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Metalanalyse   

Dagoba accentue, fusionne et dynamise


Dagoba a très vite été considéré comme le prochain succès de la scène metal française après celui de Gojira. Les deux groupes ont débuté à la même époque et aspiraient aux mêmes évolutions de carrière, pourtant le constat est que Dagoba a pris un train de retard, autant sur la scène française qu’internationale. Peut-être parce qu’il n’a pas tout à fait réalisé les bons choix aux bons moments. Ou, peut-être, parce que depuis ses débuts, Dagoba accumule les paradoxes : par ses partis pris en matière de chant alternant l’ultra-accessible et l’agressif, par des inspirations très metal sur des productions hyper-sophistiquées ou encore par sa volonté ambivalente d’acquérir un public large et en même temps de séduire les extrémistes du style. Toujours est-il que Dagoba est sans doute aujourd’hui à un tournant avec cette signature sur VeryCords, un label de qualité, doté de moyens importants et qui a particulièrement le vent en poupe, là où la plupart des autres labels font grise mine dans un contexte difficile.

Un tournant également parce que le guitariste Yves Tersibachian, dit Z., entre dans le jeu pour remplacer un Izakar prié d’aller jouer ailleurs pour désaccord moral avec l’un des membres de la formation. L’enjeu du cinquième album du groupe, Post Mortem Nihil Est, se situerait-il donc au niveau de la gestion de l’équipe ? Pas seulement. Poseidon, déjà, montrait une volonté de se débarrasser de cette image de groupe post-néo, voire deathcore, qui leur colle à la peau. Le résultat avait atténué les incursions mélodiques au profit d’un propos très metal, avec les influences revendiquées que sont Machine Head, Dimmu Borgir ou Pantera. Post Mortem Nihil Est part de là, d’une volonté, visiblement, de mieux s’affirmer avec les éléments de langage d’un metal qui parleront à un public plus traditionnel et peut-être moins superficiel.

Direction Los Angeles, pour enregistrer le successeur de Poseidon, le groupe assurant lui-même l’enregistrement de toutes les parties pour ne confier que le mix et le mastering au poids lourd Logan Mader, l’ex-Machine Head qui a fait ses preuves dans le passé, notamment par son travail sur The Way Of All Flesh de Gojira. Là où avec Poseidon Dagoba avait compris que le message devait être plus lisible, avec Post Mortem Nihil Est il a aussi compris que la dimension mélodique était une composante importante de sa musique et qu’il fallait apprendre à mieux l’exploiter. Faut-il lier cet effet de maturation au turnover au poste de guitariste ? Le débat reste ouvert, toujours est-il que les guitares démontrent un sens du riff puissant, rapide, parfois malsain mais aussi, et surtout, injectent une forte dose d’accroche, qui n’est parfois pas sans rappeler le travail d’un Soilwork (« The Great wonder »). Les riffs chez Dagoba n’ont jamais sonné aussi élaborés, s’émancipant quelque peu des schémas à la Fear Factory, mais ne perdant pas pour autant en hargne, bien au contraire.

Le parti pris de cet album est là, mis en évidence dans ce jeu de guitare : plutôt que de laisser le chant porter la dimension mélodique et jouer au jeu des alternances, Dagoba pense sa musique comme un tout et y fusionne ses extrémités. A partir de là Dagoba peut s’étendre, à la fois s’ouvrir à de nouvelles accroches mélodiques et pousser la virulence jusque sur des terrains foncièrement death metal et black metal (« I Reptile », cf. ci-dessus). Outre les guitares, le ton est souvent donné par Shawter et son chant très agressif, plus sombre que jamais, allant dans des notes plus graves qu’auparavant. Franky Constanza derrière ses fûts suit la cadence, assurant d’une double-pédale glaciale et ultra-rapide une ambiance rythmique survitaminée qui n’est, bien évidemment, pas sans rappeler l’approche d’un Gene Hoglan, bien propre à son univers de batterie que le public connaît désormais bien, et qu’il a également exploité dans son autre projet black industriel, Blazing War Machine.

Cette fois-ci, l’influence des œuvres de Machine Head ou Dimmu Borgir ressortent avec davantage d’évidence : d’un côté les mélodies de chant qui font souvent écho aux dernières œuvres de Robb Flynn (« Son Of A Ghost ») et des riffs power thrash puissants et entraînants (« Yes We Die ») ; de l’autre côté des trémolos mélodiques de guitare façon Dimmu Borgir (« Kiss Me Kraken », « The Day After The Apocalypse »), les voix trafiquées façon Puritanical Euphoric Misanthropia (« When Winter »), les arrangements orchestraux (« When Winter », « The Realm Black »), etc. Voilà un autre point sur lequel Post Mortem Nihil Est fait évoluer le son de Dagoba : les arrangements. Là où il aura pu être reproché à Dagoba par le passé de tourner en rond dans l’utilisation de ses effets sonores, ici il renouvelle sa palette. La dimension cyber / industrielle est toujours bel et bien présente mais s’ouvre avec des orchestrations toujours aussi massives mais nettement plus naturelles et divers nouveaux éléments instrumentaux et vocaux. A ce titre, on peut parfois penser à la générosité et la grandiloquence pour laquelle un artiste tel que Devin Townsend est reconnu (la paradoxalement lumineuse fin de « The Realm Black », par exemple).

Post Mortem Nihil Est est donc un album à la fois contrasté, cohérent et très travaillé. Une carte de visite idéale pour convaincre et partir à la conquête de nouveaux publics. Avec Poseidon, Dagoba pensait sereinement investir le marché et le public américain, mais avec des retours encore peu visibles à ce jour. Les Marseillais vont récidiver cette fois-ci, mais pas la fleur au fusil : ils ont récemment rejoint le tourneur américain AGI, qui fait notamment tourner Metallica ou Rammstein aux États-Unis, afin d’enfin assouvir leurs envies d’outre-Atlantique. Gageons qu’avec un tel album, une telle envie de réussir et le soutien d’un label motivé, Dagoba parviendra, tôt ou tard, à ses fins.

Par Amphisbaena & Spaceman.

Album Post Mortem Nihil Est, sortie le 28 mai 2013, chez VeryCords



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