez suivre l’actualité du groupe sur sa page Facebook.