Si tout le monde connaît de Venom le triptyque initial – les mythiques Welcome To Hell, Black Metal et At War With Satan – sur lequel la carrière et la renommée de Venom reposent essentiellement, et dont les défauts font autant partie du charme que les qualités, le reste de la carrière des Anglais peut paraître plus obscur et inégal. Mais il existe dans cette épopée parfois difficile à suivre une période bien particulière qui, pour les connaisseurs, ne manque pas d’atouts et même de pépites. En 1987 Cronos quittait Venom laissant le batteur Abaddon seul aux commandes. Ce dernier rappel le guitariste Mantas au bercail et met devant le micro celui qui aura la lourde tâche de marcher dans les pas du frontman emblématique : Tony Dolan alias Demolition Man. Une formation qui n’a pas récolté beaucoup de succès à l’époque mais qui possède aujourd’hui ses fervents fans, séduits par les albums Prime Evil, Temples Of Ice et, dans une moindre mesure, The Waste Lands. Vingt-cinq ans après l’arrêt de cette formation, les voilà de retour dans leur plus pure essence – pas de second guitariste, ni de claviériste, mais un bon vieux trio -, sous le nom de Venom Inc. et le retour du logo originel dessiné par Abaddon. Plus qu’une prolongation de M:Pire Of Evil (le groupe de Dolan et Mantas), il s’agit bien là d’une renaissance.
Et avec ce premier opus baptisé Avé, il n’y a pas tromperie sur la marchandise : pochette mettant en scène Lucifer et pléthore de références à l’enfer, la mort ou anticléricales. Après une introduction sur le thème classique d’Avé Maria rattrapé par un monologue diabolique et un peu kitsch, un « Avé Satanas ! » de ralliement lance les hostilités. Rythmique lourde, sombre et pleine de testostérone qui donne immédiatement envie de froncer des sourcils, la magie de Mantas et Abaddon opère d’amblée, mise en valeur par une production puissante et claire, puis arrive un Demolition Man dont la voix rocailleuse a gagné en épaisseur et profondeur de timbre ; il n’a certainement pas à rougir face à Cronos. Mais très vite, c’est le penchant rock n’ roll débridé, qui doit beaucoup à Motörhead et qui caractérisait cette formation à la fin des années 80/début 90, qui prend le flambeau avec « Forged In Hell », « The Evil Dead » ou le bien nommé « Black N’ Roll » sur lequel on jurerait entendre ressusciter la basse-batterie du duo Mikkey Dee / Lemmy. Puis on appuie sur le champignon avec « Metal We Bleed » et le démarrage frénétique de « Time To Die » qui terrassent tout sur leur passage. Et on hurle « waaaaar ! » comme un damné sur le refrain de « War » (logique). Efficacité maximum.
Mais là où Venom Inc. parvient à amener son album à un autre niveau, c’est en le dynamisant grâce à des chansons plus posées qui embarquent l’auditeur dans leur ambiance malfaisante, a commencer par un « Dein Fleisch » martial (on pense, étonnamment, autant à Rammstein qu’Amebix) qui, avec ses gémissements lascifs, la prestation qui frise le théâtral de Dolan (le bonhomme a une carrière d’acteur, après tout, et ça se ressent) et les arpèges sournois de Mantas, a d’ores et déjà tout d’un hit – à noter que la version album fait 2:30 de plus que le clip qui coupe tout le développement instrumental, solo y compris. « Preacher Man » joue la carte du groove heavy, balançant un refrain à ne plus s’en décrocher. Venom Inc. n’hésite pas non plus à saupoudrer ses chansons de surprises et autres « goodies », que ce soit dans les structures (« Time To Die » qui ralentit soudainement, « Preacher Man » qui s’offre un développement ambiancé jusqu’à l’arrêt pour repartir de plus belle – d’où la longueur de certains titres) ou avec les leads de Mantas qui apportent leur lumière mélodique.
On se surprendra à penser que cette nouvelle mouture de Venom n’est finalement pas si éloignée de ce que peut produire le Venom de Cronos aujourd’hui (le refrain de « Preacher Man » de l’un peut facilement rappeler celui du « Beggarman » de l’autre), si ce n’est moins crasseux. Mais la force de conviction dont profite Avé permet définitivement à Venom Inc., et en particulier Tony Dolan (les autres n’en ayant pas vraiment besoin), d’asseoir sa légitimité. Alors quoi de mieux qu’un Venom ? Deux Venom, bien sûr ! Surtout lorsque la production musicale est d’un tel niveau…
Lyric video de la chanson « Ave Satanas » :
Clip vidéo de la chanson « Dein Fleisch » :
Album Avé, sortie le 11 août 2017 via Nuclear Blast. Disponible à l’achat ici
Par Baphomet , cet album est une tuerie ! Dein Fleisch est le titre ovni de l’album : ne surtout pas s’y fier .Mantas est hyper inspiré pour les riffs et Abaddon au top de sa forme les imprécisions en moins . Enorme son , double basses comprises.Son goût pour l’Industriel se ressent dans le mixage.
Pour ceux qui espèrent un Black Metal 2 , passez votre chemin.Cette période est définitivement révolue. On est plus dans le Venom De Prime Evil sauce 2017 , ultra heavy . Sans complexe d’infériorité, Tony Dolan fait un super boulot au chant ET à la basse. Ce son brut est monstrueux.
Beaucoup plus réussi que M-Pire of Evil , qui était déjà d’un bon niveau.
La Balle est dans le camp de Cronos .