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Interview   

Un soir avec Shawter (Dagoba), jusqu’à ce que mort s’en suive


Ce qui a fait la qualité et le succès de Poseidon, l’album précédent de Dagoba, c’était sa manière de compiler efficacement, sans le moindre élément superflu, les différentes facettes qu’avaient développées les Marseillais au cours de leur carrière. Un album idéal pour boucler un pan de carrière avant d’aborder le suivant. La difficulté étant, à partir de ce moment, de faire un choix sur la façon d’aborder la suite. Changer de style ? Garder ce bon compromis auquel on est arrivé et le reproduire jusqu’à ce que mort s’ensuive ? Prendre cette alchimie comme base pour évoluer ?

Post Mortem Nihil Est, le nouvel album (le premier avec Z à la guitare, suite au départ d’Izakar), est sorti le 27 mai et indique que la formation a opté pour cette troisième option, poussant chaque élément de sa musique plus loin, que ce soit l’intensité et la précision chirurgicale des rythmiques, la violence ou la mélodie. Le tout enrobé d’une atmosphère futuriste, froide et massive.

Shawter, le frontman du groupe, était notre invité téléphonique dans Anarchy X le 28 mai pour en parler. Un chanteur indéniablement libéré par ce changement, et qui ne se cache d’ailleurs derrière aucune langue de bois. Peut-être le côté marseillais ; une facette qui s’exprime aussi à travers l’amour de la mer qu’il tient à clamer à travers l’identité visuelle du groupe.

Réécouter l’interview : [audio:interviews/Dagoba.mp3|titles=Interview Dagoba]

« Pour ce qui est du dernier changement, il fallait que ça se passe comme ça pour qu’on puisse franchir un cap, on était lentement en train de s’endormir guitaristiquement, que ce soit au niveau de l’exécution ou de la qualité. »

Radio Metal : Avec le nouvel album album qui vient de sortir, vous devez guetter les réactions, non ?

Shawter (chant) : Oui, quand on a le temps on essaie de faire régulièrement des points pour voir les réactions, mais on est aussi pas mal pris par les salves d’interviews et d’autres sollicitations.

Et justement, quels sont les premiers retours que vous avez pu avoir ?

Je ne vais pas te mentir, on n’a jamais eu d’aussi bonnes réactions, on est extrêmement bien surpris, l’accueil est fantastique, à part les deux, trois pinailleurs qui auront toujours quelque chose à redire, quoi que tu fasses, quoi que tu dises… On a des retours très passionnés et ça nous fait chaud au cœur, ça nous fait très plaisir.

Est-ce que vous avez constaté une différence en termes d’exposition promotionnelle depuis que vous avez signé chez Verycords?

Oui, bien sûr, à chaque sortie on essaie d’évoluer, de s’entourer des partenaires les plus solides, les plus fiables. Là, on fait pas mal de changements pour tout ce qui est booker, manager, on n’a vraiment pas à s’en plaindre, on est dans un cocon où tout le monde s’occupe bien de nous, fait sa part de boulot et c’est vrai que ça nous enlève beaucoup de soucis. Vraiment, on se félicite de toutes ces collaborations car tout se fait dans la bonne entente, tout le monde tire dans le même sens, et c’est quelque chose de merveilleux pour un groupe qui cherche à évoluer sans cesse.

Vous venez d’accueillir un nouveau guitariste, le troisième depuis les débuts des groupes. Comment expliques-tu cette instabilité alors que le reste du line-up reste très solide?

Oui, enfin, les deux premiers guitaristes sont arrivés dans le groupe dès la première année, ça fait quand même dix-huit ans que le groupe existe. Depuis qu’on sort des albums, qu’on est médiatisé, on n’a changé qu’une fois de guitariste, donc on reste un line-up très stable en moyenne. Si on veut parler de l’histoire du metal, combien de groupes n’ont changé que d’un seul membre en treize ans ? C’est quasiment exceptionnel. Les deux premiers guitaristes, l’un a eu un enfant et il est en Finlande, et l’autre a dû suivre son père, on était adolescents à l’époque, et il est en Nouvelle-Calédonie depuis. Ce n’est donc pas une question d’instabilité, ce sont des faits du sort. Pour ce qui est du dernier changement, il fallait que ça se passe comme ça pour qu’on puisse franchir un cap, on était lentement en train de s’endormir guitaristiquement, que ce soit au niveau de l’exécution ou de la qualité. On n’arrivait plus à mixer la guitare aussi bien qu’on le voulait, c’était le moment de changer.

Concrètement, de qui est venue cette décision ?

Il est parti de lui-même.

Beaucoup de gens parlent de différends avec toi, est-ce le cas?

Oui, c’est sûr que c’est avec moi qu’il a des différends. Moi, ça m’insupporte qu’on puisse ne pas donner son maximum, qu’on puisse mettre la musique du groupe en porte-à-faux, ce qui commençait à être le cas. Passé un moment il ne voulait carrément plus jouer les compos, je ne vois pas où va un groupe si on ne joue plus de musique. La réponse, elle est simple : un groupe qui ne joue plus de musique, ce n’est plus un groupe, ce n’est plus rien. Moi, mon intérêt, c’est les intérêts du groupe, pas les intérêts d’individualités. Après, ce qui se dit, ce qui se raconte, moi je n’en sais rien du tout, ça ne m’intéresse pas. Le jour où il partait, il nous a dit que c’était pour des histoires familiales ou je ne sais quoi, et après je suis tombé sur le même communiqué que tout le monde. Je ne suis ni déçu, ni surpris, je lui souhaite bon vent. Maintenant, on avance plus vite et c’est une libération pour moi.

« Ça m’insupporte qu’on puisse ne pas donner son maximum, qu’on puisse mettre la musique du groupe en porte-à-faux, ce qui commençait à être le cas. Passé un moment [Izakar] ne voulait carrément plus jouer les compos. »

Lui en veux-tu d’avoir déballé ainsi son linge sale en public ?

Non, je ne lui en veux pas. Pour pouvoir en vouloir à quelqu’un, il faut qu’il y ait un minimum de répondant. Quand d’homme à homme, en réunion de groupe, tu sors des excuses complètement bidon, pour après sortir des communiqués enflammés… Je n’ai pas le temps de me mêler de tout ce genre de commérages. Pour moi, c’est des histoires de cours d’écoles, et ça fait longtemps, fort heureusement, que j’ai quitté l’école. Aujourd’hui c’est mon fils de neuf ans qui est à l’école, pas les gens qui m’entourent. Ça ne me fait ni chaud ni froid en fait. Ce qui me fait juste chaud au cœur, c’est que le groupe aille mieux maintenant.

Votre nouveau guitariste, Yves, a pour pseudo « Z », pourquoi?

Ah, je ne sais pas ! On a tous des surnoms, le sien c’est « Z »…

Cela a été assez rapide pour trouver un nouveau guitariste, non ?

Pas tant que ça, on a quand même passé des auditions, pour faire tout ça proprement, sans trop nous exposer, en sous-marin, pour n’affoler ni les fans, ni les labels, et pour nous sentir en toute confiance avec cette nouvelle recrue. On avait auditionné « Z » il y a quinze ans de ça, pour être le guitariste originel de Dagoba. Donc, quand l’opportunité s’est représentée de pouvoir l’intégrer au groupe, on ne s’est pas privé. On savait qu’il avait toutes les qualités requises, il a intégré avec brio le groupe. En plus d’un super guitariste, c’était déjà un super ami d’enfance.

En moins d’un an vous avez trouvé un nouveau guitariste, fait des concerts, un nouvel album…

L’album était déjà prêt depuis septembre 2011, et jusqu’à juillet 2012, je me suis rendu compte que le groupe n’avait pas fait une seule répète avec les nouvelles compos, et que donc quelqu’un dans le groupe ne voulait pas qu’on enregistre un album. En juillet 2012 Izakar quitte le groupe, en août on apprend les compos à « Z », et en septembre on commence.

Est-ce que « Z » a participé d’une manière ou d’une autre à la composition du nouvel album ?

Il n’y a pas de riffs à lui, car tout était déjà prêt. Mais oui, il avait son mot à dire, si une note ne lui convenait pas, comme chacun dans le groupe il avait le droit de s’exprimer. On parle d’un groupe, on ne parle pas d’une dictature.

La mélodie est plus élaborée au niveau de la guitare, non ?

Quand on a commencé à bosser les riffs avec « Z », ce qui a plu au groupe c’est la complémentarité entre nos jeux de guitare. C’est ce qu’on a voulu retranscrire dans cet album, donc on a doublé toutes les parties, on entend à la fois « Z » et moi. J’ai envie de dire : enfin ! Ça fait cinq albums que j’ai envie de le faire et qu’on m’en empêche. Aujourd’hui j’en ai la possibilité et c’est un plaisir infini et indéfinissable car j’adore cet instrument. Si tu me dis en plus que cette manière-là d’enregistrer fait ressortir quelque chose qui apporte à la musique, alors je m’en félicite d’autant plus.

Tu sembles très libéré en fait ?

Oui, je suis absolument libéré, je pense avoir fait le dos rond suffisamment longtemps, j’ai fini la composition de l’album en septembre 2011, on est aujourd’hui fin mai 2013, ça fait très longtemps que je voulais que cet album sorte et il y avait beaucoup d’attente. Moi, je défends certaines valeurs, comme celle de laver le linge sale en famille, proprement, dignement. Il faut savoir encaisser les coups mais avancer la tête haute, et aujourd’hui c’est ce que je fais avec un album dont je suis particulièrement fier, et qui sera un cap important pour le groupe qui fait partie de ma vie. C’est une libération et un grand moment.

« L’album était déjà prêt depuis septembre 2011, et jusqu’à juillet 2012, je me suis rendu compte que le groupe n’avait pas fait une seule répète avec les nouvelles compos, et que donc quelqu’un dans le groupe ne voulait pas qu’on enregistre un album. »

Pour le précédent album, vous aviez d’abord composé les riffs, notamment les refrains, à la guitare acoustique, avez-vous gardé cette méthode?

Pour celui-là j’ai quasiment tout apporté à la guitare électrique, après je ne suis pas fin guitariste et technicien, mais j’ai remarqué qu’en jouant sur guitare sèche j’ai acquis une approche assez propre du riffing. J’ai remarqué que quand tu sais bien jouer sur une classique, que tu sais faire sonner propre tes accords et faire ressortir certaines mélodies, quand tu passes sur un manche de guitare électrique, mieux réglé avec des cordes plus proches du manche, c’est beaucoup plus facile. C’est quelque chose qui aide dans l’exécution des riffs.

Tu penses qu’une mélodie qui sonne bien à l’acoustique sonnera nécessairement bien à l’électrique ?

Nécessairement, je ne sais pas. Pourquoi pas oui.

Sur le morceau « Kiss Me Kraken », le riff un peu tremolo peut faire penser à du Dimmu Borgir, est-ce une influence pour vous ?

Pas forcément Dimmu Borgir, je suis très porté sur la scène black death, mais début des 90, je n’ai pas atterri avec les récentes sorties de Dimmu Borgir. C’est un riff à la Morbid Angel presque.

La composante mélodique du chant, se retrouve dans cet album également très présente à la guitare, est-ce quelque chose que tu as voulu diversifier ?

Non, c’est quelque chose qu’on a toujours eu, c’est dans la veine du groupe. Le fait de faire des riffs simples, en 4/4, pas trop de mesures composées, on n’est pas de l’école des grands techniciens ou des riffs à la calculette à la Meshuggah. On a un immense respect pour cette scène là, mais nous c’est pas notre truc, on aime faire des trucs qui font bouger la tête, taper du pied, exciter les foules, que les gens chantent sur les refrains. On cherche à faire des chansons, pas forcément des titres phénoménaux ou je ne sais quoi. On essaie de garder cette simplicité-là, et on ne la changera pour rien au monde, c’est notre école à nous. Pour moi, pas de mélodie ça veut dire pas de musique, c’est la notion qui distingue le bruit de la musique. Je n’ai pas envie de perdre ça en route.

A la sortie de l’album Poseidon, vous aviez annoncé que vos chansons les plus calmes étaient derrière vous et, paradoxalement, sur cet album certains passages sont très mélodiques, non ?

Ça veut pas dire que c’est plus calme.

Oui, c’est vrai ! (rires) Mais il y a une certaine dualité dans cet album, entre des passages très mélodiques, et d’autres très black, est-ce que vous avez voulu étirer vos extrémités?

J’avais une soif de contraste, je sais que pour mon instrument principal, la voix, j’avais envie de descendre un peu en tonalité, sur tout ce qui est growl, pour aller plus vers cette scène death metal. J’ai voulu laisser de côté mon grain semi-saturé rock’n’roll, pour tout ce qui est mélodie et utiliser ma voix claire, c’est ce qui donne cet effet questions-réponses plus important que jusqu’alors dans notre discographie. C’est quelque chose qu’on a voulu et quelque part ça apporte de l’agressivité et de la musicalité aux titres de l’album.

Est-ce que tu as travaillé ta voix pour ce nouvel album ?

Comme tu dis, c’est du travail. Moi, je suis un stakhanoviste : je ne crois pas au talent, au don, je sais que si tu veux quelque chose, il faut se lever le matin pour l’obtenir, et si tu veux être meilleur que les autres il faut s’entrainer plus que les autres. Je suis content que tu notes des résultats probants, parce que, effectivement, j’ai beaucoup travaillé pour servir au mieux les compositions de Dagoba.

« J’avais une soif de contraste, je sais que pour mon instrument principal, la voix, j’avais envie de descendre un peu en tonalité, sur tout ce qui est growl, pour aller plus vers cette scène death metal. »

Les orchestrations et les arrangements sont également une composante importante de la musique de Dagoba, elles semblent plus naturelles sur ce nouvel album, non ?

En effet, depuis Poseidon je me suis mieux équipé pour avoir un rendu plus naturel. C’est vrai qu’en amont je fais un énorme travail de sélection des instruments. Avant d’écrire les orchestrations, je choisis tel type de violon ou de violoncelle, tel type d’instrument à vent, et après je m’y tiens sur tous les albums pour obtenir une couleur générale à chaque album. C’est vrai que les progrès technologiques et le savoir-faire font que c’est composé et que ça sonne plus naturel.

Il y aussi des sons très mélodiques plus ponctuels, je pense à la fin de « The Great Wonder », c’est assez neuf dans Dagoba ?

Assez neuf oui, mais qu’on pouvait trouver ici ou là dans le tout premier album.

Pour revenir à votre nouveau guitariste « Z », tu sembles avoir un peu la mainmise sur la composition dans Dagoba, vas-tu le laisser s’impliquer dans l’écriture des albums ?

Que les choses soient claires : si demain qui que ce soit du groupe arrive et m’apporte un album tout fait sur le bureau, je suis le plus heureux des hommes ! Pour moi ça veut dire vacances ! (rires) Pas de stress de la page blanche, je n’aurais aucun souci avec cette position-là.

Tu l’as déjà eu, ce stress de la page blanche que tu viens d’évoquer ?

Jamais, je me lève Dagoba, je me couche Dagoba, et la nuit je pense déjà à ce que je vais pouvoir faire pour le groupe le lendemain. On a fait le test cette année : j’ai attendu, l’album n’est pas venu, et j’ai vu le groupe s’enfoncer petit à petit dans un marasme qui n’était pas commun à notre évolution. Je n’ai aucune mainmise, je fais tous les efforts du monde pour essayer que chaque note, chaque riff, plaise à tout le monde. On s’est remis en question : que fait-on, où va-t-on, et aujourd’hui la formule qui fonctionne pour le groupe c’est celle-ci. Faut pas croire que c’est extraordinaire, si vous vous penchez sur tous les groupes, il suffit de regarder les crédits – Metallica, c’est James Hetfield, Lars Ulrich, point. Tu ne peux pas avoir trente-six mille chefs d’orchestre, il y en a à la trompette, d’autres au violon, et un à la baguette, c’est comme ça que ça marche la musique. C’est pas une injonction, c’est une constatation. Si on me dit : « Tu as la mainmise », non je n’ai pas la mainmise, et si ça arrivait, ce serait cool, c’est pas quelque chose que je demande. Moi, le stress de la page blanche, je ne le connais pas, pour moi c’est une arme pour le groupe. C’est comme si tu me disais : « Hé, Franky il a une jambe cassée, est-ce que c’est bon pour le groupe ? » Bah non. Je suis content de pouvoir me reposer sur Franky et toutes ses capacités. C’est quelque chose de naturel et de bénéfique pour le groupe, que tout le monde soit au maximum de ses capacités. Si mon truc c’est de composer et que ça plaît, tant mieux. Il n’y a pas de conflit, de compromis à faire, c’est comme ça que ça fonctionne.

Franky joue avec Izakar dans Blazing War Machine, tu ne l’as pas senti dans une situation inconfortable?

Non, pas inconfortable. Il est important que chaque membre du groupe puisse exprimer son talent là où il a envie de le faire. Après, trop de promo sur le fait qu’il y ait deux membres de Dagoba dans ce groupe, je ne suis pas sûr que ça servait l’un ni l’autre groupe. Moi, je suis content si Franky est heureux, il peut faire ce qu’il veut, je ne me sens pas du tout inconfortable avec ça. Je sais que son implication dans Dagoba est totale et sans faille.

Quels sont les retours que vous avez des États-Unis, où, à l’instar de Gojira, vous avez commencé à vous faire connaître, plutôt content ou déçu?

On est très content, on a joué là-bas d’ailleurs. Après on n’est pas dans la même configuration que Gojira, dont le groupe est à moitié américain. Ça, il faut le savoir. Nous, on est Marseillais, on a la double nationalité provençale, et c’est très dur pour les groupes français de s’exporter à l’étranger dans la durée. C’est la grande force de Gojira, nous, nous allons devoir jouer avec nos propres armes. On a toujours voulu exporter notre musique le plus loin possible, le plus longtemps possible, et dans les meilleurs conditions possibles. On a commencé par notre région, puis le pays, puis les pays frontaliers, puis de plus en plus loin, vers la Russie et la Scandinavie plusieurs fois. Après l’Asie et l’Afrique pour le metal c’est pas le top, restait plus que les États-Unis. C’est encore le moment de confirmer là-bas, c’est ce qu’on fait, et petit à petit, grâce à notre signature avec A.G.I, on sera plus armé sur ce territoire-là.

A.G.I est également le tourneur de Rammstein et Metallica aux États-Unis, non ?

C’est ça.

Comment vous en êtes arrivés à signer avec eux ?

Tout simplement : notre label leur a apporté notre album et ils nous ont pris chez eux.

Cette signature vous a donc ouvert de nombreuses portes ?

Oui, ça nous a ouvert des portes. J’ose espérer que la qualité de l’album y est pour quelque chose, sinon je pense qu’on verrait tous les groupes de Verycords chez A.G.I. Comme je te l’ai dit, on est très content de tous les changements qu’on a pu faire pour le groupe et de s’être entourés de personnes aussi compétentes.

« [Seth Siro Anton] nous a proposé une quarantaine de pochettes, et en fonction des dix meilleures, on l’a construite en étroite collaboration. […] Je pense qu’à l’avenir nos deux groupes respectifs vont se rapprocher encore plus. »

Être marseillais, est ce quelque chose que vous revendiquez ? Est-ce que vous voulez montrer qu’il se passe aussi des choses dans le Sud?

Je ne renierai jamais mes origines marseillaises, j’en suis fier, après je ne me mets pas en opposition avec ce qui peut se passer dans le reste de la France ou du monde. On vient d’où on vient et c’est comme ça.

Depuis Poseidon, vos artworks semblent rattachés au thème aquatique, est-ce une volonté de relier votre musique à vos origines ?

Là, tu tapes vraiment dans le mille. C’est vraiment un détail que j’ai tenu à mettre, que l’élément de l’eau, de la mer, soit sur la pochette. Moi, j’ai l’âme de marin, de pêcheur, et ça aussi je ne le renierai jamais. C’est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur.

Est-ce facile d’imposer quelque chose à un artiste comme Seth Siro Anton (de Septic Flesh et créateur de l’artwork, ndlr) ?

Oui, il est ouvert aux propositions que Dagoba lui fait. Je pense que tu as une version assez manichéenne du business, ce ne sont que des collaborations collégiales, et en bonne entente. Quand on propose et que tout le monde veut aller dans le même sens, tout va bien.

Pourtant, ce mode collaboratif n’a pas l’air si courant avec Seth, qui semble être assez autonome et libre dans son art.

La plupart des artistes qui font appel à lui lui achètent des artworks tout faits. Avec nous, il a tenu à faire l’artwork de A à Z, il nous a proposé une quarantaine de pochettes, et en fonction des dix meilleures, on l’a construite en étroite collaboration. On était vraiment super content de faire ça ensemble. Je pense qu’à l’avenir nos deux groupes respectifs vont se rapprocher encore plus.

Qu’est-ce que tu sous-entends par là ?

On verra bien, mais on a envie de collaborer ensemble, parce qu’on est vraiment proches et on a vraiment bien rigolé pour cette aventure-là.

Concernant le Sonisphere, à quoi vous attendez-vous ? Y avez-vous déjà joué ?

Non, ça avait été annulé, l’année où ils avaient des problèmes de je ne sais plus quoi. Tous les groupes français avaient été annulés, on était un peu passés à la trappe. Cette année, c’est l’occasion de rattraper cette petite bévue. On s’attend à un super festival, organisé dans les meilleures conditions possibles, et on va foutre le feu sur scène.

« Je n’arrive pas à comprendre qu’on puisse continuer à pêcher de manière industrielle, sous prétexte que parce que c’est sous la surface et qu’on ne le voit pas, on se permet de ramasser tous les poissons sauvages sans aucun scrupule. »

Question sur le chat : pourquoi ne pas utiliser votre notoriété pour monter un festival dans le sud de la France ?

C’est une super idée, mais nous, notre métier, c’est musicien, on laisse aux promoteurs le soin de s’occuper de faire des festivals. Par contre, s’ils nous contactent on sera toujours là pour enflammer les planches.

Y a-t-il une tournée qui se prépare pour l’avenir?

Oui, à partir de septembre on sera dans le van. On s’attend comme à chaque album, à un minima de cent cinquante à deux cent concerts.

Et est-ce qu’un prochain album est en route?

Figures-toi que j’y pense. J’ai envie d’aller le plus rapidement possible vers ce genre de projets.

Et est-ce que tu sais vers quoi cela va s’orienter, vers quoi tu veux aller, qu’est-ce que tu as envie d’améliorer?

Non. Je sais qu’on n’a jamais proposé deux fois le même album. C’est notre cinquième album, ils ont tous leurs spécificités et je me verrai mal faire une redite. Ce sera forcément quelque chose à la fois différent et, je l’espère, plus évolué et mieux effectué, ce qui est le propre du musicien qui se respecte. Je ne peux pas dire aujourd’hui : ça sonnera commeci ou comme ça. On a toujours eu un intervalle de deux ans entre nos albums, sauf pour le dernier, alors par respect pour les fans, j’aimerais que ce nouvel album sorte le plus vite possible. Ils n’ont jamais cessé de soutenir le groupe, contre vents et marées, et c’est un état d’esprit qui nous est cher.

Toi qui est marin dans l’âme, serais-tu tenté par un festival comme le 70 000 Tons Of Metal?

Pour le côté metal oui, mais pas forcément pour le côté mer. Ce genre de traversée ça a tendance à pas mal polluer l’océan. Après, le côté on joue sur la mer, être en vase clos avec d’autres groupes, ça doit être une expérience assez fascinante.

Est-ce que tu es très porté sur la protection des océans ?

C’est toujours pareil, je n’aime pas trop afficher mes convictions. Il y en a trop qui utilisent ça comme arme promotionnelle, je n’aime pas du tout ça. Sans être Brigitte Bardot, végétarien, ou un truc comme ça, je n’ai pas d’animaux à la maison, je suis assez contre la domestication, même si je respecte chaque personne qui s’occupe bien de son animal, j’ai rien contre eux, je ne me verrais pas monter sur un cheval, c’est le genre d’acte qui ne me correspondrait pas. Et la mer, je n’arrive pas à comprendre qu’on puisse continuer à pêcher de manière industrielle, sous prétexte que parce que c’est sous la surface et qu’on ne le voit pas, on se permet de ramasser tous les poissons sauvages sans aucun scrupule. Faut bien dire aux gens que c’est comme si demain on chassait des antilopes ou des lions à la mitraillette. C’est de même augure. Je ne comprends pas qu’on n’arrive pas à faire une interdiction de la pêche industrielle, et qu’on ne fasse pas que de l’élevage. C’est démentiel pour l’avenir de notre planète. Après, moi je suis chasseur sous-marin, ce qui me permet de sélectionner mes prises et de ne pas participer à ce massacre industriel.

Tu dois pas mal d’intéresser au discours de Gojira alors?

Je ne sais pas, je ne m’intéresse pas trop à leur discours écolo, mais plus à leur musique. Après, Gojira, ils sont un peu plus extrêmes, il y a des végétariens dans leur groupe, je crois. Mais je respecte aussi le côté chasseur de l’homme, je ne suis pas si extrême que ça. Après, tout le côté naturel, retour aux sources, c’est quelque chose qui me touche. Je préfère ça plutôt que les mecs qui fument leurs clopes et jettent leurs mégots par terre, qui ne font pas gaffe à leurs gestes au quotidien. Je n’ai attendu personne pour faire ce genre de démarches et je n’ai pas besoin de médiatiser ça.

Un projet comme celui de Gojira avec Sea Shepherd, ce n’est pas dans tes ambitions ?

Non, on m’en a déjà proposé mais je préfère faire les choses au quotidien, je le fais de mon côté, comme je te l’ai dit je n’ai jamais voulu affilier Dagoba à quelque mouvement que ce soit. On aime bien notre indépendance, notre liberté de pensée, et o n’a pas besoin de mettre ça sur la place publique.

Question d’un chatteur : comment Franky fait pour se souvenir de la tête des fans ?

Ah, mais on se rappelle tous de tout le monde ! C’est juste que je ne peux pas me permettre entre chaque chanson de dire : « Hé toi je te reconnais ! » Le côté bonne franquette, on peut se le permettre une fois pour toutes dans un concert, mais malheureusement pas toutes les cinq minutes. C’est sa tâche à lui. Quand on est sur la route et qu’on sent l’excitation monter, qu’on arrive dans la salle, on se dit : « Ah mais c’est sûr celui-là viendra », etc. A la fin on essaye d’être un maximum proche de nos fans, on sort de nos loges, et on essaie toujours de se retrouver autour du bar. Mais évidemment qu’on se rappelle de chacun.

Interview réalisée en direct par téléphone dans l’émission Anarchy X le 28 mai 2013
Retranscription : Le Phasme

Dagoba sur Facebook : www.facebook.com/dagoba13

Album Post Mortem Nihil Est, sorti le 27 mai 2013 chez Verycords



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  • kinchaos.groscon dit :

    Shawter, ta voix devient vraiment du rang de celle de Corey Taylor. plutot chouette je trouve^^

  • son jolie avec leur bandana

  • aurélie L.L dit :

    j’adore le franc parler de shawter, un mec simple et vraiment pas con! l’accent marseillais c’est pas le sujet,on s’en fout! ils ont sorti un putain d’album qui déglingue!merci à eux

  • Chouette interview, moi son accent ne me dérange pas
    à Shawter, à vrai dire si je pouvais, j’en ferai bien mon 4h haha !
    Dsl pour le premier commentaire !

  • Chouette interview, moi son accent ne me dérange pas
    à Shawter, à vrai dir

  • Metal’O Phil, il y a le mistral qui souffle dans ton micro !

  • Je suis le seul à trouver que Shawter à l’air d’être un gros naze ?? Peut-être l’accent marseillais…c’est vraiment insupportable…

    • nefineifnoez dit :

      c’est pas faux ^^

    • Belle ouverture d’esprit, et sinon tu sors souvent de chez toi? Ou peut être préfères tu rester avec tes congénères.

      Bientôt il faudra cacher ses origines, gommer son accent et jouer un rôle, pour être politiquement correct.

    • Vive les accents de nos belles régions françaises ! Ne pas oublier d’où on vient, c’est une vrai valeur. Au quebec, l’accent « marseillais » et l’accent « Toulousain » sont très appréciés. Comme en cuisine, l’accent donne de la saveur aux propos. Quand à juger une personne sur son accent… No Comment.

    • kinchaos.groscon dit :

      Shawter est un peu plus froid que ces potes musiciens, mais à mon avis il est tout à fait sympa. après c’est sur que l’accent marseillais, c’est pas agréable à tout le monde.

    • J’sais pas si c’est l’accent mais c’est vrai que ce gars a un égo surdimensionné et sa façon de remettre en question le succès de Gojira qui tourne aux US car « ils sont a moitiés ricains » et qu’ ils « mediatisent leurs opinions écolo pour mieux vendre ». Il ne le dit pas comme ça mais c’est plutôt bien suggéré… M’enfin au moins avec Gojira j’ai pas l’impression d’écouter le même album depuis 10 ans.

    • Un an plus tard ou presque… pour connaitre Shawter ce mec n’est ni un gros naze ni un égo surdimensionné ! conneries tout ça ! c’est un perfectionniste, faut saisir la nuance mec ! le gros naze c’est pas plutot celui qui résume une personne à son accent ?

  • Yesss ! Je me demandais pourquoi RM restait si discret sur le nouvel album, contrairement aux autres médias (inter)nationaux. Ni chronique, ni interview, ça ne vous ressemblait pas les gars. 😉 Voilà qui est réglé.

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
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    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
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