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Chronique   

Scar Symmetry – The Singularity Phase II: Xenotaph


Après quelques années passées au sein du line-up live de Meshuggah, Per Nilsson a remobilisé ses troupes avec Scar Symmetry pour pouvoir achever la phase 2 de The Singularity, Xenotaph, quasiment neuf années après la première phase. Ce nouvel opus tombe à point nommé en plein débat sur l’intelligence artificielle, l’univers musical dystopique du groupe se développant justement autour de la néo-humanité. Dans cette époque où la technologie ne cesse de muter et d’évoluer, Scar Symmetry suit le mouvement, mais pour la bonne cause, puisque c’est bien sur la production que l’album se détache de ses prédécesseurs en franchissant un pas supplémentaire et en se montrant bien plus massif, alors que la densité mélodique est toujours de mise.

Les Suédois restent sur leurs fondamentaux et l’auditeur retrouve ainsi la dualité entre le chant clair de Lars Palmqvist, qui semble presque synthétique et évocateur de l’humanoïde du futur, et le growl monstrueux de Roberth Karlsson, plus organique par son aspect animal. La stylistique death metal maintient ainsi son efficacité et rappelle parfois sur sa rythmique les travaux d’Hypocrisy, notamment sur l’ouverture « Chrononautilus ». Mais le cœur même du combo, c’est évidemment les solos proches du mouvement néoclassique qui raviront tous les passionnés de guitare et s’enchaînent sans pudeur aucune. Scar Symmetry n’est de toute façon pas reconnu pour sa réserve en la matière : en abuserait-il à outrance ? L’enchaînement « Altergeist » et « Reichsfall » nous répond partiellement : la force du groupe est de garder cette juste dilution de guitare lead dans un magma mélodique savamment pesé et mesuré, qui permet justement d’éviter l’indigestion et de rester entraînant et immersif. Si un tube implacable comme « Limits To Infinity » de 2014 manque peut-être à l’appel pour marquer le coup, Scar Symmetry honore fidèlement son mélo-death-SF atypique avec cette suite.

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Chronique   

Rival Sons – Darkfighter


Darkfighter, premier volet d’un diptyque qui sera complété en fin d’année par Lightbringer, est une réponse à la morosité et au doute qui ont marqué les années de pandémie. Echappatoire pour le guitariste Scott Holiday, introspection pour le chanteur Jay Buchanan, dans tous les cas, l’objectif est clair : combattre l’obscurité pour répandre la lumière. Le quatuor originaire de Los Angeles s’exprime à nouveau via le classic rock auquel il nous a habitués, une « dimension cinématographique » en plus, fruit d’une écriture forcément plus longue et donc de sonorités plus travaillées.

« Mirrors » ouvre le bal avec son orgue hammond avant d’être brisé par le riffing haché et le balancement qui soutiennent la voix déclamée de Jay Buchanan. Une amorce à la Led Zeppelin et ses allures de grandiloquence, voire de catharsis sur le refrain, vite rattrapée par l’urgence de « Nobody Wants To Die » qui nous plonge dans une course-poursuite avec la mort. « Bird In The Hand » ralentit le pas avec un léger shuffle blues qui tire vers un rock feel-good. Scott Holiday n’hésite pas à ponctuer les morceaux par des incartades acoustiques pour nourrir la dynamique. « Rapture » mise d’ailleurs sur cet atout pour prendre de l’ampleur et n’hésite pas à flirter avec les codes du grunge version Pearl Jam ou du stoner de Queens Of The Stone Age. « Darkside » offre une synthèse en guise de conclusion : le groupe joue la carte des phrasés résonnant dans une immensité reconstituée avant de rejoindre des sentiers plus âpres ; la fuzz comme symbole de libération. Darkfighter brille par la multitude de ses mouvements, toujours enchâssés dans le même registre de rock fortement typé seventies. Les ficelles sont familières certes, mais même si l’itinéraire est connu, les balises ne sont pas si grossières, et la sincérité ne fait aucun doute : Rival Sons s’exprime avec les tripes. Le « confort sauvage » en somme.

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Chronique   

Godflesh – Purge


On ne présente plus Godflesh : pierre angulaire de la musique extrême, le duo est l’un des premiers à avoir mêlé metal et influences industrielles, riffs lourds et boîtes à rythmes, froideur mécanique et déliquescence organique. Bien qu’ayant été l’un des groupes les plus influents des années 1990 – on ne compte plus leurs fans, des plus évidents comme Fear Factory ou Neurosis aux plus célèbres comme Korn ou Metallica –, Godflesh est resté un projet singulier au style immédiatement reconnaissable, sombre, agressif et austère. Six ans après Post-Self, les Anglais reviennent avec Purge, leur neuvième album en trente-cinq ans de carrière.

Il y a quelques mois seulement sortait une version live de Pure, leur deuxième album : un timing particulièrement bien choisi pour nous préparer à Purge, qui, comme son titre l’indique, a été pensé comme une manière pour le groupe de revisiter l’opus de 1992. Et en effet, dès « Nero », on retrouve les beats hip-hop et le groove de Pure. D’autres touches 90s sont présentes – jungle et drum and bass sur « Permission » par exemple – mais c’est évidemment le « son Godflesh » qui domine, la basse à la lourdeur viscérale de Ben Green, les riffs simples et assourdissants (en retrait sur le narcotique « The Father ») du prolifique Justin K Broadrick, ses imprécations inquiétantes, et les Machines qui donnent au son du groupe toute son épaisseur. Intimidant, groovy, il a le caractère addictif des meilleures productions du groupe – presque jusqu’à la nausée. Broadrick explique en effet que la musique de Godflesh est pour lui un moyen de se purger – d’où le titre – des sentiments d’angoisse et d’aliénation causés par ses troubles mentaux : plus largement, à une époque où les années 1990 et leur futurisme enthousiaste semblent en plein retour de hype, Godflesh montre que l’hostilité défensive et la prescience du pire dans sa musique de cette période sont plus d’actualité que jamais.

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Chronique Focus   

Ov Sulfur – The Burden Ov Faith


Ov Sulfur représente à la fois un départ fulgurant et un grand retour. Après un EP, Oblivion, sorti en 2021, le quintet (parfois décrit comme un collectif, peut-être du fait de la profusion d’invités) a pu se greffer sur de nombreuses tournées, et n’a pas manqué d’attirer l’attention avec un blackened deathcore puissant et attractif. Et pourtant, ce projet aurait bien pu ne jamais voir le jour. Le chanteur Ricky Hoover a passé dix ans loin de la scène, s’étant reconverti en barbier à Las Vegas après avoir laissé le groupe Suffokate derrière lui. Ce n’est que lorsque le Covid-19 a interrompu cette activité que ce dernier a décidé de remettre le couvert, pour échapper à une immobilité qui mettait à mal sa santé mentale.

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Chronique Focus   

Avenged Sevenfold – Life Is But A Dream…


L’ère des patchs Avenged Sevenfold pour sac à dos d’adolescents est définitivement révolue. Premièrement parce que les premiers fans d’Avenged Sevenfold ont vieilli avec le groupe et ont rangé leurs attributs de metalleux claniques et enfin, surtout, parce qu’Avenged Sevenfold est à des années-lumière du groupe de ses débuts, prompt à copier Metallica où à embrasser l’arsenal autrefois plébiscité du metalcore. Plus de vingt ans après leurs débuts, A7X a pris le goût de la déstabilisation et sa dernière œuvre en date, intitulée Life Is But A Dream, atteint le paroxysme de la démarche. Inspirés par la philosophie d’Albert Camus et la musique de Mr Bungle, les Américains font d’un cocktail improbable une œuvre aussi hétérogène que cohérente. Peu importe la dangerosité de la démarche : Avenged Sevenfold a le besoin impérieux de faire de sa musique le seul champ de liberté valable.

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Chronique   

Ruïm – Black Royal Spiritism – I. O Sino Da Igreja


Si Ruïm n’est pas (encore) un nom familier, celui de sa tête pensante en revanche est bien connu des fans de black metal, puisqu’il s’agit de Rune « Blasphemer » Eriksen, dont la longueur du CV – Mayhem, Aura Noir, Twilight of the Gods, et plus récemment Vltimas – en fait l’une des pointures de la scène norvégienne. Seul aux commandes cette fois-ci et accompagné du batteur français César Vesvre, il a depuis 2020 conçu toute une trilogie intitulée Black Royal Spiritism, dont l’album I. O Sino Da Igreja est le premier volet. Ambitieux, sombre et ésotérique, il aura suffi d’un seul riff pour que le projet soit signé par Peaceville…

Comme l’annonçait le premier extrait de l’album, « The Triumph (Of Night & Fire) », la patte Blasphemer est immédiatement reconnaissable. Les riffs sont redoutables et lourds de menace, certes, mais l’atmosphère n’est pas négligée pour autant, bien au contraire : elle se déploie sur des titres entiers, tantôt furieuse, tantôt pleine de révérence, épousant les imprécations et les hurlements du guitariste. Dans le fond comme dans la forme, Black Royal Spiritism I. O Sino Da Igreja est à la fois canonique, singulier et syncrétique ; la spiritualité revendiquée du musicien – une version « de la main gauche » de l’umbanda brésilienne qui mêle spiritisme, rites afro-brésiliens et christianisme – y semble paradoxalement familière avec ses invocations et son côté sombre, et les nuances de la musique épousent son côté composite. Il y a quelque chose du retour aux sources chez Ruïm, une manière de boucler la boucle comme le suggère « Evig Dissonans », qui évoque en norvégien les débuts du musicien, mais pas d’anachronisme ici : de l’eau a coulé sous les ponts depuis Wolf’s Lair Abyss, et après vingt-cinq ans d’une carrière exemplaire, Blasphemer n’a plus rien à prouver, et peut se permettre un album mature et personnel où son expérience a toute la place de briller.

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Chronique Focus   

Einar Solberg – 16


Parfois accusé d’accaparer l’attention dans les compositions récentes de Leprous, malgré le talent indéniable des autres membres du groupe, Einar Solberg fait partie de ces artistes hyperactifs pour qui le besoin d’une soupape solo s’est fait ressentir. Le pas est maintenant franchi avec 16, album dans lequel même les plus aigris ne pourront légitimement lui reprocher de mettre sa voix unique en avant. Thématiquement, le disque (« le plus proche qu’il ait été d’écrire un album conceptuel ») retrace le parcours effectué par le chanteur de ses seize à dix-neuf ans. Une période riche en transformations, durant laquelle il a réalisé que la vie n’était pas un long fleuve tranquille mais était aussi faite de belles rencontres et découvertes. 16 a aussi des airs de fête entre amis et proches : il a été conçu comme une collection de collaborations, jusqu’à la composition, avec en ligne de mire le fait de s’amuser avant tout. Entraîné par son élan, l’artiste a fini par y laisser bien plus que le budget initialement alloué (le titre final en témoignera plutôt bien), vagabondant de studio en studio comme de pays en pays.

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Elegant Weapons – Horns For A Halo


Un « supergroupe de plus ». Les mauvaises langues pourront aborder la formation d’Elegant Weapons ainsi, en accueillant avec un scepticisme presque feint leur première livraison intitulée Horns For A Halo. Le projet est porté par le guitariste de Judas Priest Richie Faulkner, qui revient de loin suite à un anévrisme aortique survenu en plein concert et une intervention chirurgicale à haut risque en septembre 2021. Il est assisté de Ronnie Romero au chant, Dave Rimmer à la basse et Christopher Williams à la batterie pour ce qui est du live. En ce qui concerne l’enregistrement de l’album, la basse a été l’œuvre de Rex Brown (Pantera) et c’est Scott Travis (Judas Priest) qui s’est placé derrière les fûts. Superband indeed.

La motivation de Richie Faulkner était d’avoir son « propre groupe » avec une identité sonore distincte de Judas Priest. Il ne faut que quelques secondes à « Bitter Pill » pour donner les premiers indices : Elegant Weapons donne dans le heavy-rock où les guitares sont dévouées au groove plutôt qu’aux frasques effrénées. L’introduction de « Dirty Pig » en est le symbole. La voix de Romero a la souplesse nécessaire pour épouser ce groove et Elegant Weapons se place plutôt comme une sorte d’hybride entre une inspiration Black Label Society (la ballade bluesy « Ghost Of You » renforce le parallèle) et les affects des musiciens pour le heavy traditionnel, à l’instar du rythme cavalier de « Do Or Die », du timbre aigu embrassé par Romero ou des cavalcades et phrasés de guitare de « Lights Out ». L’essence de ce Horns For A Halo reste néanmoins l’appétence pour les mélodies langoureuses et les rythmiques ancrées dans le sol, à l’image de la conclusion « White Horse ». Richie Faulkner donne effectivement un second souffle à sa carrière déjà immense en respectant son dessein : de l’inédit non, de l’élégance oui.

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Chronique Focus   

Mass Hysteria – Tenace, Part 1


Ils pourraient sans problème chanter « on est là » tant Mass Hysteria semble n’avoir jamais quitté le devant de la scène ces dernières années. Que ce soit par ses impressionnantes séries de concerts partout dans l’Hexagone, seul ou avec le Gros 4, ou par la fréquence de ses sorties d’albums. Pourtant, le temps passe vite et mine de rien, Maniac, leur précédent enregistrement studio, remonte à 2018. C’est dire si son successeur, Tenace Part 1 – premier chapitre d’un album scindé en deux volets – était attendu avec impatience. Il est là, il est chaud, et il va sans problème s’imposer comme un incontournable de cette année. Depuis ses débuts, Mass Hysteria est un groupe à réactions. Ça tombe plutôt bien car il faut bien dire que les temps sont inspirants pour Mouss, le parolier en chef de la formation mais aussi pour ses acolytes qui ont créé, pour les accompagner, un panorama musical heavy, violent et fracturé comme jamais. En vingt-sept minutes et sept morceaux, Tenace Part 1 libère plus de messages et de rage que d’autres ne le feront jamais sur l’intégralité de leur carrière.

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Mike Tramp – Songs Of White Lion


En musique comme en amitié ou en amour, certains liens ne s’expliquent pas : ils existent, c’est tout. Et c’est très bien comme ça. Celui qui unit Mike Tramp avec la France depuis le 2 décembre 1987 et le premier concert français de White Lion, au Rex Club à Paris, ne s’est jamais distendu. Peu importe si le groupe ne se reformera sans doute jamais (par la faute du guitariste Vito Bratta, qui s’est retiré du monde de la musique depuis 1991), Mike Tramp a toujours sa précieuse voix pour nous chanter aujourd’hui encore les standards de son ancienne formation.

Ce ne sont pas moins de douze titres de White Lion qui figurent sur ce nouvel album « solo » du chanteur. Et rien qu’à regarder la liste on s’aperçoit vite que tous sont devenus des classiques. Et si Mike est le seul rescapé du lion blanc, les premières notes de « Lady Of The Valley », qui ouvre l’album, rassurent instantanément : l’esprit est là. Tous les morceaux ont subi un lifting au niveau des arrangements comme de la production, qui apporte souvent plus de douceur et pourrait même les rendre plus lisses s’il n’y avait pas cette voix au grain unique, toujours pleine de feeling et chaleureuse. A elle seule, elle constitue le trademark qui fait la différence. On redécouvre donc « Broken Heart » et son refrain hard FM imparable comme à la grande époque, on frémit encore pour le très acoustique « Cry For Freedom », on s’étonne de la pêche conservée par « Wait », « Hungry » ou encore « Tell Me ». Des compositions hors du temps, dans un style moins usité que jadis (le rock FM), mais toujours aussi frais. Enfin, quand « When The Children Cry » et sa mélancolie viennent clore cette agréable revue nostalgique, on aurait presque envie de retourner en arrière revivre ces moments. On se consolera facilement en pensant que Mike Tramp est toujours là. Et bien là.

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