Undercover Slut est un groupe que beaucoup de gens n’aiment pas, ce qui est plutôt bon signe pour lui. Alexis De Tocqueville dit que la majorité n’a pas forcément raison mais en fait c’est surtout qu’elle a très souvent tort. Undercover Slut déplaît parce qu’Undercover Slut voit juste. Sur notre planète largement composée de moutons de panurge, la cohérence des discours iconoclastes fait parfois peur à la masse. Surtout quand les actes suivent.

Radio Metal, par le serviteur que je suis, voulait avoir en ce samedi 11 septembre une pensée pour Undercover Slut et une très grande pensée pour Sophie Lancaster, petite déesse partie trop tôt rejoindre le pays de la rêverie.

Les gens sont des veaux. Alors pour les titiller, pour les faire réagir, pour les faire penser on les taquine, on les provoque. Et on le fait intelligemment. « On » c’est tous ceux qui ont une démarche alternative, en dehors du cadre prédéfini fixé par les autorités politiques, économiques ou médiatiques. « On » c’est tous ceux qui ont compris que la majorité se trompait, très souvent, dans beaucoup de domaines et sur beaucoup de sujets.

Et « on », dans le metal, ce sont par exemple les groupes vraiment intelligents que sont Laibach en Slovénie ou Undercover Slut en France.

Leur principale similarité ? Une certaine capacité à utiliser les symboles et les images pour que vos neurones s’agitent. Et ce positivement ou négativement, là n’est pas le problème. « Il faut que ce que vous ayez dans le cerveau vous servent », voilà tout simplement le message de ces groupes. Et pour que leur message ait un sens, c’est encore mieux si le discours précède les actes.

Undercover Slut se produira ce soir en tête d’affiche à Londres au Slimelight. Ce sera un concert de charité organisé par la Fondation Sophie Lancaster. Cette dernière avait été tabassée à mort le 11 août 2007 par une bande de dégénérés qui avaient « trop bu » lit-on ici et là. Sophie avait voulu s’interposer devant son petit ami à terre alors qu’il recevait les coups de ses agresseurs. Des coups elle aussi en a reçu, beaucoup même, puisque elle est décédée quelques jours plus tard sur son lit d’hôpital à l’âge de 20 ans. Ses parents avaient pris la décision de la débrancher parce que, d’après les médecins, il n’y avait plus aucun espoir.

Sophie Lancaster avait commis le crime incroyable, sur notre belle Planète Terre, d’être ce que l’on appelle une « gothique ». Certains ont décidé qu’un tel acte de barbarie méritait la sentence suprême. Il fallait qu’on vous parle de Sophie Lancaster ici pour vous rappeler que « One look could kill » – au propre et au figuré – comme le dit finement Alice Cooper dans sa chanson « Poison ».

Cette triste histoire montre une nouvelle fois que, dans les faits, TOUT peut être la cause de sa propre fin – ce qui est d’ailleurs une preuve de plus de la vacuité et de l’absurdité de la vie – un regard, un mot, une parole et même un look. La fondation Sophie Lancaster créée par Sylvia, la mère de Sophie, a justement pour but de sensibiliser les jeunes aux cultures alternatives. Elle travaille aussi pour que les attaques physiques perpétrées contre les gens qui apprécient les cultures underground soient considérées par la loi avec le même sérieux qu’une attaque raciste.

Pour, bien entendu, éviter d’autres atrocités comme celle mentionnée ci-dessus.