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Chronique Focus   

Triptykon – Melana Chasmata


Melana Chasmata, signifiant « profondes et sombres vallées », selon Thomas Gabriel Fischer alias Tom Warrior, ou « abîme noir » plus littéralement traduit du Grec : la couleur est annoncée. On ne peut pas dire que l’œuvre de Warrior – que ce soit dans Hellhammer, Celtic Frost ou aujourd’hui Triptykon – ait un jour été vraiment gaie mais il semblerait que depuis Monotheist, ultime œuvre de Celtic Frost, puis les premiers pas de Triptykon avec Eparistera Daimones, il se soit engagé dans une descente dans les profondeurs où la lumière se fait de plus en plus rare.

Ecouter ce Melana Chasmata, c’est un peu comme se retrouver aveugle et essayer de découvrir un monde hostile, froid et moite à travers les sens qui nous restent. On tâtonne dans les méandres glacials (« Black Snow »), hume cette odeur de soufre qui émane des guitares, se fait écharper par cette basse racleuse, transpercer par ce piquant solo oriental sur « Tree Of The Suffocating Souls », brutaliser par des grommellements death primaires avant de sentir la caresse d’une douce voix féminine, le souffle de chuchotements ou les larmes humides des gémissements douloureux de « In The Sleep Of Death » (qui renvoient directement à ceux d’Into The Pandemonium)… Parfois on se sent perdus, seuls, dans un hall désolé où résonne des échos inquiétants qui nous tétanisent (« Demon Pact » et ses effets ambiants quasi industriels). Tout ça sent la mort à plein nez. Mais pour Warrior, la mort n’a rien d’effrayant ou de négatif, la mort est libératrice, en interview il en parle même avec tendresse. Alors même s’il n’éclipse pas la nature généralement violente de celle-ci avec cet album rempli de riffs assommants, il marque aussi sa musique d’une beauté extrêmement profonde et touchante. Comme par exemple avec ces arpèges en suspens dans « Boleskine House » ou ces notes claires d’une première guitare qui brillent dans le magma visqueux de la seconde dans « Aurorae ». Mais aussi et surtout sur l’ultime « Waiting » où Warrior invoque la faucheuse, moment de grâce véritablement salvateur dans l’oeuvre, avec ce solo bluesy léger et ces voix envoûtantes qui se croisent, où l’on aperçoit cette réconfortante lumière blanche tout au bout du tunnel.

Melana Chasmata, bien qu’éminemment dépressif, est un album que l’on pourrait facilement qualifier de spirituel. Il y a même quelque chose de quasi chamanique dans ces incantations graves et mystiques dont fait souvent preuve Warrior à travers l’oeuvre. Tout comme ces rythmes pesants aux relents tribaux qui mettent le corps en transe et hypnotisent l’esprit. Opus riche et méticuleux, Melana Chasmata se montre bien plus abouti, finement dosé et profond que ne l’était son prédécesseur et expose le génie éclatant de son concepteur. Ce dernier confirme à quel point il a su idéalement s’entourer en formant Triptykon. Sa force ? Ne rien écouter d’autre que ses propres entrailles. Intègre et à fleur de peau.

Ci-dessous les chansons « Breathing » et « Boleskine House » :

Album Melana Chasmata, sortie le 14 avril 2014 chez Century Media Records.



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