Quand le collectif Klonosphère décide de voyager, son chef de file, Klone, choisit logiquement d’emmener dans ses bagages quelques copains et pas des moindres. Une petite virée sur les routes de France avant d’envahir les contrées nordiques.
Et l’une des dernières dates en Hexagone fut pour Lyon pour une soirée avec Trepalium, Hacride, Klone ainsi que l’équipe locale de 314 Project. Du beau monde pour une même scène regroupant quatre groupes talentueux, dont les trois premiers sont issus de la pépinière Klono. Une tournée éreintante pour l’anniversaire de la Sphère, mais une tournée qui laisse et a laissé, très certainement, plus d’un spectateur rêveur.
19 heures, CCO de Villeurbanne, un soir d’octobre. La soirée s’annonçait chaude.
Artistes : Klone – Hacride – Trepalium – 314 Project
Date : 24 octobre 2012
Salle : CCO
Lieu : Villeurbanne
314 Project est une formation née courant de l’été 2009. Cette bande d’amis issue de la région lyonnaise est venu se greffer à cette affiche afin de chauffer une salle se remplissant lentement… très lentement. Pas de quoi décourager le combo qui est impliqué dans son show, y mettant toute son énergie et son savoir-faire. Il est évident qu’à partir du moment où les membres viennent, pêle-mêle, de God Damn, Mithridatic ou encore d’Ana, l’expérience de la scène, même jeune, est déjà là. Le combo affiche dans ses principales influences DevilDriver, Lamb Of God ou encore Pantera, ce qui transpire déjà à travers la voix de Renato, également chanteur de God Damn (ceux-ci ne cachant pas non plus leur code génétique).
Le thrash « moderne » offert par le groupe est diablement efficace. Efficace et impressionnant de maîtrise. Le son, plus que correct, participe grandement au bien-être que les quelques premiers présents ont pu ressentir du premier au dernier titre du set. Les nombreux sourires et petits pogos entre amis en sont la preuve. L’atmosphère est détendue et le groupe et particulièrement ses deux frontmen font preuve de convivialité auprès de l’audience. Un membre du public confiera ses lunettes à l’un des guitaristes qui les posera sur un caisson derrière la batterie. Une batterie qui se retrouve d’ailleurs en bordure de scène ce qui rajoute à l’aspect convivial déjà présent. Le groupe qui s’est vu offrir un set d’une petite heure avouera d’ailleurs son étonnement face à une salle qui, vers 19h30, c’était déjà bien gonflée. Le show se conclue par un lancer de CD dans la foule qui n’hésitera pas à se jeter sur les nombreux disques qui sont venus joncher le sol du CCO.
Trepalium emboîte alors le pas. Si 314 Project n’avait eu droit qu’à une scène réduite, Trepalium se voit offrir l’intégralité de celle-ci. On va même jusqu’à agrémenter la scène de décors avec deux projecteurs placés sur les deux côtés de l’estrade de la batterie. Ces projecteurs arrosent de lumière deux silhouettes qui ne sont pas sans rappeler celle de la Mort. Le groupe ouvre les hostilités avec un « Heic Noenum Pax » issu de H.N.P., dernier opus en date du groupe. Là encore le son est bon, peut-être un peu plus brouillon que pour 314 Project mais audible tout de même. Dès ce premier titre un constat saute au yeux : Cédric Punda alias « KK », chanteur du groupe, semble en mode automatique. On sent la fatigue sur le visage de l’homme ainsi que dans ses mouvements très lents, manquant de spontanéité. Vocalement rien de bien méchant, hormis quelques petits retards toujours vite rattrapés. Mais, a contrario du frontman, on note la forme exceptionnelle de Harun Demiraslan à la guitare à la précision d’orfèvre et à l’énergie sans égale. Le bougre saute, headbangue, hurle et distribue solo précis sur solo précis. Les yeux ne peuvent pas se défaire de lui tant il accapare la scène par sa seul présence.
En live, Trepalium se rapproche d’un bulldozer n’ayant plus de freins grâce son groove ravageur pour les cervicales. La setlist est principalement axée sur H.N.P. : « The Worst Friend », « Insane Architect » ou encore la reprise de Pantera, « I’m Broken » – qui verra KK chanter en duo avec Renato de 314 Project – qui se déguste en live car ayant plus de profondeur que sur disque. Les classiques sont également de sortie avec « Sick Boogie Murder », « Inner Hell » ou encore « Usual Crap ». Malheureusement, les shows n’évoluent pas énormément, ne varient pas beaucoup face aux shows vus au Hellfest ou encore au Motocultor. Ce qui, malgré tout, n’enlève rien à la qualité musicale du groupe qui, assurément, a ravi les fans et comme les néophytes.
Setlist de Trepalium (source setlist.fm)
Heic Noenum Pax
Prescription Of Crisis
Glowing Cloud
Worst F(r)iend
Insane Architect
Sick Boogie Murder
Inner Hell
Daddy’s Happy
Necropolis
I’m Broken (reprise de Pantera)
Usual Crap
Hacride, troisième groupe de la soirée, monte sur scène et se voit accueilli par un public nombreux qui s’est agglutiné devant la scène. Le combo ouvre son set par « Synesthesia » qui, d’emblée, annonce la couleur du show. Ce dernier peut se définir en deux points : précision et atmosphère. Tout comme Hypno5e (également issu de la Klonosphère) Hacride évolue dans un metal croisant de bon nombre de styles, lorgnant aussi bien du côté oppressant de Tool que du côté polyrythmique de Meshuggah. Le combo démontre une réelle identité musicale et le prouve en enchaînant sur « Pertubed ». Petit point noir non négligeable : par instant la voix se trouve sous-mixée et donc difficilement audible. Mais le charisme naturel d’Adrien Grousset au chant fait presque oublier ces problèmes de son. Ce frontman en impose et maîtrise bien l’alternance voix claire/growl. Les musiciens assurent une performance solide et carrée, à l’image de Florent Marcadet, aux fûts, qui effectue son premier concert de la soirée puisqu’il officie également au sein de Klone.
« Strengh » est expulsé des enceintes pour nous mettre de grands coups de pieds dans le c** et fait sauter un public profondément acquis à la cause du groupe. L’excellent « My Enemy » démontre aussi à quel point même une musique complexe peut-être accrocheuse. « Act Of God » et « Overcome » suivent la mouvance alors que le public est de plus en plus déchaîné. Puis le show tire à sa fin, concluant par « On the Threshold of Death « . Répétitif, ce titre n’est pas pour autant lassant. Il matraque les tympans et l’esprit, provocant une absence, un oubli de la réalité nous entourant, une hypnose qui laisse de nombreux sourires et des corps groggy. Une performance, comme dit plus haut, précise et atmosphérique. A voir sans hésitation.
Setlist de Hacride (source setlist.fm)
Synesthesia
Perturbed
Strength
My Enemy
Act Of God
Overcome
On The Threshold Of Death
Une tournée Klonosphère sans Klone serait (passez-moi l’expression) comme avoir la blague Carambar sans le Carambar. La bande de Guillaume Bernard investit la scène du CCO pour clôturer cette agréable soirée qui, jusqu’à présent, a comblé nos oreilles. Difficilement classable, Klone propose un rock/metal psyché puissant et très varié. Peut-être trop pour certains. Paradoxalement, Klone n’aura pas droit au même public que pour Hacride. Pourtant, le combo est dedans, le son est toujours bon et les musiciens font leur boulot… Alors où se situe le couac ? Qu’est-ce qui fait qu’il y a en début de set comme une baisse d’attention ? Ouvrir le concert par le très bon « The Eye Of Needle Pt.2 » suivi par « Give Up The Rest » n’emballe pas l’audience, apathique. « Into The Void », issu de leur petit dernier The Dreamer’s Hideaway, semble déjà plus efficace. Un titre puissant, donnant une irrésistible envie de hurler avec un Yann Ligner (chant) à la gestuelle personnelle, presque tribale. La fatigue dans les jambes commencent à se faire sentir et « All Seeing Eyes », aux rythmes syncopés, casse encore un peu plus ces dernières. Pourtant, la fin du titre est jouissive dans son format live.
Mais le set se lance enfin avec l’excellent « Immaculate Desire ». Entraînant, poignant, lourd. Le titre résonne en chaque être comme un hymne dédié à la folie. Ce à quoi se greffe le puissant « Rocket Smoke » qui fera bouger quelques têtes. Le show gagne en intensité et en vitesse. Il est certes dommage d’attendre aussi longtemps, cependant le spectacle offert est terriblement appréciable. Même si la communication entre le groupe et le public est minime, ce concert – tout comme les trois précédents – a quelque chose de familial : une bonne ambiance règne dans la salle, tout comme le désir d’écouter de la bonne musique. Chose qu’apporte « Dreamer Hideaway », ses guitares épaisses et son délectable groove à la basse. D’ailleurs, chaque titre issu du dernier opus du groupe se démarque sur scène – symbole d’un album majeur. Le show se termine, comme de tradition, sur la reprise de Björk, « Army Of Me » pour une conclusion magistrale à cette soirée.
Cette tournée n’a pas explosé les chiffres d’audience mais la qualité était bien là. Même si chaque groupe semblait, à ce stade, quelque peu fatigué, tous ont offerts de bons concerts, montrant à grand coup de riffs ce qu’est la relève du metal en France, ce fameux metal « made in France ». Le collectif Klonosphère a du nez pour découvrir de jeunes pousses mais possède déjà, avec Klone, Hacride et Trepalium, des talents hors-normes. Une belle soirée d’automne comme on voudrait en revivre plus souvent.
Setlist de Klone (source setlist.fm)
The Eye Of Needle (Part 2)
Give Up The Rest
Into the Void
All Seeing Eye
Immaculate Desire
Rocket Smoke
Dreamer Hideway
Army Of Me (reprise de Björk)
Photos : Nicolas « Spaceman » Gricourt
A voir également :
Galerie photos du Klonosphère Tour
J’avais constaté le même effet à Montluçon, une salle presque pleine et totalement acquise à Trepalium et Hacride et qui s’est vidée dans ses 3/4 pour Klone, avec beaucoup de gens peu emballés au départ…pourtant, quel show et quelle maîtrise de Klone !