Vendredi soir, début de week-end et programme chargé à la porte de Pantin puisque Massive Attack joue au Zénith. Mais laissons Massive Attack de côté car ce que nous allons voir est en effet bien plus déjanté puisque les Montpelliérains d’Hypno5e et les fous furieux de Psykup venus de Toulouse ont amarré leur navire au Trabendo ce soir. Ça s’annonce costaud et surtout assez contrasté car les deux groupes précités sont très différents : le premier aimant être potache alors que la démarche artistique du second s’inscrit dans un cadre bien plus noir. Les deux groupes ayant en tout cas comme point commun de proposer une musique atypique brisant les lignes basiques du metal.
Une programmation 100% tricolore est proposée ce soir par l’organisation et c’est le très jeune combo parisien The Random Monsters qui introduit la « party » devant une salle presque vide. Dommage car ce combo, qui mélange metal atmosphérique et post-rock, est prometteur. Tout au long de son set la formation utilisera très rarement le chant pour faire partager ses longues plages instrumentales.
Artistes : Hypno5e – Psykup – The Random Monsters
Date : 26 février 2016
Salle : Trabendo
Ville : Paris [75]
Une ambiance psychédélique et des riffs parfois plus expérimentaux soulignent la mixture intéressante et planante proposée par The Random Monsters. Sur scène les quatre gaillards sont toutefois nonchalants et s’occupent plus d’appuyer sur leur wahwah et leur boost que de regarder le public. Ainsi ce que nous retiendrons avant tout de ce show réside dans la puissance musicale dégagée par le groupe (« Hostility Towards Creation », « Fathers »). Si le style qu’il pratique peut devenir redondant à la longue, The Random Monsters fait la part des choses grâce à une maturité musicale étonnante pour son jeune âge. Une bien bonne mise en bouche !
A la fin de la prestation des Parisiens, le Trabendo se remplit à vitesse grand V pour devenir presque plein ! C’est au tour de Psykup de rentrer sur scène même si dans le public beaucoup s’attendaient plutôt à assister à la performance d’Hypno5e en avant-dernier. Quand bien même ce sera bel et bien de l’autruche core que va savourer le public. Oui vous avez bien lu, l’autruche core étant le style inventé par les Toulousains pour qualifier leur propre musique. Le set démarre sur les habituels « To Be(tray)…» / «… Or Not To Be » introduit par une petite mélodie à la guitare. S’en suivent des riffs hardcore mixés à une désinvolture psychédélique dont Psykup a le secret.
Les pogoteurs sont de sortis et l’ambiance est au beau fixe avec une envie folle de retourner la salle. Appuyées par les superbes voix de Julien Cassarino et de Matthieu Miegeville, dont les timbres sont d’ailleurs très complémentaires, les compos s’enchaînent de bien belle manière. Ce duo nous fait un peu penser à la doublette Tankian/Malakian de System Of A Down notamment dans leur complémentarité grave et aigu. Ce soir, le groupe propose au public une setlist entièrement composée de leur album Le Temps De La Réflexion sorti en 2002, qui sera joué dans l’ordre. Première présentation du groupe : « On est Psykup et on vient de Tokyo » ! Mais bien sûr les gars !
Forcément, l’humour est un acteur clé de la réussite d’un show des Toulousains et ce n’est pas pour déplaire au public qui a droit à un vrai spectacle. Le morceau « Libido » nous montre toutes les qualités musicales et la justesse technique de Matthieu dont la palette vocale impressionne. Derrière l’apparente désinvolture dégagée par les musiciens, on assiste au show d’un groupe dont la maîtrise est indéniable, et ce aussi bien dans la musique proposée que dans l’occupation scénique. Tandis que Julien s’amuse à faire des ronds sur scène, le bassiste Julian Gretz aime se balader et « danser » sur scène tout en fixant les pogoteurs très à l’écoute de toutes les petites subtilités sorties des instruments.
Une petite vanne de plus cette fois-ci pour le batteur Brice Sansonetto, « est-ce que vous ne connaîtriez pas un batteur de jazz parmi vous » lance Matthieu ce qui fait rire quand on connait la qualité de Brice. « Merci d’accueillir les frères de La Vega » lancera également Matthieu, sourire en coin, avant que le public ne voit arriver sur le morceau « Teacher » Poun de Black Bomb A et un autre pilier de la scène française, Stéphane Buriez de Loudblast. Morceau de gala, sur lequel on remarquera la très bonne acoustique de la salle ce soir car toutes les subtilités du morceau sont somptueusement mises en avant.
Après ce titre, il est temps pour Matthieu d’une voix très émue d’une part de rendre hommage à la salle, et à tous ceux qui ont permis cet événement possible, et d’autre part de lancer le monstrueux « L’Autruche » pour un moment de folie de près de quatorze minutes qui permet au pit de s’ouvrir un peu plus et aux vagues de slammeurs de se monter dessus en cette fin de concert. Les passages jazzy sont très réussis et donnent un swing original à la musique. Les deux derniers morceaux « Time & Space » et « Rebirth & Recession » prennent les dernières forces du public. Des salutations et remerciements nets, sincères et émouvants sont suivis par des applaudissements de l’audience qui acclame le groupe pour ce grand moment de partage et de pitrerie musical.
Setlist Psykup :
To Be(tray)
Or Not To Be
Libido
La Peur Du Vide
Teacher
Martin X Part 1&2
Insipid
L’Autruche
Time & Space
Rebirth & Recession
Après un tel moment de folie, difficile de s’imaginer qu’un groupe va prendre le relai, et pourtant si. Deux toiles sont installées à droite et gauche de la batterie car Hypno5e est prêt à en découdre avec le Trabendo qui s’est pourtant nettement vidé. Il est en effet 22H quand Hypno5e monte sur scène et le travail de la semaine a visiblement fatigué plus d’un membre de la fosse… C’est malgré tout devant un public de connaisseurs et dédié à sa cause que le groupe peut engager son concert sereinement pour 1H30 de metal expérimental. « In Our Deaf Lands » donne les bases du concert avec des passages très techniques inspirés d’un Gojira et des moments plus calmes. Une diversité (pas forcément facile d’accès) appuyée par la voix off d’un vieux sage des montagnes. De longues mélodies, de longues chansons, une atmosphère obscure et sérieuse : l’univers d’Hypno5e est radicalement différent de celui de Psykup.
Comme pour les deux combos précédents, le son est toujours d’une précision impeccable. L’ambiance est bien installée et le public reprend en chœur les phrasés de la voix sur bande son derrière la musique. Les Montpelliérains utilisent beaucoup de samples et le bassiste Gredin rend la mélodie atypique avec son instrument à six cordes. La puissance de la voix sombre d’Emmanuel Jessua se fait ressentir sur certains morceaux comme « Acid Mist Tomorrow ». La musique d’Hypno5e étant très riche, il n’est pas impossible qu’il soit un peu compliqué pour le non-averti d’assimiler toutes les subtilités proposées. Le jeu de lumière chiadé participe en tout cas au rendu attractif du concert.
Dans le morceau « Maintained Relevance Of Destruction – Part II », des samples de voix de femmes sont utilisés derrière une mélodie progressive de guitare. « Gehenne Part II & III » déchaîne le pit qui avait tendance à être plus contemplatif qu’acteur et réveille les pogoteurs un peu sonnés par la puissance du son. Le fait est que la musique d’Hypno5e prend toute son ampleur en live avec une plus grande puissance que sur albums. Deux extraits de leur dernier méfait, Shores Of The Abstract Line sorti cette année, sont d’ailleurs joués à la suite – « Where We Lost The Ones » et le très sombre « Memories » – avant que Matthieu de Psykup ne soit invité à revenir sur scène une dernière fois afin d’accompagner le combo sur « The Hole » où la voix de Mat donne un effet encore plus mélancolique au son. L’envoûtant « Blind Man’s Eye » nous remet quinze minutes de dingueries dans la tête et prouve qu’Hypno5e réalise parfaitement ce qu’il propose de la première à la dernière seconde. Puis c’est au tour de « Tutuguri », extrait de l’album Acid Mist Tomorrow, de venir achever les derniers guerriers qui auront pris un indéniable plaisir à subir la pression psychologico-cinématographique du groupe français lors de cette soirée riche à bien des égards.
Setlist Hypno5e :
East Shore-In Our Deaf Lands
Acid Mist Tomorrow
Maintained Relevance Of Destruction (Part II)
Gehenne (Part II)
Gehenne (Part III)
West Shore–Where We Lost The Ones
West Shore–Memories
The Hole
South Shore–Blind Man’s Eyes
Tutuguri
Live report : Philippe Dory.
Photos : Lost (Bataclan 2013).
Psykup et Hypnose en concert le 30 avril à l’akwaba (chateauneuf de gadagne 84) avec Apothem (des amis) en première partie pour défendre leur album Irregular View Of Freedom et leur ep Unlight
[Reply]
Excellent concert du début jusqu’à la fin.
(Par contre Tutuguri est extrait du 1er album et non d’Acid mist) :p
[Reply]