Il n’y a pas plus simple et spontané que le parcours de Wild Dawn. Leurs débuts vous rappelleront peut-être des souvenirs, car ils sont ceux qu’ont connu beaucoup de groupes : des lycéens faisant de la musique dans un garage, sans autre ambition que celle de se faire plaisir. Et cette notion de plaisir, le groupe – qui a par ailleurs eu la chance de rester uni jusqu’à aujourd’hui – ne l’oublie pas. Le plaisir, la simplicité et la spontanéité s’expriment à tous les niveaux chez Wild Dawn, que ce soit dans le choix du nom du groupe que de la manière de composer ou le look.
C’est cet état d’esprit que l’on entend dans Bloody Jane’s Shore, leur nouvel EP – c’est ainsi qu’ils le qualifient malgré plus de 40 minutes au compteur, pour six titres bien rock n’ roll et trois autres de leurs opus précédents réarrangés en acoustique. A l’occasion de sa sortie, nous nous sommes entretenus avec le chanteur/guitariste Greg pour aborder ce parcours sans prises de tête, musicale comme humaine.
« Il ne faut pas oublier une chose, c’est qu’on ne fait que de la musique et je trouve que c’est important d’avoir un côté un peu spontané dans le Rock’n Roll. »
Radio Metal : Pourrais-tu présenter le groupe pour ceux qui ne le connaissent pas encore ?
Greg (chant) : Oui bien sûr ! Alors nous c’est Wild Dawn, ça fait maintenant six ans qu’on existe, on vient d’Orléans. Nous avons à notre actif deux albums, un EP et on est en train de faire la promo d’un second EP qui s’appelle Bloody Jane’s Shore.
Dans une interview, vous avez déclaré que vous aviez choisi le nom Wild Dawn simplement parce qu’il sonnait bien. Pour toi cette spontanéité, ce côté pas trop réfléchi, est-il important dans le rock’n’roll ? Est-ce que tu penses que c’est central dans le rock ?
Comme tu le dis, on a trouvé ce nom parce que ça sonnait bien, on ne se prenait pas la tête. Il ne faut pas oublier une chose, c’est qu’on ne fait que de la musique et je trouve que c’est important d’avoir un côté un peu spontané dans le rock’n’roll. Et justement dans cet EP, la ligne directrice c’est « on fait ce qui nous plaît, on joue ce qui nous plaît de la façon dont on l’entend sans se prendre trop au sérieux ». Mais avec rigueur quand même parce qu’on ne joue pas de la musique n’importe comment. Mais en effet, ce côté « sans se prendre la tête » est vraiment une ligne de conduite qu’on veut garder.
Tu dis « Ce qu’on fait, c’est que de la musique » donc justement, est-ce que tu penses qu’il y a des artistes qui prennent un peu trop le melon par rapport à ce qu’ils font ? Des artistes qui se croient investis d’une sorte de mission alors qu’au final ils ne font que de l’art, soit quelque chose qui a pour but de divertir.
Oui, tu as mis les mots justes. Après je ne citerai aucun groupe, je n’ai pas envie de me faire des ennemis (rires) mais c’est vrai que ce n’est que de la musique. Il ne faut pas oublier qu’à l’origine tout le monde a commencé par faire de la musique parce qu’on aimait ça. On aimait jouer entre potes, que ce soit dans un garage, une chambre, une salle de concert ou un Zénith. Ça reste quand même un art et il ne faut pas non plus trop réfléchir, il faut juste le faire bien en fait.
En écoutant l’album, je me suis rendu compte que ton chant peut parfois rappeler celui de James Hetfield (Metallica). Est-ce une comparaison que tu acceptes et si oui est-ce fait volontairement ?
C’est marrant que tu me dises ça, ça fait plusieurs fois qu’on me pose cette question. C’est clair que comme beaucoup j’ai commencé avec Metallica. Quelque part, la comparaison est en effet flatteuse pour moi mais je ne cherche pas du tout à copier. Même si Hetfield peut avoir de l’influence sur moi, en tout cas je le prends comme un compliment. J’essaie aussi de faire évoluer ma voix au fil des albums parce qu’à la base, on a commencé le groupe à une période où j’étais pas chanteur, mais maintenant ça fait six ans que je chante pour Wild Dawn. Donc j’essaie de faire évoluer ça, sans copier ou essayer de faire comme. C’est certain que les influences peuvent jouer et Metallica reste une de mes premières influences. Je pense d’ailleurs que ça le restera.
Les membres de Wild Dawn se connaissent depuis le lycée et justement la période où tu sors du lycée est une période qui peut être considérée comme charnière où on évolue beaucoup. Ainsi il est parfois possible qu’en grandissant la bande de potes évolue dans des directions complètement différentes. Or pour vous ce n’est visiblement pas le cas. Donc est-ce que tu as cette sensation, avec tes amis du groupe, que vous avez évolué dans le même sens ?
C’est une question super intéressante ! Je ne me l’étais jamais posée cette question. Mais c’est vrai qu’à l’époque, on sortait des études pour ainsi dire et on a en effet évolué dans le même sens, parce qu’on fait de la musique depuis toujours et on a développé une espèce d’alchimie entre nous qui fait que ce serait compliqué de jouer avec d’autres musiciens. Le destin fait qu’on évolue plus ou moins dans le même sens.
De par le fait que vous avez commencé ensemble, et que vous allez continuer ensemble, penses-tu que le line-up doit rester le même quoi qu’il arrive ?
Ce line-up, il perdure depuis le début du groupe. Je pense que pour une question d’homogénéité ce serait plus intéressant que le groupe reste avec le même line-up. Il faut essayer de la faire perdurer un maximum. On s’y retrouverait car pour composer les morceaux on a développé cette espèce d’esprit de groupe qui fait que quand on arrive avec un riff en répète, la basse vient par dessus, la batterie se rajoute etc. Du coup finalement on arrive à se trouver assez facilement et on retombe sur les mêmes bases parce que ça fait longtemps qu’on joue ensemble, six ans. Et même si c’est moins que d’autres artistes, c’est déjà quelque chose d’important. Donc oui, le line-up doit rester le même. Il est une chance qui nous permet d’évoluer plus vite.
Quand on regarde vos visuels ou vos photos promos, la métaphore qui revient le plus est celle du bûcheron avec les chemises à carreaux. Peux-tu nous expliquer d’où vient ce concept récurrent ?
Tout a démarré la veille d’un gros concert sur Paris, au Divan du Monde pour être précis. Je buvais un verre avec un journaliste que je connais très bien et il m’a dit : « Il faudrait que vous trouviez quelque chose, par exemple, Metallica c’est les hommes en noir ; Les Beatles, ils étaient tous en costard, trouvez un truc dans le même style ! Par exemple je vous ai vus à tel concert sur Orléans et vous portiez tous des chemises à carreaux, ça claquait ! Demain portez tous une chemise à carreaux pour voir » Et du coup on a essayé, on est arrivé au concert en chemise à carreaux et ça le fait parce qu’en fait, les gens nous avait identifiés dans les compte-rendus comme les mecs avec les chemises à carreaux. Donc du coup, on a investi le truc et maintenant on le lâche plus ! (rires)
Et vous avez le soutien d’une marque qui fait essentiellement ça ?
(rires) Oui oui, une marque de bûcheronnage, exactement ça ouais !
Et tu penses que vous allez continuer à fond dans cette imagerie-là même dans les clips ?
Oui oui, c’est vraiment intéressant d’essayer d’avoir une image cohérente parce qu’avec la pléthore de groupes qui existe actuellement, arriver à se démarquer d’une manière ou d’une autre – que ce soit par l’image, par un fond bien particulier ou une attitude de scène – c’est quelque chose qui nous semble intéressant. Et effectivement ce côté un peu roots, chemises à carreaux, ce côté un peu »badass », ça nous fait marrer en tout cas, on le prend pas au sérieux plus que ça, mais vraiment ça nous fait marrer de jouer cette carte-là.
« On est arrivé au concert en chemise à carreaux et ça le fait parce que en fait, les gens nous avait identifiés dans les reports avec les chemises à carreaux. Donc du coup, on a investi [rires] ! »
D’ailleurs puisque vous êtes des bûcherons, est-ce que la forêt vous inspire ?
Il faudra que j’écrive un morceau dessus mais pour l’instant la forêt ne m’a pas trop inspiré au niveau des paroles mais on pourrait y venir effectivement (rires).
Sur votre Facebook, vous avez récemment parlé de quelque chose que seuls les gens qui ont déjà eu des groupes peuvent comprendre : ces noms absurdes qu’on donne aux morceaux quand ils sont au stade de versions de travail et qu’on commence à les répéter. Donc peux-tu nous parler un petit peu de comment tu passes du stade où ton morceau s’appelle « Riff à la viande » par exemple au stade où tu as un vrai morceau avec un vrai thème et un vrai titre ? Comment tu fais évoluer ça ?
En fait, au début tu arrives avec un riff tout simple, enregistré généralement sur un fond portable tout moisi et puis tu brodes dessus, tu passes trois ou quatre heures en répète sur ce morceau-là, et puis arrive le moment où le chanteur est un peu feignant, il n’a pas encore écrit les paroles dessus, mais il faut bien les nommer parce que mine de rien il faut s’y retrouver. Et à cette époque, il fallait trouver des noms parce qu’on enregistrait sur un enregistreur numérique pour pouvoir les réécouter chez nous et pouvoir les réarranger en fait. Et l’enregistreur veut un nom, donc on était devant et on cherchait, du coup, il y en avait une qui s’appelait « accordeur » parce qu’il avait fallu mettre un accordeur ou une autre qui s’appelait « balaria ». Tu te retrouves avec des noms à la con puis arrive le moment où le chanteur se met au boulot, il écrit les paroles et après tu essaies de broder autour d’un thème, de raconter une histoire qui t’intéresse. Puis vient enfin le moment fatidique où on peut donner un nom au morceau. Mais il arrive encore que notre batteur, qui ne parle pas un mot d’anglais, appelle encore les morceaux comme c’était dans l’enregistreur numérique (rires) ! Je crois qu’un morceau s’appelle , « Greg » donc mon batteur appelle ce morceau « Greg » ! (rires)
Il est probable que les groupes fassent un peu pareil et appellent leurs morceaux par leurs noms de travail et pas par leurs vrais noms. Mais est-ce que c’est arrivé que le nom à la con devienne une inspiration pour les paroles du morceau ?
(Il réfléchit) Je ne crois pas encore, mais ça pourrait être très drôle. Il faudrait que j’y réfléchisse mais je mettrais un nom un peu moins à la con que ce qu’on avait parfois. Mais nan pas encore, je crois qu’à chaque fois on essaie de faire un effort sur le nommage. Mais ça pourrait être intéressant, voire rigolo.
(Rires) Dans une interview, tu as déclaré que lorsque vous avez commencé le groupe et que tu devais donc écrire des paroles, tu le faisais avec ton niveau d’anglais que tu avouais ne pas être fantastique. Comment est-ce que tu as évolué à ce niveau ? Est-ce que tu sens que tu as progressé ?
Oui disons qu’au début j’écrivais tout seul dans mon coin et les paroles n’avaient pas de sens très profond. J’écrivais en toute modestie et avec le temps j’ai évolué puisque je suis passionné d’anglais aussi. J’ai gagné en accent, en vocabulaire, en plein de choses. Du coup maintenant j’arrive à donner plusieurs sens, à faire dans l’abstrait dans les paroles de manière à ce que les gens puissent se l’approprier s’ils décident de traduire les paroles mais par contre quand j’écoute ce que je faisais avant j’ai du mal.
Alors comment dit-on « bûcheron » en anglais ?
(il réfléchit) Je sais pas, Timberman ? C’est quelque chose comme ça je crois mais je ne pourrais pas te dire le terme exact !
Moi-même je ne sais pas ! C’était pour te piéger… (rires) Sur le disque il y a un morceau un peu particulier à la fin de l’album qui s’appelle « S.A.D ». Est-ce que tu peux me dire ce que ce nom de morceau signifie ? Il a l’air d’être un peu particulier dans l’album…
En fait, il s’agit de trois morceaux acoustiques qu’on a mis en bonus à la fin de cet EP et qui sont des réarrangements de trois morceaux qu’on avait sur notre précédent album, Pay Your Due. A l’origine, on ne savait pas si on pouvait les incorporer dans l’EP mais on les avait enregistrés parce que pour la promo du dernier album on avait beaucoup de demandes pour jouer dans des radios, et pour jouer de manière « amplifiée » c’est compliqué. Donc on nous a demandé si on pouvait faire de l’acoustique et du coup on avait trois morceaux qui se prêtaient bien à l’arrangement acoustique. On avait enregistré ces trois morceaux-là et on les avait diffusés sur YouTube pour donner envie de nous suivre. On a décidé de les mettre dans l’EP car on les avait enregistrés et remastérisés donc il aurait été dommage de ne pas les intégrer. Et c’est marrant parce que beaucoup de gens sont interpellés par ces trois morceaux acoustiques. Comme ces derniers montrent une autre facette du groupe, c’est un bonus sympa.
Pour terminer, peux-tu nous parler de la pochette qui est vraiment très belle et assez originale ?
Eh bien cet EP a été composé avec un pote, Nico, qui voulait travailler avec nous depuis longtemps mais on n’avait pas forcément eu l’opportunité. Là ça s’est goupillé correctement donc on a pu enregistrer tout ça. J’ai écrit les paroles pour Wild Dawn et je suis tombé sur Bloody Jane’s Shore au niveau du troisième titre de l’EP, et pour continuer dans la lignée des potes, on a demandé à notre pote Pierre de nous faire l’artwork. Un artwork qui serait super symbolique et comme il était super emballé je lui ai dit : « Tiens, voilà les paroles de Bloody Jane’s Shore, je te dis rien, tu te débrouilles et tu nous sors une pochette » Il nous a répondu « OK les mecs, je bosse dans mon coin et je vous montre le résultat final, ça vous plaît ou pas, ça sera comme ça » Et Bloody Jane’s Shore quand je l’ai écrite, je raconte une histoire, différentes histoires, et là j’avais un thème post-apocalyptique à la Mad Max. Et c’est marrant parce que j’en ai parlé aux potes et Pierre m’a mis la pochette sous le nez et c’était exactement ce que j’avais en tête ! Pierre est vraiment talentueux et il nous a donc gratifiés d’une pochette de toute beauté.
Interview réalisée par téléphone le 9 avril 2015 par Philippe Sliwa.
Retranscription : Jonathan Beal.
Site officiel de Wild Dawn : wilddawn.com.
Je les ai vu en concert il y a à peu près 1 mois. Ils sont vraiment excellent. J’espère qu’ils se feront un nom en continuant, y’a moyen !