ENVOYEZ VOS INFOS :

CONTACT [at] RADIOMETAL [dot] FR

Live Report   

Ashen : la chimère prend vie


Complet, filmé et hypnotique, le premier concert en tête d’affiche d’Ashen à La Maroquinerie avait tout d’un mini couronnement. Deux ans après y avoir joué en première partie d’une soirée dominée par Landmvrks et ten56., le groupe parisien revenait cette fois en maître des lieux, porté par la sortie de son premier album Chimera en septembre et une prestation remarquée au Hellfest.

Difficile de passer à côté d’Ashen ces derniers mois. Le groupe est devenu omniprésent, notamment sur les réseaux, où ses campagnes de publicité ciblées inondent les fils Instagram. Une stratégie assumée, parfois perçue comme racoleuse, mais qui témoigne surtout d’une ambition claire : imposer leur nom, leur son et leur esthétique dans un paysage metal français encore trop discret à l’international. Une démarche cohérente avec leur identité visuelle soignée. En effet, ils se distinguent avec des clips impeccablement produits, imagerie « chimérique » léchée. Tout cela éveille forcément la curiosité, comment traduire le concept de l’album sur scène ?

Dans une Maroquinerie déjà bouillante avant même l’arrivée des musiciens, l’atmosphère sentait la grande soirée à venir. Des allures de test grandeur nature pour une formation qu’on voit partout, et qui sera prochainement de retour en première partie de Three Days Grace.

Artiste : AshenMirabelleBarren
Date : 10 octobre 2025
Salle : La Maroquinerie
Ville : Paris [75]

C’est Barren qui a la tâche d’ouvrir la soirée. Le groupe s’en acquitte avec un certain brio. Projet français à mi-chemin entre metalcore moderne et djent technique, Barren s’inscrit dans la nouvelle génération d’une scène aussi foisonnante qu’exigeante. D’entrée de jeu, le son est clair, massif, parfaitement équilibré. Le chanteur impressionne par sa maîtrise, alternant growl, scream et chant clair, il impose une palette vocale riche et expressive. Visuellement, la formation soigne son impact : des projections lumineuses dans des teintes bleu et rose néon viennent rythmer les passages les plus intenses. Cela donne à la scène des allures de halo futuriste. Le public, d’abord curieux, se laisse rapidement embarquer. Quelques wall of death éclatent déjà, confirmant la belle réception du set. Sans révolutionner le genre, Barren démontre qu’il fait partie de cette jeune scène française affûtée, déterminée à s’imposer.

Changement radical d’ambiance avec Mirabelle, formation à l’univers bien différent. Ici, la noirceur métallique laisse place à un pop-punk nerveux, porté par des refrains accrocheurs et une attitude résolument décomplexée. Le contraste fonctionne. L’audience s’adapte immédiatement à ce nouveau rythme, oscillant entre headbangs et sauts frénétiques. Le chant capte instantanément l’attention. Leur musique bouge, interpelle, provoque. Le quatuor respire la bonne humeur et la spontanéité. Chaque membre semble pourtant sorti d’un genre musical différent. Le chanteur arbore un style metalcore, le guitariste est plus glam et le bassiste très punk. Il y a dans Mirabelle des influences américaines assumées, à mi-chemin entre State Champs et Neck Deep. Avec le petit plus des prises de parole pour interagir avec la salle. Le public saute à cœur joie dans cette arène transformée en bulle de bonheur. Mirabelle parvient à créer une parenthèse pop, rafraîchissante et fédératrice, avant la tempête annoncée.

Il suffit de quelques secondes pour comprendre que la soirée passe à un autre niveau. Dès les premières mesures, Ashen déchaîne un son colossal. Des riffs tranchants, batterie au cordeau, voix pleines de nuances. La fosse explose littéralement. Ce qui frappe d’emblée, c’est la cohésion et la maîtrise du groupe. Rien ne semble laissé au hasard, et pourtant tout paraît viscéral. Et c’est là toute sa force.

Clem (chant) se place au centre d’un dispositif purement musical. Pas d’artifices, pas d’effets scéniques grandiloquents. L’énergie vient du jeu et des compositions. Le deuxième morceau, « Angel », confirme d’ailleurs à quel point le public connaît le répertoire par cœur. Dès les premières notes, les voix s’élèvent dans la salle, les refrains sont repris sans la moindre hésitation. Ashen a manifestement franchi ce cap où ses chansons ne lui appartiennent plus vraiment : elles vivent désormais à travers celles et ceux qui les hurlent dans la fosse.

Sur les titres phares de Chimera, comme « Crystal Tears » ou « Cover Me Red », la communion avec le public est totale. Bras levés, hurlements, circle pits incessants. Chaque break, chaque relance est vécue comme une décharge électrique collective. Clem invite les gens à chanter le classique « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana. La Maroquinerie entière se transforme en karaoké géant, les voix se mêlent à celles du groupe. Le choix est un peu facile, mais la nostalgie opère. Les générations présentes ont grandi avec ce morceau, qui résonne ce soir avec une tout autre énergie.

Ashen ne coupe pas au passage obligé de la ballade. C’est « Oblivion » qui sert de respiration. En studio, le titre est particulièrement réussi, dense, émouvant, subtilement orchestré. En live, la magie n’est pas tout à fait au rendez-vous. Malgré la prestation impeccable de Clément, le tempo plus lent fait retomber un peu trop l’énergie. L’assistance ne se laisse pas abattre. Dans le pit, les mains de danseuses se lèvent, et les fans se lancent dans une sorte de chorégraphie à la croisée de la danse classique et du modern jazz. C’est aussi drôle qu’inattendu.

Malgré le souhait affiché d’offrir un show « chimérique », visuel et pluriel, comme ils l’évoquaient en interview, la mise en scène reste ici sobre. Peut-être un peu trop ? Si ce dépouillement rend la prestation encore plus authentique, elle laisse aussi une interrogation. A quoi ressembleront les shows d’Ashen lorsque le budget sera au rendez-vous ?

En sortant de la salle, une chose est sûre, Ashen a franchi un cap. La soirée avait des allures de reconnaissance collective. Pour un groupe encore jeune, parvenir à remplir La Maroquinerie, livrer un show de cette intensité et embarquer le public du premier au dernier morceau, c’est une démonstration de force.



Laisser un commentaire

  • Arch Enemy + Eluveitie + Amorphis @ Paris
    previous arrow
    next arrow
     
  • 1/3