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Live Report   

Battle Beast : les bêtes de scène sont de retour


Depuis sa formation en 2008 à Helsinki, Battle Beast a progressivement trouvé sa place sur la scène metal européenne. Avec six albums studio à son actif, dont le récent Steelbound, le sextet finlandais a su évoluer tout en consolidant son identité : un mélange de heavy metal et de power metal, des compositions structurées autour de refrains marquants et la voix de Noora Louhimo. Devenue en quelques années l’élément central du groupe, elle a progressivement façonné le style de Battle Beast avec sa personnalité bien affirmée.

Avec l’annonce de sa nouvelle tournée européenne 2025, la formation s’inscrit donc dans la continuité de ce parcours avec la farouche volonté de défendre sur scène Steelbound. Après des mois de préparation et de studio, cet European Tour 2025 est l’occasion pour Battle Beast de tester en conditions réelles ses nouvelles compositions et de présenter son nouveau show. Pour ce faire, entre le 17 octobre et la mi-décembre, le groupe va multiplier les escales à travers le Vieux Continent en sillonnant l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, Le Luxembourg, le Royaume-Uni et même plusieurs villes françaises à l’instar de Paris le 25 octobre à l’Elysée Montmartre, de Toulouse le 26 au Bikini et de Lyon le 30 au Transbordeur.

En ce soir du 26 octobre, la salle du Bikini accueille le public toulousain dans son antre pour une soirée axée autour du metal mélodique. Certes, le concert n’est pas sold-out (le balcon du Bikini n’est pas ouvert), mais l’espace principal se remplit vite. Les spectateurs, venus de toute la région Occitanie, sont déjà prêts à en découdre. Mais d’abord c’est aux Suédois de Majestica et aux Allemands de Dominum d’ouvrir le bal…

Artiste : Battle BeastDominumMajestica
Date : 26 octobre 2025
Salle : Le Bikini
Ville : Toulouse [31]

Même si tout le monde n’est pas encore arrivé à l’heure où débute le set de Majestica et que ce dernier dispose d’un espace scénique réduit en raison de la scénographie prévue pour les deux autres groupes, le quartet de power metal mené par Tommy Johansson, ancien membre de Sabaton, parvient à s’y installer rapidement pour entrer dans le vif du sujet. Il faut dire que les Suédois ont une expérience scénique déjà conséquente et qu’ils sont rompus à l’exercice de la scène, quelles qu’en soient les conditions.

Dès les premières mesures de l’opener « Power Train », extrait du dernier album du même nom, le formation capte vite l’attention d’une foule encore un peu timide, et pose les bases de ce que sera le reste du set : un show bien rodé à la mécanique bien huilée. Véritable maître d’œuvre de Majestica, Tommy Johansson focalise toutes les attentions grâce à sa voix qui se distingue par son impressionnante amplitude et son jeu de guitare précis. À ses côtés, la section instrumentale est redoutable malgré l’espace limité pour les musiciens. Avec des compositions élaborées et structurées pour alterner les passages rentre-dedans et les mélodies, le groupe fait mouche en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire (« Night Call Girl », « Rising Tide »). Ainsi, en l’espace de quelques minutes, les Scandinaves ont pris en main la dynamique du concert et se sont vite mis le public toulousain dans la poche.

Conscient de son temps de jeu assez court, Majestica prend le parti de maintenir la tension, notamment grâce à Tommy Johansson et Petter Hjerpe qui alternent les riffs tandis que Chris David (basse) et Joel Kollberg (batterie) assurent une section rythmique jamais prise en défaut. À partir de là, le groupe interpelle souvent l’audience au fil des refrains et des passages mélodiques accrocheurs pour lui faire pousser la chansonnette. Et ça marche ! Qui plus est, la dimension symphonique du son, réhaussé par quelques arrangements sur bandes ici et là, apporte pas mal de relief supplémentaire aux titres, comme sur « No Pain, No Gain ».

Avec cette dose d’énergie, le temps passe vite et la fin du set approche irrémédiablement. C’est pourquoi la formation entame la conclusion de son set avec « Above The Sky », « Metal United » et « Alliance Forever » qui cochent toutes les cases du power metal mélodique à la plus grande joie du public. Cela permet aussi à chaque membre de Majestica de se mettre en avant pour montrer l’étendue de ses impressionnantes capacités techniques au fil de soli bien sentis. Des effets pyrotechniques soulignent visuellement la conclusion d’un show haut en couleur et plutôt intense. Avec un tel dynamisme et des compositions aussi accrocheuses en live, on se dit que ça risque d’être difficile pour Dominum de passer derrière la grosse cylindrée de Majestica.

Setlist :

Intro
Power Train
Night Call Girl
Rising Tide
No Pain, No Gain
Above The Sky
Metal United
Outro
Alliance Forever

Après la tornade suédoise, la scène du Bikini est réaménagée pour l’arrivée de Dominum, formation allemande qui combine power metal et mise en scène gothique. Ainsi, le groupe se distingue par son univers créé par le chanteur Dr. Dead (Felix Heldt) qui présente au public sa troupe de zombies conçus spécifiquement pour ses concerts. Avec cette dimension visuelle qui rappelle certains aspects de Ghost ou Lordi, mêlant théâtre et imaginaire fantastique, les Allemands se détachent du pur cadre du power metal mélodique classique et n’ont pas de mal à interpeller le public. Il faut dire que l’arrivée du Dr. Dead et de ses zombies sur scène attire le regard !

Le set commence avec « Danger Danger », un morceau qui met directement en place un rythme soutenu et structuré. La singularité de la musique, qui lorgne parfois du côté du hard rock, donne pas mal de peps à l’ensemble. Entre des titres bien fichus comme « Killed By Life » ou « The Dead Don’t Die », qui allient riffs percutants et refrains taillés pour l’interaction avec le public, Dominum tire vite son épingle du jeu. Dr. Dead délivre une prestation habitée et communique beaucoup entre les morceaux à la manière d’un Monsieur Loyal, à la tête d’un cirque monstrueux. S’il sort parfois de son rôle de savant fou pour s’exprimer au travers de discours positifs sur des thèmes actuels comme l’acceptation de soi et de l’autre, il le fait toujours avec humour, histoire de coller au concept de Dominum (« Peu importe la couleur de la peau, la richesse ou la place qu’on occupe dans la société. On est tous pareils… pour les zombies ! »)

Loin de se reposer entièrement sur son côté visuel, comme sur la mise en scène de « We Are Forlorn », Dominum développe parallèlement des titres solides avec une prépondérance des mélodies qui rentrent dans le cervelet à l’instar de « Frankenstein », « Don’t Get Bitten By The Wrong Ones » ou « We All Taste The Same » qui remportent tous les suffrages au sein du public toulousain. Même si le groupe utilise des bandes pour rehausser les chœurs, les structures répétitives et chantables des compositions favorisent l’implication du Bikini. Joli coup !

Petite cerise sur le gâteau, les Allemands proposent une reprise de « Rock You Like A Hurricane » de leurs compatriotes de Scorpions, qui met le feu aux poudres dans le pit. Certes, on s’éloigne un peu de l’univers zombie mis en place par Dominum dès le début du set, mais le morceau s’intègre plutôt bien à la setlist. Quelques minutes plus tard, la prestation des Teutons se clôt pour de bon avec le titre « Immortalis Dominum » qui marque la fin d’un concert bien maîtrisé de bout en bout et qui préfigure l’arrivée imminente de la tête d’affiche.

Setlist :

Danger Danger
Killed By Life
The Dead Don’t Die
Frankenstein
We Are Forlorn
Don’t Get Bitten By The Wrong Ones
Rock You Like A Hurricane
We All Taste The Same
The Chosen Ones
Immortalis Dominum

Après les prestations solides de Majestica et Dominum, la scène du Bikini est à nouveau remaniée pour accueillir la tête d’affiche de la soirée. Les éléments de décor sont ajustés, la batterie recentrée, le backdrop déployé et les lumières s’éteignent progressivement. Une clameur monte dans la salle lorsque les musiciens foulent les planches au rythme de la grosse caisse du batteur Pyry Vikki. Le public, dense, se resserre vite vers la fosse pour l’arrivée de Noora Louhimo dans son costume de scène fantasque qui colle parfaitement à l’univers du groupe.

Le set est entamé sur « Straight To The Heart » issu de l’album Bringer Of Pain (2017), qui fixe immédiatement la dynamique du set. Le son est clair, équilibré et la salle réagit comme un seul homme dès les premières mesures. Noora Louhimo s’impose d’entrée par un véritable charisme et des lignes vocales puissantes, soutenues par les guitares de Juuso Soinio et Joona Björkroth. À l’arrière, Janne Björkroth gère les nappes de claviers et les ponctuations au keytar, donnant une texture cinématographique à l’ensemble. En l’espace de quelques minutes, il est clair que ce Battle Beast mouture 2025 est sacrément efficace ! Qui plus est, le groupe ne baisse pas le tempo et enchaîne rapidement avec « Master Of Illusion » et « Last Goodbye » avec des refrains qui fédèrent aisément le public.

Sur scène, la cohésion entre les musiciens est manifeste : Eero Sipilä et Pyry Vikki assurent une assise rythmique compacte qui laisse la part belle aux arrangements mélodiques des guitares et du clavier, pendant que Noora déroule « tranquillement » et fait montre d’une capacité à nuancer son chant sans perdre en intensité. On notera d’ailleurs que les tempos choisis privilégient la clarté des structures plutôt que la vitesse brute, ce qui renforce la lisibilité de la prestation et la dimension mélodique du groupe (« No More Hollywood Endings », « Eye Of The Storm »).

Derrière la grosse machine déployée par Battle Beast, en termes tant de scénographie que de musique, le groupe communique beaucoup avec les spectateurs entre les morceaux, de manière à se mettre dans la poche un public pourtant conquis d’avance. Les musiciens prendront un petit temps pour fêter l’anniversaire du guitariste Joona Björkroth et partagera avec l’audience des verres de bière généreusement servis dans une ambiance détendue. Autant dire que toutes ces respirations contribuent à maintenir la convivialité au sein du show.

Pour la seconde moitié du set, les morceaux s’articulent principalement autour des compositions les plus récentes de Steelbound, comme « Watch The Sky Fall », « Twilight Cabaret » et « Steelbound » qui, en plus de passer allègrement l’épreuve du live, démontrent la volonté du groupe de diversifier ses textures avec des rythmiques syncopées, des refrains aux accents pop accessibles et une mise en scène percutante.

Après plus d’une heure et quart intense, le dernier acte de la soirée pointe le bout de son nez avec « Eden », un titre puissant qui met en valeur la précision vocale de Noora Louhimo et la constance du groupe en ce dimanche soir. Quelques minutes plus tard, c’est déjà l’heure du rappel avec notamment « King For A Day » et « Wings Of Light » qui viennent clore ce concert sur une note ascendante, sans trop de surenchère, mais avec une efficacité certaine. Dans le pit, les fans sont lessivés mais heureux d’avoir pu retrouver ces fougueux Finlandais…

À l’issue d’un set ô combien énergique, Battle Beast a su confirmer sa place singulière dans la scène power metal mélodique européenne. Capable d’allier mélodies, accessibilité et exigence technique, sans se départir d’un sens affirmé du spectacle, le groupe a prouvé que sa montée en puissance était réelle. Dans une salle du Bikini au format resserré, la formation finlandaise a livré une prestation solide, enjouée, équilibrée où la théâtralité n’a jamais pris le pas sur la rigueur musicale. Chapeau !

Setlist :

Straight To The Heart
Master Of Illusion
Last Goodbye
Here We Are
No More Hollywood Endings
Eye Of The Storm
Blood Of Heroes
Where Angels Fear To Fly
Watch The Sky Fall
Twilight Cabaret
Bastard Son Of Odin
Angel Of Midnight
Steelbound
Eden

Rappel:
The Long Road
King For A Day
Wings Of Light



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