Un retour en arrière s’avère rarement un bien pour un groupe. Il est généralement attendu d’un artiste qu’il avance, progresse – évolution se faisant parfois aux dépens de ce qui faisait tout le sel des premières œuvres. Après avoir vogué dans les parages de la vague metalcore, longeant la côte Pantera, Throwdown a conservé cette énergie, s’est défait du souci d’être mélodique, pour garder avant tout le côté « dans ta face », avec cette pointe de groove, qui fait pogoter dans sa tête, puis dans la fosse. En un mot : hardcore ; et c’est la définition d’Intolerance, qui casse l’enclos où Throwdown s’est installé depuis une dizaine d’année pour revenir à sa libre sauvagerie première.
Ayant pris l’habitude de délayer son propos dans des titres pouvant atteindre les six minutes, bien loin de ses brulôts originels, voilà que le combo fait machine arrière à plein régime, ne dépassant ici que rarement les trois minutes, restant même bien plus souvent sous les deux minutes trente. Résultat total : un moshpit de 28 minutes d’urgence hardcore non-stop, mais filant à telle vitesse qu’on n’a le temps de se raccrocher qu’à peu de choses. Si les premiers titres, de « Fight Or Die » à « Avow » mettent un bon pain dans les chicots de l’auditeur qui le prend avec plaisir, une fois la douleur installée, on ne la sent plus, tout va trop vite pour comprendre ce qui arrive. On sort parfois de la transe ainsi produite par des « Suffer, Conquer » (qui lève le pied, un peu, pour remettre une louchée de groove) ou « Cut Away » (qui, a contrario, excite par ses accélérations) mais on arrive déjà au bout de cette petite demi-heure en se demandant s’il y avait la moindre corniche à laquelle se raccrocher, où s’arrêter.
Dans l’excitation, en renouant avec le noyau dur de son art, Throwdown semble avoir oublié en chemin de varier son propos. On passe d’un morceau à l’autre sans trop sentir ce qui les différencie (même accordage, même rythme, et le timbre inchangé de la voix omniprésente de Peters). Par conséquent, si Intolerance marque un véritable retour à la case départ Beyond Repair, avec un hardcore sans concession et toujours ces grosses guitares metal percutantes, alors vivement la prochaine étape car un You Don’t Have To Be Blood… bis, soit un nouvel album de crossover irrésistible qui montrait à l’époque tout leur potentiel, serait la meilleure chose annoncée par ce dernier opus.
Ci-dessous le titre « Fight Or Die » :
Album Intolerance, sorti le 21 janvier 2014 chez eOne Music