L’année 2020 aurait dû être celle du grand retour de Rage Against The Machine, avec sa première grande tournée mondiale en vingt ans. Evidemment, une certaine pandémie en aura décidé autrement. En passant de l’excitation d’un tel projet de reformation à se retrouver seul chez soi dans l’incertitude, il y a de quoi déprimer. Mais le guitariste Tom Morello, qui a plus d’un tour dans son sac, a finalement trouvé le moyen de rebondir, grâce à l’inspiration inattendue de Kanye West et à son exutoire solo baptisé The Atlas Underground Project avec lequel il avait sorti un premier album en 2018. Un projet ambitieux se voulant réunir les mondes du rock et de l’EDM, celui du mainstream et de l’underground, et une ribambelle de contributeurs venant de tous horizons.
The Atlas Underground Fire poursuit cette démarche, tout en démontrant que, finalement, à notre époque, il ne faut pas grand-chose pour réaliser un album à grosse production. Tom Morello nous en parle ci-après, livrant sa philosophie et évoquant deux grands tubes interplanétaires : « Highway To Hell » d’AC/DC, qu’il reprend en compagnie de Bruce Springsteen et Eddie Vedder, et « Killing In The Name » de Rage Against The Machine dont il nous dévoile le secret de fabrication.
« Avant, la musique était une source d’expression, une célébration de joie et de résistance. Cette fois-ci, c’était un radeau de sauvetage, un antidépresseur. »
Radio Metal : Tu as déclaré que, pendant le confinement, tu avais passé « beaucoup de temps assis à ne rien faire et à déprimer. [Au début], c’était un véritable désert créatif, que [tu] n’avais jamais connu de [ta] vie d’adulte ». Comment as-tu surmonté cette situation et trouvé l’énergie et l’inspiration pour faire un album dans ces conditions ?
Tom Morello (guitare) : Oui, je suis vraiment passé d’un vrai désert musical et créatif à l’une des périodes les plus fructueuses de ma vie. L’inspiration est venue d’une source très inattendue en la personne de Kanye West. J’ai lu une interview dans laquelle il disait que, pour certains de ses albums les plus connus, il avait enregistré ses parties vocales sur son téléphone. En ce moment, je suis assis dans mon joli studio que je ne sais absolument pas utiliser [rires]. On ne me laisse toucher qu’au bouton de volume. Du coup, je me suis dit : « Je vais enregistrer la guitare directement avec mon téléphone », et le son était super ! Ensuite, j’ai pu envoyer mes riffs et mes idées à différents artistes et producteurs dans le monde, d’un côté pour commencer à m’exprimer et à trouver un exutoire artistique pendant cette période d’anxiété, mais aussi pour bâtir une communauté musicale avec des amis et des camarades pour créer et dépasser les limites d’un homme seul dans son studio pendant un an. Il y a Bring Me The Horizon au Brésil et au Royaume-Uni, Bruce Springsteen dans le New Jersey, Eddie Vedder du côté du Nord-Ouest Pacifique, Sama’ Abdulhadi en Palestine, Refused en Suède, Chris Stapleton à Nashville, Mike Posner au Nepal – il a gravi l’Everest pendant l’enregistrement de cette chanson ! C’était une vraie lueur d’espoir dans une période assez sombre.
Enregistrer un album était-il une nécessité pour toi, pour te changer les idées et ne pas sombrer dans la dépression ?
Oui. Avant, la musique était une source d’expression, une célébration de joie et de résistance. Cette fois-ci, c’était un radeau de sauvetage, un antidépresseur. C’était un moyen de maintenir l’obscurité à distance pendant une période de stress intense – du stress politique dans ce pays, avec le meurtre de George Floyd et la stupidité de Trump, à la pandémie et aux feux de forêt en Californie. La liste de défis à surmonter était apocalyptique, et pendant cette période, mon oasis a été la possibilité de faire de la musique et d’enregistrer cet album.
Comme tu l’as mentionné, tu as enregistré toutes les parties de guitare sur le mémo vocal de ton téléphone. Quel impact cette technique rudimentaire a-t-elle eu sur ta créativité ?
Les règles et le protocole d’enregistrement classique en studio sont partis à la poubelle. Normalement, tu enregistres avec d’autres musiciens, tu fais plusieurs prises, tu modifies des trucs entre les prises, tu échanges des idées… Là, il n’y avait que moi, ma guitare et mon téléphone. Du coup, je me contentais de venir m’installer ici, de brancher le matériel, de choisir la guitare et la pédale qui me semblaient appropriées ce jour-là et d’enregistrer quatre ou cinq idées. Puis je me disais : « À qui vais-je envoyer ça ? Avec qui ai-je envie de commencer à écrire une chanson ? » Ce jour-là, ça pouvait être Bring Me The Horizon, ou alors… J’ai lu un article consacré à une jeune DJ palestinienne, Sama’ Abdulhadi, et je lui ai envoyé quelque chose. Chaque jour apportait son lot de surprises et de libertés. Quand j’envoyais la musique, je ne savais pas du tout si on allait me répondre pour me dire : « J’aime bien l’idée numéro un », ou « Envoie-moi autre chose ». Dans un moment où chaque jour ressemblait au précédent, cette diversité créative me paraissait incroyable.
Cela t’a-t-il rappelé l’époque bricolage du début de ta carrière ?
Oui. Je n’y avais pas pensé en ces termes, mais quand j’ai emménagé à Hollywood et que j’étais coincé dans un minuscule appartement avec un enregistreur quatre pistes, ce n’était pas très loin de ça ! Sauf que je ne pouvais pas envoyer mes démos à Bruce Springsteen.
« ‘Killing In The Name’ était la sixième chanson sur la démo de Rage Against The Machine. Nous ne pensions pas qu’elle avait quoi que ce soit de spécial. Et pourtant, trente ans plus tard, on en parle encore. »
On ne dirait vraiment pas que l’album a été enregistré sur un téléphone. Cela t’a-t-il fait réaliser que les studios très chers que tu as pu fréquenter par le passé étaient du gâchis d’argent ?
Le son est génial, non ?! Absolument. À cent pour cent [rires]. J’ai un studio chez moi dans lequel nous avons enregistré plusieurs albums, et le son est super, mais cela m’a aussi rappelé que ce ne sont pas les micros que tu utilises qui font de la bonne musique. Voilà comment je le présenterais. J’ai enregistré des albums avec des micros très chers et j’en ai enregistré avec mon iPhone, et on entend que c’est moi à la guitare avec les deux techniques.
Pour The Atlas Underground, tu avais un concept musical clair que tu poursuis avec The Atlas Underground Fire. Il y a une vraie cohérence entre les deux albums. Comment ton idée et l’approche musicale de cet hybride de rock et d’EDM ont-elles évolué sur cet album ? J’imagine que tu as dû beaucoup apprendre de ta première expérience…
Oui, tout à fait. Encore une fois, beaucoup de choses sont dues à l’alchimie musicale avec les différents participants, que ce soit Protohype, Mike Posner ou Jon Levine, qui a produit la chanson d’ouverture de l’album, « Harlem Hellfighters ». Avec le premier Atlas Underground, j’ai prouvé qu’on pouvait associer la puissance brute d’une pile de Marshall analogiques et les drops de basse de l’EDM dans un genre musical qui fonctionne. Une fois ce cadre établi, la question est : que veux-tu faire avec ça ? Quel genre de chanson veux-tu écrire ? Ce qui me plaît dans The Atlas Underground Project, c’est que ce n’est pas limité à une notion spécifique. C’est la différence entre un artiste solo et un gars dans un groupe, et elle a son importance. J’aime faire les deux. En tant qu’artiste solo, tu as une pureté de vision et une idée qui n’est pas filtrée par des voix extérieures. Cet album, c’est ma vision : « Comment vont sonner les chansons ? Avec quels artistes vais-je travailler ? À quoi ressemblera l’artwork ? » Ma guitare ouvre plus ou moins la voie, c’est un guide à travers toutes les chansons, mais dans le même temps, chaque titre me donne l’impression de faire partie d’un groupe différent. Je laisse l’alchimie de la collaboration me tirer hors de ma zone de confort et créer quelque chose que je ne pourrais pas – ou ne voudrais pas – créer seul. J’ai été constamment surpris par l’excellence des contributeurs et par la façon dont ils ont poussé ma guitare dans une nouvelle direction.
Comme nous en avions parlé la dernière fois, The Atlas Underground Project se veut à la fois expérimental et accessible à un large public, ce qui peut sembler contradictoire de nos jours, du moins dans le rock. Mais il y a plusieurs décennies, des groupes de rock avec un côté expérimental pouvaient avoir beaucoup de succès, comme Jimi Hendrix ou Pink Floyd l’ont prouvé. Penses-tu que le public mainstream ait perdu son goût pour l’expérimentation rock ? Ou est-ce plutôt que la scène rock mainstream a perdu son audace ?
C’est une question intéressante, et bien que ce soit le genre de question qui mérite qu’on y réfléchisse, c’est aussi le genre de question dont la réponse, à plusieurs égards, ne m’intéresse pas du tout [rires]. J’ai toujours été extrêmement autonome, et parfois mes albums se sont vendus à dix millions d’exemplaires, et parfois à dix mille. Mais pour moi, la mission de ces trente dernières années et de ces vingt et un albums… Selon moi, le seul moyen de mesurer le succès est de faire la musique et de créer l’art dans lesquels tu crois et qui te semblent honnêtes. Parfois, ça prendra la forme d’un hit avec couplet, refrain, couplet, refrain, et un arrangement pop façon Beatles, comme « Bombtrack ». À d’autres moments, ça consiste à essayer de créer un nouveau genre musical en se basant sur deux univers qui se détestent – le rock et le hip-hop à l’époque, ou le rock et l’EDM aujourd’hui. J’ai toujours suivi ma muse. C’est grâce à ça que j’arrive à dormir la nuit.
Je dois dire que la façon dont les gens consomment la musique aujourd’hui est radicalement différente par rapport à l’époque où j’apprenais la musique. J’ai deux enfants de dix et onze ans, et je les vois découvrir la musique de façon tellement imprévisible. Mon fils de onze ans adore la musique mais ne connaît le nom d’aucun des artistes qu’il aime parce qu’il les découvre via des montages vidéo animés. C’est tellement différent de l’époque où j’allais au magasin de disques, où j’attendais le nouvel album de Led Zeppelin et où je l’usais jusqu’à la corde. Je pense que la capacité d’attention entre en jeu, mais dans le même temps, certains artistes en marge de l’EDM, du hip-hop ou du rock font de la musique fascinante dont un plus large public profite.
« Je suis africain, mais avoir vu le jour à Harlem m’a offert une vraie connexion avec l’Amérique noire. J’en ai toujours tiré de la fierté. »
Le premier single extrait de l’album est une reprise du « Highway To Hell » d’AC/DC, qui est sans doute la chanson rock la plus iconique de tous les temps. Mais « Killing In The Name » de Rage Against The Machine est également une chanson rock iconique, bien qu’elle soit très différente. Selon toi, qu’est-ce qui fait que ces chansons se distinguent dans l’inconscient collectif et l’histoire du rock et ont un tel pouvoir de cohésion ? Qu’est-ce qui fait qu’un hit devient un hit, d’après toi ?
C’est une bonne question. Je me demande bien ce que ces chansons ont en commun. Je dirais que la première chose, sans tenir compte des paroles, c’est que l’alchimie des groupes qui les jouent est totalement unique et incontestablement solide. Si tu prends cette alchimie… Un critique a un jour dit à Angus Young : « Vous avez fait dix albums qui sonnent exactement pareil. » Et Angus a répondu : « N’importe quoi. Nous avons fait onze albums qui sonnent exactement pareil. » Si tu prends la force d’un groupe comme ça, qui sait exactement qui il est, et que tu tombes sur une super approche et un super solo de guitare, alors tout s’emboîte, comme c’est le cas avec « Killing In The Name » et « Highway To Hell ». « Killing In The Name » était la sixième chanson sur la démo de Rage Against The Machine. Nous ne pensions pas qu’elle avait quoi que ce soit de spécial. Et pourtant, trente ans plus tard, on en parle encore.
Te souviens-tu du moment où tu as écrit cette chanson – le moment où la magie a opéré ?
Tout à fait. Je m’en souviens très clairement. J’étais prof de guitare à l’époque, et j’expliquais à un élève qui appartenait à un groupe local comment s’accorder en drop D. J’avais une basse à la main à ce moment-là, et je lui expliquais comment cet accordage réoriente la touche et permet à ton esprit, tes doigts et tes riffs de prendre une direction différente. Pour lui donner un exemple, j’ai improvisé le riff de « Killing In The Name ». Je lui ai dit : « Attends deux secondes. » J’ai pris un petit enregistreur cassette et j’ai enregistré l’idée parce que je la trouvais cool, et puis je l’ai mise de côté. Nous avons commencé à travailler sur cette idée le lendemain en répétition, avec quatre personnes qui y ont apporté une contribution égale et géniale.
Le titre d’intro, « Harlem Hellfighter », a été inspiré par ton lieu de naissance. Comment cet endroit t’a-t-il modelé en tant qu’homme et en tant qu’artiste ?
Je suis né à Harlem, qui était à l’époque un endroit extrêmement dangereux, mais je n’y ai vécu que la première année de ma vie. Par la suite, j’y retournais l’été pour rendre visite à des amis. J’ai grandi dans une petite ville de l’Illinois, radicalement différente des rues violentes où nous vivions avec ma mère – la 142e Ouest et Riverside. Mais j’ai toujours été fier d’être né là-bas. Je suis de l’Illinois, mais je suis né à Harlem. Mon héritage africain est kényan. Ce n’est pas comme si ma famille remontait à l’époque de l’esclavage. Ma mère a rencontré mon père en Afrique de l’Est. Je suis africain, mais avoir vu le jour à Harlem m’a offert une vraie connexion avec l’Amérique noire. J’en ai toujours tiré de la fierté.
L’album se termine sur un instrumental de près de neuf minutes, « On The Shore Of Eternity ». Non seulement vous étiez confinés en raison d’une pandémie, mais la productrice et DJ palestinienne Sama’ Abdulhadi devait faire face à des bombardements et des raids dans son pays pendant que vous travailliez sur la chanson. À quel point avoir créé une chanson dans de telles circonstances est-il symbolique ?
Je sais ! Elle n’a pas seulement un talent fou, c’est aussi une héroïne de ce point de vue. C’était très effrayant. À l’origine, je lui ai envoyé quelques-uns de mes riffs orientés Sabbath, Zeppelin et Deep Purple, et elle m’a dit : « Ah… J’aime bien, mais je ne sais pas quoi en faire. » Je lui ai répondu : « Merci pour ton honnêteté. Faisons ça autrement. Pourquoi tu ne m’enverrais pas quelque chose ? N’essaie pas de faire un titre d’Audioslave ou un truc comme ça. » Elle m’a envoyé cette chanson de trance arabe. C’était très surprenant, très beau, et très éloigné de ce que j’avais déjà pu enregistrer. J’ai fermé les yeux et j’ai joué sur cette chanson de plus de huit minutes. Et puis j’ai recommencé, et recommencé à nouveau, de façon totalement improvisée, en puisant dans mon Coltrane et mon Charlie Parker intérieurs, en me laissant aller, sans aucune attente quant à ce qui allait venir ensuite. Elle a ensuite pris mes pistes, fait appel à son génie pour la production et en a fait « On The Shore Of Eternity ». « Sur les rivages de l’éternité », c’est comme ça que Saladin, le grand chef arabe qui a repoussé les croisés, décrivait la ville de Jérusalem. C’était une ville sur les rivages de l’éternité. Nous nous sommes dit que c’était un titre adapté à l’époque.
« Le point commun des albums de The Atlas Underground, c’est la volonté de se lancer dans une sorte d’étrange synergie avec moi [rires]. »
La chanson « Night Witch » s’ouvre avec les paroles : « Darkness hello my old friend », qui fait forcément penser à « The Sound Of Silence » de Simon & Garfunkel. Y a-t-il un lien direct ?
Phem est un autre jeune artiste très talentueuse. Je ne suis pas sûr. Nous n’avons pas abordé le sujet de Simon & Garfunkel, mais j’ai le sentiment que c’est lié, parce que je sais que ses goûts musicaux sont très larges et très variés. À l’origine, elle a écrit les paroles comme une chanson de rupture classique. Je lui ai fait remarquer que ce serait plus intéressant de leur donner un contexte plus historique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Sorcières de la Nuit désignaient les femmes pilotes de bombardiers de l’Armée rouge qui passaient en planeur au-dessus des lignes ennemies et bombardaient les fascistes. Les Allemands se moquaient d’elles en les appelant les « Sorcières de la Nuit » parce que leurs avions faisaient un bruit qui ressemblait à un balai, mais elles ont fini par adopter le nom et par s’appeler elles-mêmes les Sorcières de la Nuit. Nous nous sommes dit que nous allions prendre ce drame romantique, cette histoire de rupture, et la transposer dans le cockpit d’une femme qui ne reverra peut-être pas son amant parce qu’elle va exploser du fasciste.
Sur le premier album, les paroles suivaient un thème : les histories de fantôme de justice sociale. Tu fais même référence au fait que « les histories de fantôme de l’injustice sociale seront entendues » sur « The Achilles List ». Nous avons déjà parlé de la façon dont la pandémie a affecté la conception de cet album, mais a-t-elle également affecté les paroles ?
Tout à fait. Pour qu’une chanson ou un album soit intéressant, je pense qu’il doit être authentique. Je n’avais pas peur de laisser cet album refléter les innombrables émotions que nous ressentions pendant cette période. Au premier abord, le titre rock avec Bring Me The Horizon, « Let’s Get The Party Started », semble vouloir dire : « Ouais, descendons dans la fosse ! », mais c’est en fait une réflexion sur le fait que, quand tu es totalement au bout du rouleau, tu n’as que deux solutions : sombrer dans la dépression ou faire la fête jusqu’à te foutre en l’air. Cette chanson tend vers ça. « The War Inside », avec Chris Stapleton, penche de l’autre côté : nous sommes isolés, nous essayons de faire en sorte que nos familles restent en bonne santé mentale et physique, nous devons faire face à nos démons intérieurs et essayer de ne pas craquer. Je ne voulais pas ignorer… D’une certaine façon, même « Highway To Hell » reflète l’époque dans laquelle nous vivons. Dans le même temps, « The Achilles List » et « Hold The Line » sont des pierres angulaires de l’album dans le sens où il s’agit de célébrations de la résistance à une autorité injuste.
De façon générale, tes albums sont effectivement des instantanés de l’époque à laquelle ils sont sortis. Considères-tu ta musique et tes albums comme des capsules temporelles pour les générations à venir ?
Je n’y ai jamais pensé en ces termes. J’essaie simplement de faire en sorte que les albums aient un impact à leur sortie, mais j’espère que l’art et la musique transcendent le temps. Des rues de Santiago aux manifestations en soutien à George Floyd dans tous les États-Unis, les gens scandent : « Fuck you, I won’t do what you tell me ». Certaines chansons de Nightwatchman sont chantées autour des piquets de grève aux États-Unis. J’essaie simplement d’apporter ma contribution en faisant de la musique honnête, pas seulement par rapport aux luttes du quotidien, mais par rapport à celles qui vont bien au-delà. Mais oui, le public peut apprendre l’histoire avec ces chansons, comme j’ai appris de The Clash et Public Enemy, de Bob Dylan, Pete Seeger et Woody Guthrie, qui selon moi sont des indicateurs importants, à condition de savoir lire les signes.
Tu as fait appel à une grande variété de collaborateurs sur les deux albums de The Atlas Underground Project. Quel est le point commun entre tous ces gens ?
Le point commun des albums de The Atlas Underground, c’est la volonté de se lancer dans une sorte d’étrange synergie avec moi [rires]. Je veux vraiment laisser l’alchimie des différentes collaborations orienter le projet sans aucune idée préconçue. C’est très différent de la façon dont j’ai pu faire de la musique en d’autres lieux et à d’autres époques. Il n’y a pas de test musical à passer pour participer à ces albums. Il faut seulement être ouvert, avoir envie de voir où cette aventure nous mènera et ne pas être satisfait tant que nous ne serons pas tous les deux convaincus que la chanson est géniale.
Mon temps est écoulé. Merci d’avoir pris le temps de discuter avec nous.
Merci beaucoup pour tes questions intéressantes. Je donne beaucoup d’interviews, et parfois, c’est agréable de répondre à des questions pertinentes. Si tu pouvais également transmettre mes remerciements éternels aux fans, amis et camarades français que j’ai croisés au cours de ces trois décennies et qui m’ont offert certaines des meilleures expériences live de ma vie, ainsi qu’une compréhension et un soutien sans faille envers mon travail. Je veux juste qu’ils sachent que je leur suis très reconnaissant.
Interview réalisée par téléphone le 2 septembre 2021 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Nicolas Gricourt.
Traduction : Tiphaine Lombardelli.
Site officiel de Tom Morello : tommorello.com
Acheter l’album The Atlas Underground Fire.