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Interview   

Turisas : Olli, Def Leppard, les poissons rouges et Les Varègues byzantins de l’espace


Il y a des jours comme ça, où l’on sait dès les premiers mots échangés avec l’artiste que l’interview sera intéressante. Tout est dans l’accroche. Alors que Bumblefoot (Guns N’Roses) raconte son rêve, que David Coverdale (Whitesnake) nous parle de ses fantasmes éjaculatoires, Oli Vänskä, violoniste dans Turisas, lui, nous fait partager sa technique pour draguer des Françaises. Et le pire, c’est que je suis sûr que le coup du poisson rouge, avec un regard embarrassé, une démarche gauche laissant apparaître une touchante fragilité, ça peut marcher.

Stand Up And Fight, le dernier album, est un blockbuster de qualité. Ça pète dans tous les sens : orchestres, chœurs, etc. Mais sous l’enrobage, l’inspiration reste là. L’album est cinématique, riche en influences et minutieusement arrangé. Cela valait le coup d’attendre et d’en repousser plusieurs fois la date de sortie. Nous saluons d’ailleurs l’effort qu’a fait le groupe pour relativiser cette situation : comme Olli nous l’explique, après plusieurs mois de travail intensif, on peut soit se dire « cela fait déjà cinq mois qu’on est là-dessus, finissons-en au plus vite », pour le bien de notre santé mentale et physique, soit être perfectionniste jusqu’au bout, quitte à risquer la crise de nerfs et se dire « cela fait déjà cinq mois qu’on est là-dessus, alors deux mois de plus, qu’est-ce que c’est ? ». Nous avons donc abordé avec lui ces longues journées et ces nuits blanches passées à travailler sur l’affinage du disque. Le résultat est là et plaira notamment aux amateurs de bandes originales de bons films hollywoodiens.

A côté, ce qu’ils ont à dire, que ce soit sur l’importance de l’univers visuel extra-musical, l’analyse de l’histoire en termes de cycles ou encore sur l’expression de la vie dans tout son ensemble à travers l’art, est tout aussi solide.

Un album et un discours qui vous prouvera, si besoin est, que Turisas tire en tous points (musicaux et extra-musicaux) son épingle du jeu dans une scène Folk/Viking qu’Olli nous décrira comme « inondée et répétitive ».

« Collaborer avec un orchestre symphonique et un énorme chœur, c’est un peu cliché, tu vois. Parfois, on dirait que ce n’est qu’un moyen de faire le show. […] Peut-être un jour, quand nous serons vieux et super célèbres, quelque chose comme ça. Quand ce sera la seule chose que nous pourrons offrir au public ! (rires) »

Radio Metal : Comment ça va ?

Olli Vänskä (violon) : Ça va. J’étais en train de bosser mon français !

Ah ? Et qu’est-ce que tu sais dire ?

« Bonjour », « Comment ça va ?» et « J’ai un poisson rouge ».

Pourquoi quelqu’un dirait ça ?

Pourquoi pas ?

(rires) Alors tu ne saurais pas quoi dire pour draguer une fille en français ?

Parce que tu crois que le truc du poisson rouge, ça ne marcherait pas ?

(rires) Apparemment, l’écriture et l’enregistrement de ce nouvel album ont pris beaucoup de temps. C’est un album très riche et très bien arrangé. Est-ce le travail d’arrangement et le cisèlement de la musique qui ont pris tant de temps ?

Oui. Le problème est surtout venu des orchestrations qui nécessitaient beaucoup de travail d’arrangement. Ça a pris beaucoup de temps. Nous voulions y consacrer du temps et de l’énergie, nous voulions que le résultat soit excellent. Pour ça, nous avons fait appel à de très bons musiciens classiques finlandais. Nous ne voulions pas nous précipiter. Il est toujours possible de faire le boulot en un mois mais si nous avions fait ça, le résultat ne serait pas du tout le même. C’est une question de qualité et tout dépend du temps et des efforts qu’on est prêt à investir là-dedans.

Avez-vous envisagé de monter sur scène avec l’orchestre auquel vous avez fait appel pour cet album ?

(rires) Je ne sais pas. Collaborer avec un orchestre symphonique et un énorme chœur, c’est un peu cliché, tu vois. Parfois, on dirait que ce n’est qu’un moyen de faire le show. En fait, nous avons déjà fait appel à des musiciens classiques, notamment au cours de trois concerts en Finlande au mois d’octobre. Nous avions trois violons, un trombone et une trompette. C’était un événement spécial. Je ne sais pas si nous referions la même chose avec un orchestre plus important. Peut-être un jour, quand nous serons vieux et super célèbres, quelque chose comme ça. Quand ce sera la seule chose que nous pourrons offrir au public ! (rires) Non, nous préférons garder un côté très metal et donner des concerts percutants et énergiques. Nous sommes connus pour être un groupe énergique.

Dans la déclaration qui annonçait le bouclage de l’album, on pouvait ressentir une certaine fatigue. Vous êtes-vous lassés de travailler sur cet album ?

(éclat de rire) Le processus a été très long et nous a pris plus de temps que prévu. Nous avons dû repousser la sortie plusieurs fois. Mais c’était uniquement parce que nous n’avions pas finalisé l’ensemble à temps et que nous n’étions pas totalement satisfaits avant ça. Nous étions épuisés mais c’était un épuisement positif, comme quand on vient de courir le marathon. Quand tu as parcouru les trente-cinq premiers kilomètres, tu veux seulement t’arrêter et crever. Et puis tu finis quand même par faire les sept ou dix derniers kilomètres, tu passes la ligne d’arrivée, et voilà, tu l’as fait. C’était un peu ça pour nous : un long marathon. Peut-être un double marathon ! (rires) Voire plus que ça ! (rires)

En seize mois, le risque de perdre tout recul par rapport à ses propres chansons ou de ne plus pouvoir le supporter est grand. Avez-vous ressenti cela ?

Je ne les déteste pas. Je pense que c’est un très bon album. En fait, pendant l’été, j’ai beaucoup écouté les premières versions mixées. L’enregistrement a commencé en mai 2010 et nous avons fini la mise en boîte en septembre. En gros, ça nous a pris environ six mois. Nous avions commencé à écrire la musique l’été d’avant, mais l’année dernière, nous avons aussi fait quelques dates au Japon, en Chine ou en Australie. Ça nous a un peu permis de nous changer les idées. Mais tu as bien sûr raison de dire que ça a été long. Parfois, il aurait sans doute été préférable de dire : « Qu’on en finisse ! ». Mais Mathias est quelqu’un de perfectionniste.

« Il y a deux façons de voir les choses. Tu peux te dire : ‘OK, on est là-dessus depuis cinq mois, il faut en finir’. Ou alors, parce que tu as justement passé cinq mois sur ce projet, tu veux finir tout ça en beauté et si ça te prend quelques mois supplémentaires, ce n’est pas bien grave. « 

Vous est-il arrivé de penser que vous n’en verriez jamais le bout ?

Le bout ? (rires) Moi non, personnellement, parce que j’avais la chance de ne jouer aucun rôle dans la production. Mais il m’est arrivé de regarder le calendrier et de me dire : « Putain, ça en met du temps ! » Mais certaines choses doivent être faites. Il y a deux façons de voir les choses. Tu peux te dire : « OK, on est là-dessus depuis cinq mois, il faut en finir ». Ou alors, parce que tu as justement passé cinq mois sur ce projet, tu veux finir tout ça en beauté et si ça te prend quelques mois supplémentaires, ce n’est pas bien grave.

Cet album comporte pas mal d’influences hard rock, plus particulièrement sur le riff de « The Great Escape », au début de « Stand Up And Fight » ou au groove de basse et de guitare de l’intro de « Fear The Fear ». Quel est votre rapport à ce style de musique ?

Je ne me limite pas à un seul genre, j’apprécie une grande variété de groupes. Dans un album, j’aime aussi avoir de la variété. Je pense que nous avons fait du bon travail de ce côté-là. Il y a énormément d’influences, d’atmosphères et de sentiments différents, c’est une bonne chose. Pour ce qui est du hard rock, qui n’a pas envie d’écouter un peu de Def Leppard de temps en temps ? J’approuve complètement. Pour les solos, j’ai utilisé un violon électrique, alors il y a beaucoup de tonalités assez douces et d’autres plus brutales. Par exemple, à la fin de « Take The Day ! », il y a un rythme très rock qui fait quelque chose comme « dun-dada-dun-dada-dun-dada-dun ».

Le refrain sur cette chanson est très bon, d’ailleurs !

Le refrain ? Oui, je trouve aussi. Si je ne devais retenir qu’une seule chanson, ce serait celle-là. Je pense que le public va s’en souvenir.

« Qui n’a pas envie d’écouter un peu de Def Leppard de temps en temps ? « 

Certaines orchestrations rappellent des bandes originales de films hollywoodiens comme celles écrites par Hans Zimmer, chez qui des groupes comme Rhapsody of Fire ou Nightwish puisent leur inspiration. Cette musique vous influence-t-elle également ?

Peut-être en partie. Il y a d’excellents compositeurs de musiques de films et d’autres sont moins bons. Par exemple, John Williams a beaucoup composé pour le cinéma et j’ai énormément de respect pour lui. Quand on écrit la musique d’un film, il faut être capable de produire quelque chose de cinématique, quelque chose qui évoque des images. Je pense que notre album fait un peu ça. J’aime penser que l’auditeur peut se faire sa propre histoire, ou en tous cas je l’espère. Il y a des personnages, des décors, ce genre de choses. Mais je n’aime pas Hans Zimmer, bien que d’autres soient très bons. La musique de Hans Zimmer est peut-être un peu trop facile.

C’est vrai que Hans Zimmer a tendance à beaucoup se répéter…

Ouais. Baba-bump-baba-bump-baba-bump-bump… (une octave plus haut) Baba-bump-baba-bump-baba-bump-bump… (NDLR : il chante la BO de Crimson Tide). Exactement. Mais il a quand même composé des trucs mémorables, comme pour Inception. J’ai adoré le film et j’ai écouté la bande originale plusieurs fois. Il a fait appel à des solutions très intéressantes. Par exemple, il a utilisé un titre d’Edith Piaf et il a ralenti la musique pour qu’on n’entende plus qu’un bourdon. La vitesse est d’environ 10% celle de la chansons d’origine. C’est super bizarre, mais ça sonne très bien.

Et Ennio Morricone ?

Oh, c’est l’un des classiques, c’est sûr. Je connais moins bien son travail mais il a notamment composé la musique d’une série télé italienne. Un jour que j’explorais ça, je suis tombé là-dessus et j’ai trouvé des trucs très intéressants. Et il y a bien sûr aussi tout ce qu’il a fait pour les westerns spaghetti. Quand on écoute notre titre d’ouverture, « March Of The Varangian Guard », il y a un moment à la Ennio Morricone, avec une trompette. Nous avons pensé à ça en studio et trouvé que c’était une bonne référence.

Beaucoup d’amateurs de metal sont fans d’Ennio Morricone. Même Metallica va jusqu’à introduire tous ses concerts avec un titre de Morricone. Comment expliquer ça, selon toi ?

« Ecstasy Of Gold », c’est ça ? C’est une musique très forte et j’espère que nous partageons certaines des ses qualités, comme la capacité à créer des images dans la tête de l’auditeur. Il ne se contente pas d’écrire des chansons : elles sont très atmosphériques et elles créent un environnement sonore idéal. Évidemment, aucun compositeur ne peut réussir à tous les coups mais je pense qu’il a fait de très bons films. Quand on écoute sa musique ou qu’on voit certains des films pour lesquels il a composé, comme Le Bon, la Brute et le Truand, on se sent immergé dans ce monde grâce à lui. C’est très fort et très inspirant. C’est la raison pour laquelle tous ces groupes utilisent cette musique.

Mais pourquoi spécifiquement les métalleux ?

Je ne sais pas trop. C’est de la musique très forte, très enthousiasmante, et certains thèmes sont carrément devenus légendaires, comme « Ecstasy Of Gold ». Je pense que c’est une bonne chose d’emprunter des influences à un monde si différent. Si un groupe de death metal n’est influencé que par d’autres groupes de death metal, au bout d’un moment, ce n’est plus très intéressant. Mais si vous puisez vos influences chez Ennio Morricone ou dans la musique de films, ce sera sans doute plus original.

Les métalleux ne seraient-ils pas tout simplement des cowboys ?

(éclat de rire) Oui, c’est peut-être le côté cowboy ! Ils partagent peut-être ce sentiment de… Je ne sais pas… De solitude. Ou peut-être que c’est un truc emo. (rires) Tout seul au milieu de la prairie…

Aimes-tu les grosses productions hollywoodiennes ?

Oui. J’essaie d’aller au cinéma voir les gros films. C’est tellement mieux que de les voir à la télé ou de les télécharger illégalement. J’adore cette atmosphère. J’aime lire un bon livre et j’aime regarder un bon film. Je n’aime pas les mauvais films. S’il n’y a absolument rien de nouveau dans un film, je ne sais pas si je prendrai le temps de le voir. S’il y a de bons acteurs et une bonne réalisation, j’aime bien. J’aime bien Indiana Jones, ce genre de choses. L’univers est très sympa et très bien fait.

« Je pense que beaucoup de groupes de folk se répètent. La majorité d’entre eux, en fait. Je ne veux insulter personne mais trop de groupes se répètent et inondent le marché. Ils doivent se dire : ‘La dernière fois, le public a aimé ça, alors on va faire dix chansons « oompa » supplémentaires et repartir en tournée’.[…] Bien sûr, nous aimons passer du bon temps et faire la fête. […] Nous aimons boire de la bière mais la vie, c’est tout de même un peu plus que ça ! (rires) »

Dans l’ensemble, l’album est beaucoup moins enjoué que ce qu’on a l’habitude d’entendre dans le folk. Comment perçois-tu la scène folk ?

C’est difficile à dire. Comment voyez-vous ce style en France ? Ça marche bien, ici  ?

En France, le style est très apprécié.

(Très surpris) Oh, OK. Je pense que beaucoup de groupe de folk se répètent. La majorité d’entre eux, en fait. Je ne veux insulter personne mais trop de groupes se répètent et inondent le marché. Ils doivent se dire : « La dernière fois, le public a aimé ça, alors on va faire dix chansons « oompa » supplémentaires et repartir en tournée ». Notre idée était de faire quelque chose de différent et d’intéressant. Bien sûr, nous aimons passer du bon temps et faire la fête. Nous avons des chansons qui excitent le public, nous aimons boire de la bière mais la vie, c’est tout de même un peu plus que ça ! (rires) Nous aimons expérimenter d’autres atmosphères. Certains aimeront, d’autres pas, chacun ses goûts. Toujours est-il que nous aimons encourager les gens à faire la fête, puis faire quelque chose de plus excitant, de très opératique ou de très agressif. Notre point fort, je pense, c’est notre diversité.

Quand tu m’as demandé si les amateurs de folk metal français étaient nombreux, j’ai pensé que tu préparais ta réponse et que si je te répondais que oui, tu dirais que le folk metal est un genre super… (rires)

Non, je ne cherchais pas à savoir s’il y a beaucoup de groupes de folk français. Je ne savais vraiment pas.

Je plaisantais ! (rires)

Oui, oui, j’avais compris. En Europe centrale, c’est une scène importante, mais pour la France, je ne savais pas. Mais bien sûr, nous adorons les groupes de folk français, ce sont les meilleurs ! (éclat de rire)

« Beaucoup de choses ne font que se répéter. Il y a donc moyen de parler de la chute de l’Union Soviétique tout en conservant ce contexte byzantin. […] Le message est là, que le cadre soit l’époque des Vikings ou les temps modernes »

(rires) Bien joué ! À propos du nouvel album, vous avez déclaré que « les chansons étaient beaucoup plus universelles et traitaient de sujets appartenant aussi bien au monde moderne qu’à l’empire byzantin du XIe siècle ». Vouliez-vous prendre vos distances par rapport aux scènes power metal et folk, où les groupes n’écrivent que des chansons ayant pour cadre le Moyen-Age ?

En fait, la plupart des paroles sur cet album appartiennent à cette histoire de l’Empire Byzantin que nous essayons de raconter. Dans l’Histoire, les choses se répètent tellement que l’on perçoit un mouvement. C’est le cas en politique, ça va et ça vient. À certains moments de l’Histoire, des empires naissent puis s’effondrent. Et d’autres apparaissent. L’Empire Byzantin a été énorme avant de perdre progressivement de sa puissance. Ça a été le cas avec l’Union Soviétique qui a aussi dominé la scène politique internationale avec les États-Unis pendant la plus grande partie du XXe siècle.  Beaucoup de choses ne font que se répéter. Il y a donc moyen de parler de la chute de l’Union Soviétique tout en conservant ce contexte byzantin, tu vois ce que je veux dire ? Mathias écrit la plupart des paroles, il faudrait donc lui poser la question à lui. Mais j’ai le sentiment qu’il voulait que les paroles parlent d’autre chose que d’épées et de types en armures. C’est la même chose avec un film : le message est là, que le cadre soit l’époque des Vikings ou les temps modernes. Il peut aussi y avoir un film complètement idiot avec des Vikings mais aucun message ne passe et les personnages se contentent de brandir leurs épées. Mais je pense que c’est un contexte sympa, que l’on peut apprécier sans que cela ait l’air d’une leçon d’histoire.

L’Histoire est donc cyclique selon toi ?

En partie, oui. Beaucoup de phénomènes sont cycliques. Ça se voit aux entités, aux pays ou aux unions les plus puissances. Il y a eu Rome, et avant ça, les pays d’Orient, avec les Perses. Et puis il y a eu tous ces mouvements politiques au cours du XXe siècle, la Seconde Guerre Mondiale, puis la Guerre Froide et tout le tintouin. Il y a toujours un pays qui veut être plus gros et plus puissant que les autres. On peut en apprendre beaucoup sur l’Histoire de cette façon. Quand on connaît l’Histoire, on se connaît mieux soi-même.

(Interrompant l’interview) Tiens, tu sais ce qui est drôle ? Il y a une chanson de Turisas qui passe sur notre antenne à l’instant, c’est une vraie coïncidence !

Ah oui ? Quelle chanson ?

Un titre du dernier album.

Oh, cool ! Merci beaucoup !

Ce n’était vraiment pas fait exprès !

Ouais, ouais, c’est ça ! Bien joué ! (éclat de rire)

Non, je t’assure ! (rires) Bref, est-il possible qu’un jour, vous écriviez un album complet dont l’histoire se passerait de nos jours ? Voire un concept-album futuriste ? Ça n’a encore jamais été fait dans le folk/viking.

Oui… Un concept-album est quelque chose de difficile à réaliser. Personnellement, je n’aime pas me concentrer sur une seule chose. C’est comme prendre un seul élément de la vie d’une personne ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas génial. Je pourrais aussi dire que tout est possible et que nous ne nous posons aucune limite. Mais écrire quelque chose de centré sur le monde de nos jours serait-il intéressant ? Je ne sais pas. C’est possible.

Pas forcément un concept album, peut-être simplement des paroles futuristes sur quelques chansons…

Qui sait ? Les Vikings de l’espace, peut-être ? Je ne sais pas… Les Varègues byzantins de l’espace ? (rires) Peut-être un jour. Quand on aura atteint des sommets, on pourra faire ce qu’on voudra.

Vous avez déclaré que vous vouliez constamment vous réinventer et évoluer. Les paroles de ce nouvel album sont plus modernes. Est-il envisageable pour vous d’évoluer aussi musicalement vers la modernité ?

Oui, c’est possible. Il est beaucoup trop tôt pour parler de la direction musicale du prochain album, mais il est vrai que si, à partir de maintenant, Turisas faisait appel au même chœur pour chanter la même musique sur tous ses albums, ce serait lassant. Nous avons des violons, des harmonicas et des accordéons électriques, alors il est clair que nous ne nous posons aucune limite. Beaucoup de groupes que j’apprécie ont pris une mauvaise direction musicale et ont perdu leur patte. Il faut faire attention à ça. Mais d’autres groupes devraient expérimenter davantage et repousser leurs limites. Certains ne font que se répéter. Ils pondent dix chansons et boum, ils sortent un nouvel album sans aucune évolution dans la composition. Je pense qu’il faut toujours repousser les limites. Qui sait ce que nous ferons dans le futur ? Nous avons déjà utilisé quelques beats électroniques pour de petites intros parce que nous ne voulons pas aller trop loin dans cette direction.

Le folk metal est un genre très particulier. Il n’est pas facile de le faire évoluer ou de l’associer à d’autres styles. Il existe des mélanges de rock et de rap, ou de metal et de musique électronique, mais il est difficile d’imaginer le folk mélangé à un autre genre musical, comme le rap ou l’indus. Penses-tu ? À ton avis, est-ce possible ?

En fait, il existe un groupe aux influences folk et hip-hop en Finlande, il est très connu. Je dirais que c’est vraiment un très bon groupe (NDLR : il nous a été en revanche impossible de retrouver le nom du groupe). C’est un groupe finlandais, donc les paroles sont en finnois.

Et ils font du folk hip-hop ?

Oui, ils font appel à des influences et à des instruments des pays baltes. C’est très frais et très bizarre. Ils ont aussi un côté très politique mais ils sont très populaires et ils ont même reçu un prix il y a environ six mois. Ils sont très respectés en Finlande. Donc c’est possible. Si on pense que c’est impossible, alors on ne peut rien faire, mais si on est prêt à expérimenter, alors il y a de l’espoir ! (rires) Il y aurait pourtant moyen d’utiliser ce style de façon très intéressante. En Suède aussi il y avait un groupe qui avait fait l’Eurovision dans les années 90, qui mélangeait la pop-rock au folk. Alors c’est possible, effectivement.

La pochette de l’album est très surprenante : elle est très classique, presque caricaturale par rapport à la musique de l’album.

La pochette est dans la même veine que ces vieux films dont on a déjà parlé. Elle est très influencée par les films des années 50, les films d’action classiques. Nous voulions qu’elle ressemble à ça afin de transmettre un côté cinématique. Je trouve que c’est très bien fait. Il y a beaucoup de points communs avec des affiches de propagande. Elle partage les mêmes valeurs que ces affiches et celles des films des années 50. Il n’était pas vraiment nécessaire d’avoir un Viking sur la pochette mais on trouvait ça adapté. Désolé que tu n’aimes pas ! (rires)

L’aspect visuel a toujours été très important pour Turisas. Penses-tu qu’aujourd’hui, les groupes aient tendance à laisser cet aspect de côté pour se focaliser uniquement sur la musique ?

Je pense qu’on a vu assez de groupes se contenter de jouer en jeans et T-shirt. C’est principalement dû à tous ces vêtements à la mode. Il suffit de les enfiler, de montrer ses tatouages et c’est bon.

Par opposition, KISS a toujours maintenu un côté très visuel : leur monde et leurs personnages sont aussi importants que leur musique. Quel est votre rapport à ce groupe ? Sont-ils une source d’inspiration pour vous ou du moins une référence en matière de création d’un univers extra-musical ?

Peut-être en partie, mais pour moi, ce n’est pas une influence particulière. Nous tombons évidemment dans la même catégorie qu’eux mais nous ne voulons pas vraiment passer notre temps en costume. Nous sommes déguisés sur scène mais nous nous réservons le droit d’être habillés normalement dès que nous n’y sommes plus. Je pense que davantage de groupes devraient avoir leur propre univers visuel. C’est notre objectif. La musique doit être une sorte de voyage visuel, en plus d’être musical.

Gene Simmons a déclaré que, en raison de ses performances et de ses shows spectaculaires, Lady Gaga était la meilleure chose qui soit arrivée à la musique depuis KISS. Es-tu d’accord avec lui ?

(rires) Disons que, musicalement parlant, je n’aime pas toujours ce que fait Lady Gaga, mais je pense que c’est un phénomène très intéressant. La façon dont tout ça est mis en scène est très travaillée. Je ne dirais pas que c’est la meilleure musique qui soit mais elle a énormément de succès en ce moment, même en Finlande. Qui sait ? Après cinq ou six albums, elle sera peut-être la nouvelle Madonna. Les choses se passent très vite dans le monde de la musique. Je ne sais pas si on se souviendra d’elle dans cinq ans. J’espère que tout se passera bien pour elle.

Interview réalisée par phoner en janvier 2011.

Retranscription/Traduction : Izzy & Saff’

Site internet TURISAS : http://turisas.com/



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  • Interview sympa mais j’aurai aimé une question sur les 2 reprises en « bonus track » : Broadsword de Jethro Tull et Supernaut de Black Sabbath qui sont toutes 2 excellentes! Et par la même occasion j’aurai bien aimé savoir pourquoi on peut entendre la mélodie de Ghostbusters au milieu de Supernaut d’ailleurs, une autre fois peut-être! ^^

    [Reply]

  • Je confirme, très bon interview

    Par contre tu dis: « il est difficile d’imaginer le folk mélangé à un autre genre musical, comme le rap ou l’indus »
    Aurais-tu oublié le groupe Manau, dont la musique « la tribu de Dana » reprend la même musique qu’eluveitie dans la musique inis mona (qui est en fait l’aire de la chanson bretonne « tri martolod ») enfin bon voilà quoi 😛

    cet album est juste magnifique en tout cas, je n’arrête pas de l’écouter (il manque peut-être un peu trop de métal par contre…)

    [Reply]

    Animal/RM

    Nous parlions justement de Manau avec Metal’O Phil avant de publier cette interview. Mais c’est peut-être une page de l’histoire de la musique française que certains tentent d’oublier…

  • très bonne interview pour un très bon groupe

    [Reply]

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