Dès l’arrivée du public dans le fameux bar de Pigalle, le Backstage O’Sullivans, l’ambiance n’est pas propice à la destruction. En effet, la soirée est plutôt dédiée au football puisque le match entre le Paris Saint-Germain et le Celtic de Glasgow est diffusé avec différentes musiques irlandaises au menu. Les étrangers à tout ça, dont nous faisons partie, sont eux présents pour une affiche chaotique où domine le nom d’Ulcerate. Ces derniers sont les maîtres d’une musique sans espoir et qui vous emporte de par sa remarquable intensité.
Avec la sortie l’an dernier de Shrines Of Paralysis, les Néo-Zélandais ont encore une fois frappé très fort dans le milieu de la musique extrême, avec peut-être leur œuvre la plus abyssale et la plus passionnante à parcourir. Et pour compléter l’affiche, les lettres d’or s’ajoutent sous le drapeau de la Pologne avec les noms d’Outre et Blaze Of Perdition. Il est très clair que les quelques curieux amateurs de foot dans la salle ne sont pas prêts à ce qu’ils vont voir, tandis que les fans attendent eux depuis des mois ce set.
Artistes : Ulcerate – Blaze Of Perdition – Outre
Date : 22 novembre 2017
Salle : Backstage
Ville : Paris [75]
Outre
Outre est une formation de black metal venant d’un pays où la réputation de ce style musical n’est plus à faire. Et même si, au premier abord, la musique du groupe polonais ne semble pas révolutionner tout ce qui s’est fait en la matière, c’est une vraie claque que d’assister à cette prestation. En effet, on se sent comme possédé par ces compos qui incitent l’audience à bouger frénétiquement au rythme des riffs. Et ce même si la formation pourrait sans doute donner plus et semble un peu sur la retenue. Les musiciens bougent en rythme avec ce regard sérieux, le visage peint de corpse paint, tandis que le chanteur partagera sa froideur avec l’audience. Le regard posé sur le public, il restera sans bouger en ne montrant aucune émotion, si ce n’est une certaine sévérité. Cette musique va se nicher au plus profond de nous-mêmes et fera de Outre l’une des meilleurs découvertes que l’on pouvait faire au cours de l’année en tant que première partie, et qui participera grandement à la réussite de cette soirée.
Setlist :
Chant 6 – Vengeance
Chant 3 – The Fall
Chant 4 – Lament
Chant 2 – Shadow
Fist Of The Nothern Destroyer (reprise de Clandestine Blaze)
Chant 7 – Arrival
Blaze Of Perdition
Suite à cet excellent début de soirée, le public est ravi d’avoir maintenant sous les yeux Blaze Of Perdition. Au menu, deux morceaux de leur dernier album, Conscious Darkness, et deux chansons de Near Death Revelations sorti en 2015. Une setlist assez courte mais les Polonais aiment faire durer les morceaux dans des ambiances parfois douces comme sur « Ashes Remain ». Et, maniant les différentes atmosphères, ils aiment aussi partager des compos proches du black metal traditionnel mais néanmoins pourvu d’un ton épique et plein de grandeur. Le seul bémol de la soirée sera véritablement l’effort de mise en scène du groupe. Car lorsque l’on regarde des vidéos sur internet, on constate la présence d’une image travaillée avec moults corpse paint et un frontman en avant tel un prêtre voulant nous convaincre de le rejoindre en enfer. Mais ce soir, rien de tel, car le chanteur/bassiste Wyrd paraîtra bien plat, peut-être parce qu’il n’est qu’intérimaire pour le live. En tout cas, le plaisir éprouvé sur ces morceaux fut réel, même si le rendu studio nous aura davantage marqué.
Setlist :
A Glimpse Of God
Ashes Remain
Into The Void Again
When Mirrors Shatter
Ulcerate
La force principal d’Ulcerate est de ne laisser presque aucun répit à son auditoire. Les très peu de pauses entre les morceaux accentuent l’intensité de la musique. Car les Néo-Zélandais proposent bien plus que du death metal comme on peut l’entendre au sens premier du terme. En fait, leur musique nous plonge dans un chaos et un enfer sans nom. Comme si les enfers s’abattaient sur nous continuellement, sans retenue, en ne laissant aucun espoir pour notre esprit. Une voix abyssale, des guitares aux riffs rapides et des changements de mesures dissonants : tout nous plonge dans une musique au son unique et addictif. Submergé par cette impression de descendre les enfers en étant témoin des pires horreurs, comme si l’on traversait les cercles de l’enfer tel que Dante les décrivait, l’auditeur/spectateur traverse la discographie du groupe, à travers « Dead Oceans », « Drown Within », « Cold Becoming », lors d’un set qui se termine sur « Everything Is Fire » et « Extinguished Light ». Une setlist fort courte mais composée de titres bien longs qui mettent surtout en avant l’ambiance et l’univers du groupe. Un trio venu pour terrasser Paris, ville bien calme durant le concert mais qui tout de même n’hésitera pas à applaudir bien fort la formation qui enchaîne les titres.
Ulcerate
Malheureusement, en live l’expérience semble moins marquante qu’en studio. Le son manque de précision, mais il n’en reste pas moins que l’on demeure subjugué par cette prestation qui, bien que carrée et ne dégageant aucune mise en scène particulière, se suffit à elle-même. Rares sont les groupes n’ayant pas besoin de fioritures sur scène pour captiver un auditoire. Pas de maquillages, de décors ou autres : seulement une musique venant des entrailles de la terre qui a pour mission de tout chambouler. Un rouleau compresseur musical, une expérience unique, et inoubliable pour les fans. On sortira de la salle avec, devant nous, le visage décomposé des Écossais à cause d’une lourde défaite et la vision d’un dix-huitième arrondissement complètement ravagé par les déchets d’alcool jonchant les rues. Ulcerate collait d’ailleurs à merveille au panorama après avoir retourné Paris dans ses moindres recoins !
Setlist :
End The Hope
Dead Oceans
Clutching Revulsion
Drown Within
Abrogation
Cold Becoming
Shrines Of Paralysis
Everything Is Fire
Extinguished Light
Report et photos : Matthis Van der meulen.