Buckcherry garde le rythme. Un Warpaint pré-pandémie, suivi deux ans plus tard de Hellbound en pleine pandémie, lui-même suivi deux ans plus tard de son dixième album, sobrement intitulé Vol. 10, avec un line-up enfin stabilisé. Tout ceci alors que le groupe n’a quasi jamais cessé de tourner, comme nous en parlions déjà la dernière fois : après tout, le frontman Josh Todd se défini lui-même comme un « addict au travail »…
Ainsi, dans l’entretien qui suit, le chanteur tatoué nous parle du nouvel opus plein de bonnes vibration, une nouvelle fois enregistré en compagnie de Marti Frederiksen (célèbre notamment pour ses collaborations avec Aerosmith) à Nashville et qui inclue une reprise de Brian Adams.
Une interview « Good Time » comme le chante Todd sur cet album bien hard rock comme on l’aime.
« En 2020, avec l’épidémie de Covid-19, c’était une période dépressive. Nous avons sorti Hellbound en 2021. C’était rock’n roll, nous avons beaucoup tourné, et nous avons dépensé beaucoup d’énergie durant tous ces concerts. ‘Good Time’ est arrivé comme ça ! »
Radio Metal : Comment te sens-tu avec la sortie de ce nouvel album et après toutes ces années de carrière ?
Josh Todd (chant) : (Assis à la cool sur son canapé avec un mug, il est 9h30 du matin chez lui) C’est énorme pour nous d’en être au dixième album. Nous avons travaillé dur sur celui-ci. Nous avons hâte d’avoir le retour du public. Nous sommes très excités par cette nouvelle aventure !
Comment décrirais-tu Vol. 10 en quatre mots ?
[Réfléchit] En quatre mots ? Un truc d’enfer !
Vol. 10 a été enregistré à Nashville. Beaucoup de groupes s’y rendent. C’est le nouveau Los Angeles pour les musiciens ?
Un peu ouais ! Notre producteur Marti Frederiksen vit là-bas. Nous avons co-écrit ensemble les titres. Notre maison de disques nous a demandé d’enregistrer là-bas aussi. Nous y sommes allés. Mais Los Angeles est ma ville de cœur ; j’y suis né et j’y vis.
Qu’a apporté Marti Frederiksen sur cet album ?
Il a enregistré l’album. Stevie D. et moi sommes allés à Nashville et nous avons composé des titres non-stop pendant neuf jours. Marti est talentueux. Il a rapidement compris la philosophie de Buckcherry pour Vol. 10 et a mis tout son talent à disposition. Que ce soit moi ou Stevie, il te dirait la même chose, nous avons beaucoup appris de lui. Nous avons beaucoup échangé et partagé de choses. Les chansons ont été écrites spontanément et rapidement. Il est un peu comme le sixième membre du groupe.
Cet album est plein de fun, de vibrations, d’émotions positives et de hard rock n roll. « Good Time » et « Let’s Get Wild » en sont de parfaits exemples…
« Good Time » était important et une évidence pour nous. En 2020, avec l’épidémie de Covid-19, c’était une période dépressive. Nous avons sorti Hellbound en 2021. C’était rock’n roll, nous avons beaucoup tourné, et nous avons dépensé beaucoup d’énergie durant tous ces concerts. « Good Time » est arrivé comme ça ! Quand j’étais plus jeune, les groupes de rock sortaient des titres où tu pouvais danser, faire la fête. Nous avons voulu faire la même chose honnêtement. « Let’s Get Wild » a définitivement cette ambiance aussi ! Une véritable atmosphère de fête.
« This And That » ouvre l’album. C’est bluesy et rock comme si Aerosmith rencontrait BB King et Elvis Presley, non ?
[Rires] Complètement d’accord ! Oui, ce titre a un côté Aerosmith. Tu sais il y a deux titres de cet album qui datent de l’époque de Hellbound, notre précédent album. Celui-là et « Turn It On ». Pour « This And That », nous n’avons pas modifié grand-chose à part la tonalité. C’était trop haut pour moi sur la version originale et j’aurais lutté sur scène après plusieurs concerts. En modifiant la tonalité, c’était boom ! Pour « Turn It On », nous avons revu la chanson et l’avons réécrite autour du refrain. C’était les deux chansons de la session Hellbound.
« Shine Your Light » est le troisième extrait dévoilé. Un message positif derrière ce titre ?
Cela parle des personnes que tu peux avoir dans ta vie et qui ne te jugent pas : un conjoint, une conjointe, un ami. Tu peux compter sur elles, partager ce que tu ressens profondément en toi. Tout le monde a besoin de ça dans sa vie. Quand tu surfes sur Internet, tu vois toutes ces personnes qui jugent les autres derrière leur écran. Cela peut être dur parfois. Des fois, quand tu n’es pas bien, c’est cool d’avoir quelqu’un qui ne te juge pas, ne raconte pas de choses méchantes sur toi, ou ne te trahit pas.
« Je voulais être tatoué massivement, recouvert de motifs, pas seulement un petit tatouage. Je voulais une seconde peau. Je ne sais pas expliquer pourquoi. C’est comme une armure de vie. »
Un bon album de hard rock pour moi est bon s’il y a des balades.
Complètement d’accord avec toi
Justement dans ce dixième album, vous avez écrit deux titres puissants « Feels Like Love » et « Pain ». Cette dernière est forte émotionnellement parlant. Tu nous en parles ?
Quand nous sommes allés à Nashville pour travailler sur les chansons avec Marti, nous sommes allés chez lui le voir, le saluer et discuter de choses et d’autres, dont les chansons. Chez lui, il y avait ce piano qu’il venait de recevoir. Je lui ai dit que j’avais envie d’une chanson avec piano : « Garde ça dans ton esprit, Marti ! écris-moi la chanson la plus triste possible avec un piano ! » Il a dit ok et il l’a fait. Nous avons donc écrit toutes les chansons rock de l’album et lorsque j’étais en train d’écrire les paroles de « Feels Like Love » dans ma chambre d’hôtel, il m’a dit : « J’ai ta chanson au piano ». Ce n’est pas celle que tu peux entendre sur l’album. Il m’a envoyé une suite d’accords et deux transitions efficaces sur mon smartphone. J’ai adoré. J’étais crevé, j’avais enregistré pendant deux heures des voix pour des titres. J’étais rentré à l’hôtel me reposer et bosser sur « Feels Like Love ». Ça m’a pris deux heures. J’ai essayé de dormir mais j’avais ces accords de piano en tête. Il nous restait qu’un jour de studio. J’étais émotionnellement bizarre et tout d’un coup, j’ai écrit. Sur moi. Sur ce que je ressentais. J’ai été addict à l’alcool et c’était un long combat. Je me bats tous les jours maintenant que je suis sobre pour avoir des pensées positives. J’ai écrit sur ça. C’est une réflexion sur les doutes et les pensées négatives et positives. Le lendemain, je suis allé au studio et j’ai dit à Marti, j’ai la chanson pour tes accords de piano. Je voulais la chanter en falsetto mais ce n’était pas évident. Marti m’a dit de la chanter avec ma voix habituelle [il chante le refrain]. Stevie et Marti ont aimé. Marti a enregistré le programme de batterie. Nous en avons un super truc avec un pont mélodique. C’est un peu notre « November Rain » [de Guns N’ Roses]. C’était cool.
Vous avez fait aussi une reprise de Brian Adams sur Vol. 10. Pourquoi ce choix ?
Brian Adams, yes ! Nous jouions « Summer Of 69 » en concert de temps en temps. J’adore cette chanson. Brian Adams est un super compositeur et artiste. J’aurai adoré écrire ce titre tellement je l’apprécie. Notre manager a vu un concert où nous l’avions joué. Il nous a dit : « C’est super, elle vous va bien, il faut l’enregistrer un jour ! ». Nous l’avons gardé en mémoire et en avons reparlé. J’avais fini d’enregistrer « Pain ». Marti m’a rappelé trois ou quatre heures plus tard et m’a demandé de venir enregistrer « Summer Of 69 » vite fait. On l’a fait ! Pour moi, elle sonne comme un titre de Buckcherry. C’était hallucinant de l’avoir enregistré. Au départ, je ne voulais pas de onzième titre sur l’album. Je me suis dit que ce serait un titre bonus. Ça sonnait trop bien, nous l’avons gardée.
Vous avez tourné massivement pour le précédent album. Comment se passe la tournée en co-tête d’affiche avec Skid Row ? Qu’est-ce qui est prévu par la suite ?
Tout se passe bien avec Skid Row. Nous repartons en tournée dans deux semaines. Je trouve ce package super et efficace. Se partager la tête d’affiche fonctionne bien, nous remplissons les salles comme il faut. Nous jouons dans plein d’endroits. Pendant le Hellbound Tour, les restrictions Covid-19 nous ont bloqué. Maintenant, nous allons essayer de venir en Europe et au Royaume Uni probablement l’année prochaine.
La première fois que j’ai vu Buckcherry, c’était à Bercy à Paris (Accor Arena) en 1999 et vous ouvriez pour Kiss. Tu t’en souviens ?
Je me rappelle toutes ces dates, oui. Nous n’étions jamais venus en Europe, nous n’avions jamais joué dans des grandes salles, nous n’avions jamais ouvert pour un groupe de stade. Tout était nouveau pour nous. Nous étions super excités, comme des enfants dans un magasin de bonbons. Nous faisions notre concert et après nous regardions sur le côté de la scène le show de Kiss. C’était dingue cette production tous les soirs !
Les tatouages sont une part importante de ta vie. Est-ce une philosophie de vie ou une addiction positive ? Ou les deux pour toi ?
Tu sais, c’est bizarre. Depuis que je suis petit, je suis fasciné par les personnes taouées massivement. Je me souviens la première fois que j’ai vu ce mec avec tout le bras recouvert, je me suis dit : « Ouah, c’est énorme, c’est sur sa peau ». Je voulais un truc comme ça. Je voulais être tatoué massivement, recouvert de motifs, pas seulement un petit tatouage. Je voulais une seconde peau. Je ne sais pas expliquer pourquoi. C’est comme une armure de vie. Je suis fasciné par les Indiens et leur style de vie. Ils se tatouent eux-mêmes. Ils se mettent des peintures de guerre. Ils sont impressionnants.
« Je dirai que je suis passionné. Quand je suis comme ça, je me concentre que sur ça et ne fais que ça. Je peux être addict au travail. Cette concentration me consume. Je crois que la part addictive en moi fait ça. Je dois faire attention. Je fais tout pour réussir ce que j’ai décidé. Si tu m’as dans ton équipe, tu peux compter sur moi. »
Un prochain tatouage est prévu ?
Ce sera un truc sur ma jambe. J’ai un espace vide. Si un de mes enfants souhaite se faire tatouer un jour, je le ferai avec eux probablement.
Suis-tu un régime spécial vocalement et physiquement pour être si dynamique sur scène ?
Oui, je suis hyper discipliné. Je suis obligé. Le repos est important. Faire attention lorsque l’on a cinquante-deux ans, c’est important pour être en forme vocalement et physiquement. Je me prépare avant chaque show. Ce n’est plus aussi facile que lorsque j’avais 20 ans. Il faut faire attention à soi. J’ai un régime spécial mais pas ennuyeux.
Travailles-tu ou as-tu le projet de sortir un nouvel album solo ?
Je ne sais pas. Pas pour le moment. Cela dépend vraiment s’il y a une demande et une tournée derrière. Je suis heureux de ce que j’ai déjà fait.
Qu’est-ce qui définit le mieux ta personnalité ?
[Réfléchit] C’est une bonne question. Je dirai que je suis passionné. Quand je suis comme ça, je me concentre que sur ça et ne fais que ça. Je peux être addict au travail. Cette concentration me consume. Je crois que la part addictive en moi fait ça. Je dois faire attention. Je fais tout pour réussir ce que j’ai décidé. Si tu m’as dans ton équipe, tu peux compter sur moi.
J’ai un petit test pour finir notre interview. Cela s’appelle « la liste des chansons (pas que metal) » en lien avec tes émotions. Tout d’abord : une chanson qui te relaxe.
Ce serait probablement « Shining Star » de The Manhattans.
Une chanson qui te rend euphorique.
« Raspberry Beret » de Prince.
Une chanson avec des souvenirs positifs.
« You Shook Me All Night Long » d’AC/DC.
Et avec des souvenirs négatifs.
« Comfortably Numb » de Pink Floyd. Ça a été joué lors des premières funérailles de quelqu’un que j’adorai.
La chanson d’amour ultime pour toi.
Oh mon Dieu ! Trop dur. [Réfléchit] Donne-moi une seconde. Je te dirai « Hysteria » de Def Leppard. J’adore cet album.
La meilleure chanson pour faire l’amour.
« The Beautiful Ones » de Prince.
La meilleure chanson que tu aies écrite.
C’est dur. Je dirai à ce stade de ma carrière, c’est « Pain ».
La chanson d’un autre groupe que tu aurais voulu écrire.
Bruno Mars a écrit de superbes chansons selon moi. « When I Was Your Man » je te dirais !
Mon ultime question : ton addiction positive.
C’est le tennis. J’adore faire des compétitions. J’aime la compétition mais pas forcément dans la musique.
Interview réalisée par téléphone le 10 mai 2023 par Laurent Karila.
Retranscription & traduction : Laurent Karila.
Site officiel de Buckcherry : www.buckcherry.com