Tool est le meilleur groupe à jamais avoir existé. C’est un fait. Une inaltérable vérité. D’aucuns essaieront de débattre, grand bien leur fasse, l’échauffement des cœurs et des esprits est dans notre nature. La réalité, pour ceux que cela intéresse, est qu’aucune œuvre n’a jamais atteint le caractère parfait et absolu de la musique délivrée par le quatuor californien.
Subjectif, partial, péremptoire et pédant. Oui, ce propos l’est définitivement. Et pourtant je ne peux nier que pour deux raisons, écrire ces quelques lignes me procure une glorieuse félicité. La première, est que je me suis forgé cette opinion dans ma prime adolescence et qu’elle a représenté pour moi une épiphanie violente et imprescriptible. La seconde est qu’aujourd’hui encore, bien que je sois revenu de cette conviction fanatique et réductrice, une infime partie de moi continue sauvagement d’y croire…
Né au début des années 90, je ne fais pas partie de cette génération qui a découvert Tool dans les bacs avec Opiate ou Undertow. Je ne suis pas non plus de celle qui a halluciné avec les sorties d’Aenima et Lateralus. Non, je suis de la génération mp3, qui a eu le pouvoir ultime de disposer de toute la musique du monde en libre accès mais qui ne savait pas forcément par où commencer. Puis il y eu ce jour. Ce jour où, dans un acte de bienveillance, on m’a mis 10,000 days entre les mains. Jusqu’alors alité aux classiques du hard rock et du neo metal, je ne savais pas exactement à quoi m’attendre. Soyons honnêtes : ce fut un viol. Tel un aveugle perdu dans un escalator, j’ai erré dans l’œuvre de Keenan et comparses sans comprendre. À la fois fasciné et torturé par des structures et sonorités qui fissuraient mon entendement, j’ai avancé dans ce monde inconnu, d’une richesse et d’une complexité hypnotiques. Quelques mois plus tard, j’avais compris. J’avais compris que jamais plus je ne serai le même et que Tool ne me quitterait plus.
Vint alors la phase d’évangélisation. Période fanatique et sans compromis durant laquelle je me sentais détenteur du feu sacré, de la sacro-sainte vérité absolue. Une vérité qui, bien que me brûlant les lèvres, ne devait pas être divulguée au premier péquin venu. Non, il n’aurait pas été concevable de mettre ce trésor entre de mauvaises mains. Aussi, tel un témoin de Jéhovah de premier rang, je tentais de transmettre la bonne parole aux personnes que je jugeais dignes de la recevoir, mon esprit s’exaspérant et vociférant des « mais brûlez-les ! » aux moindres « c’est un peu long dis donc » et autres « y’a un solo ? ».
Si aujourd’hui j’arrive à réprimer ces élans propagandistes un tantinet fascistes, je n’en suis pas pour autant guéri, et je vous le dis : Tool aura ma peau. En effet, dans mon petit cœur d’exalté rôde un mal qui ne dort jamais et qui me rongera tant que soif ne sera pas épanchée. Car oui, même si ça m’arrache la gueule de le dire, il est une triste vérité : je n’ai jamais vu Tool en concert. Jamais. Cet état de fait, qui n’empêche étrangement pas la Terre de tourner, me laisse un profond et ironique sentiment d’injustice. Moi, l’éternel prosélyte prêt à partir en croisade pour ses convictions saturées, n’aurait même pas vu de ses propres yeux l’idole au troisième œil ? Absurde! Imaginez des hommes de foi n’ayant jamais rencontré leur dieu, ce serait quand même… Oh wait ! Bref, tout ça pour dire qu’il est pour moi inimaginable de passer l’arme à gauche un jour sans avoir joui du grand saut dans l’absolu.
Mais voilà, une fois n’est pas coutume, le groupe n’en finit plus d’hiberner. Hormis quelques tournées en territoire yankee ou nippon qui pourront donner l’impression aux rageux de se faire troller par le booking, Tool semble donner du temps au temps et laisser soigneusement cuver son inspiration. Reste donc à trouver du plaisir dans l’attente, car entre news prophétiques et déclarations bullshit, difficile de se faire une idée sur ce que nous réserve le combo pour l’avenir. Pour ma part, j’ai pris la décision de ne plus soumettre mes espoirs à ces nébuleux signaux de fumée et de maintenir mes nerfs à flot pour le moment venu. Voilà six ans que Tool m’a laissé pour mort devant ma chaîne, l’esprit lézardé d’une indescriptible fascination. Nul doute que l’histoire finira par se répéter.
Et cette fois, je serai prêt.
Tool a inventé la musique.
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Pour ma part, le cheminement a été bien différent. Mon premier contact avec Tool n’a pas réolutionné mon quotidien. Je me souviens du clip de Sober qui tournait régulièrement dans la playlist de Rock Express (sur M6) avec ce trip d’animation à la Tim Burton. Mais je n’étais pas prêt. Je pense en effet que pour écouter et comprendre un tant soit peu la musique de Tool il faut être « prêt », et je ne l’étais pas. Je cherchais autre chose à ce moment là. J’étais à l’affût de groupes tels que Machine Head, Biohazard, Pantera, Sepultura, Slayer, Megadeth et tant d’autres. Mais Tool non, trop freak, trop mou, trop barré pour moi.. Mais c’était avant. Pourtant, je me souviens avoir acheté pour l’anniversaire d’un pote l’album suivant, Aenima. Sur le coup, toujours pas de surprise, musique trop hermétique à mon goût, pas assez directes. Puis je me suis mis à écouter l’album seul chez moi, concentré pour essayer de « comprendre » cet ovni qu’était le combo de Meynard. Et là, je ne saurais expliquer comment, j’ai eu le déclic! J’avais enfin pigé! Put***! M***e! C’est un groupe de barges! Unique! Et même avec les années, Tool reste à part car il n’a jamais suivi aucun mouvement, il n’en fait qu’à sa tête et semble s’inspirer de lui-même. Une musique certes un peu opaque à la première écoute mais qui, une fois que l’on a saisi le délire, vous emporte dans un monde musical inconnu, hypnotique, profond, envoûtant, magique. Les mots ne sont pas trop forts et n’importe quel accro au groupe comprend ce ressenti.
La suite est claire: Lateralus, 10,000 Days, 2 autres chefs-d’oeuvre incontournable du rock. Et on attend leur prochaine offrande. Personnellement, je prends mon mal en patience, je sais que l’attente ne sera pas veine et que le prochain album apportera de nouveau son lot de surprises.
Tool, plus qu’un groupe, cristalise un concept artistique qui va bien au delà du simple trip musical. Merci à eux pour cette fusion de créativité!
Rat Mort.
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Tool, ou l’art de la controverse. L’article permet à pas mal de personnes de s’y retrouver je pense. Ils font indéniablement partie de ces groupes du début des années 1990 (je pense à Meshuggah ou Cynic)qui ont amorcé une nouvelle façon de concevoir la musique métal. Certes il y en a d’autres, mais l’exhaustivité est impossible en la matière. L’article est vraiment bien, simple, drôle parfois, tout en étant personnel mais lucide. Commencer par « Tool est le meilleur groupe à jamais avoir existé », c’est une putain d’accroche efficace.
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Je pense que ton article est résumé avec « né en début 90 », et ensuite pour 10 000 days « ce fut un viol. Tel un aveugle perdu dans un escalator, j’ai erré dans l’œuvre de Keenan et comparses sans comprendre », je pense que t’as pas assez de recul avis perso, c’est bien Tool, mais pas non plus ultime, trop prévisible et convenu, c’est l’eurodisney du metal, version train fantome, une fois que tu connais le système, et quand tu sors du labyrinthe, enfin, je parle pour moi, tu te dis, oui, et alors ? J’ai eu plus de transcendance avec pas mal d’autres groupes métal ou hors métal, c’est juste un groupe comme un autre, qui met 3 plombes pour sortir toujours le même outil, y’a plus qu’à attendre devant l’usine la prochaine production en espèrant qu’ils licencient pas trop le personnel.
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tu n’as pas encore eu le déclic pour dire cela… 😉 « l’eurodisney du metal » « prévisible », » convenu » ? c’est juste un groupe qui s’auto produit depuis quasiment leur début… chaque nouvel album influence pléthore d’artistes et pour ceux qui connaissent tool, quand tu écoutes d’autres groupes dans le même style, tu dis immanquablement : »ah tiens on dirait un peu du tool » mais le problème c’est que c’est toujours en moins bien…(ps :je suis né dans les années 70, j’ai assez de recul ?)
Excellent article qui relate le vécu de beaucoup de personnes (moi y compris) vis à vis de Tool.
Ca prend aux tripes, et ça ne lâche rien.
Bravo le Phasme !
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J’aime cet article. Pour 2 principales raisons.
La première, je suis un fan incontesté de ce merveilleux groupe qu’est Tool.
La seconde, je me reconnais dans ce post. Je suis né à la même époque que toi, découvert le quatuor de la même manière, avec le même album et surtout, avec la même ferveur que toi.
Je suis, encore une fois, totalement d’accord avec ta vision de Tool en tant que meilleur groupe ayant jamais existé.
Merci de le dire 🙂 C’est soulageant et tellement vrai 😉
Bonne continuation 😀
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Z certainement tous au courant … mais sait-on jamais … pour aider à patienter, n’oubliez-pas « A perfect circle » … même chanteur …
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merci! je me sens moins seul au monde ce soir…
j’ai pris 2 fois ma claque en live et redemande chaque jour de me faire bastonner de nouveau!
tool est un groupe qui se mérite, au début on est dubitatif – après quelques écoutes on est forcément conquis 😉
vivement la suite…
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Un article au top !
Bravo Le Phasme pour cette analyse très pertinente !
A quand un article sur Down ?
El Pellerinni
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Ah je pensais qu’il y aurait une annonce du groupe pour leur prochain album… Ca frustre, mais j’ai l’impression que TOOL se fait un peu plus entendre depuis quelques jours…
Mon groupe préféré et de loin, ils ont crée un univers unique, ce qui en fait un groupe énorme
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