Le nouvel EP de Torche s’intitule « Songs For Singles », soit « Chansons Pour Célibataires ». L’album présente une pochette blanche avec le titre et le nom du groupe écrit avec d’élégantes lettres roses. A vrai dire, on pourrait presque croire qu’il s’agit d’un faire-part de mariage.
Les mariages sont souvent des endroits propices aux rencontres. Certains individus y vont même uniquement pour ça – oui, Metalo, je te connais bien. Le mariage, c’est une célébration de l’amour qui unit deux êtres humains. Même si on sait pertinemment que cela aboutira, probablement, un jour ou l’autre, à une vilaine séparation (selon les dernières statistiques en France un mariage sur trois finit en divorce et un sur deux dans les villes), on se laisse quand même emporter par la magie de l’événement ; ou alors on va jouer avec les gosses qui chahutent à la table imbibée d’Oasis. Bref, pour vous les cœurs sensibles et solitaires, on comprend que les mariages peuvent donner des idées. Surtout que la jeune fille sexy là-bas, dans sa robe moulante et exhibant un décolleté tout à fait charmant, vient de vous jeter un joli regard il y a tout juste deux minutes.
J’espère d’ailleurs pour vous que vous n’avez pas encore été à la table des marmots, parce qu’autrement, à l’heure qu’il est, il est fort probable que la marée d’Oasis ait atteint votre pantalon. Quoique, la maladresse a aussi son charme. Toujours est-il que Torche, c’est exactement ça : une grande fête de mariage propice aux rencontres. Plus précisément, le mariage de ce gros dégueulasse de sludge qui officialise son union avec l’élégante mélodie pop. Il ne faut pas se leurrer, les unions ne sont pas toujours logiques. Qui ne s’est jamais surpris à dire « mais comment ce mec peut-il se taper une bombe pareille ? » ou « oh mais le type il est aveugle ou quoi ? il ne voit pas le laideron qui lui tient la main ? ». Ben oui, mais c’est dans les mariages improbables que naissent souvent les plus beaux enfants. Torche en est la preuve éclatante.

Tiens, l’autre jour je me suis acheté l’album Meanderthal, le second album de Torche justement, et un petit texte de présentation sur une étiquette m’a interpellé. En voici la traduction approximative : « Appelez ça le dernier et meilleur classique de stoner pop/thunder rock/doom pop réalisé par Steve Brooks, la tête pensante de Torche, et ses compères, les héros de l’accroche musicale. Appelez ça le plus sucré, le plus accrocheur, le plus énorme des colosses à riffs depuis Sky Valley. Merde, appelez ça « l’album de l’année » si vous le souhaitez. C’est ce que nous visons de toutes manières. »
Wow, ça c’est sacrément prétentieux ! Et s’il y a bien un truc que j’adore, à titre personnel, c’est la prétention. Pourquoi ? Parce que, soit le type est un mythomane qui débite dans le vide sans pouvoir, dans les faits, assumer un traître mot. Auquel cas il tombe dans le ridicule et le ridicule, quand c’est bien fait, c’est super drôle. Ou alors, les propos se vérifient et dans ce cas, respect – n’en déplaise aux culs coincés pour qui « ça ne se fait pas de se mettre en avant, il faut rester modeste, bla bla ». Il y a un vrai risque à être prétentieux, il faut pouvoir l’assumer. Et puis la prétention, c’est le début de l’ambition. Il faut non seulement savoir mettre la barre haute pour dépasser les foules mais il faut aussi savoir jauger la hauteur de la barre pour pouvoir espérer la surpasser.
On en vient justement à la seconde signification de ce titre « Songs For Singles ». Autrement dit, on nous annonce que l’album est bourré de tubes. On a pas fait plus prétentieux depuis l’Album Of The Year de Faith No More. Mais à l’instar de ce dernier, ce n’est pas sans une once de provocation envers une industrie qui fonctionne à coups de singles formatés. Songs For Singles c’est huit titres aux riffs bien épais et baveux, menés par une voix étonnement pop rock. Étonnante, aussi, la créativité avec laquelle le groupe parvient à élaborer des titres accrocheurs et, surtout, très courts, ne dépassant que rarement les trois minutes. C’est sûr, si on ose encore appeler ça du sludge, c’est avec des pincettes. Je vois d’ici les inconditionnels de la mélasse lourde et hargneuse des Eyehategod, Crowbar et consorts crier au scandale – n’est-ce pas Fucktoy ? D’un autre côté, c’est aussi cette impertinence qui confère tout son charme à Torche.
Alors, même si ce Songs For Singles ne sera pas au goût de tout le monde, il y a fort à parier qu’il permettra à certains de vivre une belle rencontre. Et qui sait ? Peut-être y trouveront-ils le grand amour !
« Vous Souhaitez Raviver La Femme ? Torche Est Là ! »
ralala t’a pas pu t’empêcher d’écrire un article pour recaser ton jeu de mot…
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Je signale également que le groupe était passé au Hellfest 2009 pour une bonne claque live. Voici un lien qui vous permettra de vous remémorer ce grand moment tout en vous donnant envie de (re)voir la formation américaine sur scène.
http://www.radiometal.com/article/hellfest-2009-a-clisson–journee-du-vendredi-,434/fr
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