
Artiste : Freak Kitchen
Salle : Le Ninkasi Kao
Ville : Lyon
Date : 11-02-2010
En entrant dans l’enceinte du Ninkasi bondé, nous passons de la neige et du froid glacial à une chaleur excessive. Heureusement, signalons-le, la bière servie dans la salle est l’une des meilleures de la ville. De quoi passer l’éponge et mettre dans de bonnes dispositions.
La bonne humeur, le combo « From Gothenburg Sweden » est d’ailleurs passé maître en la matière depuis sa percée sur le marché français pour la sortie de Dead Soul Men. Depuis la découverte de ce disque, par la suite et durant les années 2000, votre serviteur a vu Freak Kitchen sur toutes les tournées, passant à chaque fois un excellent moment.
Peut-être que ce soir, c’était le concert de trop. En effet, je déroge exceptionnellement à la règle journalistique qui interdit l’usage de la première personne, tant j’aurai l’impression, en ce jeudi 11 février 2010, de vivre ce concert aux antipodes du reste de la foule…


Des choeurs excellents de Christer
Mais avant toute chose, restons objectif : Freak Kitchen reste un groupe qui, sur scène, vaut le détour. Les nouveaux morceaux, dont « God Save The Spleen » qui ouvre le set, ont bien plus d’impact en live que sur disque. « Teargas Jazz » est l’occasion pour les suédois de nous présenter de nouvelles rythmiques inspirées de la musique indienne « très complexes à jouer » comme nous le fait d’ailleurs remarquer Mathias. Il en profite pour nous gratifier d’un intermède amusant sur lequel il teste la coordination du public en lui faisait battre la mesure avec les pieds, les mains, puis les deux en même temps, sur un tas de mesures asymétriques. Exercice difficile nécessitant synchronisation, rigueur et rapidité.

Christer prendra le micro à deux reprises pour chanter les ballades « The Only Way » et « Razor Flowers », sur lequel il demandera la participation du public. Christer prend, à ce titre, de plus en plus de place sur scène au niveau du chant, que ce soit en lead ou sur les backing. Et c’est tant mieux, puisque le gaillard était chanteur avant d’être bassiste et qu’il a tout simplement une belle voix. De plus, Mathias semble avoir des problèmes de cordes vocales. Coup de froid ? A moins que ce type de chant, plus agressif, ne soit voulu ?
Peu importe, le fait est que ce binôme chant agressif / chant clair (assuré par Christer) apporte une originalité mordante au set. Bjorn n’est pas non plus en reste lorsqu’il s’agit de prendre le micro. Sa palette vocale est diversifiée, passant du hurlement introductif de « Honey You’re A Nazi » à une voix de crooner sur l’un des nombreux intermèdes du show.
Les musiciens occupent l’espace de manière dynamique et interprètent les titres avec une joie communicative. Le dernier album Land Of The Freak est très bien représenté avec notamment, le très bon « Murder Groupie » au riff d’intro très Meshuggah dans l’esprit. Les deux albums antérieurs, Organic et Move, sont également à la fête avec « Speak When Spoken To », « Chest Pain Waltz » exploitant ces influences indiennes que le groupe affectionne tout particulièrement en ce moment, « Porno Daddy » ou encore « Propaganda Pie ».


Mattias Ekklundh, un taré attachant
(photo : legionsofthedark.com)
Le public chantera en ch?ur sur l’imparable refrain du classique « My New Hair Cut ». C’est dans cette convivialité que se situe le talent du groupe. Le set est, comme d’habitude, drôle, bon enfant et même familial. On trouve dans le public des fans de guitare de tous âges avec, certes, une majorité d’hommes. Quoi qu’il en soit, tout le monde prend son pied. Quel groupe de metal peut se vanter de donner le sourire à toute une salle en pratiquant un tel style de musique ? Le savoir faire de Mattias Eklundh en la matière est très efficace. Non seulement il shredde comme personne, mais il sait aussi se mettre le public dans la poche avec une personnalité attachante et un sens de l’humour tordu, bourré d’auto dérision. Ce mélange explosif de technique et d’humour, typique de Freak Kitchen, en fait un show à la fois divertissant et qui ravira un public de musiciens.
Cela dit, le spectacle, bien qu’il soit saupoudré de quelques nouveautés, reste globalement similaire à celui des tournées précédentes. Les « classiques » de Freak Kitchen sont toujours de la partie : l’attirail militaire de Chris, les grimaces de Mathias, la ballade chantée par Christer, les longs speech de Mathias, les interludes…
Bien sûr, cette recette est excellente et originale comme en témoigne la réaction du public, captivé, mais il est fort probable que les fans les plus assidus, dont votre serviteur fait partie, s’en soient lassés après toutes ces années.

Ca c’est du spectacle !

L’anonyme du message précédent, c’est moi, super-connard…euh non, c’est moi, Claude!
_La bière du ninkasi est vraiment excellente! Seb, t’as gouté l’ambrée? Leur pale ale est très bien pour une blonde, et la fruitée aux griottes en ce moment déchire bien. C’est un peu comme la zic où on aurait envie de dire aux détracteurs de votre groupe favori « achète toi des oreilles », et bien là j’ai envie de dire à Seb « achète toi un palais »! Enfin, les goûts et les couleurs…
_Les remarques de Spaceman sont tout à fait justes.
_Lost, effectivement, si on regarde de prêt, il n’y a pas beaucoup de groupes qui se renouvellent sur scène. Mais je tiens à souligner les effort de certains comme Pain of Salvation qui réarrangent leurs morceaux pour la scène. Eux aussi je les ai vu un paquet de fois et la dernière j’ai vraiment été étonné.
+1 Seb
La bière du Ninkasi est vraiment deg’ !
Il n’y a que la triple qui passe et encore, c’est très cher pour une bière aussi moyenne.
La folie du groupe me paraît bien moins spontanée que par le passé. Matthias semble faire le pitre parce que c’est ce que la foule attends de lui (les « goody goody » forcés). Alors qu’avant il le faisait simplement parce c’était sa personnalité, sa manière d’être. Tout du moins, c’est ainsi que je le perçois.
Et quel dommage que la setliste ai été presque entièrement orientée sur le les trois derniers albums! Comment le groupe à t’il put se passer d’un tube comme « Walls Of Stupidity »?
En fait, quand on voit un groupe plusieurs fois, une certaine lassitude s’installe, obligé. Finalement, un groupe fait ce qu’il sait faire, ce qu’il aime faire. Combien de groupes offrent des prestations radicalement différentes en termes scéniques ? Même des grands comme Maiden, Metallica proposent somme toute la même prestation. Aprés, c’est dans des arênes ou sous forme de « best of » mais globalement ce sont les mêmes bonshommes.
Ce que je trouve cool c’est quand Maiden, au Parc des Princes, à l’époque de Dance of Death annonce qu’il ne jouera que des morceaux des 4 premiers albums. Là, ouais, il y aura du nouveau, une vraie fraîcheur qui vient de la setlist. D’ailleurs, j’aime aussi l’idée actuelle qu’un groupe joue sur scène l’intégralité d’un album, son chef d’oeuvre.
Et puis, il faudrait plus de jams live comme ont pu le faire les Satan Jokers et Rondat.
Honnêtemnt, je traine mes guettres depuis un bout de temps en concert et je l’ai vu quoi, trois fois : Vulcain à la Loco, il y a une paie, Metallica qui a récemment invité Biff de Saxon ou Lars qui prend les baguettes de la première partie et donc SJ et Rondat. C’est dommage.
Mais ceci dit, c’est vrai que chroniquer objectivement un groupe que l’on a vu plein de fois n’est pas si simple. Et je sais de quoi je parle quand je chronique non seulement le même groupe mais en plus sur la même tournée !
Ah, j’vous jure, on fait des trucs parfois…
Excellent article effectivement, Claude !
C’est tout à ton honneur d’avoir décrit la prestation avec le plus d’objectivité et ce, malgré ton avis personnel très différent !
J’aime ce report !