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Live Report   

Thin Lizzy : dancing in the Transbo


Nous ne pouvions rester sur le souvenir du concert de Thin Lizzy au Hellfest 2011 ; un de ces quelques shows diminués en qualité et en quantité auxquelles nous avions assisté sur les scènes principales du festival clissonais ; la faute à un son brouillé par le vent (et peut-être un peu par la technique), à un jeu de lumières incomplet à cause d’un passage en après-midi et une durée limitée (donc une setlist tronquée), planning oblige.

Non, vraiment, on n’aurait su s’en contenter. Mais l’énergie que nous avions tout de même pu voir se déverser en ce jour de juin et la qualité des musiciens présents sur scène nous ont démontré qu’un nouvel examen serait amplement mérité. Nous nous sommes donc inscrits, sans y réfléchir à deux fois, pour être là lors de leur passage au Transbordeur de Villeurbanne.

Artistes : Thin LizzyThe Electric Ducks
Date : 17 février 2012
Lieu : Villeurbanne (Lyon)
Salle : Transbordeur

Coin-coin ! Il va falloir vous secouer le bas des reins car entrent en premier sur scène les Canards Électriques, ou plutôt The Electric Ducks qui ne pratiquent pas la Danse des oiseaux palmés mais plutôt la Marche à la mode colvert, autrement dit : le groupe montpelliérain est né du désir de rendre hommage au plus grand duck-walker australien alias Angus Young, ainsi qu’à sa clique d’AC/DC. Mais même si les cinq gars ne pratiquent plus l’hommage en copistes, ils le poursuivent en bons disciples d’un hard rock viril, riche en testostérone, outrancier mais surtout chargé en énergie positive.

Guilhem Constans (The Electric Ducks), bon-scottien.

Même si on ne l’avait pas appris plus tôt, on aurait compris, ou au moins soupçonné, que les Ducks avaient démarré comme un tribute-band à « Acedèce ». Tout l’exprime : dans la gestuelle et les postures de Guilhem Constans, son chanteur bon-scottien, dans les mimiques, grimaces et courses d’un bout à l’autre de la scène du guitariste soliste, Yannick Deveaux, à la Gibson SG écarlate qui ne manque pas de nous faire penser à un Angus haut sur pattes… Même la position de la section rythmique nous crie AC/DC, le guitariste rythmique et le bassiste étant la plupart du temps plantés de part et d’autre de la batterie, tels des Malcolm Young et Cliff Williams (quoiqu’en plus expressifs).

Et même si le groupe s’est depuis défait de ses atours de cover-band, musicalement, le groupe reste très enraciné dans ce terreau acédécien : les intros de la plupart des chansons laissent souvent présager de l’arrivée d’une reprise, mais non, les compos n’ont, par conséquent, pas grand-chose d’original et les musiciens restent de « sages » (si j’ose dire) élèves des maîtres. Mais faut-il pour autant s’en plaindre ? Non ! Car autant se plaindre des Australiens qui nous offrent depuis plus de trois décennies la même recette mais avec toujours le même plaisir de retrouver de telles saveurs. C’est fun, énergique, bien interprété, rock’n’roll.

The Electric Ducks : un ange passe…

Enfin, nous ne pouvions pas tourner cette page sans évoquer le clou du spectacle. Car, même si le plus gros du public s’est montré relativement peu réactif pendant la demi-heure de show des Electric Ducks, le final a certainement dû rester dans toutes les mémoires. Le très youngien Yannick, même s’il nous a constamment rappelé son modèle en habit d’écolier, nous faisait plus penser à une sorte de satyre (plus encore quand sa chevelure part en pétard) qu’à ce diable d’Angus. Et pour marquer encore plus la différence, ce n’est pas cornu qu’il nous revient, après un temps d’absence sur la scène, mais angélique, ailé et en tenue d’Adam, au milieu du public, sa seule pudeur étant de garder sa guitare à hauteur de ceinture. Satyre, je vous dis ! Alors, quand nous n’aurons pas d’AC/DC à nous mettre sous la dent, il est fort probable qu’on ne résistera pas à une petite fringale de Canards.

Ricky Warwick (Thin Lizzy)

Depuis son retour dans les années 90, évidemment, la reformation de Thin Lizzy pose problème auprès de certains fans et des puristes mais aussi auprès des casse-pieds et autres rabat-joie : pourquoi continuer à faire vivre Thin Lizzy sans Phil Lynott ? Depuis la mort du chanteur-bassiste, emblématique figure de proue (comme tout bon frontman) et compositeur principal du groupe, ont-ils le « droit » (entre guillemets car s’ils ne l’avaient vraiment pas, on les en aurait déjà empêchés depuis longtemps) de continuer à faire ça ?

En tout cas, les quelques centaines de personnes (environ 650 au pifomètre) présentes au Transbo ne devaient pas être du genre à se poser la question. Et même si, à en juger par le gris et quelques calvities ornant le chef de certains, une bonne partie avait dû avoir l’opportunité en leur jeune temps de connaître la formation dans son état d’origine, ça ne les a pas empêchés, ce soir-là, de venir apprécier certaines des magnifiques chansons de Thin Lizzy interprétées en live, parfois en famille, emmenant, dans certains cas enfants (ou petits-enfants) à la découverte d’un groupe dont ces derniers ne connaissent, au mieux que par la reprise de « Whiskey In The Jar » par Metallica.

Marco Mendoza (Thin Lizzy), une basse, une gueule.

Enfin, le groupe débarque… après une intro longuette. Ils sont six… et ça peut faire un peu bizarre quand on repense à la pochette de Bad Reputation (1977) sur laquelle n’apparaissaient que trois visages. Mais ils sont là et donnent le signal de départ de la soirée avec « Are You Ready » enchaîné sur un « Jailbreak » qui nous confirment que ce soir, il va falloir casser les portes de la prison du train-train pour faire la fête.

Néanmoins, quelque chose nous turlupine. Même si la musique, puissante invitation au défoulement, est là, parfaitement interprétée, cela réclame une certaine gymnastique auditive d’entendre la voix de Ricky Warwick à la place de celle de Lynott, d’autant plus que nombre de chansons étaient, originellement, parfaitement adaptées au chant, à la voix et au phrasé de l’Irlandais. Heureusement, au bout de quelques titres, cette impression saute et nous fait oublier ce petit tracas vocal, surtout à partir de morceaux comme « Dancing In The Moonlight » (qu’on aurait tant eu envie d’entendre à Clisson l’an dernier ; mais comment « danser au clair de lune » en plein jour ?) où la salle a commencé à remuer du croupion.

Scott Gorham (Thin Lizzy) : gentleman guitar-hero.

Car c’est là aussi le talent de Thin Lizzy : s’être créé un répertoire aussi riche en titres bruts de décoffrage qu’en mélodies dansantes. Et c’est probablement pour cela qu’il est encore important de continuer à les faire vivre en live, en public ; une musique si pleine de vie, de pulsations, de mouvements, ça se vit, ça se fait vivre. Et, même si le groupe n’existe que pour rendre hommage (but avoué) à la musique de Phil Lynott, il n’est pas un simple cover-band. Car quel genre de groupe de reprises de la Mince Lizzy serait celui qui compte encore dans ses rangs un membre d’origine, le batteur Brian Downey, et son guitariste le plus emblématique, Scott Gorham ? Ce n’est pas un groupe de reprises de Thin Lizzy, c’est bel et bien Thin Lizzy que nous avons devant nous ! Qui se plaindrait de voir Gorham jouer ces solos qu’il a lui-même composés pour ce groupe et qu’il interprète avec une maestria à hurler de plaisir ?

Et les autres zicos n’ont pas tellement à lui envier ! Comme souvent, c’est surtout toute la section de cordes (dont Warwick qui gratte sa guitare sur plusieurs morceaux) qui est mise en avant. Damon Johnson (transfuge d’Alice Cooper), en second guitariste, montre autant de talent (ce qui n’est pas peu de choses) que son aîné. Marco Mendoza à la basse fait non seulement honneur aux lignes lynottiennes mais aussi au public qui n’a pas de quoi se lasser d’observer le musicien : sa trogne, son look, son jeu, ses déplacements (élisant souvent domicile sur l’estrade de la batterie), tout attire l’œil chez lui ! A contrario, Downey est des plus discrets mais, si on ne le remarque pas, c’est sans doute parce qu’il n’y aucune remarque, aucune critique à prononcer contre lui. Enfin, aux claviers, Darren Wharton (qui, lui aussi, a côtoyé Lynott, dans ce même groupe, dans les années 80), n’aura pas beaucoup fait entendre la qualité de ses dons, ses parties étant généralement noyées dans les guitares mais on ne regrettera sûrement pas d’avoir pu profiter de son jeu, surtout à partir de l’intro de « Angel Of Death » (et son solo), mais aussi en second chanteur, répondant à Warwick, grâce à un joli filet de voix, sur « Still In Love With You » (qui aura, il faut le remarquer, manqué d’une levée de briquets dans la salle).

Ricky Warwick : l’atout charme de Thin Lizzy ?

Au final, Thin Lizzy est toujours le meilleur groupe pour jouer du Thin Lizzy et le public ne s’y est pas trompé, reprenant en chœur et avec joie les « Musha ring dumma do damma da » de « Whiskey In The Jar » ou les « The boys are back in town », acclamant le sextette, applaudissant ou criant à tout rompre après chaque chanson ou lors des hommages rendus à nos chers disparus que sont Phil Lynott, bien sûr, mais aussi Gary Moore. Ce groupe ne mérite pas les critiques aigres que lui assènent certains ignorants. On sort conquis, tous ses soucis envolés, d’une telle soirée, en joie.

Animalement vôtre.

Setlist :

Are You Ready
Jailbreak
Don’t Believe A Word
Killer On The Loose
Dancing in the Moonlight
Massacre
Angel Of Death
Still In Love With You
Whiskey In the Jar
Suicide
Waiting For An Alibi
Cowboy Song
The Boys Are Back In Town

Rappels :
Emerald
Rosalie (reprise de Bob Seger)
Black Rose

Photos : Nicolas « Spaceman » Gricourt
Galerie photos de Thin Lizzy.
Galerie photos de The Electric Ducks.



Laisser un commentaire

  • je vois qu’ils laissent la même impression partout . vu à Montréal en première partie de judas est je fus conquis . Que des hits .

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  • Se concert est juste le meilleur que j’ai fait

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  • CallOfKtulu(Florent) dit :

    « On sort conquis, tous ses soucis envolés, d’une telle soirée, en joie. » Sentiment partagé ! très bon résumé de la soirée à l’image de cette dernière phrase.

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