On ne pourra pas cette fois reprocher à Udo Dirkschneider de manquer d’ambition ou de capitaliser sur son passé, même si on retrouve dans le nouvel album We Are One des contributions des ex-Accept Stefan Kaufmann et Peter Baltes. We Are One dépasse largement le cadre du groupe U.D.O., dans son message déjà, plus engagé que jamais, abordant frontalement tous les sujets brûlants de l’actualité humaine, qu’ils soient écologiques ou politiques. Mais aussi et surtout dans son approche musicale, réalisée en collaboration avec le Musikkorps Der Bundeswehr, soit l’orchestre des forces armées allemandes.
On s’en doute, le projet est colossal. On comprend vite pourquoi Udo Dirkschneider a voulu bien s’entourer. Et non, il n’y a derrière cette entreprise aucune fascination particulière pour l’armée, que ce soit clair. C’était aussi et surtout une opportunité de sortir du cadre habituel d’U.D.O. en se libérant de certaines contraintes de style, et d’aller chercher des fibres musicales, éléments et collaborations plus insolites. On en parle ci-après avec Udo Dirkschneider.
« Quand nous faisons un album d’U.D.O. normal, nous avons des limites, nous ne pouvons pas trop nous éloigner de nos fondamentaux, alors qu’avec cet album, nous pouvions faire n’importe quoi. »
Radio Metal : We Are One est un projet assez unique, impliquant l’orchestre des forces armées allemandes sous le commandement du lieutenant-colonel Christoph Sheibling qui a participé avec le groupe à son élaboration. A priori, l’origine de ce projet remonte au concert de la Navy Metal Night de 2014 et du Wacken en 2015…
Udo Dirkschneider (chant) : C’est une histoire assez longue, mais je vais essayer de faire court [petits rires]. Quand nous étions en train de mixer l’album Steelhammer, dans le nord de l’Allemagne, il y avait un orchestre de la marine. Le gars qui produisait notre album était un membre de cet orchestre. Ils ont fait un concert dans une église et j’y suis allé pour regarder. C’était un petit peu avant Noël, donc je me suis dit qu’ils allaient jouer des chansons de Noël ou quelque chose comme ça, mais il s’est avéré qu’ils jouaient des morceaux de Michael Jackson et d’Abba, et le son de cet orchestre de cuivres m’a fait dire que c’était un son que j’adorerais avoir. Ensuite, nous avons fait un concert ensemble dans le sud de l’Allemagne. Nous en avons fait un DVD, intitulé Navy Metal Night. C’était en 2009, puis le Musikkorps Der Bundeswehr, un autre orchestre, s’est présenté à nous. Ils ont dit qu’ils voulaient poursuivre l’expérience, nous avons commencé à travailler avec eux et nous avons fait le concert du Wacken. Ensuite nous avons fait un autre concert à Elspe – au Wacken, nous n’avions que soixante-quinze minutes, alors que là c’était un concert spécial de plus de deux heures et demie. Après ce concert, nous avons dit : « Peut-être qu’il faudrait faire autre chose. Pourquoi ne pas faire un album ensemble ? » Nous nous sommes réunis, nous avons discuté de ce que nous voulions faire avec ça, du message que nous voulions mettre dans cet album. Ça nous a pris un an pour écrire les chansons et faire les arrangements, et c’était fini début avril cette année.
Non seulement vous avez fait ces événements en collaboration avec des militaires, mais tu es aussi connu pour porter un uniforme militaire depuis quasiment les débuts d’Accept. D’où vient cet intérêt pour les forces militaires ?
Je n’ai aucun intérêt pour les militaires. C’était juste la musique. Ça aurait pu être un autre orchestre, mais il se trouve que c’était le seul en Allemagne à pouvoir faire ça, avec ce son de cuivres. C’est un orchestre de très grande qualité, il est parmi les meilleurs en Allemagne. Ça n’a donc rien à voir avec l’armée ou avec l’uniforme de camouflage que j’utilisais à la vieille époque d’Accept. Et même mon camouflage n’avait rien à voir avec un quelconque intérêt pour l’armée. C’était juste des vêtements de scène, c’était une image. Dans les années 80, j’ai cherché des habits de scène pour me démarquer des autres gens. Le reste du groupe portait d’autres types d’accoutrements, c’était un genre de carnaval allemand [rires]. Aujourd’hui, le camouflage est à la mode, on peut en acheter partout, mais lorsque j’ai fait ça, je crois que c’était en 82, ce n’était pas encore à la mode, et les gens étaient là : « C’est quoi ça ? C’est un militaire ? » Ils l’ont complètement pris de travers. Par exemple, quand nous sommes venus pour la première fois avec notre nouvelle scénographie, nous avons eu de gros problèmes en France, ils disaient : « C’est un truc de nazi. » Mais c’était il y a trente ans et ce n’était que pour avoir l’air différent, ça n’avait rien à voir avec l’armée.
Donc même avec ce projet, je ne vais pas aussi loin dans le côté militaire. Pour nous, le plus important est que nous faisons de la musique ensemble. Pour eux, c’était aussi intéressant parce que c’est une bonne promotion. Ils peuvent montrer aux gens qu’ils sont ouverts à tout et qu’ils n’ont pas peur de travailler avec un groupe de heavy metal, ça ne leur pose aucun problème. Pour nous, c’est pareil. Nous faisons tous les deux de la musique et ça colle parfaitement. Pour moi, cet album est complètement nouveau. Je n’ai jamais rien entendu dans le genre. Et puis les chansons ont été écrites pour ça, contrairement à ce qu’ont fait il y a longtemps Metallica ou Scorpions, en reprenant simplement leurs chansons et en y mettant un orchestre par-dessus. Ces chansons ont été composées pour cet album et pour être jouées avec l’orchestre.
C’est un album assez élaboré avec non seulement un orchestre de soixante musiciens, mais aussi des arrangements originaux. Qu’est-ce que ça a impliqué de mener à bien un projet aussi massif ?
D’abord, les chansons sont venues du groupe, mais dès que nous avons commencé à composer, nous avions déjà en tête que nous ferions ça avec un orchestre et que ça devrait être un peu différent. Nous avons également travaillé avec Stefan Kaufmann et j’ai croisé Peter Baltes que je n’avais pas vu depuis très longtemps. Il a dit que c’était un projet très intéressant et qu’il adorerait travailler dessus avec nous. J’ai dit qu’il n’y avait aucun problème ! Plein de gens ont travaillé sur ce projet. Il y avait aussi l’ingénieur du son de l’Opéra de Cologne. Un gars qui a travaillé avec nous fait aussi des choses dans le cinéma, genre à Hollywood. C’était un très gros projet impliquant plein de gens ! Bref, nous nous sommes retrouvés avec trente chansons. Nous avons fait une réunion à Berlin avec deux gars qui se sont occupés de faire les arrangements pour l’orchestre et nous avons commencé à choisir les chansons. Les gars de l’orchestre ont dit : « On peut utiliser celle-ci, celle-là, etc. » A la fin, nous avions toutes les chansons et tout s’est mis en branle. C’était un processus – la composition, l’arrangement, le mixage – qui a pris plus d’un an ! Les arrangements, en particulier, ont pris beaucoup de temps. Ils sont arrivés et ils disaient : « Peut-être qu’il faut changer les harmonies ici. » Nous avons commencé à enregistrer toute la musique : d’abord le groupe, puis nous avons donné ça à l’orchestre. Ensuite, trois personnes se sont chargées de faire le mixage pour tout assembler ; il est clair que ce n’était pas facile, nous avions parfois jusqu’à deux cent cinquante pistes ! [Rires] C’était un boulot très dur et très long.
« C’est un des avantages des orchestres militaires : ça ne coûte rien ! Ils sont payés par le gouvernement [rires]. »
Mais une autre bonne chose à propos de ce projet avec orchestre, surtout pour nous en tant que groupe de heavy metal, c’est que quand nous faisons un album d’U.D.O. normal, nous avons des limites, nous ne pouvons pas trop nous éloigner de nos fondamentaux, alors qu’avec cet album, nous pouvions faire n’importe quoi. Il y a plein de choses intéressantes là-dessus. Nous étions libres de faire tout ce que nous voulions. Il n’y avait pas de limite. Toutes les chansons sont très différentes. C’est bien de voir ce qu’on peut faire sans vraiment avoir à se dire qu’on ne peut pas aller dans telle et telle direction. Il est clair que nous ne pouvons pas faire ça avec U.D.O. Enfin, on pourrait, mais les gens diraient : « Oh, c’est quoi ça ?! » [Rires]
Donc même si le nom U.D.O. est sur la pochette, ça va bien au-delà du groupe. Il y a même des chansons où tu ne chantes pas, comme « Blindfold (The Last Defender) » ou des instrumentales…
Il est clair que ce n’est pas un vrai album d’U.D.O. On ne peut pas comparer ça à un album normal d’U.D.O. Pour moi, tout ça, c’est un projet. L’orchestre a fait des morceaux instrumentaux, car c’était prévu qu’ils fassent des choses de leur côté. L’idée de ce projet, c’est de tout rassembler, d’envoyer un message et de faire de la bonne musique ! C’est tout.
Ces chansons contiennent plein d’éléments « insolites » : un saxophone sur « Neon Diamond », un chœur sur une chanson comme « Love And Sin », une cornemuse sur « Beyond Gravity », une chanteuse…
Oui. Le saxophone, par exemple, collait très bien à la chanson ! Chaque chanson a obtenu ce dont elle avait besoin, que ce soit une cornemuse ou tous ces chœurs… Nous avons fait appel à – je ne sais plus – treize personnes qui ont été sélectionnées – pas par le groupe, ce sont des gens qui ont l’habitude de travailler avec l’orchestre en tant que chœur – et Stefan a impliqué quelques connaissances, et tous ces gens se sont réunis. Tout ceci contribue également à rendre les chansons différentes. Mon fils Sven chante aussi avec moi sur « Here We Go Again » ! C’était la première fois que nous chantions ensemble. J’ai adoré. Il était en train de faire une démo pour cette chanson quand nous avons eu l’idée. Je n’étais pas en Allemagne, j’étais chez moi à Ibiza, et ils avaient besoin d’un chant démo. Sven chante les chœurs dans U.D.O., donc le producteur a dit : « Peut-être que tu peux rapidement enregistrer un chant ? On a besoin d’un chant démo là-dessus. » Il l’a fait et ensuite, nous nous sommes dit : « Pourquoi ne pas faire un duo ensemble ? » C’est comme sur « Neon Diamond » : j’adore le duo avec Manuela Markewitz. Elle a travaillé avec l’orchestre sur – je ne sais pas – quarante concerts, et ils se sont dit que ça pourrait fonctionner. Elle chante aussi sur la chanson « Blindfold (The Last Defender) ». C’est une chanson écrite par l’orchestre et ils la jouaient déjà en concert. J’adore ces deux chansons – celle où elle chante avec moi, ainsi que celle où elle chante seule. Elle a vraiment une belle voix !
Quand tu as commencé ta carrière, l’association du heavy metal avec un orchestre n’était pas très commune, alors qu’aujourd’hui, plein de groupes modernes de metal ont utilisé des orchestres et tout un style a été créé sur l’idée de cette association : le metal symphonique. Est-ce que certains de ces groupes actuels t’ont inspiré ?
Non, mais eux font appel à des cordes. Enfin, il y a vingt ans déjà, avec Stefan Kaufmann nous avions songé à faire un album classique avec un orchestre. C’était l’époque où Scorpions, Metallica et d’autres groupes ont fait ça. Donc évidemment, nous nous étions dit que ça pourrait être intéressant. Nous avons commencé à travailler avec un orchestre symphonique en République tchèque, mais le résultat était trop doux pour nous, donc nous nous sommes finalement dit que nous ne voulions pas le faire. Aujourd’hui, nous avons un orchestre complet de cuivres. Sur le plan sonore, c’est complètement différent que de travailler avec un orchestre symphonique et d’utiliser des violons. Je vais être honnête, je n’ai jamais rien entendu de tel. C’est complètement nouveau. Je ne sais pas le nombre d’interviews que j’ai faites maintenant, mais les gens disent : « Ouah, je n’ai jamais entendu un truc pareil ! »
Par le passé, quel a été ton intérêt envers la musique classique et orchestrale ?
J’écoute de temps en temps de la musique classique, mais je ne m’y intéresse pas non plus énormément. Et puis ce que nous avons fait avec l’orchestre n’est pas vraiment de la musique classique. C’est de la musique heavy. Mais plein de groupes utilisent des harmonies empruntées à la musique classique. Je veux dire que la musique classique crée une atmosphère et c’est très intéressant. Par exemple, Wagner était le heavy metal de la musique classique !
Quand un groupe fait appel à un orchestre, en général ça coûte très cher. Comment avez-vous financé une telle superproduction ?
C’est un des avantages des orchestres militaires : ça ne coûte rien ! Ils sont payés par le gouvernement [rires]. Le gouvernement dit : « Allez-y, faites ce projet. On adorerait entendre ça. » Nous avions déjà fait trois concert en collaboration avec eux et un DVD, et tout a très bien fonctionné, donc le gouvernement allemand était très intéressé, car comme je l’ai dit plus tôt, pour eux ça représente une bonne promotion. Normalement, avec un autre type d’orchestre, comme un orchestre symphonique allemand ou je ne sais quoi, ça coûte effectivement très cher, mais là ça n’a posé aucun problème financier.
« Peter [Baltes] et moi avons discuté comme de bons amis, mais je ne pense pas qu’il pourrait être un membre d’U.D.O. Ça ne m’intéressait pas, désolé ! [Rires] »
Tu l’as mentionné, deux anciens membres d’Accept ont participé à la composition : Stefan Kaufmann et Peter Baltes qui a quitté Accept il y a deux ans. Stefan Kaufmann a fait partie d’U.D.O. par le passé et vous a aidés en concert ces dernières années, donc ce n’est pas vraiment une surprise. La surprise est plutôt du côté de Peter. La dernière fois qu’on s’est parlé, tu nous as dit que tu n’avais aucun contact avec Wolf et Peter et que tu ne voyais pas comment vous pourriez vous rabibocher. Du coup, comment as-tu finalement repris contact avec Peter ?
Depuis le début il était clair que Stefan Kaufmann serait impliqué dans l’album. Il nous a aidés sur le dernier concert avec l’orchestre. Je lui ai dit que nous avions besoin de lui pour l’enregistrement et la composition. Puis un jour j’étais en Allemagne et Stefan m’a dit de venir au studio pour faire des démos, et quand je suis arrivé, Peter Baltes était là en train de travailler avec Stefan sur des chansons pour son projet solo. C’était une grosse surprise pour moi de le trouver au studio ! Nous avons beaucoup parlé. Je n’ai jamais eu de problème avec Peter Baltes. J’avais des problèmes avec un autre gars qui est le seul membre restant dans le groupe, plus qu’avec Peter. Ça faisait quinze ans que je n’avais pas été en contact avec Accept, ni avec Peter, mais la rencontre avec lui s’est très bien passée. Il a dit : « J’ai entendu parler de ce que tu étais en train de faire avec l’orchestre. J’adorerais travailler là-dessus aussi, si ça ne te dérange pas. » J’ai dit : « Ouais, pas de problème ! Tu peux te joindre à nous dans ce projet. » Pour moi, c’était comme si de rien n’était, comme si la dernière fois où je l’avais vu c’était la veille, je n’ai pas ressenti les quinze années passées à ne pas nous parler. C’était décontracté. Il n’y avait aucun problème. Stefan et Peter ont fait cinq chansons sur cet album : « Love And Sin », « Rebel Town », « Pandemonium », « Neon Diamond » et… Je ne me souviens plus de la dernière, désolé [petits rires]. Ceci dit, je ne dirais pas qu’il y a la moindre marque d’Accept dans cet album. Peter savait que c’était un projet différent, fait pour un orchestre.
Le bassiste Fitty Wienhold a annoncé son départ à peine un mois après la sortie de l’album Steelfactory. Fitty est quelqu’un que tu connais depuis le début des années 80 et qui a fait partie d’U.D.O. pendant vingt ans. Qu’est-ce qui a motivé son départ à ce stade ?
Je ne sais pas vraiment. Il m’a dit qu’il en avait marre de tourner, qu’il ne voulait plus faire ça, et maintenant il est dans l’immobilier. Je vais être honnête, j’étais un peu mécontent de la manière dont il a fait ça. Il a travaillé avec nous sur l’album Steelfactory, nous avons aussi fait le shooting vidéo pour « One Heart One Soul » et la session photos, mais il savait déjà à l’époque qu’il voulait quitter le groupe. Pour moi, ce n’était pas très juste envers le groupe. Mais bref, ça regarde Fitty. Nous sommes toujours amis. Nous vivons toujours ensemble à Ibiza – pas dans la même maison, mais à cinq minutes l’un de l’autre. Ce n’est pas un gros problème pour moi, et musicalement, il n’apportait pas de composition.
Ça coïncidait plus ou moins avec le départ de Peter Baltes d’Accept : as-tu songé à demander à Peter si serait intéressé pour rejoindre U.D.O. ?
Non ! Il n’y a rien de prévu pour faire ça. Nous avons déjà un bon bassiste et nous sommes contents avec le groupe tel qu’il est aujourd’hui. Donc pourquoi je lui demanderais ? Disons que Peter et moi avons discuté comme de bons amis, mais je ne pense pas qu’il pourrait être un membre d’U.D.O. Ça ne m’intéressait pas, désolé ! [Rires]
We Are One est le premier album d’U.D.O. avec les nouveaux membres Fabian « Dee » Dammers et Tilen Hudrap. Quel a été leur apport ?
« Here We Go Again », « Mother Earth » et « We Strike Back » sont des chansons qu’a apportées Fabian. Tilen n’a pas vraiment pris part à la composition, car il est arrivé un peu trop tard pour tout ça, mais il a fait la basse sur l’album, tout comme les guitaristes ont fait leurs guitares : tout le groupe U.D.O. joue sur cet album. Aussi Andrey [Smirnov] a fait deux chansons : « We Are One » et « Future Is The Reason Why », et il a également été impliqué dans certaines mélodies sur les morceaux instrumentaux de l’orchestre.
Le titre de l’album, We Are One, véhicule une idée d’unité et les textes parlent des différents défis auxquels l’humanité est actuellement confrontée. Penses-tu que de grosses problématiques nécessitaient un gros album ?
We Are One… évidemment que nous ne faisons qu’un ! Nous vivons sur cette planète et nous devons vivre ensemble, pas en nous faisant la guerre, et surtout pas avec ce qu’il se passe en ce moment avec le racisme en Amérique. Nous devons vivre ensemble parce que nous n’avons qu’une planète. Il n’y a pas de planète B. Nous devons aussi prendre soin de notre planète. C’est là tout le sens de We Are One. Avec cet album, nous parlons de tout ce qui se passe en ce moment, des feux de forêt au Brésil, de la crise climatique, de tous ces déchets plastiques, du mouvement Vendredi Pour Le Futur, etc. Et puis aussi la montée des partis d’extrême droite et du racisme : je suis totalement contre la droite, c’est de ça que nous parlons dans « Pandemonium ». C’est partout, c’est en Amérique, en France, en Allemagne, en Russie, en Italie… J’espère que ces gens vont partir et qu’il ne se passera pas ce qui s’est déjà passé dans l’histoire. Je déteste ces mecs de droite, donc j’ai voulu en parler. Toutes ces choses font qu’il est de plus en plus dangereux de vivre sur cette planète.
« Nous avons un message avec ces chansons. L’idée est de dire aux gens : ‘Il faut penser à ça.’ Il vaut mieux qu’ils réfléchissent à ces paroles. Mais s’ils ne le font pas, je ne leur en voudrai pas pour autant, car c’est aussi de la musique. »
Nous avons un message avec ces chansons. L’idée est de dire aux gens : « Il faut penser à ça. » Il vaut mieux qu’ils réfléchissent à ces paroles. Mais s’ils ne le font pas, je ne leur en voudrai pas pour autant, car c’est aussi de la musique. Par le passé, j’ai déjà écrit avec U.D.O. des chansons sur des sujets politiques, mais le message n’est pas ce qu’on voyait d’emblée, alors que sur cet album, on sait tout de suite de quoi il en retourne, et c’était très important pour cet album. Donc j’espère vraiment élever des consciences avec cet album. Jusqu’à présent, nous avons eu de très bonnes réactions de la part des journalistes et des fans – avec le clip que nous avons sorti – concernant notre message. C’est bien de voir que les gens réalisent ce qui se passe. J’ai deux enfants, donc je pense à leur avenir et à tout ce qui se passe. Et aussi, les forces armées allemandes dont fait partie l’orchestre fait plein de choses sur le plan social, pour les enfants, pour les malades, etc. Ils font plein de choses pour aider à récolter de l’argent pour les hôpitaux, et ainsi de suite.
Ton fils Sven fait partie du groupe depuis cinq ans. Est-ce que ça te permet d’avoir d’autant plus conscience des problèmes auxquels les jeunes générations font face ?
De manière générale, j’ai un jeune groupe autour de moi. Le plus âgé a trente-cinq ans, il pourrait lui aussi être mon fils ! C’est très intéressant de voir comment ils pensent, comment ils parlent. Evidemment, je suis – disons – un peu plus âgé [petits rires], mais lorsqu’il s’agit de parler et de penser, ce n’est pas une question d’âge, c’est une question de vision du monde. Quand tu voyages à travers le monde, tu vois tout ce qu’il se passe. Ce n’est pas comme quand on reste chez soi, on va à l’usine le matin et on revient à quatre ou cinq heures de l’après-midi, on lit le journal et on regarde les infos à la télé. Quand on voyage vraiment partout dans le monde, on voit énormément de choses, comme des gouvernements qui font de très mauvaises choses.
Comment votre conscience écologique se traduit-elle dans le groupe ? Essayez-vous d’être éco-responsables ?
J’essaye de faire des choses saines et de faire attention à ce qui se passe dans le monde. D’une certaine façon, c’est super de pouvoir parler de ça dans des chansons. Mais dans le groupe, nous ne vivons pas ensemble : je vis à Ibiza, un gars vit en Ukraine, un gars vit en Slovénie, deux gars vivent en Allemagne ! Chacun vit sa propre vie et s’occupe de ses affaires. Je vis en Espagne, à Ibiza, c’est une île très propre : l’air est sain, l’eau est saine, le climat est sympa… Mais bien sûr, j’essaye de faire attention à tout dans ma vie.
Tu as mentionné le fait que tu étais entouré de jeunes : est-ce que ça t’aide à rester à la page musicalement ?
Bien sûr, ils composent de manière plus moderne, mais nous faisons toujours la même chose. C’est bien pour moi de travailler avec des jeunes. Ils me poussent et c’est une bonne chose. Je n’ai pas envie de travailler avec des rock stars. Quand je cherchais de nouveaux membres, je ne cherchais pas des mecs hyper connus ou je ne sais quoi. C’était mieux pour moi de travailler avec des gens inconnus. Je cherchais aussi des gens qui étaient fans d’Accept et d’U.D.O. Ils savent le type de musique dont j’ai besoin, mais ils proposent aussi des idées différentes et plus modernes. Parfois ils jouent les riffs de manière plus moderne. D’une certaine façon, je continue à faire ce que les gens attendent de la part d’U.D.O., mais je trouve aussi que c’est intéressant d’avoir de nouvelles idées provenant de jeunes gens.
La chanson « Rebel Town » est un hymne aux trente ans d’Allemagne réunifiée. Quels sont tes souvenirs de la réunification ?
J’ai vu le mur être érigé et être abattu. Presque tout le monde savait que le système ne fonctionnait pas dans l’Allemagne de l’Est. Ce qui a changé pour moi quand le mur est tombé est que nous pouvions faire des concerts en Allemagne de l’Est désormais. Quand nous y sommes allés en 91, nous avons reçu un très bon accueil. Il y avait plein de fans là-bas et, évidemment, ils étaient heureux qu’un groupe de l’Ouest vienne en Allemagne de l’Est. Mais les paroles de cette chanson sont aussi très importantes pour nous, c’est-à-dire constater que l’Allemagne est unie depuis trente ans et que, par-dessus tout, on peut faire une révolution sans fusil et sans faire la guerre. On peut faire une révolution avec simplement des gens qui manifestent contre quelque chose.
Interview réalisée par téléphone le 20 juin 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel d’U.D.O. : www.udo-online.com
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J’écoute du rock-metal depuis 1986 cela me rajeunit pas.J’ai redecouvert le site par hasard que j’avais u peu perdu de vue.Objectivement les 3 interviews que je viens de lire sur le site sont parmis les meilleurs interviews rock metal que j’ai lu en français ces 15 dernières années. »Les journalistes » du site rebondissent sur les artistes selon leurs reponses.On sent la passion de l’interwieur.Les articles sont longs bien torchés bref insultant de ne pas voir des lecteurs mettre des commentaires d’encouragement.Je suis pourtant du genre grognon pas leche c…Ces interviews devraient etre dans la presse papier hard rock mag etc..Bravo les gars bonne continuation.