Trois ans après un Celestial Lineage qui avait fait grand bruit dans le monde du black metal, les Américains de Wolves In The Throne Room reviennent à pas de loup avec un nouvel opus plus expérimental et lunaire. Lorgnant sur les terres de la musique ambiante voire drone, les cinq titres de Celestite se déroulent patiemment, lents et épiques, donnant l’impression que les musiciens ont souhaité ériger une nouvelle bande-son pour 2001, L’Odyssée De L’espace. La part belle est faite aux sonorités électroniques qui contribuent à l’édification d’une musique solennelle et aérienne, comme sur « Turning Ever Towards The Sun », titre d’ouverture et véritable cathédrale sonore qui permet à l’auditeur d’entrer tranquillement dans une ascension lumineuse d’une cinquantaine de minutes. La traversée ne se fait pas sans encombres puisqu’un ciel orageux s’invite en cours de route (« Initiation At Neudeg Alm », chanson la plus bruitiste de l’effort), mais celui-ci laisse vite place à des sons plus consensuels et légers.
Cependant, une fois passé le voyage, que reste-t-il à part une vague sensation de bien-être procurée par l’aspect relaxant de ces nappes de son flegmatiques ? Égarés dans l’espace, les membres de Wolves In The Throne Room ne vont-ils pas décontenancer les fans de la première heure de la formation ? C’est en effet un risque, tant les musiciens semblent cette fois-ci avoir voulu faire disparaître leurs influences black metal au profit de leur penchant atmosphérique pur : on ne trouve sur cet opus ni guitares saturées, ni parties vocales, ni le son rugueux qui faisait l’identité du groupe. Un peu de manière similaire à Katatonia avec son opus Dethroned & Uncrowned (2013), c’est en retirant l’instrumentation metal du mix de leur dernier album qu’ils en sont venus à l’idée de développer ces ambiances, comme une extension des passages les plus vaporeux déjà proposés dans Celestial Lineage. Et si Celestite est considéré comme le compagnon de ce dernier, là où l’un contemple le ciel depuis la terre ferme, dure et accidentée, l’autre navigue directement au beau milieu des nuages, éthérés et insaisissables.
Avec une telle expansion (ou détournement) de leur univers sonore, cet album pourrait laisser penser que le duo – mais ici accompagné d’une myriade d’invités pour jouer des synthétiseurs ou autres instruments à vents en tous genres – américain est parti sur les traces d’un autre loup : Ulver. Direction définitive ou parenthèse expérimentale ? La question est pour l’instant en suspens, même si le groupe a déjà affirmé qu’il ne s’agissait que d’un projet studio, mais Wolves In The Throne Room pourra sans nul doute conquérir de nouvelles terres musicales avec ce nouvel effort insolite pour base.
Ci-dessous le titre « Celestite Mirror » :
Album Celestite, sorti le 7 juillet chez Artemisia Records.