« Nous parlons tout le temps de repartir sur la route mais il y a toujours ce petit problème de chanteur, et c’est un euphémisme. […] Nous avons toujours de nombreuses propositions pour travailler avec d’autres personnes. J’ai travaillé avec Lady Gaga et elle est très créative, et c’est quelqu’un avec qui nous avons parlé de chanter et de monter sur le devant de la scène avec le groupe. Elle n’est pas qu’une chanteuse, elle écrit ses propres morceaux. » Brian May, guitariste de Queen, dans une déclaration au Daily Express la semaine dernière.

Et après ça, plutôt que de m’extasier face à cette idée ou de la huer, plutôt que la juger, la critiquer, la condamner ou l’encenser, j’ai surtout envie de me poser des questions.

La première : est-ce que Queen a besoin de ça ? Et, question corrélative : Lady Gaga a-t-elle besoin de ça ? Nous sommes face à deux entités nanties chacune d’une renommée gigantesque alors quel bénéfice (et là, croyez-moi, je ne parle pas des sommes considérables que pourrait engranger une tournée Queen + Lady Gaga) tireraient-elles d’une telle union ? Pour cette dernière, c’est assez simple : cela ajouterait énormément à sa carrière encore jeune. Par contre, pour Queen et sa légende, son histoire de quarante ans, cela représenterait un pari colossal. Car notons bien que Brian May parle de la créativité et des capacités de compositrice de Lady Gaga : alors est-ce que Queen sortirait un nouvel album avec Lady Gaga ? Saurait-il trouver sa place dans la discographie du géant ?

Ce ne sont que théories et questionnements mais je les pose – je le rappelle – pour ne pas avoir à juger une telle idée.

Artistiquement, l’univers de Queen et celui de Lady Gaga sont tout sauf incompatibles : extravagances, provocations, un vrai sens esthétique, shows énormes dans les plus grandes salles et arènes du monde… Sans oser dire ce qu’en aurait pensé Freddie Mercury, on imagine tout de même qu’il n’aurait pas méprisé une telle héritière. Mais peut-elle occuper sa place ? Et sans tomber dans le sexisme, en tant que femme, peut-elle assurer ce rôle déjà très marqué par la virilité de l’emblématique chanteur mais aussi plus tard par Paul Rodgers ? Ce point d’interrogation reste quand même mineur mais nous ne pouvons le taire car d’autres pourraient l’exprimer.

Mais on repense justement à Paul Rodgers. Que devient-il dans tout ça ? Ignore-t-on son apport à Queen au cours de la décennie passée ? On y repense d’autant plus parce qu’il y a un peu moins d’un mois, c’est Roger Taylor, batteur de la formation, qui parlait de l’éventualité d’un retour sur scène avec ce chanteur-là justement : « Je n’écarte pas cette idée. En fait, j’ai lu l’autre jour que Paul n’aurait rien de ce genre en tête. Si quelque chose de spécial devait arriver, nous pourrions peut-être faire ça, peut-être [à la cérémonie d’ouverture] des Jeux Olympiques [ndlr : qui auront lieu en 2012 à Londres]. Mais je n’écarterais certainement pas cette idée, c’est un chanteur merveilleux, il n’y a aucun doute là-dessus. »

Bon, du coup, on est bien obligé de trouver une troisième option pour régler ce « petit problème de chanteur » comme le dit si bien Brian May. Mais là encore, à quoi devrait s’attendre le public ? Des concerts alternant morceaux de Queen et Lady Gaga pour plaire à tout le monde ? Ou la pop star fera-t-elle profil bas pour se mettre entièrement au service de la légende ?

Rien que des questions. Et pour ceux – les novices – qui se demanderaient : « c’est qui le mec sur la photo en illustration ? » C’est Lady Gaga. Finalement, elle pourrait apporter un peu de virilité sur scène…

Animalement vôtre.