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Interview   

Vivian Campbell retrouve son mordant


Le guitariste Vivian Campbell semble être en pleine mission pour rattraper le temps perdu. S’il est toujours actif au sein de Def Leppard, il s’est également rabiboché avec une époque de sa vie qu’il a longtemps refoulé, le groupe originel de Dio, fondant Last In Line qui prépare actuellement un deuxième album, et a remis Riverdogs en selle, vingt-sept ans après un premier album devenu culte. Tout ceci en continuant de se battre contre un cancer qui aura eu pour effet de décupler son envie de vivre et de vibrer. Et c’est d’abord pour parler de ce nouveau disque de Riverdogs, California, que nous avons joint Campbell, avec un détour historique au préalable pour revenir sur le premier album, sur lequel le nouveau a explicitement été calqué.

Dans la seconde partie de l’entretien, nous revenons sur ce qui l’a motivé ces dernières années à multiplier les projets ainsi que son rapport à ses trois groupes – Def Leppard, Last In Line et Riverdogs – pour ensuite revenir à des sujets historiques, cette fois sur son passage au sein de Whitesnake ainsi que quelques mots sur son tout premier groupe, Sweet Savage, pour finir sur sa situation avec son cancer. Une interview, en conséquence, riche à découvrir ci-après.

« Je crois fermement que Riverdogs aurait eu sa chance si le président de cette maison de disques avait bien voulu miser sur nous. […] Mais c’est tellement étrange comment la décision d’un seul homme peut changer le cours de la vie de toutes les autres personnes [petits rires]. »

Radio Metal : Tu n’as participé qu’au premier album de Riverdogs dans les années 90 avant de rejoindre Def Leppard en 1992. Peux-tu nous parler de ces premières années et pourquoi tu as quitté le groupe si tôt ?

Vivian Campbell : L’album originel de Riverdogs a pris beaucoup de temps à se faire. Il a fallu un an et demi. Nous vivions tous à Los Angeles à l’époque. Mon lien, à l’origine, avec le groupe est que je produisais des démos pour eux et ils avaient un autre guitariste. Le groupe n’était pas content du guitariste qu’ils avaient à l’époque, moi j’étais de passage chez Whitesnake, le groupe avec lequel j’ai été pendant quelques années et je savais que je n’allais pas rester encore longtemps chez Whitesnake. Donc Riverdogs s’est séparé de leur guitariste originel, je me suis séparé de Whitesnake. J’ai fini par intégrer le groupe, nous avons fait quelques concerts dans le sud de la Californie et commencé à écrire des chansons et essayer d’obtenir un contrat avec une maison de disques. Et après quelques mois, nous avons signé un contrat mais ensuite, nous recherchions un producteur pour le premier album et ça a pris très, très longtemps. Durant des mois et des mois, nous faisions des concerts, nous nous entretenions avec des producteurs, écrivions d’autres chansons et, en gros, entamions le budget d’enregistrement que nous avait accordé CBS Records à l’époque. Donc sur cette période d’un an et demi, nous avons fini par faire l’album, et vers la fin du processus d’enregistrement, Sony a acheté CBS Records, donc il y a eu plusieurs changements de personnels avec qui nous travaillions.

Le plus grand changement de tous était qu’un nouveau président de maison de disques est arrivé la semaine juste avant la sortie du premier album de Riverdogs. Il nous a emmené au restaurant, ce qui était très sympa de sa part [petits rires], il nous a fait asseoir et a dit : « Je suis désolé les gars mais je ne sens pas cet album, je ne l’entends pas comme j’aimerais qu’il soit et j’aimerais que vous commenciez à travailler sur un nouvel album. » A ce stade, travailler sur cet album avait pris dix-huit mois de nos vies, et nous croyions en cet album, nous le trouvions super. Je pense que l’histoire et le temps ont justifié cette conviction : l’album est un peu devenu un classique culte au fil des années. Mais personnellement, je ne pouvais plus me permettre de rester avec le groupe. J’avais payé mon emprunt immobilier et toutes mes factures pendant un an et demi sans aucun revenu. Je ne pouvais littéralement pas me permettre de ne pas gagner ma vie et passer une autre année à faire un autre album parce que ce mec ne croyait pas dans notre album. Je n’avais donc pas le choix, j’ai dû partir chercher d’autres boulots. Voilà ce qui est arrivé, et Riverdogs a continué avec Nick Brophy qui est passé de la basse à la guitare, et un nouveau bassiste et ainsi de suite. Durant les 25 dernières années, j’étais avec Def Leppard et puis il y a environ un an, peut-être deux, nous avons eu un appel demandant si nous étions intéressés pour faire un autre album de Riverdogs dans la veine de l’album originel. Donc nous voilà avec California !

Tu as mentionné que ça a pris un an et demi pour faire le premier album. Pourquoi est-ce que ça a pris autant de temps ?

Principalement parce que nous attendions de trouver le bon producteur. Les quelques premiers concerts, nous essayions d’obtenir un contrat avec une maison de disques, ce que nous avons obtenu mais ensuite, nous devions trouver un producteur et ça s’est avéré très, très difficile. Peut-être qu’avec le recul, on peut voir que notre liste de souhaits était peut-être un peu fantaisiste. Peut-être que nous visions trop haut vers les grands noms de la production, qui n’auraient probablement pas voulu travailler avec un nouveau groupe comme Riverdogs à l’époque. Mais c’était ça. Ce qui a pris le plus de temps était de trouver un producteur. Nous avons fini par aller en studio et commencer l’album avec un producteur qui n’était pas notre premier choix mais nous a été, je dirais, imposé par les gens de la maison de disques à l’époque. Il s’est avéré que ça n’a pas fonctionné. Nous nous sommes séparé de ce producteur originel à mi-chemin dans la confection de l’album et nous avons fait venir Jeff Glixman pour finir l’album. L’alchimie avec Jeff était très, très bonne. J’aurais aimé avoir pu commencer l’album avec lui. Mais c’est toujours plus facile de juger après coup. Nous devions apprendre.

Penses-tu que le contexte en 1990 était un peu difficile pour un nouveau groupe de hard rock comme Riverdogs ?

Riverdogs est un groupe unique. Je veux dire que nous fusionnions différents styles de musique. Je venais d’un background de guitariste très hard rock, heavy metal. Rob Lamothe a toujours été le principal compositeur dans le groupe et Rob compose dans un style très Americana, presqu’un peu folk, blues, soul, et nombre des chansons de Rob ont été écrites à la base sur une guitare acoustique. Donc nous essayions de marier cet élément organique, acoustique d’Americana à ce qu’il se passait à l’époque dans le hard rock et le heavy metal. Tu sais, même si j’ai d’abord été connu pour les premiers albums de Dio, mes racines en tant que guitariste s’étendent vraiment jusqu’au blues, à un certain degré. Je veux dire que Rory Gallagher était mon premier héro à la guitare. C’était le tout premier guitariste que j’ai vu en concert. Le tout premier album que j’ai acheté était le Live In Europe ’72 de Rory. C’était le premier guitariste que j’ai essayé d’imiter et avec lequel je me suis instruit. Free était aussi une grande influence pour moi, Paul Kossoff… Donc j’ai un côté heavy blues dans mon jeu. Lorsque j’ai commencé à travailler avec Riverdogs et Rob, avec son style et ses chansons, c’était une direction très confortable pour moi mais tout en apportant l’agression de l’école du hard rock et du heavy metal dans laquelle j’ai évolué pendant des années, et l’expérience que j’avais. Nous avons fini, je crois, avec un album qui sonnait assez unique, mais le seul autre groupe, à l’époque, qui je dirais faisait quelque chose qui s’en rapprochait était probablement Badlands, le groupe de Jake E. Lee. Tout le reste à l’époque à Los Angeles était un hard rock très typique et très centré sur l’image, et nous n’étions certainement pas un groupe centré sur l’image. Je crois fermement que Riverdogs aurait eu sa chance si le président de cette maison de disques avait bien voulu miser sur nous. Plein d’autres gens dans le label croyaient en ce que nous faisions et croyaient dans notre projet comme nous. Je pense vraiment que nous aurions pu en faire quelque chose mais c’est tellement étrange comment la décision d’un seul homme peut changer le cours de la vie de toutes les autres personnes [petits rires].

« Je suis très clairement pas trop rock n’ roll ! Je suis même plutôt l’opposé. Souvent j’ai l’impression d’être un escroc lorsque je suis sur scène [petits rires]. »

En parlant d’image, tu es au centre de l’illustration de ce premier album. Je suppose que c’était une décision de la maison de disques pour profiter de ta célébrité. Etais-tu à l’aise dans cette position ?

Non. Je n’ai jamais été à l’aise avec ça. J’ai toujours été un joueur en équipe. Je n’ai jamais voulu être le leader dans un groupe. Tout ce que j’ai toujours voulu, c’est être le guitariste [petits rires], contribuer et, évidemment, composer et être impliqué autant que possible, mais je n’ai jamais voulu être le centre de l’attention. Mais ouais, tu as raison, la maison de disques voulait vraiment nous pousser vers ça. Même lorsque nous faisions l’album, ils motivaient le producteur originel à nous inciter à mettre de plus en plus de parties de guitare lead dans les chansons, ce qui peut aller, je suppose. Je veux dire que ça a aidé à créer le son de ce qu’était ce premier album. Mais je pense que, si on nous avait laissé avec nos arrangements d’origine, le premier album de Riverdogs aurait pu ne pas être aussi… Je ne veux pas dire qu’il n’y aurait pas eu autant de guitare, mais il n’aurait pas été aussi chargé. En fait, c’était un genre d’album très produit : toutes les guitares rythmiques étaient doublées, il y avait des fioritures de guitares ici et là, etc. Lorsque nous jouions dans le style d’origine de Riverdogs, lorsque nous jouions ces chansons, ça respirait un peu plus, c’était un peu plus ouvert. Nous étions un peu plus organiques que la manière dont cet album nous représente, et ça aurait été mon instinct de le faire ainsi, mais la maison de disques poussait pour que ce soit une production très léchée. Et il est clair qu’ils me poussaient sur le devant autant que possible parce que j’étais, évidemment, raisonnablement connu dans les cercles hard rock pour mon travail avec Dio et ma courte fonction dans Whitesnake.

Vous voilà donc avec un nouvel album qui s’appelle California, mais en fait, vous aviez fait un autre album qui s’appelait World Gone Mad qui est sorti en 2011 mais avait en fait été initié en 2003. Qu’est-ce qui vous a poussé après toutes ces années à remonter Riverdogs et refaire de la musique avec ce groupe ?

L’album The World Gone Mad, je ne le vois même pas comme un album. C’était un projet très décontracté que nous avons fait pour un tout petit label – je crois qu’ils venaient d’Australie ou quelque chose comme ça. Rob et Nick ne vivent plus à Los Angeles depuis très longtemps et il se trouvait qu’ils étaient de passage pour un moment, et comme c’était pratique, quelqu’un a dit : « Hey, si on se réunissait pour écrire quelques chansons et les enregistrer ? » Et nous les avons enregistrées dans le studio personnel de Marc. Nous nous ne focalisions pas vraiment là-dessus comme un album ou un projet. Alors qu’avec California, il y avait une direction très, très claire avant même que nous ne commencions à composer quoi que ce soit. Cet album s’est fait grâce à mon implication dans Last In Line. Au cours des récentes années, Last In Line ce sont les restes du line-up originel du groupe de Dio que j’ai formé en 2011/2012 avec Vinny Appice et Jimmy Bain après que Ronnie soit décédé, et nous avons travaillé avec un chanteur qui s’appelle Andrew Freeman. Nous avons fait un album pour Frontiers qui est sorti il y a quelques années. C’était après la sortie de cet album que Serafino [Perugino], qui est le président de Frontiers Records, m’a appelé personnellement et m’a demandé si je serais intéressé pour faire un autre album de Riverdogs, il était clair au sujet de l’album, il a dit : « Si ça t’intéresse de faire cet album, moi ça m’intéresse de le sortir uniquement si c’est dans le style de l’album de Riverdogs original. » Et je comprends sincèrement pourquoi il dit ça et je suis complètement d’accord. C’est le topo dont j’ai discuté avec Rob, Nick et Marc, et ils étaient tous d’accord pour le faire, donc nous sommes tous surexcités. Et je pense que cette direction claire nous a vraiment aidés à faire cet album, et ça a aidé à le faire très rapidement. En fait, comparé à l’album original sur lequel nous avons passé dix-huit mois [petits rires] du début à la fin, là, nous avons passé littéralement seulement quelques jours à le faire. Nous avons écrit les chansons super rapidement, l’enregistrement était très, très rapide également. Mais cette fois, nous n’avions pas à trop chercher pour trouver un producteur puisque Nick Brophy a produit cet album pour nous et a fait un excellent boulot.

Donc tu es en train de dire que sans le label qui vous a motivé à le faire, cet album n’aurait jamais existé ?

Ouais, il ne se serait probablement pas fait sans la directive de Serafino et son désir de faire cet album. Serafino était un énorme fan de l’album de Riverdogs original et nous avons longuement discuté de ce que devait être l’album California, le son, le style des chansons, le niveau du jeu de guitare, et ça nous a vraiment aidé à donner forme à cet album.

C’est effectivement une chose qui frappe à l’écoute de l’album : il sonne vraiment dans la veine du premier album. Comment êtes-vous parvenus à faire ça, vingt-sept ans plus tard ? Je veux dire que je suis sûr que vous avez tous évolué en tant que musiciens et personnes… Comment avez-vous retrouvé ce feeling ?

Ouais, c’était un effort délibéré ; Nick Brophy est non seulement un super musicien et bassiste dans Riverdogs mais c’est également un ingénieur de mix professionnel et il vit depuis des décennies à Nashville à mixer des albums, etc. Donc Nick a immédiatement pris en charge l’enregistrement et la production de l’album, et il a passé beaucoup de temps à faire des recherches, littéralement en écoutant le premier album de Riverdogs avec des écouteurs et prenant des notes sur les différents types de reverbs qui avaient été utilisées et les différents placements des instruments et des pistes, et il a eu une longue conversation avec Jeff Glixman, que j’ai mentionné plus tôt et avait terminé, produit et mixé l’album original. Il a discuté avec Jeff à propos des différentes combines que Jeff a utilisé en studio. Et nous avons même utilisé autant que possible une bonne partie du matériel que nous avions utilisé à l’époque. J’ai utilisé le même amplificateur que j’ai utilisé sur l’album original, j’ai encore tout. J’ai utilisé la guitare originelle, la Stratocaster Tom Anderson, mais je l’ai uniquement utilisée sur peut-être dix pour cent de l’album, le reste je l’ai enregistré avec une Les Paul, qui est ce que je joue aujourd’hui. Nous avons été extraordinairement loin pour que ce soit aussi proche que possible du son de l’album original.

Tu as vraiment tout le matériel de l’époque avec toi ? N’as-tu eu aucun souci à retrouver certaines choses ?

Non [petits rires]. Def Leppard a un très, très grand entrepôt à Los Angeles et tous mes vieux équipements sont là-dedans ! J’ai tout gardé.

« Créer avec Def Leppard représente une perspective différente pour moi par rapport à Last In Line et Riverdogs. Il y a bien plus de liberté créative avec Last In Line et avec Riverdogs, et il est certain qu’il y a un périmètre plus large pour mon jeu de guitare. »

Malgré tout, avez-vous essayé d’ajouter quelques touches de 2017 dans l’album, pour que ça ne sonne pas trop rétro ?

Eh bien, je pense que ça vient naturellement. Comme tu l’as dit plus tôt, beaucoup de temps s’est écoulé et nous avons acquis une grande expérience au cours de ces décennies en tant que chanteurs, compositeurs et musiciens ; Je pense qu’il y avait une facilité naturelle dans notre façon de faire cet album. Les chansons ont été écrites très, très facilement et elles ont été enregistrées très facilement. Je suis très à l’aise avec les parties de guitare que j’ai jouées. Je me sens très à l’aise en tant que guitariste avec mon style aujourd’hui, je n’ai jamais été aussi à l’aise dans ma carrière. J’ai le sentiment que c’est une jolie fusion entre l’agression du hard rock et cette nervosité avec laquelle j’ai toujours jouée, et les origines de mes toutes premières racines, en remontant jusqu’à ces musiciens comme Rory Gallagher et ce côté blues qui va avec. Pour ma part, personnellement, et je suis certain que c’est pareil pour Nick, Rob et Marc, nous avons développé notre propre son et style, si bien que ces éléments ont d’eux-mêmes donné à cet album suffisamment de différence avec l’album original. La seule chose que nous voulions vraiment imiter de l’album originel était l’aspect sonore. C’est ce que nous avons tous essayé de capturer, la dynamique et la densité de l’enregistrement original.

Lorsque vous avez fait le premier album de Riverdogs, vous aviez joué les chansons en live dans des clubs avant d’aller en studio pour les enregistrer, ce que vous n’avez pas pu faire pour California…

Ouais, et il est clair que ça aide, mais comme je l’ai dit plus tôt, avec le bénéfice de toute l’expérience que nous avions acquise, nous savions où placer nos parties. Lorsque j’ai enregistré la guitare sur cet album California, je savais très peu de choses sur les placements de chant de Rob ou ce qu’il allait chanter, et pourtant, je n’ai pas eu à bouger une seule partie de guitare. Je n’ai pas du tout interféré avec son chant, même si je ne savais pas où il allait être. Et je pense que ça vient de l’expérience. Je sais où un chanteur va chanter et je connais Rob parce que j’ai travaillé avec lui pendant de nombreuses années. Je savais à peu près où il allait chanter, donc je savais où il convenait pour moi de jouer, et il savait où il convenait pour lui de chanter, même si nous n’avions pas le bénéfice d’avoir joué ces chansons dans des clubs avant d’enregistrer. Donc je crois que cette expérience que nous avons a fait la différence. Je ne pense pas que nous aurions pu faire ceci il y a vingt-sept ans.

Vous avez fait l’album en deux lots de six chansons. Pourquoi avoir procédé ainsi ?

Comme nous ne vivons plus tous dans la même ville, la majorité du budget pour l’album a été dépensé dans des voyages, billets d’avions et locations de voiture, donc nous devions vraiment utiliser au mieux le temps limité que nous avions. Nous nous sommes réunis pendant cinq jours et durant les trois premiers jours, nous avons écrit six chansons, et les jours quatre et cinq, nous avons été au studio personnel de Marc et avons enregistré. Et ensuite, quelques semaines plus tard, nous avons fait exactement la même chose, nous avons écrit six autres chansons en trois jours et avons passé deux jours à enregistrer. Ensuite, plus tard, nous avons refait les batteries dans une plus grande pièce, dans un vrai studio. Et ensuite, plusieurs semaines plus tard, j’ai été au studio à Los Angeles avec les gars pendant trois jours et j’ai réenregistré toutes les guitares. Et ensuite Rob a pris l’avion pour Nashville, au studio personnel de Nick, et ils ont passé plusieurs jours à faire le chant principal. Marc et moi avons passé plusieurs jours dans son propre studio à faire les chœurs. Et c’était fini ! Ensuite Nick l’a mixé. Donc ça a été fait tête baissée, très rapidement.

L’album s’appelant California, qu’est-ce que la Californie représente pour le groupe, mais aussi pour toi en tant qu’Irlandais ?

Je vis en Californie depuis fin 1982, lorsque j’ai été pour la première fois là-bas pour travailler avec Jimmy, Ronnie et Vinny sur l’album Holy Diver. Je n’avais pas prévu de rester là mais une chose menant à une autre, la Californie est désormais devenue mon chez-moi depuis bien plus longtemps que ne l’a jamais été l’Irlande. L’album California est en fait un peu un album conceptuel. Rob a pris l’idée que cet album serait une extension de l’album de Riverdogs original et l’a amenée encore plus loin. Dans sa tête, les personnages sur l’album California sont une extension des personnages présents dans l’album original de Riverdogs, dans ces chansons. Donc il a écrit avec ça en tête. Donc nous le voyons un peu comme un genre d’album conceptuel. Il y a clairement des références dans les paroles à des coins de Los Angeles. Rob mentionne même dans une chanson la période de 1989, lorsque nous faisions ce premier album. Donc d’une certaine façon, c’est un album en partie conceptuel et en partie autobiographique, car nous nous identifions tous au sud de la Californie. Ça a été mon chez moi, comme je l’ai dit, pendant plus longtemps que j’ai vécu en Irlande. Rob et Nick ont tous les deux grandis dans le sud de la Californie, tout comme Marc. Nous avons tellement de liens avec Los Angeles et le sud de la Californie que ça semblait être un titre approprié pour l’album.

L’album démarre avec la chanson « American Dream ». Est-ce que ça a été un rêve américain pour toi ?

[Réfléchit] Je ne sais pas. J’ai des sentiments partagés à propos de l’Amérique et sa politique [rires], surtout de nos jours. Je crois que cette chanson est en quelque sorte ironique, et c’était l’intention lorsque Rob a écrit ces paroles. Même en remontant jusqu’au premier album, et la façon dont je pense que ceci est lié, nous avions une chanson qui s’appelait « America » sur le premier album que j’ai écrit avec Rob, et nous l’avons écrite avec des points de vue opposés, si tu veux, par rapport au rêve américain. Je le voyais de manière très positive à l’époque, Rob le voyait de façon très négative. Et je pense que nos opinions ont peut-être beaucoup changées en vingt-sept ans depuis cette époque [rires]. Mais il est certain que c’est une chanson ironique. Tu sais, nous vivons à une époque étrange, donc je trouve que c’est aussi très approprié.

« C’était très flatteur que Metallica sonne comme Sweet Savage et c’était très flatteur qu’ils aient repris une de nos chansons dans Garage Days. Mais c’était aussi un peu frustrant parce que Metallica est un des plus grands groupes de rock au monde et Sweet Savage n’est qu’un détail sans importance dans l’histoire. Mais c’est la vie ! »

Il y a aussi une chanson qui s’appelle « You’re Too Rock n Roll » (« Tu es trop rock n roll », NDT). Est-ce que quelqu’un t’a déjà dit ça ?

Je suis très clairement pas trop rock n’ roll ! Je suis même plutôt l’opposé. Souvent j’ai l’impression d’être un escroc lorsque je suis sur scène [petits rires]. Je ne suis absolument pas rock n’ roll. Je suis très, très différent de ça. Et je ne crois pas que qui que ce soit dans Riverdogs soit trop rock n’ roll. Je crois que Rob a écrit ça à propos de quelqu’un qu’il connaissait dans sa jeunesse qui était très roll n’ roll. Lorsque nous faisions le premier album de Riverdogs, c’était le Hollywood de la fin des années 80 et c’était assez dingue. Il y avait plein d’excès rock n’ roll à l’époque, mais nous en étions que des observateurs, nous n’étions jamais des participants.

Riverdogs a plein d’harmonies vocales, d’autant plus sur ce nouvel album. Est-ce que toutes ces années et cette expérience à travailler avec Def Leppard a bénéficié à Riversdogs sur cet aspect ?

Ca fait maintenant vingt-cinq ans que je suis avec Def Leppard et le plus grand défi dans Def Leppard a toujours été le chant. Nous chantons sur chaque chanson de Def Leppard. Sans le moindre doute, je suis devenu un bien meilleur chanteur grâce à mes vingt-cinq ans passés dans Def Leppard. Je pense que ça vaut pour nous tous. Je veux dire que c’est quelque chose que nous avons perfectionné et sur laquelle nous avons travaillé. Pour chaque concert nous faisons des échauffements vocaux avec Def Leppard. Donc ouais, c’est assurément quelque chose sur laquelle nous avons énormément travaillé [petits rires]. Mais aussi, le fait d’avoir Marc Danzeisen dans le groupe ; tu sais, Marc n’était pas avec nous sur l’album original de Riverdogs, il nous a rejoint après que l’album soit fini, mais Marc est un immense chanteur et en fait, il apparaît énormément dans les chœurs sur cet album et c’est un super atout pour nous.

Tu as dit que dans Def Leppard, le plus grand défi est le chant, et je sais que par opposition à ça, avec Last In Line tu voulais te concentrer sur la guitare. Mais dans Riverdogs, on dirait que tu dois te concentrer sur les deux. A quel point est-ce un challenge de combiner ces deux aspects ?

C’est un très grand challenge ! Ouais, tu as raison, avec Last In Line, c’était le groupe Dio originel où je ne chantais pas du tout, je ne fais que jouer de la guitare, donc je me focalise totalement là-dessus dans Last In Line et je refuse de chanter dans ce groupe [petits rires]. Riverdogs est un peu un entre-deux. Il y a beaucoup de parties de guitares exigeantes mais il y a aussi pas mal de chant, mais comme je l’ai dit, Marc est un super chanteur, donc Marc est capable de couvrir pas mal de terrain à ma place. Mais je suis très à l’aise dans le fait d’assurer les deux. Dans Def Leppard, il y a pas mal de lignes de guitare plus ou moins complexes que je dois jouer tout en chantant, donc je pense que je suis devenu plutôt bon à ça ! Je peux gérer ce que nous faisons dans Riverdogs, je ne pense pas que ce sera un problème.

En seulement quelques années, tu as formé Last In Line et remis en selle Riverdogs. Qu’est-ce qui te pousse à ce stade de ta vie à étendre tes activités dans différents groupes à la fois ? Def Leppard ne répond pas complètement à tes désirs créatifs aujourd’hui ?

Plusieurs choses se sont passées. En 2010, début 2011, j’ai reçu un appel de Scott Gorham de Thin Lizzy et il m’a demandé de partir en tournée pendant quelques mois en tant que guitariste temporaire avec Thin Lizzy. Lizzy a été une grande influence pour moi, durant mes années d’apprentissage, lorsque j’étais adolescent, lorsque j’apprenais vraiment mon instrument. Le simple fait d’être sur scène avec Scott et Brian Downey, et jouer les chansons de ma jeunesse, je suis revenu de tournée vraiment stimulé à nouveau par rapport à mon jeu de guitare, d’une façon que je n’avais pas été depuis de nombreuses années, et je voulais simplement jouer de la guitare, je voulais revenir à mes racines et jouer de la guitare très agressive. C’est donc ce qui a mené à la formation de Last In Line. Aussi, en parallèle de ça, en 2010, Ronnie Dio est décédé, donc le groupe Dio n’existait plus. Ceci et mon désir ravivé de jouer de la guitare agressive m’a poussé à appeler Jimmy et Vinny. Je n’avais aucune intention de démarrer un groupe avec eux à l’époque, je voulais juste jouer de la guitare. Donc j’ai appelé Vinny Appice, j’ai appelé Jimmy Bain, j’ai dit : « Est-ce qu’on peut aller en salle de répétition et jouer ? » Ca faisait 27 ou 28 ans que nous n’avions pas joué ensemble, et dès que nous avons commencé à jouer, tout de suite, l’alchimie était là, c’était le son du groupe Dio originel, et suis devenu surexcité, tout comme Jimmy et Vinny. Donc nous avons discuté et ça nous a mené à travailler avec Andrew Freeman. Une chose menant à une autre, nous avons commencé à donner des concerts. Au bout d’un moment, j’ai reçu un appel de Frontiers Records demandant si nous voulions envisager de composer et enregistrer de la nouvelle musique avec Last In Line, et ceci nous a amené à faire un album et nous allons en faire un second en septembre. Donc tout a évolué à partir de ce truc avec Thin Lizzy, tu sais, mon désir de me reconnecter à ma passion d’origine, qui est de jouer de la guitare rock très agressive. Et comme je l’ai dit, c’était grâce au projet Last In Line que j’ai eu cet appel pour faire le projet Riverdogs. Donc une chose a mené à l’autre.

Mais je suis très, très content d’avoir redécouvert cette part de ma vie parce que pendant des années et des années, je l’avais chassée. Je pense que beaucoup de choses ont changé. Evidemment le passage du temps nous pousse à réfléchir sur les choses très différemment. Le décès de Ronnie en 2010 m’a aussi amené à réfléchir sur les choses parce que, je veux dire, Ronnie et moi, nous avions une relation très conflictuelle et la façon dont nous nous sommes séparés n’était pas bonne, et la façon dont nous parlions de l’un et l’autre dans les années qui ont suivi n’était pas non plus bonne. Mais lorsque quelqu’un décède, c’est quelque chose de très définitif et ça m’a fait réfléchir, et j’ai pu prendre du recul et vraiment regarder cette période de ma vie, ces premiers albums de Dio et reconsidérer ma position à leur sujet, parce que pendant de nombreuses années, je les ai totalement écarté de ma vie, je ne voulais pas en entendre parler. Mais ces premiers albums de Dio, Holy Diver, Last In Line étaient complètement autant ceux de Jimmy Bain, de Vinny Appice, les miens, qu’ils étaient ceux de Ronnie, nous avons tous composé ces chansons ensemble, nous avons créé ces albums ensemble et nous avons construit le groupe ensemble. Tu sais, j’approche ça sous un angle totalement différent. J’adopte mon passé, alors que pendant des années, j’avais dû le refouler à cause de la douleur que ça m’avait apporté. Je n’ai jamais quitté le groupe Dio, on m’a viré en pleine tournée et puis, pendant des années après ça, ça a été toujours décrit comme si j’avais tourné le dos au groupe, ce qui est totalement faux, et ça m’a tellement blessé que je n’ai plus voulu en entendre parler. Donc pendant des années, je m’y suis opposé. Mais aujourd’hui je l’épouse à nouveau et, en gros, je reprends possession de mon héritage.

« La chose la plus importante dans mon combat contre le cancer est que ça n’impacte pas ma vie, ou au moins que j’arrive à maintenir l’impact au minimum, et c’était d’une importance capitale pour moi que je continue de travailler. »

Je sais que tu as qualifié Last In Line et Riverdogs de projets passionnels. Comment comparerais-tu la passion que tu as pour ces projets à Def Leppard ?

Def Leppard est un groupe très différent et j’ai toujours été le petit nouveau dans Def Leppard, même si ça fait vint-cinq ans. C’est comme Ronnie Wood dans les Rollings Stones : Ronnie est avec les Stones depuis trente et quelques années mais ça sera toujours Mick Jagger et Keith Richards, ce sera toujours leur groupe. Donc de bien des façons, je serais toujours un peu à la marge avec Def Leppard parce que je n’ai jamais été un membre originel. Aussi, Leppard est un groupe très particulier, et certainement à ce stade de sa carrière. Le groupe existe depuis quarante ans, donc le plan de carrière est très clair. Nous composons et nous enregistrons de manière très particulière avec Def Leppard. Riverdogs et Last In Line n’ont pas ces contraintes, ce sont des exutoires complètement créatifs. Nous ne nous retenons pas dans Riverdogs et Last In Line lorsque nous écrivons des chansons. Littéralement, nous allons dans une pièce et commençons à jouer, et nous voyons ce qui se passe. Def Leppard ne créé pas comme ça. Def Leppard est très particulier. Donc créer avec Def Leppard représente une perspective différente pour moi, personnellement, par rapport à Last In Line et Riverdogs. Il y a bien plus de liberté créative avec Last In Line et avec Riverdogs, et il est certain qu’il y a un périmètre plus large pour mon jeu de guitare. Def Leppard est davantage centré sur les chansons et sur le chant qu’il ne l’est sur la guitare. Il n’y a pas d’énormes solos de guitare dans Def Leppard, il n’y en a jamais eu, en dehors du fait qu’il y a deux guitaristes, moi et Phil. Donc ça ne sera jamais une vitrine pour cette virtuosité guitaristique que j’ai pu montrer dans les premiers albums de Dio, parce que c’est un tout autre animal.

Est-ce que ça signifie que tu as moins de passion pour Def Leppard ?

Pas du tout. En fait, lorsque je suis sur scène avec Leppard, même si je joue une majorité de chansons avec lesquelles je n’ai rien à voir… Car la majorité d’un concert de Def Leppard, à ce jour, consiste encore des albums Hysteria, Pyromania et Adrenalize. Nous jouons de nouvelles chansons issues de notre album le plus récent et nous continuerons à le faire mais de bien des façons, l’essentiel des concerts a toujours été pris dans des albums qui précèdent mon implication. Mais j’ai toujours une immense passion pour ce groupe, en fait plus que jamais. Le groupe joue mieux que jamais, parce que nous croisons les générations, nous voyons de plus en plus de jeunes gens dans notre public. Et lorsque nous voyons un public plus jeune venir d’année en d’année, ça ne fait que renforcer cette passion. En fait, sur la dernière tournée, je me suis fait plaisir comme jamais avec Def Leppard. Nous venons de finir la tournée le week-end dernier, et le groupe n’a jamais sonné aussi bien qu’aujourd’hui.

Non seulement vous croisez les générations mais vous croisez aussi les styles, comme le démontre votre dernier album…

Ouais, Leppard, ce type de groupe n’a jamais été réduit à un style. Def Leppard a toujours été autant influencé par AC/DC que Queen. Il y a plein de périmètres différents au sein de Def Leppard qui permettent de toucher à différents styles. C’est pour ça que je ne pense pas que Def Leppard refera un jour un album qui sonne comme High N’ Dry. Il se peut que nous fassions une chanson dans cette veine mais nous ne ferons jamais un album complètement comme ça. Le groupe est trop diversifié aujourd’hui pour faire un tel album. Avec Last In Line, c’est un rock très direct. Je veux dire que c’est ce qu’il reste du groupe Dio originel, donc ça sera toujours dans ce style. Riverdogs, avec l’album California, nous visions très, très clairement le son d’origine de Riverdogs, qui est un style rock heavy blues, Americana, soul mais hard. Donc pour moi, ce sont des groupes vraiment très différents. Je vois des délimitations très claires entre ces trois projets.

Avant de commencer à travailler avec Riverdogs pour la première fois, tu as été dans Whitesnake pendant une courte période de temps, tu as tourné avec eux de 1987 à 1988… Peux-tu nous parler de cette époque et ton expérience dans Whitesnake ?

C’était une super expérience parce que c’était exactement à l’apogée de l’époque MTV et le groupe était très centré sur l’image. Mais au niveau musical, c’était un groupe étrange parce que le pédigrée de tout le monde dans le groupe était impeccable. Tommy Aldridge à la batterie, Rudy Sarzo à la basse, David Coverdale, évidemment, au chant, Adrian Vandenberg et moi aux guitares, donc c’était un line-up extraordinaire et vraiment fort. Mais je ne sais pas si nous étions soudés musicalement. Le projet s’est constitué au dernier moment et la première chose que nous avons faite, avant même de jouer ensemble, était trois clips vidéos en une semaine [petits rires]. Et ensuite nous avons été en répétition, et nous avons répété pendant quelques jours et ensuite nous sommes partis en tournée pour ouvrir pour Mötley Crüe la semaine où l’album est sorti, et le groupe est monté en flèche dans le hit-parade. Je crois que l’album a été numéro un aux US, il était certainement dans le top cinq, et il s’est vendu à des millions d’exemplaires et, comme je l’ai dit, nous étions partout sur MTV. Donc le groupe était très porté sur l’image. Je ne sais pas, dans le court laps de temps où j’ai été dans le groupe, si nous avons vraiment noué des liens forts à un niveau musical à cause de la façon dont le groupe a été formé. C’était un groupe de maison de disques. Evidemment, John Sykes et David avaient composé et enregistré l’album et vers la fin de l’enregistrement, John et David se sont séparés. Donc personnellement, je n’avais pas du tout pris part à la musique sur l’album. J’étais là-dehors à essayer de jouer les parties de guitare de John Sykes, ce que dans une certaine mesure je pouvais faire parce que John et moi étions tous les deux vraiment très influencés par Gary Moore, nous avons tous les deux une main droite lourde sur le palm muting. Je ne dis pas que je peux jouer comme John, je trouve que c’est un guitariste exceptionnel, je pense qu’il est techniquement bien meilleur que moi, mais j’étais capable de simuler ce son dans une certaine mesure.

« Lorsque je claque une bonne note dans un solo de guitare et que je laisse sonner cette bonne note, je la ressens frissonner de ma tête jusqu’à mes orteils. Pour moi, la musique est la vibration de la vie. »

Aussi, à l’époque, je commençais vraiment à travailler sur moi-même en tant que chanteur et prendre des cours de chant, donc je pense que c’était une bonne chose, et j’ai trouvé David Coverdale très encourageant à mon égard en tant que chanteur. Il m’a vraiment donné plein de bons tuyaux et m’a vraiment encouragé à explorer cet aspect. Et c’était marrant ! C’était une tournée vraiment amusante et qui a été un énorme succès mais ça ne donnait pas le sentiment que nous avions évolué ensemble musicalement. Et ensuite, lorsque le moment est venu de faire un album, il y avait plusieurs trucs différents qui se passaient et qui faisaient que je savais que je ne resterais pas très longtemps dans le groupe [rires]. Il y avait plusieurs aspect à cette situation et c’est encore un autre sujet – on gardera ça pour un autre jour -, mais nous nous sommes quittés en bons termes. Je veux dire que j’aime beaucoup David Coverdale, j’aime tous les gars dans le groupe, nous nous entendions bien. C’est juste qu’il y avait des circonstances extérieures entre des épouses et ce genre de choses, donc il y avait des soucis. Et c’était aussi concomitant avec ma rencontre avec Riverdogs et les démos que j’ai produit pour eux. Donc c’était une transition pour moi. Comme je l’ai dit, c’était une tournée amusante mais je ne me suis jamais senti comme faisant partie de Whitesnake.

Ton tout premier groupe s’appelait Sweet Savage. Et ce groupe est au moins connu des fans de Metallica parce que ce dernier a repris la chanson « Killing Time ». Qu’est-ce que ça t’as fait d’entendre ça ?

J’étais très flatté ! Ray Haller, qui est le bassiste et chanteur de Sweet Savage et encore aujourd’hui mon meilleur ami, sonne comme James Hetfield. Il chante dans le style de James Hetfield. Je pense que James Hetfield a été beaucoup influencé par Ray et son style. Donc d’une certaine façon, c’était très flatteur que Metallica sonne comme Sweet Savage et c’était très flatteur qu’ils aient repris une de nos chansons dans Garage Days. Mais c’était aussi un peu frustrant, tu sais [petits rires], parce que Metallica est un des plus grands groupes de rock au monde et Sweet Savage n’est qu’un détail sans importance dans l’histoire. Mais c’est la vie ! (En français dans le texte, NDT)

Je sais que Sweet Savage a été actif ces dernières années. N’as-tu jamais songé à réintégrer le groupe ?

Non, pas du tout. J’ai suffisamment à faire. Je veux dire, Def Leppard, Riverdogs, Last In Line… Je fais un nouvel album de Last In Line, nous partons en tournée plus tard ce mois-ci avec Last In Line en Amérique et en Europe, l’album de Riverdogs est sort, j’ai deux enfants, j’ai un cancer que je dois encore traiter… Il n’y a que 24 heures dans une journée, je ne peux pas prendre plus de projet pour le moment.

En parlant du nouvel album de Last In Line, que peux-tu nous dire à son sujet ?

C’est vraiment bon ! Le style de composition a évolué. C’est un peu plus complexe que sur le premier album mais toujours super heavy. Nous avons environ cinq ou six chansons écrites pour le moment. Nous devons écrire le reste avant septembre. C’est très intéressant en fait. C’est comme le premier album mais un peu plus compliqué. Certains arrangements sur les nouvelles chansons sont un peu plus complexes. Et je pense qu’il y aura encore plus de guitare sur cet album. En fait, je dirais que j’ai sans doute joué de la guitare un peu plus agressive sur l’album de Riverdogs que sur l’album Heavy Crown, donc je me sens vraiment bien avec mon jeu de guitare, comme je l’ai dit plus tôt. Je me relâche, je me remets à jouer de manière agressive [petits rires]. Je dirais que ce sera un peu plus riffus que Heavy Crown et je prévois d’être un peu plus explosif sur les solos. Donc je suis surexcité à l’idée de faire l’album !

Tu as mentionné ton cancer que tu dois toujours traiter. Où en es-tu ?

Il y a une merveilleuse série de nouveaux médicaments pour combattre le cancer qui ont fait l’objet d’essais à travers le monde et en particulier ici aux US. Donc au cours des deux dernières années, j’ai pris un médicament qui s’appelle Pembrolizumab. Ça a été utilisé pour traiter un certain nombre de cancers. C’est de l’immunothérapie – c’est le terme générique qu’ils donnent à ces médicaments – et ça semble marcher sur moi. Ca ne réduit pas forcément les tumeurs mais ça les maintient sous contrôle. Donc pendant deux ans, les tumeurs n’ont pas augmenté. Il y a très, très peu d’effet secondaire avec ce médicament, et il se trouve que je fais partie des chanceux pour qui ça fonctionne. Parce qu’il semblerait qu’ils ne fonctionnent que pour environ vingt-cinq pour cent de la population qui les a essayé. Je suis donc un des chanceux pour qui ça fonctionne. Peu d’effet secondaire, je ne perds pas mes cheveux, je ne deviens pas malade… Il faut juste que je prenne ce traitement une fois par mois. Donc je vais continuer à faire ça à moyen terme, et ça marche vraiment pour moi parce que je peux continuer à vivre ma vie, je peux continuer à travailler. Ils font de remarquables progrès dans le traitement contre le cancer avec ces médicaments, c’est de la grande science, c’est assez impressionnant.

Tu as tous ces groupes et projets tout en continuant à te battre contre le cancer, c’est assez remarquable…

Tu sais, j’ai eu du mal à convaincre les gars dans Def Leppard de ça mais je pense que je les ait eu à l’usure [rires] : la chose la plus importante dans mon combat contre le cancer est que ça n’impacte pas ma vie, ou au moins que j’arrive à maintenir l’impact au minimum, et c’était d’une importance capitale pour moi que je continue de travailler. Par exemple, d’abord, ils voulaient que je prenne des congés et reste à la maison pour traiter le cancer. Ça aurait été la peine de mort pour moi. Je ne peux pas capituler face à cette maladie, il faut que je poursuive ma vie. Et en fait, de bien des façons, ça a gonflé mon désir de travailler. Tu as demandé plus tôt pourquoi je m’investis dans autant de projets : tu sais, la vie est courte et lorsqu’on te diagnostique un cancer, ça te fait vraiment comprendre ça avec une grande force. Donc je me suis rendu compte que nos années à tous sont limitées [petits rires]. J’ai encore beaucoup d’ambition.

Dirais-tu que la musique t’aide à te battre contre le cancer ?

Absolument ! Ouais. Ça résonne. Lorsque je claque une bonne note dans un solo de guitare et que je laisse sonner cette bonne note, je la ressens frissonner de ma tête jusqu’à mes orteils. Pour moi, la musique est la vibration de la vie. Ça aide absolument, ouais.

Interview réalisée par téléphone le 1er juillet 2017 par Nicolas Gricourt.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Kelsey Danzeisen (2, 3, 5, 6, 7).

Site officiel de Riverdogs : www.riverdogsmusic.com.

Acheter l’album California.



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