Quelle année pour No One Is Innocent ! Depuis la sortie de Drugstore en début d’année, les musiciens n’ont pas pris cinq minutes pour souffler : plusieurs tournées dont un passage à la Cigale, une tête d’affiche à la Fête de l’Huma, des premières parties pour Motörhead… D’ailleurs, après quinze ans de carrière, les performances scéniques du groupe ne semblent pas se calmer à l’instar de l’engagement politique toujours aussi vigoureux de Kémar (chant).
No One Is Innocent ayant eu de multiples formations, son line-up tient maintenant plus d’un super-groupe, comportant plusieurs personnalités proéminentes de la scène rock/metal. A l’occasion de deux concerts successifs au Nouveau Casino, le premier avec Blackfeet Revolution et le second – qui nous concerne en ce 16 décembre 2011 – avec les très jeunes musiciens de Birdy Hunt, nous avons pu constater cependant que les nombreuses personnalités du groupe ne nuisent pas à l’authenticité de leur musique ni de son interprétation bien plus agressive en live que sur album !
Artistes : No One Is Innocent – Birdy Hunt
Date : 16 décembre 2011
Lieu : Paris
Salle : Nouveau Casino
Si l’intro instrumentale du jeune groupe de première partie Birdy Hunt laisse présager un moment plutôt agréable en attendant la tête d’affiche, l’arrivée d’un chant manquant cruellement de relief sera quelque peu décevante. Celui-ci sera cependant relégué en fond de mix, laissant beaucoup plus de place aux instruments dotés d’un son tout à fait correct. Malheureusement, les morceaux tourneront rapidement en rond : bien que le batteur fasse preuve d’une frappe et d’une mise en place irréprochables et que le très bon bassiste soit parvenu à ajouter une certaine épaisseur aux morceaux, les mêmes beats seront répétés tout au long du set. Les parties des guitaristes se divisent en fait en deux catégories : les quelques accords communs à tous les morceaux et des parties harmonisées plus expérimentales, et parfois intéressantes. Toutefois, l’ensemble n’accroche que trop rarement l’oreille, chose regrettable pour un groupe officiant dans un indie rock à tendance brit pop, même si un clavier très discret ajoute quelques touches de subtilité aux morceaux…
Si nous avons déjà évoqué le chant décevant, les aptitudes scéniques de frontman, intimidé par l’occasion, seront également relativement en dessous du charisme du reste du groupe. Ses seuls mots durant l’ensemble du concert seront : « On est très contents de faire la première partie de No One ce soir. Merci à eux. » marmonnés à mi voix entre deux morceaux avant d’enchaîner. Tout ceci est réellement dommage car ce combo est formé de bons musiciens avec un certain talent mais jouant une musique déjà trop entendue. Peut-être un lourd travail sur le chant pour l’instant négligé parviendrait à rendre la musique de Birdy Hunt plus efficace et accrocheuse.
Mais quoique quelques spectateurs aient trouvé de quoi danser lors de cette première partie, l’ensemble du public n’est pas venu pour la chasse aux oisillons et la fosse explosera rapidement à l’arrivée de No One Is Innocent avec le titre « US Festival ». L’engagement politique caractéristique de Kémar ne manquera pas de pointer le bout de son nez pour son discours habituel précédant « L’Amour De La Haine » évoquant « ces temps politiques troubles », « l’imposteur de la République », et annonçant un concert à la Cigale courant 2012 pour encourager les jeunes à voter « car la bonne contestation se fait également dans les urnes ».

Le reste du groupe est cependant loin de rester dans l’ombre du frontman, chacun faisant preuve d’énormément de charisme pendant les morceaux, à commencer par François Maigret, dit Shanka, guitariste absolument hors pair misant tout sur la subtilité et la modération. Par ailleurs, une majorité des couplets repose principalement sur la basse de Bertrand Dessoliers pendant que le jeu de batterie de Yann Coste varie entre petites rythmiques discrètes et gros matraquages frénétiques des fûts. Enfin, les machines gérées par Ludovic Mazard permettent au groupe d’atteindre des sommets de puissance sur des passages tels que le refrain de « Revolution.com ».

Le cadre intime et chaleureux du Nouveau Casino n’offre peut-être pas les capacités scéniques et techniques de la Cigale mais la température y montera bien plus rapidement, démontrant que, malgré quinze années de carrière, No One Is Innocent ne repose pas sur des artifices pour mettre le feu sur scène, entre l’énergie crue de la section rythmique, un Kémar sautant dans tous les sens, Shanka hurlant dans les micros de sa guitare en guise de chœurs et les sons électroniques agrémentant le tout. Cette furie se calmera quelque peu pour la balade « Où Etions Nous », au cours de laquelle Shanka cassera une corde sur sa guitare acoustique, mais parviendra à compenser sur les cinq autres pour finir le morceau sans que cela ne se remarque. « La Peau » enverra encore un peu de bois avant que le groupe ne quitte la scène sous le tonnerre des applaudissements du Nouveau Casino.

Bien entendu nous aurons droit à un rappel incluant « Breed », repris de l’énorme Nevermind de Nirvana, et « Drugs » pour clore cette chaude soirée en demandant à toutes les femmes de la salle de venir danser sur scène. Et comme l’aurait fait remarquer Metal’O Phil, à l’image de cettte soirée, certaines d’entre elles étaient réellement CHAUUUUUUUUUUUUUUDES !
Photos : Julien Perez