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Chronique Focus   

Witchcraft – Black Metal


Il a fallu attendre quatre ans pour profiter du nouvel opus de Witchcraft. Nucleus (2016) proposait une sorte de rock psychédélique/progressif riche et subtil qui illustrait toute l’étendue des talents de songwriter de Magnus Pelander, à la fois guitariste et chanteur. Black Metal, le dernier-né labellisé Witchcraft a justement des airs d’œuvre solo. Malgré l’existence de son projet Pelander, auteur de l’album acoustique Time en 2016, Magnus a curieusement décidé d’utiliser le nom de Witchcraft pour un assemblage de compositions similairement épuré : sa guitare et sa voix, rien de plus. Pas de basse, pas de batterie. Black Metal joue avec son titre, la noirceur se trouve dans l’émotion véhiculée par les compositions. La pochette est d’ailleurs blanche, sans artifice, loin des clichés du genre. Il n’y a aucune manifestation de violence ou d’agressivité. Black Metal a de quoi dérouter ceux qui désiraient un prolongement de l’expérience Nucleus.

Black Metal consiste donc en sept titres acoustiques minimalistes. Les méthodes d’enregistrement sont elles-mêmes rudimentaires et renforcent la proximité avec l’auditeur : on entend chaque contact avec les cordes et même le léger souffle du micro qui sature parfois lorsque Magnus appuie sa voix. Le titre d’ouverture, « Elegantly Expressed Depression », illustre le programme de Magnus : des chansons à fleur de peau et une certaine recherche esthétique. Magnus en vient à maudire l’amour en empruntant un timbre qui évoque indéniablement la musique folk des années 60. « Sad People » va jusqu’à proposer un jeu presque inexistant : des cordes piquées et des accords déliés entrecoupés de la voix de Magnus. Ce dernier parvient à la fois à façonner une atmosphère de quiétude, propice à l’introspection, et à communiquer une tristesse profonde. Comme si Witchcraft s’était donné pour objectif de frapper l’auditeur le plus fort possible avec un arsenal le plus minimal possible. Magnus laisse le temps aux compositions de se développer sans pour autant ajouter davantage d’éléments : « Grow », titre qui évoque l’érosion inévitable de l’être et le désœuvrement progressif provoqué par la vieillesse, dépasse les sept minutes. Si l’on tend l’oreille, on en vient à déceler plusieurs nuances de jeu, que ce soit dans les accents, les cordes volontairement frottées et les pincements laissés intentionnellement. L’auditeur se trouve face à Magnus, sans avoir l’impression d’être convié. Celui-ci sembler jouer sans se soucier de ce qui l’entoure.

Black Metal ne se parcourt pas aisément. La lumière est quasi absente, seuls quelques élans mélodiques, toujours mélancoliques, se détachent légèrement de la noirceur de l’opus à l’instar des arpèges de l’introduction de « Free Country ». Rien d’optimiste cependant, simplement une mélodie un tantinet plus fournie. « Sad Dog » reprend le même processus, des mélodies d’arpèges qui se décomposent progressivement pour laisser de grands silences seulement comblés par la voix de Magnus. Le pont de « Sad Dog » contient toutefois un nouvel ingrédient, des notes de piano aiguës et discrètes qui viennent ponctuer les accords les plus appuyés de l’opus. La conclusion « Take Him Away » utilise un procédé stéréo particulier que l’écoute au casque souligne le mieux : la guitare ne s’entend que de l’oreille droite pour laisser la voix de Magnus remplir l’espace laissé à l’oreille gauche. Black Album est une expérience peu surprenante lorsqu’on connaît la personnalité de Magnus Pelander, complètement détaché des impératifs économiques liés à sa musique. Cependant, Black Metal peut légitimement laisser les amateurs de Witchcraft sur leur faim. L’émotion est bel et bien là mais la surinterprétation volontaire de sentiments négatifs pourrait en rebuter certains. De même que le jeu de contraste entre le titre de l’opus Black Metal et ses compositions dépouillées n’a rien de subtil ou d’inédit. Oui, c’est l’interprétation qui est gage de puissance et non les artifices. Le titre de Witchcraft indique sans se forcer ce que de nombreux autres artistes mettent déjà en valeur.

Black Metal est beau, l’interprétation de Magnus Pelander est saisissante si elle est éprouvée dans le contexte qui lui sied. Il faut lui allouer du temps et de l’attention pour se laisser transporter, le risque étant de subir une complainte interminable si notre état d’esprit ne s’y prête pas. L’entreprise est peut-être prétentieuse, à l’instar de cette allusion éculée au fond et à la forme dans le titre, principe artistique obsolète. Il y a tout de même une force unique et une audace indéniable, conséquences de la mise à nu de Magnus.

Chanson « A Boy And A Girl » :

Chanson « Elegantly Expressed Depression » :

Album Black Metal, sortie le 1er mai 2020 via Nuclear Blast. Disponible à l’achat ici



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