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Live Report   

TRUST AU TRANSBORDEUR DE VILLEURBANNE


Artiste : Trust
Lieu : Villeurbanne
Salle : Transbordeur
Date : 29-05-2009
Public : 600 personnes environ


Trust : c’est avant tout Bernie !

600 personnes présentes sur une capacité de 1 500. Une moyenne d’âge de 40 ans. Trust n’est plus ce qu’il a été mais son public lui est resté fidèle. Les T-Shirts à l’effigie du groupe sont légions. Comme les couleurs d’AC/DC. Pas étonnant car les liens entre Trust et AC/DC sont nombreux et Bernie Bonvoisin, chanteur du groupe français, était un grand pote de Bon Scott, ex-chanteur d’AC/DC disparu en 1980. Enfin, tout ça tu le sais lecteur…si tu as un peu d’expérience du moins !

« L’expérience » justement : voilà un mot qui sied bien au Trust et à l’ambiance de cette soirée. Voir Trust sur scène, en 2009, relève clairement de l’expérience. Ce groupe a marqué toute une génération et a influencé bon nombre de combos dans bien des domaines différents. En effet la gouaille du discours anti-autorité au même titre que la rage musicale dégagée par le groupe a bercé la jeunesse de beaucoup de quadra et fait encore songer l’imaginaire des plus jeunes révolutionnaires du public.

Et si l’on s’interroge sur la portée et le sens de ce concert, c’est tout simplement parce que les années ont passées et que l’on n’a pas spécialement envie de voir un combo « qui court après le temps qu’il ne rattrape plus… ». Tant sur l’intégrité de sa démarche (le sens de la reformation du combo) que sur sa prestation scénique.

Bref, comme vous l’avez compris, ce soir c’est alerte rouge maximale. Toutes les alarmes sont de sortie. Trust débarque et on a peur de voir un fiasco…


Bernie et Nono : les retrouvailles !

Trust 2009 c’est six musiciens dont un dj. Bernie souhaitant apporter un nouvel élan a des morceaux qui sonnent aujourd’hui, qu’on les apprécient ou pas, comme des titres aux productions vieillotes. « Samplez-moi tout ça pour masquer les archaïsmes, et ça passera comme une lettre à la poste (non privatisée) » doit se dire Bernie…Alors bilan : ça passe ou ça casse ?! Eh bien…ça casse à de nombreuses reprises mais ça passe quand même !

Vêtu d’un bob et de lunettes de soleil, l’ami Bernie n’a pas spécialement la classe sur scène. Certains diront même qu’il fait un peu beauf dans son attitude même si ce jugement serait un peu injuste pour cette forte personnalité. Malgré tout, le bob c’est pas top. Surtout quand on propose sur scène des ambiances qui se veulent plus tamisées comme sur cet hymne poignant qu’est « Ton Dernier Acte », l’hommage à Bon Scott.

De la difficulté de chercher à créer de l’émotion (avec un accoutrement pareil) sans être ridicule.

Ridicule les Trust ? La question mérite d’être posée. Le concert de Trust fut globalement bon. 2h15 de set : rien à dire. Les mecs ne se sont pas foutus de la tronche (pour parler à la Bernie) de leur public. Bonne énergie et désir de partage : Trust a du mérite et a assurer son statut de groupe culte. Pourtant, les nouvelles compositions sont bateau à mourir. Le concert l’a très bien souligné, notamment sur un titre comme «La Morsure» dont le refrain fait clairement penser à du (très bon) Ultra Vomit ou aux performances musicales toujours très drôles des Inconnus. Et si Trust était devenu, le temps faisant son ?uvre, une caricature de lui-même ? Il y a un peu de ça, clairement.


Une seconde jeunesse pour Trust ?

Les speechs de Bernie n’arrangent rien au problème. « Franchement on nous l’a mis dans les fesses » (sur Sarko) et j’en passe et des meilleures…

Mouais. Ca fait partie du spectacle me direz-vous et, quelque part, le public de Trust vient peut-être aussi pour entendre ce genre de trucs. Malgré tout, ce type de discours est d’un prévisible… Le problème ne vient pas du fond (ce n’est sûrement pas nous qui en jugerons) mais de la forme. Ca manque de subtilité, de classe. Et le vrai problème dans tout ça c’est que, sur scène, l’ami Bernie Bonvoisin manque clairement de classe.

Sa gestuelle est très rapée et son phrasé se fait assez saccadé avec, aussi étonnant que cela puisse paraître, des intonations proches d’un Matthieu Chedid. Si l’on était véritablement méchant, et volontiers provocateur, on dirait que Trust c’est un peu comme Skyrock. C’était du bon rock, c’est devenu du mauvais rap. Et dans la transition ça a perdu beaucoup de talent et d’intérêt.

Si la manière d’être de Bernie est un peu folklorique, il n’en demeure pas moins que notre homme a, sous son bob, un certain charisme. Quand Bernie parle on l’écoute. Quand Bernie frappe dans ses mains, nous frappons dans nos mains. Quand Bernie invite le public à chanter le titre « Epistémophilique », ce dernier s’exécute avec les honneurs.

Très réceptif, le public de Trust sait très bien pourquoi il s’est déplacé. On va à un concert de Trust comme on va à l’Assemblée du Nouveau Parti Anticapitaliste. Il y a une Histoire commune : un désir de changement, une défiance de l’autorité, des rêves communs. On y va et on se sent mieux après car, quelque part, on a le sentiment d’avoir fait son devoir.

Et puis franchement : « On ne va pas laisser mourir les Trust et leurs vieilles idées quand même ! »

Mais Trust version 2009 c’est aussi des jeunes. Aux platines, Deck apporte une petite fraîcheur et donc une légère différence aux morceaux. Ses samples n’apportent objectivement pas de plus incontestables aux titres de Trust. Ce n’est pas quelques rajouts de « ticetic » ou de « slashchkioua » qui vont donner une cure de jouvence à des compos de Trust qui sonnent comme elles doivent sonner…. Innover pour innover n’est pas, de toute façon, une garantie de plus-value. Et ça peut surtout être un sacré aveu de faiblesse.

Et chez Trust, c’est plutôt comme ça qu’il faut l’analyser.


Farid : un batteur expressif !

A la batterie Farid est assez expressif et n’hésite pas à faire tourner sa baguette sur un doigt (pas simple !) alors que Iso à la basse fait dans le discret mais parvient à se mettre le public dans la poche quand il livre son sentiment à la foule : « oui le public lyonnais est meilleur que l’audience marseillaise ! ». L’assistance n’en demandait pas plus. En fait c’est pas si compliqué de s’attirer les faveurs d’un public ! A méditer pour le musicien qui sommeille en vous…

D’ailleurs puisque on s’attarde sur les zicos, il faut mentionner Norbert Krief (alias Nono) et ses solos toujours aussi finement exécutés. Nono c’est l’autre âme de Trust. Yves, sur l’autre guitare, ne paraît pas dans son assiette. Il rate certains de ces backing vocals et a une présence scénique très limitée. En fait il paraît hors-sujet car pas dans l’ambiance. Bref Yves est à côté de la plaque. D’ailleurs quand Bernie fait monter un spectateur sur scène, ce dernier salue tous les membres du groupe mais ne peut pas s’approcher du second guitariste de Trust qui ne fait même pas attention à lui ! Etonnant. Plus tard sur le set, Bernie dira d’ailleurs, pour narguer ses comparses après un rythme de batterie balancé trop tôt, « et voilà, ça se regarde même pas ! » CQFD.

Signalons au passage le sens du spectacle de Bernie qui fait donc monter un fan sur scène lors du très bon « Epistémophilique ». Notre spectateur assurera très bien son rôle ce qui n’était pas joué d’avance. Vous imaginez un chanteur qui vous fait monter sur scène et vous dit « Bon ben voilà tu es sur scène, ce que je te propose c’est qu’on reprenne le morceau et toi tu fais ta vie… » juste avant que le morceau démarre en trombe ?! A vous de faire vos preuves : pas facile ! Le spectateur en question eut donc la bonne idée de se placer sur la droite de Nono et d’assurer très bien les backings vocals avec les autres membres du groupe au moment du refrain ! Très sympa. Ovation méritée donc.


Bernie aime faire participer les autres !

De toute façon, des bons moments il y en a eu ce soir car Trust a une longue carrière derrière lui et beaucoup de titres taillés pour la scène. Donc comment ne pas mentionner le frisson ressenti sur « Ton Dernier Acte » ? Comment ne pas insister sur l’explosion finale que représente « Antisocial » ? Comment ne pas évoquer le terrible « Police Milice » lui aussi exécuté en rappel ? De supers morceaux très bien rendus.

Non décidément ce soir il y a eu de très bonnes choses et en 2H15 il est normal qu’il y ait eu des passages moins intenses (l’avant « Epistémophilique » était notamment un peu longuet avec Bernie faisant participer la foule).

Ce qu’on pourrait dire, au final, c’est que si Trust n’a plus grand-chose (d’intéressant) à dire sur la société ou dans sa musique, ses compositions passées méritent quand même d’être entendu live. Bilan musical : il est impossible de faire du neuf avec du vieux car question solidité « le vieux : y’a rien de mieux ».

N’est-ce pas Bernie ?!



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