Tribulation a ce cachet de vieux film à l’image granuleuse, digne d’être chroniqué dans un vieux Mad Movies. Cependant, les Suédois n’ont rien de rétrograde ou d’obsolète. Au contraire, leur musique se plaît à rechercher des innovations suffisamment remarquables pour devenir éclectique. Si The Formulas Of Death (2013) embrassait une voie plus technique et progressive, The Children Of The Night a un caractère « old school » plus direct où heavy et death se conjuguent pour narrer une histoire à la fois sombre et hypnotique.
Produit dans différents studios, The Children Of The Night bénéficie d’un soin particulier apporté à chaque arrangement, à l’image de l’introduction de « Strange Gateways Beckon » composée à l’orgue et au piano ou encore des parties symphoniques en arrière-plan de l’outro de l’instrumental « Själaflykt ». Le quatuor ne sombre pas dans l’exubérance pour autant, les atmosphères s’agrègent parfaitement entre elles et confèrent à l’œuvre ce caractère cinématographique. Les lignes de guitare et notes de piano de « Strains Of Horror » n’ont rien à envier aux bandes originales des classiques de l’épouvante justement. Toutefois, la véritable prouesse de Tribulation est d’illustrer son univers par une musique résolument rock dans son essence. Les rythmiques de « Melancholia » sont à l’image de l’album, entrainantes et que l’on peut aisément appréhender. À ce titre, un travail dantesque a été réalisé autour des guitares. À croire que les nombreux arpèges, soli et riffs n’ont qu’un dessein commun : la mélodie. Le pont de « The Motherhood Of God » rappelle le heavy des années 80 d’un Savatage. Le riffage « punk » de « Holy Libations » entretient quant à lui une parenté avec les premières œuvres d’Iron Maiden (cette amorce à la « Remember Tomorrow »).
Certes, on ne retrouve pas de titre de la longueur d’un « Apparitions » sur le successeur de The Formulas Of Death. Néanmoins Tribulation démontre une qualité et une richesse d’écriture marquante : le progressif et languissant « Music From The Other » côtoie le plutôt classique « In The Dreams Of The Dead » sans entraver la cohérence de l’opus. Si l’album apparaît résolument focalisé, un bémol cependant : sa longueur. Avancer que The Children Of The Night serait « trop long » est excessif. Cependant les titres dépassent les cinq minutes dans leur majorité, et parfois une impression de superficialité survient ; notamment concernant la composition instrumentale « Själaflykt » et l’ambiant « Cauda Pavonis » qui n’apportent au final que très peu de choses à l’ensemble. The Children Of The Night accuse un léger manque de concision.
Tribulation est assez unique dans le paysage du death suédois. The Children Of The Night contribue à les démarquer davantage et illustre une véritable progression dans leur musique. Exit les fresques à la longueur épique que l’on trouvait dans The Formulas Of Death et l’agressivité d’un The Horror. Il faut désormais embrasser la recherche mélodique et des structures qui rendent hommage au heavy et à certains aspects du rock progressif. The Children Of The Night a bel et bien ce caractère d’« horror movie » fantastique à l’ancienne, qui semble ne jamais vieillir et que l’on regarde plusieurs fois avec toujours le même entrain.
Ecouter les chansons « In The Dreams Of The Dead » et « The Motherhood Of God » :
Album Children Of The Night, sortie le 20 avril 2015 chez Century Media Records.