Tout démarre avec ce riff, très Tool dans l’approche. Et puis vient la voix si particulière surplombant l’ensemble, comme une agonie qui vient de nulle part. Très vite on note un vrai sens de la composition qui nous emporte immédiatement. Kyo chante à couteaux tirés et sa voix profonde, intense et incroyablement unique marque les esprits. Notre homme vocalise en japonais, bien sûr, car Dir En Grey nous vient du pays du soleil levant. Au sein de l’équipe on connait mal le rock japonais et c’est grâce à la chronique d’un récent concert de Killswitch Engage que j’ai découvert Dir En Grey. En naviguant sur leur MySpace je suis instantanément tombé amoureux de la chanson « Toguro » de l’album Uroboros. Il fallait que je vous en parle.

Dir En Grey
Vous avez devant vous un média qui a plus la culture Rock Hard que Rock One, c’est un fait et pas une honte que de le reconnaître. Lorsqu’Olivier avait écrit son compte-rendu du dernier concert de Killswitch Engage à Paris, il avait été étonné par l’engouement suscité par Dir En Grey, la première partie, et le caractère irréductible de ses fans. Ces derniers avaient d’ailleurs, pour la plupart, quitté la salle directement après la prestation du groupe sans même attendre les premières notes de Killswitch Engage…

Contrairement à ce qu’on aurait pu croire en voyant pour la première fois le physique des membres de cette formation , Dir En Grey n’est pas tout jeune et en est même à son 7e album, Uroboros, qui est sorti en 2008. La musique des Japonais est assez spéciale et je vous laisserai découvrir par vous-mêmes leur univers.

Car ce qui m’intéresse ici, c’est uniquement le morceau : « Toguro ».

« Toguro » est une chanson parfaite qui me fait penser à « Schism » de Tool. Ce n’est pas surprenant car le titre des Américains a une vraie dimension. Le son de la basse, la voix de Maynard… tout y est beau et superbement surnaturel. Avec « Toguro » on n’en est pas loin pour l’approche travaillée de la composition. Les deux titres soulignant d’ailleurs la dimension progressive des deux formations.

Sur « Toguro », tout démarre avec un riff qui laisse présager l’atmosphère de la chanson où Kyo vient délicatement poser sa voix à la manière d’un chat s’allongeant doucement sur votre ventre. Kyo minaude, pleure presque, avant que la chanson ne prenne son envol comme une volonté claire et indispensable d’introspection. Derrière, à partir d’une vingtaine de secondes seulement, ça groove clairement. Les musiciens sont tout en toucher, tout en finesse. La voix de Kyo contraste même parfois avec la musique des Japonais mais c’est ce côté décalé qui fait aussi l’identité de la musique de Dir En Grey.

Kyo, le chanteur
1 minute 24 la mélodie se fait parfaite, Kyo nous propose décidément un registre varié et l’on a vraiment l’impression d’une chanson à tiroirs où l’on pourra en mesurer toute la richesse seulement après de nombreuses écoutes. Des envolées, des descentes, des montées…l’auditeur a droit a une sacrée vibration. Nous sommes à 2 minutes 22 et le cri de Kyo se fait littéralement dé-chi-rant. Il vous broie exactement comme si vous n’étiez qu’un vulgaire morceau de papier. Oui : Dir En Grey sait y faire pour nous rendre faible. Des fans du groupe m’ont confié que notre homme avait vraiment progressé, au fil des années, en élargissant son registre. Je veux bien les croire car on sent un sacré travail. Kyo chante, pleure, crie, susurre et Kyo finit par nous toucher.

A 2 minutes 44 une plage plus calme annonce en fait la folie qui vous saisira obligatoirement en cette 3e minute où Kyo lâche un cri venu d’ailleurs. Tout finit par s’enchevêtrer ici : force, puissance, mélodie, intensité et groove. Ce morceau est une véritable extase et il n’est pas du tout surprenant de retrouver, pour le conclure, la douce mélopée d’une femme venue soulager l’auditeur d’un trop-plein d’émotion.

Uroboros