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Interview   

Thundermother version 2.0


Coup dur chez Thundermother, au printemps 2017 quatre des cinq membres du groupe ont quitté le navire, laissant la guitariste et principale compositrice Filippa Nässil seule, avec deux choix s’offrant à elle : arrêter le groupe ou le faire renaître avec un nouveau line-up. Mais Filippa n’est pas du genre à se démonter, nourri par son amour du rock’n’roll, avec la vivacité d’un éclair, elle a ressoudé autour d’elle une toute nouvelle équipe, réduite à un quatuor.

Parmi sa nouvelle garde rapprochée : Guernica Mancini, chanteuse venant apporter son blues aussi sensuel qu’incisif, en lieu et place de Clare Cunningham, connue également pour sa collaboration avec l’ex-Megadeth Jeff Young dans Souls On 11. Nous avons été à sa rencontre pour faire les présentations et prendre la température chez les Suédoises, assez peu inquiets, il faut le dire, au vue de l’énergie hard rock déployée sur le nouvel album, intitulé Thundermother pour marquer le coup, le poing levé en signe de combativité sur la pochette.

« C’est important que les fans voient que nous sommes soudées, que nous allons continuer à nous battre pour ça et faire de notre mieux, travailler dur, pour que Thundermother continue à exister et offrir de la bonne musique au monde. »

Radio Metal : Au printemps 2017, trois membres ont quitté le groupe. Tu as toi-même remplacé Clare Cunningham. Est-ce qu’on t’a dit ce qui s’était passé ?

Guernica Mancini (chant) : Oui, on m’a dit ce qui s’était passé. De ce que j’en sais, ce qui s’est passé est que l’ancienne chanteuse voulait se concentrer sur une carrière solo, voilà pourquoi elle n’a pas voulu continuer avec le groupe. Les autres filles, je pense qu’elles en ont profité pour partir aussi parce que je crois qu’elles en avaient marre de tourner.

Que connaissais-tu du groupe avant ton recrutement ?

Je soutenais ce qu’elles faisaient mais je ne les écoutais pas vraiment, trop occupé avec mes propres trucs [petits rires].

On dirait que l’année 2017 a été très chargée pour le groupe, avec le changement de line-up et l’écriture de l’album. Est-ce que ça a été une année difficile émotionnellement pour Filippa ?

Au départ, oui, c’était une année difficile émotionnellement parce que n’importe quel changement requiert énormément d‘énergie de ta part, mais ça ne signifie pas pour autant dire que le changement est toujours une mauvaise chose. Dans ce cas précis, de toute évidence, ça été une très bonne chose, pour nous toutes. Et on apprend de ce genre de situation.

Peux-tu nous parler de ton recrutement ?

Filippa et moi nous nous connaissions depuis un certain temps, lorsque mon ancien groupe a joué avec son autre groupe Hifly. Nous nous sommes rencontré, nous avons appris à nous connaitre et nous sommes restés en contact via Facebook. Et environ un an plus tard, donc en janvier de l’année dernière je crois, j’ai contacté Filippa parce que je voulais lui demander si elle connaissait une bassiste et alors nous avons commencé à discuter. Elle m’a expliqué qu’elles avaient des soucis, et j’ai dit en plaisantant : « Si jamais tu as besoin d’une chanteuse de substitution, fais-le moi savoir, j’arrive dès demain ! » Et elle était là : « Eh bien, en fait, il se trouve que je pourrais en avoir besoin… » J’étais là : « Quoi ?! » Elle m’a demandé si je voulais auditionner. J’étais là : « Mais carrément ! » J’ai passé l’audition fin février, et j’ai eu le job. Et on connaît la suite.

Dans la bio sur Facebook, l’audition a été décrite comme un moment intense à Stockholm. Peux-tu nous en dire plus ? Qu’est-ce qui faisait que c’était aussi intense ?

En gros, je vis dans le sud de la Suède, je suis venu pendant le week-end, et j’ai fait des ébauches de chant pour « We Fight For Rock N’ Roll ». Ensuite, une semaine plus tard, j’ai eu le job. Donc j’ai dû beaucoup me déplacer et à chaque fois que je venais à Stockholm, nous devions répéter, faire un clip vidéo, faire un shooting photo, tout finir en deux ou trois jours. C’était intense, c’était vraiment dingue. Une fois que tous les membres étaient calés, nous n’avions que très peu de temps pour se retrouver, répéter et faire de nous le groupe que nous sommes aujourd’hui.

Comment as-tu abordé ton chant ? Est-ce que tu as essayé de t’inspirer de ce que Clare faisait avant ?

Nous travaillons très bien ensemble avec Filippa mais je suis totalement différente de l’ancienne chanteuse. J’ai apporté mon propre feeling aux anciennes chansons. Même avec le nouvel album, j’ai apporté une couche supplémentaire au chant, on peut dire. Car je ne peux pas chanter comme qui que ce soit d’autre, je ne peux chanter que comme je chante. C’est important pour moi de faire en sorte que ça sonne comme moi. Avec la tournée estivale, j’ai même essayé d’apporter de petites modifications aux mélodies… Enfin, pas les mélodies en soit mais de petits trucs pour que ça me ressemble davantage.

En juin, le nouveau line-up de Thundermother a sorti le single « We Fight For Rock N’ Roll ». Etait-ce plus que jamais important pour le groupe de montrer que son état d’esprit combatif était intact ?

Clairement. C’est important que les fans voient que nous sommes soudées, que nous allons continuer à nous battre pour ça et faire de notre mieux, travailler dur, pour que Thundermother continue à exister et offrir de la bonne musique au monde. Surtout après tout ce qui s’est passé, c’était important de montrer au monde que quoi qu’il arrive, Thundermother se relèvera. Et puis je trouve que nous avons une super alchimie ! Il y a une bonne unité. Nous nous éclatons ensemble, nous nous marrons, nous travaillons dur. C’est top !

L’album a été enregistré en dix jours et Filippa a dit que presque tout a été bouclé sur les premières prises. Qu’est-ce qui selon toi à permis à cette session d’enregistrement d’être aussi fluide ?

Tout d’abord, nous sommes toutes de très bonnes musiciennes. Nous jouons toutes de nos instruments depuis des années. Je chante depuis aussi loin que je me souvienne. Les filles sont très, très bonnes sur leurs instruments respectifs. Ce qui facilite déjà les choses. Ensuite, nous étions parfaitement préparées, nous avons énormément répété avant d’entrer en studio, car nous avions toutes le sentiment qu’il était important d’avoir ce son old school, très organique. Or c’est quelque chose que tu n’obtiens qu’en enregistrant live. Tu as ce feeling naturel, exactement comme lorsque tu es sur scène. Quand tu es là avec toutes les autres, chacune se nourrit de l’énergie des autres, et ainsi tu obtiens ce feeling plus vivant. Tout du moins pour nous, ça donne un feeling différent de si on était toute seule dans une cabine d’enregistrement. Soixante-dix pourcent de l’album a été enregistré live, ensuite nous avons juste dû revenir sur les chansons pour faire quelques petits trucs supplémentaires. Donc c’est ça la base de tout. Et ensuite, il y a aussi que nous nous éclatons ensemble. Nous avons vécu ensemble pendant deux semaines d’affilée dans ce studio et bossé comme des dingues pour faire un super album. Je pense que ça s’entend dans l’album.

« Nous sommes toutes de très bonnes musiciennes. Nous jouons toutes de nos instruments depuis des années. Je chante depuis aussi loin que je me souvienne. Les filles sont très, très bonnes sur leurs instruments respectifs. Ce qui facilite déjà les choses. »

Quinze chansons ont été enregistrées mais seulement treize se retrouvent sur l’album. Est-ce que les deux chansons restantes verront la lumière du jour ?

Oui, ça viendra. C’est juste que nous voulions travailler un peu plus dessus. Ce sont de très bonnes chansons mais il leur manque des parties. Donc maintenant nous avons le temps pour les peaufiner et les rendre meilleures que possible avant de les sortir.

Le concert que vous avez donné au Wacken Open Air était si satisfaisant que tout le groupe s’est tatoué le logo du festival. Peux-tu nous parler de ce concert particulier ?

C’était incroyable ! Il y avait dix-mille personnes dans le public, ils criaient pour nous avant que nous montions sur scène, ils hurlaient « Thundermother ». C’était une expérience incroyable, car il y avait la pire météo possible, c’était boueux, il pleuvait, c’était horrible, mais on aurait dit que le temps s’était éclairci pour nous… En tout cas, il n’a pas plu pendant que nous jouions. Et c’était vraiment palpitant de voir autant de gens te réclamer et être excités, appréciant le show, il y avait un mosh pit au milieu de la foule, c’était sans conteste un de mes concerts préférés que j’ai fait dans ma vie. C’était incroyable.

Tu as été dans un groupe qui s’appelle Souls On 11 avec l’ex-Megadeth Jeff Young à Los Angeles jusqu’à 2012. Pourquoi après ça avoir décidé de revenir en Suède ?

La seule raison pour laquelle je suis revenu en Suède, c’était parce que je n’ai pas eu mon visa à temps [petits rires]. J’étais censée obtenir un visa d’artiste et ça a pris bien plus longtemps que prévu. J’ai obtenu le visa un an plus tard. Et là j’avais déjà fondé un nouveau groupe en Suède. Donc je n’ai pas ressenti le besoin de revenir aux Etats Unis. Mais c’était vraiment uniquement pour ça que je suis revenue. Parce que je ne voulais pas être illégale aux Etats-Unis [petits rires].

Et du coup, qu’est-ce qu’est devenu Souls On 11 ?

J’ai quitté ce groupe environ un mois avant de revenir en Suède. Je crois que Jeff est parti chercher une autre chanteuse. Mais honnêtement, je n’ai pas trop suivi car c’était une situation de groupe très étrange. Jeff Young est une personne très spéciale. Il a un grand talent, c’est un guitariste extraordinaire mais il est comme beaucoup de gens à Hollywood qui vivent sur des succès passés. Je n’avais que 24 ans quand nous jouions ensemble, mais il était bien plus vieux que moi. Et j’avais l’impression que ça n’allait nulle part avec moi. Mais c’était amusant, c’était une bonne expérience.

C’était difficile de travailler avec lui ?

Oui ! Pourquoi crois-tu que Dave Mustaine l’a viré du groupe ? [Rires] Après avoir travaillé avec lui, je comprends complètement !

Peux-tu nous donner des nouvelles de ton projet solo et ton groupe Royal Ruckus ? Parce qu’apparemment, au moment où tu as été recrutée par Thundermother, tu as rencontré des soucis avec ce groupe.

Le statut de Royal Ruckus est que c’est en arrêt permanent. Ce n’était pas mon choix d’arrêter ce groupe. C’était celui des gars. Pour être honnête, nous ne jouons plus ensemble, donc je ne sais pas ce qu’ils font de leur côté. Et je me focalise à cent pour cent sur Thundermother. Si quoi que ce soit se passe à nouveau, on verra. Mais pour le moment, c’est en arrêt permanent. Et avec mon solo projet, je n’ai pas fait grand-chose dessus depuis un moment mais j’espère qu’un jour je ferais quelque chose.

Interview réalisée par téléphone le 16 janvier 2018 par Philippe Sliwa.
Retranscription, traduction & introuction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de Thundermother : www.thundermother.com.

Acheter l’album Thundermother.



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