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Interview   

UNDERCOVER SLUT : ENTRETIEN AVEC O, DRAG ET KRAZE


Radio Metal : Ce soir, vous êtes sur une affiche qui présente beaucoup d’artistes japonais, quel rapport entretenez-vous avec cette scène ? Comment vous êtes-vous retrouvés ici ?

« O » (Chant) : L’organisateur nous a simplement invités et donné l’opportunité de ce festival en co-tête d’affiche. Les conditions étaient correctes, nous avons accepté. Ce qui nous lie à cette scène est le maquillage que nous portons, inspiré du théâtre traditionnel japonais « kabuki ». Il y a le point commun de ces hommes qui se travestissent en femme et vice-versa. Nous avons des influences communes comme ces groupes de glam rock anglo-saxons. Il y a donc certaines connexions entre nous et le pays du Soleil Levant.

Votre dernier album « Amerikkka Macht Frein » est sorti en décembre dernier. Quel a été l’accueil en France et dans les autres pays ?

A ce jour, toutes les coupures de presse que nous avons récupérées sont élogieuses même s’il y a eu une censure de la part de certains médias… A l’étranger, l’accueil a été très positif également ; surtout en Angleterre. Nous sommes encore dans la promotion de l’album et il est donc un peu prématuré pour établir un bilan définitif. Compte tenu de la censure qu’il y a eu.

En quoi consistait cette censure ?

Eh bien je ne sais pas trop… Je pense que le nom de l’album choque et dérange. Il doit aussi y avoir tout ce qui est de la légende urbaine autour de Undercover Slut. Il suffit de taper le nom sur google et voir mille et une fables. Le bootleg doit aussi à mon avis déranger. Maintenant, c’est un groupe qui n’est pas là non plus pour caresser les gens dans le sens du poil. A partir du moment donc, où nous caressons les gens dans le sens inverse du poil, nous devons assumer et dealer avec. Il ne faut pas sortir un truc, attaquer, pointer du doigt et s’attendre à ce que tout le monde vienne te cirer tes bottes. Nous jouons le jeu et n’avons pas à pleurer sur notre sort.

The CNK avait aussi été censuré pour leur dernier album…

Eh bien tu vois ! Et c’est du pipi de chat à côté de nous. Mais c’est comme un piercing, certains le vivrons très bien et d’autres tomberont dans les pommes, c’est tout simplement physique.

Drag (Basse) : Ce n’est qu’en France que l’on verra ça. Le public se met un masque devant les yeux alors qu’aux Etats-Unis d’autres vont s’intéresser et aller voir ce qui se cache derrière cette censure. Ici, si un mot ne doit pas être prononcé et qu’on les offense, ils n’iront pas voir plus loin…

« O » : Ce qui est grave, très grave.

Le metal en France paye très peu. Je crois que nous avons tous un avis sur la question mais vous, avec votre vision de l’envers du décor, comment expliquez-vous que la France soit si peu accueillante pour ce style musical ?

« O » : Je vais te dire une chose. Si tu es là c’est que tu es branchée metal non ? Le metal au sens large du terme j’entends. Vous n’écoutez pas du hip hop ou de la techno j’imagine ; bien que tous les goûts soient à respecter. Je vais te retourner la question pour t’expliquer ce que j’en pense. Est-ce que ça t’intéresserait réellement qu’en 2009, en France on voit du metal partout : à la radio, à la télé etc. Ca ne t’énerverait pas ?

Si, probablement…

Alors sans déconner, de quoi se plaint-on? Parce que justement, si tu es branchée par ces trucs là c’est peut-être pour cette raison. Tu aimerais vraiment que le metal soit autant populaire que Johnny Hallyday ? Tu veux me voir vendre des lunettes ?

Non pas vraiment…!

Donc, ne nous plaignons pas. Nous sommes bien comme ça ! Beaucoup de gens autour de nous vivent dans une zone pavillonnaire, dans une cité, dans un quartier bourgeois, dans une ZUP avec des voitures qui brûlent de partout ; ce sont tes voisins et pose-toi la question de savoir si tu as envie que tous tes voisins soient comme toi. En France il faut donc arrêter de pleurer. C’est comme ça, point. De plus, c’est un pays latin et non anglo-saxon, nous ne sommes pas rock n’roll à la base. C’est un phénomène extraordinaire qu’il y ait des groupes de rock en France. Ce n’est pas culturel, en France il ne devrait y avoir que des groupes de variétés. Nous sommes des OVNI, des extraterrestres par rapport à la culture de ce pays. C’est pour ça, nous faisons des albums, ils se vendent, c’est bien, ils ne se vendent pas, tant pis. On aime, c’est bien, on déteste c’est bien aussi.

Je crois d’ailleurs que tu es assez friand de ces mauvaises critiques..

J’adore. On dit que je chante bien, c’est cool. On dit que je chante mal c’est cool aussi. Je prends tout et j’en ai rien à foutre! Tant qu’on dit que « je … ». Si je voulais être brossé dans le sens du poil je brosserais des gens dans le sens du poil.

Drag : Ca fait beaucoup de poils tout ça !

(« O ») : « Ne nous plaignons pas. Nous sommes bien comme ça ! Beaucoup de gens autour de nous vivent dans une zone pavillonnaire, dans une cité, dans un quartier bourgeois, dans une ZUP avec des voitures qui brûlent de partout ; ce sont tes voisins et pose-toi la question de savoir si tu as envie que tous tes voisins soient comme toi. En France il faut donc arrêter de pleurer. C’est comme ça, point. »
Il me semble que Kraze, votre batteur, est arrivé après l’enregistrement, pouvez-vous nous le présenter en quelques adjectifs ?

Kraze est un batteur que nous avons choppé via le mal nécessaire de notre siècle : internet. Il nous vient de Bretagne. Drag est de la banlieue Nord de Paris, celle où il y a des voitures qui brûlent, et moi je suis de la banlieue Est de Paris…celle où il y a encore plus de voitures qui brûlent : le 93 ! Divine est de la banlieue de Lyon.

Kraze (batterie) : J’étais dans un autre groupe. Je suis plus branché black metal…

« O » : Comme quoi ce n’est pas un homme borné. C’est mieux que quelqu’un avec des ?illères. C’est un bon batteur et un gars ponctuel qui n’est jamais en retard aux rendez-vous. Il est comme les Rolex qu’on vend Place Vendome.

Vous avez enregistré Amerikkka Macht Frei au Chop Shop (studio de Scott Humphrey producteur de Rob Zombie, Mötley Crüe, Methods of Mayhem, Tommy Lee, Green Day). Comment la rencontre s’est elle faite ?

Il a un CV gros comme la bible. Nous avons commencé à produire l’album avec un gars qui s’appelle Stevo Bruno et qui a notamment produit le premier album d’un groupe qui s’appelle Brides Of Destruction, un combo avec le bassiste de Mötley Crue, Nikki Sixx, et avec Tracii Guns, le guitariste de L.A Guns. Nous avons donc commencé l’album avec Stevo mais le problème c’est que celui-ci était quelqu’un d’humainement sympathique mais qui a le concept « sex drug & rock’n roll » 24h sur 24 et 7 jours sur 7 à un point que tu ne peux pas imaginer. Je crois que c’est d’ailleurs « Drug, Sex & Rock’n Roll ». Alors après avoir fait la pré-production et s’être fait viré de son studio par les flics, nous avons compris qu’il avait viré une fille de son pieu avec une arme et que la balle a traversé le sol du premier étage et a terminé chez le voisin iranien. C’est Hollywood… et le voisin a porté plainte. Le lendemain, arrivés au studio, il y avait une notice d’expulsion placardée sur la porte. Nous avons arrêté la pré-production à cause de cet incident, il a fallu trouver un plan B parce que Stevo était trop déglingué pour terminer l’album. Et bien sûr, on ne parle pas de Marijuana, ni d’un peu de poudre dans le nez mais de choses un peu plus hardcore.

Pouvez-vous nous donner la signification de Amerikkka Macht Frein ?

A la base, il y avait un philosophe en Allemagne qui s’appelait Hegel et qui avait dit en allemand « arbeit macht frei » qui signifie « le travail rend libre ». Et c’est vrai que si on réfléchi à cela, travailler te permet de te réaliser, d’avoir de l’argent, de pouvoir vivre, de t’acheter de l’eau, à manger. Sont arrivés ensuite les nazis, pendant la seconde guerre mondiale, qui ont repris la phrase et qui l’ont suspendue à l’entrée des camps de concentration. C’est donc très ironique par rapport à ce qu’il y a derrière la grille et pour l’époque. Undercover Slut étant un groupe particulièrement instruit, étant donné que nous avons enregistré notre album aux Etats-Unis, le titre a été détourné et l’album s’appelle Amerikkka Marcht Frei. Rends-toi compte que nous jouons à Lyon pour la première fois, et en France aussi ; nous n’avons jamais donné une seule date en dehors de Paris. Aucune proposition décente n’avait été faite. Paradoxalement, nous tournons aux Etats-Unis depuis six années consécutives. L’année dernière nous avons joué au VIPer Room, il y a deux ans c’était le whisky A Gogo. Je passe un coup de fil, j’envoie trois emails et je nous trouve de nombreuses dates. Alors cherchez l’erreur. Je ne pleure pas et je ne me plains pas, nous assumons ; même s’il y a quand même un paradoxe, d’où « Amerikkka Marcht Frei », car en ce qui nous concerne, l’Amérique nous rend libre. Bien sûr, comme il nous faut une dose supplémentaire de provocation, et que notre provocation est un cran au-dessus de celle des autres, nous avons rajouté les trois « k ».

C’est donc en majorité une grosse part de provoc’…

Non, il y a une histoire derrière tout ça. Je ne vais pas simplement baisser mon pantalon en public. C’est plus fin que ça.

N’avez-vous pas peur que la presse vous catalogue trop rapidement et vous colle une grosse étiquette ?

(Rires) C’est déjà fait ! Cette étiquette est en gros dans mon dos depuis le début de Undercover Slut. Et puis peur de quoi ? Du grand méchant Loup ?

Ne pensez-vous pas qu’une idée puisse être véhiculée de manière plus douce ou est-ce nécessaire de marquer les gens pour leur faire comprendre ?

Drag : Sans une très grosse somme d’argent derrière, oui tu es obligé de choquer les gens. Le meilleur moyen de faire parler de soi est de choquer. Le type qui a tué tous ces élèves à Columbine a réussi à faire parler de lui.

« O » : Les images sont plus fortes que les mots. Une photographie, un dessin ont plus d’impact sur l’être humain que n’importe quelle parole. Une image est universelle. Si je te réponds en français quelque chose qui te déplait, tu seras choquée, mais un anglais qui nous écouterait ne le serait pas à cause de la barrière de la langue. Mes textes sont difficiles à expliquer et si je commence à t’expliquer ligne après ligne ce que j’ai voulu dire, nous serons là encore dans une semaine. Nous ne balançons pas une provocation gratuite à 25 centimes. Nous faisons une provocation avec un message et de la substance.

Que répondriez-vous aux personnes qui pensent que la musique n’est pas une tribune ?

Drag : La musique a toujours véhiculé des messages. Mozart à sa manière véhiculait ses propres idées dans ses compositions.

« O » : C’était un rebelle pour l’époque, sûrement plus que Undercover Slut d’ailleurs. Je pense qu’à cette époque, l’ouverture d’esprit était plus restreinte. Pour un oui ou pour un non tu finissais au bûcher. Tu vas à Notre Dame De Paris, tu vois des icônes religieuses, des statues qui marchent sur la tête au roi. C’était une époque où la religion était plus forte que l’Etat ; le Vatican faisait la pluie et le beau temps en Europe. Tout ça pour dire que des gens comme Mozart étaient les premiers punks rockers, les premiers Sid Vicious.

Drag : Je pense que la musique sert de passerelle avec les idées à faire véhiculer.

« O » : C’est marrant car nous n’en avons jamais discuté ensemble et je suis complètement d’accord. Parce qu’au final, si je ne faisais pas de musique, je pense que j’irais à fond dans la politique. Je crois que le jour où j’en aurai marre, que je jetterai l’éponge, je fonderai mon propre parti politique. Je ne pourrais pas me revendiquer de gauche ou de droite aujourd’hui parce que ça ne veut rien dire. Etre de droite c’est avoir de l’argent et assumer alors qu’être de gauche signifie ne pas avoir d’argent ou en avoir… et dire qu’on en a pas pour se donner bonne conscience? Voilà pourquoi je fonderais un courant « donnez la vérité aux gens ». Il faut arrêter de raconter des conneries à la population française. On évolue dans une société où tout est fait pour rendre les gens les plus cons possible. Ils doivent développer leur propre personnalité sans devenir de simples moutons ; car qui dit « population conne » dit « population bien malléable et gouvernable ». Alors oui, pourquoi pas faire de la politique ? Mais attention, c’est pire que le rock’n roll ; le rock’n roll c’est du gâteau à côté ! En politique, tu es sur scène tout le temps.

Je crois que tu milites contre la vivisection, peux-tu éclairer les possibles néophytes qui vont voir cette interview ?

Je ne milite pas spécialement contre la vivisection, je ne suis pas obsédé par les animaux, chez moi ce n’est pas l’arche de Noé, je n’ai seulement que trois chats. Disons, que je ne supporte pas que l’on fasse du mal aux animaux. Un animal est un être vivant, ce n’est pas parce qu’il n’est pas comme toi et moi, sur deux pattes qu’à cause de ça on doit lui marcher dessus, l’écraser, le tuer, le manger. Je suis respectueux de la vie sur terre. Pour moi, à partir du moment où on vit dans une société qui ne respecte pas les animaux, ça veut tout dire ; c’est la porte ouverte à tout. C’est la porte ouverte à tabasser un gamin dans un collège parce qu’il est roux, c’est la porte ouverte à tabasser une gamine dans une école parce qu’elle est albinos, c’est la porte ouverte à se foutre de la gueule de quelqu’un parce qu’il est gros, parce qu’il est handicapé physique, parce qu’il est handicapé mental, c’est la porte ouverte à tabasser une femme parce que tu es un homme, c’est la porte ouverte à tout et à toute forme de racisme etc. Tu juges une société par la façon dont elle traite ses animaux, ses femmes. Regarde maintenant la société française, il y a le foie gras, les chevaux sont utilisés un maximum pour gagner des courses et une fois que le cheval est vieux et souffrant, qu’il a rapporté assez d’argent à son jockey, ils l’abattent et le mangent. En France, il existe des boucheries chevalines. On recycle l’animal qui t’a apporté de l’argent, c’est comme mordre la main de celui qui t’a donné à manger. Nous sommes dans un pays qui bouffe tout ce qui bouge ; tu vois une grenouille, tu l’attrapes et tu lui bouffes ses cuisses, ; tu vois un escargot, tu l’attrapes et tu le bouffes. Nous évoluons dans une société complètement primitive. On rigole des éthiopiens, des pygmées, mais ils ne sont pas plus primitifs que nous. Ils mangent les animaux parce qu’ils ont faim, ils n’ont pas de portable et ne font pas de business autour de tout ça.

Je crois que tu te sens assez proche de l’ALF, le front de Libération des Animaux ?

Ce n’est pas de la provocation, je me sens vachement proche de l’ALF. Tu sais qu’en Angleterre et aux Etats-Unis, l’ALF est considéré comme l’organisation terroriste numéro un, bien au dessus de al-qaida. Moi je les considère comme des héros, comme des libérateurs. Je trouve ça très bien de défoncer des portes de laboratoire à coup de lance-flamme, de sauver des animaux qui souffrent ou qui vont souffrir. C’est un peu pareil que ce mec qui attaque les prisons à coups de bazookas, même si là, je ne cautionne pas, pour sauver ses potes. J’encourage l’ALF, et il faut qu’il y ait des gens qui fassent partie de l’ALF.

Il y a de cela quelques temps, il me semble qu’en Angleterre, un homme avait tué d’autres hommes pour la cause des animaux. C’est une dérive…

Et alors ? On ne va pas pleurer parce que quelqu’un a tué d’autres êtres vivants. Des gens qui se font tuer, il y en a tous les jours. Là, au moment où je te parle, dans le monde entier, combien y a t’il de morts ? Combien y-en a t-il en Palestine ? En Afghanistan ? Aux Etats-Unis dans les gangs ? Ca fait partie du deal de la vie, au moment où tu nais, tu dois mourir un jour ou un autre. Des types vont braquer une banque et se faire tuer ; et alors, on va verser une larme pour eux ? Certains flics se font descendre, c’est triste, mais on ne va pas pleurer pour eux. Des racailles de cité se font tuer par des flics , on ne va pas pleurer pour elles non plus. Alors maintenant, peut-être que ma pensée est extrême pour certains, mais c’est comme ça que je vois le truc.

Votre look et vos paroles particulièrement provocants naissent de votre révolte et de vos nombreux énervements envers divers sujets. Si maintenant je vous demandais ce qui vous énerve là, en ce moment, vous me répondriez quoi ?

« O » : Allez-y comme ça j’ai le temps de réfléchir, il y a tellement de choses qui m’énervent…

Drag : L’incapacité que les gens ont à penser par eux-mêmes. Chacun voit les choses de son point de vue mais personne va tenter de se mettre à la place de l’autre pour comprendre ce qu’il ressent. Les gens ne se remettent pas en question. Il faut faire la distinction entre ce que l’on pense et ce que l’on ressent. Il y a quelque chose au dessus de bien plus important et qu’ils n’ont visiblement pas réussi à atteindre : c’est la pensée objective. Il faut réussir à penser en sortant de soi-même. Je sais que c’est très difficile et celui qui le fera, je me mettrai à genoux devant lui. Prenons le cas d’une gamine qui s’est faite violer quand elle était jeune. C’est encore moins évident, mais il faudrait réussir à faire la démarche de comprendre pourquoi il en est arrivé là.

« O » : Drag, certains juges font ça.

Kraze : Heu…

« O » : Kraze, c’est un mec qui écoute du black metal et qui se retrouve dans Undercover Slut, il n’est donc pas là pour contrarier. En tout cas, là maintenant, pour moi, il fait beaucoup trop chaud dans cette loge. Est-ce que c’est toujours comme ça à Lyon ? Plus sérieusement, ça reste ce dont je te parlais tout à l’heure. L’autre jour je me suis engueulé avec une personne qui était dans un supermarché, elle était au niveau des caisses en train de faire la manche ou plutôt de récolter de l’argent pour la misère en Chine. Alors elle s’est jetée sur mes aliments pour les emballer. J’avais peut-être pas envie qu’elle pose ses doigts sur mon soda, une hépatite ça s’attrape facilement. Je plaisante. Par contre, pourquoi je me suis énervé, c’est parce qu’à l’entrée de ce même magasin, il y avait un homme par terre, en train de faire la manche avec son chien, qui avait faim et qui avait soif, il faisait froid, c’était en hiver. Et je ne comprends pas la logique de vouloir récupérer de l’argent pour l’envoyer je ne sais où, sachant qu’il y aura je ne sais combien d’intermédiaires, et que neuf fois sur dix l’argent n’arrivera jamais à celui concerné, alors qu’à dix mètres de la caisse, un homme est en train de mourir de faim. Est-ce que cela signifie qu’ici nous avons réglé tous les problèmes ? Ça veut dire qu’en France personne n’est malade, personne n’est pauvre ? A quoi ça rime d’être médecin du monde ? C’est une logique qui m’échappe.

La France est un pays qui aime être humaniste…

Mais réglons nos problèmes avant. Imaginons que tu habites dans un appartement. Quand c’est sale, qu’est ce que tu fais ? Tu vas passer un coup d’aspirateur avant chez le voisin ou tu le passes d’abord chez toi ?

Tu as conscience quand même d’être excentrique ?

Merci. C’est bien d’être excentrique. C’est du rock’n roll. Quelque part, si tu n’es pas excentrique c’est que tu es ennuyeux. Sinon, à ce moment-là ; tu montes sur scène en Jean’S, les cheveux sales, mal rasé, tu te revendiques naturel. Je pense que tu aurais un petit peu plus d’impact si tu te rasais, si tu te lavais les cheveux, si tu soignais un peu ton look et proposais aux gens quelque chose de visuellement intéressant. Ce sont les gens excentriques qui nous fascinent le plus.

C’est Dean Karr qui a fait votre pochette. C’est lui même qui a fait la pochette de Antichrist Superstar de Marilyn Manson. Vous qui avez longtemps été comparés à tort à Manson, est-ce un beau pied de nez ou une simple coïncidence ?

C’est un gars qui fait partie de la clic Chop Shop. Il n’a pas fait que ça, il a fait le premier Slipknot par exemple. Je pense donc que c’est plus une coïncidence. C’est une personne qui a énormément de talent, c’est un excentrique. Il a les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Il a un troisième ?il pour voir les choses d’une façon que nous autres n’arrivons pas à voir.

Et si je vous laisse le soin de clôturer l’interview…

« O » : Vas-y Drag, honneur aux femmes…

Drag : J’aimerais que les gens découvrent la vraie facette du groupe et ne s’arrêtent pas à la première image. Ils doivent découvrir le groupe en profondeur, un peu comme quand on m’a dit que Tokio Hotel c’était bien ; j’ai quand même fait la démarche d’écouter avant de dire qu’effectivement c’était de la merde.

« O » : Je suis pas d’accord parce que je n’aime pas quand les gens disent que « c’est de la merde ».

Drag : Il faudrait dire « je pense que c’est de la merde ? »

« O » : Mais non. Je préfère dire « je n’aime pas ». Eh bien Tokio Hotel, je n’aime pas du tout. Et puis pour des kids de 18 ans, c’est vachement bien ce qu’ils font. Peu de monde à 18 ans est capable de faire ça quand même. D’autres ont 25, 30, 35, 40, 45, et ne feront jamais aussi bien qu’eux.

Drag : Voilà, il faut écouter, prendre le temps de découvrir Undercover Slut et ne pas s’arrêter aux rumeurs et aux préjugés idiots.

« O » : Nous ne sommes pas un ersatz de Manson. Nous ne sommes pas nazis. Si tu me disais que tu es juive, peu importe. Par contre, je n’aime pas que les gens affichent leur religion, à quoi ça rime de porter une croix, une main ou une étoile ? C’est du prosélytisme religieux, et ils n’ont pas à essayer de faire bouffer leur religion aux autres en mettant un voile et compagnie. Après, garde ton Dieu pour toi et s’il t’aide à évoluer positivement dans la vie et bien je dis « Bravo ».

Entretien réalisé le 23 mai 2009 au CCO de Villeurbanne

MySpace Undercover Slut : myspace.com/undercoverslut



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