Yngwie Malmsteen. Pour certains, évoquer le nom du guitar-hero suédois revient à scander « génie », pour d’autres « mégalomanie ». Il y a évidemment une certaine extravagance chez le personnage, qui s’exprime autant par sa permanente que par un jeu de guitare virtuose, inspiré de la musique classique et qui lui a valu d’être associé à un style qu’il a ainsi façonné, le « néoclassique ». Pour autant, l’inspiration de Malmsteen ne se résume pas à une formation classique : le blues a toujours occupé une partie de sa culture musicale, c’est même par là qu’il a commencé, et c’est justement là que Blue Lightning intervient. Le dernier opus du guitariste a pour dessein de livrer un vibrant hommage au blues rock, quitte à bousculer certaines idées préconçues sur sa personnalité artistique, ou à bousculer certains standards du genre…
Il faut savoir que ce qui a amené Malmsteen à jouer définitivement de la guitare, c’est de voir Hendrix brûler son instrument. C’est ce que veut entériner Blue Lightning, le profond attachement au blues qu’a Yngwie, et ce dès les origines. La méthode de travail de celui-ci n’a pas réellement changé pour l’occasion, par rapport à ses deux derniers albums : Yngwie Malmsteen s’occupe de tout, tout seul. De la production au chant en passant par la boîte à rythme. Difficile de nier l’impressionnante charge de travail qu’il peut accomplir et surtout réussir. Dans l’ensemble, Blue Lightning est assez équilibré : certes la guitare reste l’instrument-roi, mais on retrouve une présence de la basse bienvenue, avec un claquant dès les premières secondes de « Blue Lightning » ; on déplorera en revanche la rigidité de la batterie. La voix de Malmsteen n’a rien d’exceptionnel ni de dérisoire. Il y a une certaine touche de kitsch lorsqu’il élève le ton pour certains refrains, à l’instar de « Blue Lightning », et un registre vocal monolithique, mais sincèrement, qui écoute Yngwie Malmsteen pour le chant ? Blue Lightning laisse transparaître les influences blues d’emblée. Les compositions originales de Malmsteen présentes sur l’opus s’efforcent de démontrer sa maîtrise des codes du genre, que ce soit via la rythmique enlevée de « 1911 Strut » ou le plus lent « Sun’s Up Top’s Down ». Impossible de ne pas reconnaître tous les ingrédients du blues classique, jusqu’à admettre qu’Yngwie Malmsteen se plaît à exécuter des archétypes. Seul « Peace Please » n’accentue pas le trait « blues » et prend une allure de pseudo-ballade avec son florilège de notes néoclassiques si caractéristique de Malmsteen. Le choix des reprises présentes sur l’opus reflète explicitement la philosophie de Blue Lightning. « Foxie Lady » et « Purple Haze » d’Hendrix, « Blue Jean Blues » de ZZ Top, « Smoke On The Water » de Deep Purple… Yngwie Malmsteen reste proche des originaux, du moins en apparence…
Oui, Malmsteen ne s’est pas adonné au mimétisme. Que ce soit dans ses compositions ou dans ses reprises, la « virtuosité » fait toujours irruption. Le solo de « Smoke On The Water » n’aura jamais été aussi dense, tout comme « Forever Man » d’Eric Clapton. Que Malmsteen s’adonne à un frottage de manche effréné lors de ses propres titres, ça ne choquera personne : même sous couvert d’artifices blues, on retrouve tous les gimmicks du musicien qui lui valent sa réputation. Le problème, c’est de déceler l’intérêt de livrer des soli complètement débridés sur des titres qui justement n’en avaient pas besoin et brillaient par leur sobriété voire leur finesse. Yngwie Malmsteen en vient à dénaturer le propos initial, le rend pompeux et vient littéralement neutraliser toute émotion qui pouvait subsister. La myriade de notes de « Demon’s Eye » – un choix de connaisseur dans la discographie de Deep Purple qu’on pouvait pourtant saluer – frise l’absurde et finit par faire oublier l’efficacité du riff principal. Même constat pour « While My Guitar Gently Weeps », dont la trame et la mélodie en deviennent anecdotiques, voire superflus, au milieu de ce qui s’apparente à un long solo de guitare tout sauf « gentle ». Au terme de l’écoute de Blue Lightning, on en vient à trouver le procédé assommant voire difficile à supporter – dont le paroxysme est atteint avec « Blue Jean Blues » et ce décalage entre l’atmosphère délicate du titre original et l’expression outrancière de la guitare. Le talent n’excuse pas tout. Si l’on n’est pas dans une démarche de curiosité, Blue Lightning n’aura d’intérêt que pour les aficionados du guitariste.
Blue Lightning laisse circonspect lorsque Yngwie Malmsteen dévoile ses propres compositions : rien de nouveau, si ce n’est une base blues académique prononcée, mais rien de foncièrement désagréable non plus, du moment qu’on n’est pas allergique au style du guitariste. Il pourra en revanche aller jusqu’à agacer quand il s’agit de rendre directement hommage aux monuments du genre. On peut louer la volonté de ne pas recopier, trait fondamental d’une bonne reprise. On peut aussi déplorer que Malmsteen galvaude en permanence ce qu’il touche sur cet opus. Blue Lightning propose un arrière-goût de souillure.
Lyric vidéo de la chanson « Blue Lightning » :
Encore une fois, à quoi sert la critique ?
Certains encenseront, d’autres dénigreront.
Que chacun se fasse son idée en silence.
L’art est subjectif et n’engage que soi.
Avant d’acheter quelque chose, je demande leur avis à des gens qui s’y connaissent et à qui je fais confiance. Ce qui ne veut pas dire que je suivrai forcément leur avis, mais la critique permet d’aider à prendre des décisions en connaissance de cause.
Et parfois, accessoirement, de faire connaitre des choses : j’ai découvert un paquet de trucs chouettes via des critiques faites sur ce site ou sur d’autres, ou par des amis.
Refuser la critique est absurde.
Refuser la critique n’est pas absurde (c’est d’ailleurs une affirmation qui n’engage que vous. Vous devriez dire « je pense que la critique est absurde »).
c’est un des problèmes de notre monde.
Les gens vivent leurs expériences par des truchements au lieu de s’investir ou s’informer.
Ce n’est pas la place de ce débat mais je pense que payer des critiques pour dire ce qu’il pense de quelque chose n’est pas normal (je ne parle pas forcément de vous puisque je sais que vous devez être tous bénévoles et au passage bravo pour ce site que j’adore).
La seule critique valable à mes yeux serait : « faites vous votre propre opinion « .
Mais bon, c’est sûr qu’après, beaucoup de médias fermeraient boutique…
« c’est d’ailleurs une affirmation qui n’engage que vous. Vous devriez dire « je pense que la critique est absurde » »
Relisez-vous, vous réaliserez peut-être que vous passez votre temps à affirmer des trucs sans la moindre nuance 😀
Avez-vous le temps de tous écouter, de tout voir, de vous faire un avis sur tout par vous-même ? Moi non. Et c’est techniquement impossible : notre temps est limité, c’est comme ça. La critique (et mieux : le croisement de nombreuses critiques différentes) permet de choisir ce qu’on va essayer pour se faire sa propre opinion.
Libre à vous de la refuser, mais de fait ça ne pourra que vous pousser à vous priver de nombreuses découvertes, et à tester plein de choses qui ne vous conviendront pas.
((Par ailleurs, je ne fais pas partie de l’équipe RM.))
Bonne critique à laquelle je souhaite apporter mon humble avis. Je pense qu’un batteur est à la baguette puisque le sieur lawrence Lannerbach est crédité.
A priori Yngwie a écouté les critiques un tant soit peu ou ne souhaitait pas repartir sur un énième album « identique à ses précédentes productions Malheureusement, si l’idée peut sembler cohérente de proposer autre chose, cet album n’est ni vraiment un album de blues, ni un album de reprises, ni un album de composition et le choix des reprises est plus que contestable. C’est à dire des titres déjà mille fois entendus et vraiment pas inattendus. le soucis est que si ces titres sont plutôt sympathiques, ce sont globalement des morceaux « simples » techniquement et que pour leur donner une certaine originalité, il aurait fallu proposer des arrangements différents, modifier les structures, utiliser d’autre sons…que sais je encore!!
Yngwie se contente la plupart du temps, une fois passé le premier ou second refrain, de lancer des improvisations sans rechercher aucunement une véritable création artistique. Les impros, on les attends plutot en concert.
Si vous prenez les titres un par un, le résultat peut paraitre honnête, mais son addiction a descendre des gammes pendant 2 mn de suite peu importe le titre sur lequel il joue est simplement imbuvable sur tout un album.
Surtout qu’ici, yngwie n’a rien composé ou presque, il n’y a pas d’excuse .
« demon’eye » est déja sur l’album « Inspiration » (quel intérêt de le remettre sur celui-ci??!) « Smoke on the water » ok, mais pourquoi le couper en plein milieu alors qu’il semblait pas si mal (1 refrain, 1 solo termniné !!!)
« Forever man », yngwie joue plus de notes sur ce titre que clapton en a joué sur toute sa carrière !! C’est dommage, mais c’est le cas sur tous les titres. Ne vous attardez pas sur la version deluxe dont les titres bonus sont très mal chantés en sus des inconvénients déjà cités pour les autres Honnêtement, la production, les voix, l’ensemble s’écoute facilement et chacun pourra piocher 2 ou 3 titres pour meubler sa discographie. Perso, « sun s up.. ». »blue jean blues » et » purple haze »
J’ai écouté l’album en entier MAGNIFIQUE !!!
J’ai écouté « While my guitar… » et c’est insupportable.
Sabotage, tout du long.
Eurk.