S’inscrire dans la durée, se dégager du carcan néo metal pour devenir l’un des groupes de rock les plus marquants et innovateurs de ce dernier quart de siècle : tout cela, Deftones l’a réussi en grande partie grâce à un état d’esprit qui va de l’avant et une symbiose fraternelle entre ses membres, reconstituée comme un lien indéfectible après l’accident de Chi. L’intégration du bassiste Sergio Vega, un proche du groupe depuis les débuts, s’est tellement bien passée tant au niveau musical qu’humain, que celui-ci donne aujourd’hui l’impression d’avoir été dans le groupe depuis toujours. C’est en tout cas le sentiment qui se dégage dans l’entretien que nous avons pu avoir avec l’intéressé, accompagné d’Abe Cunningham, l’indétrônable frappeur de Deftones, dans un dialogue qui met en exergue cet esprit de camaraderie, la bonne humeur et l’énergie de Sergio, des éléments sûrement essentiels dans la réussite des deux derniers opus du groupe, dont le petit dernier Koi No Yokan, et du retour en force du groupe en live et dans le cœur des fans.
Cette interview ayant été réalisée avant le récent décès de Chi, elle permet également de réaliser à quel point les membres de Deftones ont fait bloc autour de leur ancien bassiste jusque dans ses derniers jours, toujours empreints quotidiennement de ce tragique événement et portant l’espoir que la vague de soutien des fans du monde entier l’aide dans cette épreuve. Même si cet espoir et le positivisme de nos deux interlocuteurs n’ont pas payé, les fans pourront se consoler en se disant que Chi a vécu ses derniers jours chez lui, avec sa famille et dans une atmosphère pleine d’amour.
« Avoir traversé tout ça et en être ressortis plus forts, plus heureux et plus en forme, c’est vraiment énorme, mec. Nous avons retrouvé confiance en nous. Nous pouvons à nouveau mettre le feu. »
Radio Metal : Votre dernier album, Koi No Yokan, est sorti depuis quelques semaines maintenant. Avant toute chose, étiez-vous tous d’accord pour choisir un nom aussi particulier ?
Sergio Vega (basse) : Oui ! (Rires) C’est l’un des critères, les cinq doivent être d’accord. Et tout le monde est très excité lorsque ça arrive. Heureusement, ça arrive assez souvent.
Abe Cunningham (batterie) : Ce qu’il y a de bien, c’est qu’il n’y a pas de traduction anglaise directe, ce qui rend les choses encore plus cool. Whaaaaa, c’est mystique !
Avec le recul, quelle est votre vision de l’album ?
Sergio Vega : J’en suis super fier, parce que pour moi, c’est un peu un rêve qui s’est réalisé. J’avais une idée de la façon dont les gens devraient travailler ensemble. J’aime les expériences collaboratives, l’interaction. En gros, nous étions réunis dans une pièce tous les six, c’est-à-dire les membres du groupe et Nick [Raskulinecz], notre producteur, la plupart du temps. Les rapports entre tout le monde étaient vraiment bons. C’est super, j’aime quand les idées sortent toutes seules et que les gens sautent dessus et s’expriment, trouvent des éléments sympas pour booster le riff initial. Quand je pense à ce disque, je ne me dis pas : « Qui a écrit ça ? » C’est comme si quelqu’un avait laissé tomber une graine et que nous avions tous sauté dessus pour l’arroser. C’est un travail de groupe de chaque instant. Je le sais et je m’en souviens. Pour moi, c’est comme ça que doit s’écrire la musique. C’est ce que nous avons fait et c’est vraiment cool. J’adore écouter l’album.
Abe Cunningham : Et on a fait ça deux fois.
Sergio Vega : Oui, nous avons fait ça deux fois de la même façon. Ça me sidère que ça puisse réellement se passer comme ça. Je me suis retrouvé dans pas mal de situations où il faut se battre pour un riff, et on ressent beaucoup d’animosité dans tout ça.
Abe Cunningham : Ce n’est pas marrant !
Sergio Vega : Ça n’a pas à être comme ça. Avant, je me disais : « Ce ne sera pas bon s’il n’y a pas la guerre. » Mais ce n’est pas vrai ! Ça peut être sympa, on peut vraiment s’apprécier !
D’une certaine façon, cet album est le deuxième d’une nouvelle ère pour Deftones, qui s’accompagne d’une créativité retrouvée et d’une bonne dose d’énergie sur scène. Qu’est-ce que ça fait de se retrouver à nouveau au sommet ?
Abe Cunningham : Il y a eu des hauts et des bas, mais c’est la vie. Avoir traversé tout ça et en être ressortis plus forts, plus heureux et plus en forme, c’est vraiment énorme, mec. Nous avons retrouvé confiance en nous. Nous pouvons à nouveau mettre le feu. Avant, on faisait ça tout le temps : on pouvait aller n’importe où et on mettait le feu. Aujourd’hui, nous sommes en bonne santé et il y a vraiment de la joie. C’est génial. Après tout ce que nous avons vécu, c’est vraiment un sentiment particulier.
Vous avez récemment joué deux nouveaux titres de cet album sur scène, « Romantic Dreams » et « Entombed ». Quelle a été la réaction du public à ces chansons ?
On en fait un paquet d’autres maintenant.
Sergio Vega : Ouais. C’est très agréable, étonnamment. Non, pas étonnamment. Nous apprécions beaucoup dans le sens où nous jouons ces chansons, et c’est tellement énorme de savoir que les gens sont aussi enthousiastes pour un septième album. Généralement, le public veut entendre les morceaux plus anciens, rallumer la passion en faisant jouer un album ancien en totalité ou un truc comme ça. Mais nous avons un septième album que les gens veulent entendre, et ils sont vraiment remontés à bloc ! Une chose qui est géniale, c’est que c’est en quelque sorte la première fois que j’ai fait du tapping. Stephen et moi avons essayé de voir pour faire du tapping pour inclure ça dans une chanson. Nous avons construit une chanson à partir de ça en quelques minutes. C’est génial de pouvoir partager ça.
Abe Cunningham : On a joué ces chansons pendant un moment, puis l’album est sorti et on a pris deux mois de vacances. Là, nous en sommes au sixième concert, et maintenant on peut jouer ces chansons. On voit pas mal de têtes plus jeunes dans le public, ce qui est super, et ils ont l’air de bien adhérer au nouveau matériel.
Sergio Vega : Ouais, j’ai été sidéré par notre premier concert de cette série à Glasgow. Nous avons commencé à jouer les nouveautés et le public s’est mis à chanter. Je me suis dit : « Waouh, c’est grandiose ! »
« Depuis le début, nous n’étions pas fixés sur un seul style ; nous pouvions être exactement ce que nous voulions être. »
Maintenant que le catalogue de titres de Deftones est assez fourni, j’imagine que vous avez vos favoris, ou des chansons que vous ne voulez plus jouer ?
Je suis prêt à tout jouer ! (rires)
Abe Cunningham : Il arrive que les chansons que nous avons le moins envie de jouer soient celles que le public a le plus envie d’entendre. Mais je pense que nous avons trouvé le moyen de donner un nouveau souffle à tout ça. On peut laisser certaines chansons couver pendant un moment. On a assez de matériel pour alterner, c’est une bonne période. Je suis retombé amoureux de pas mal de trucs de notre premier album. C’est sympa.
Sergio Vega : C’est tellement cool. Pour moi, ce qu’il y a de vraiment génial, c’est le contexte d’un concert. C’est comme ça que nous décidons de ce qui entre et de ce qui sort, parce qu’on a un chemin qu’on veut suivre et différentes façons de faire les choses. Nous trouvons un équilibre entre les titres à deux guitares et ceux à une seule. Ça définit les paramètres pour décider de ce qui va se passer. On ne peut jouer qu’un certain nombre de chansons à une ou à deux guitares, parce qu’on utilise tellement d’accordages différents. Parfois, on veut mettre un peu de fluidité dans le show et on se demande : « Combien y a-t-il de chansons avec complètement le même accordage ? » C’est très rare ! (Rires) Sur Diamond Eyes, en particulier, on n’est jamais accordés pareil. Sur Koi No Yokan, Chino et moi sommes parfois accordés pareil, mais jamais avec Stephen. Et c’est trop cool ! Mais ça rajoute une couche au défi quand nous essayons de monter des setlists. Nous vvoulons nous laisser l’opportunité de changer.
Pour moi comme pour beaucoup de monde, le grand tournant musical de la carrière de Deftones est l’album White Pony. À partir de cet album, le son de Deftones a évolué vers quelque chose de plus atmosphérique, avec l’utilisation d’électronique, par exemple. Comment analysez-vous cette période et la contribution de cet album à votre carrière ?
Abe Cunningham : C’était un moment monumental pour nous. C’est toujours notre plus grand succès en termes de ventes, mais c’était plus que ça. Depuis le début, nous n’étions pas fixés sur un seul style ; nous pouvions être exactement ce que nous voulions être. Il y avait une base de guitares metal, mais nous pouvions faire tout ce que nous voulions. Avec White Pony, c’était la première fois qu’on avait un tel éventail de sons et qu’un album était aussi bien organisé. Il y avait déjà une différence entre Adrenaline et Around The Fur, mais on a eu l’occasion de faire encore mieux, et on l’a fait. J’adore ce disque, mec. C’est la raison pour laquelle nous sommes encore là, je pense.
Sergio Vega : Ouais, c’est vraiment génial. Même de mon point de vue, je l’apprécie beaucoup. C’est tellement minimaliste quand on l’écoute et, en même temps, c’est énorme et très heavy. Le doigté est très délicat, c’est vraiment sympa. Les éléments se marient bien. Quand j’ai commencé à essayer de jouer ces chansons, je me suis dit : « Wooooow, ça déchire, c’est trop énorme ! »
De Terry Date à Nick Rasculinecz, vous n’avez travaillé qu’avec trois producteurs dans toute votre carrière…
Abe Cunningham : Oui, Terry Date et… Oooh, celui dont nous ne parlerons pas…
Sergio Vega : Celui dont on ne doit pas prononcer le nom !
Abe Cunningham : Terry a fait quatre disques. Peut-être cinq… Oh, il a fait Eros, qui n’est jamais sorti, ça fait cinq. Bob Ezrin s’est occupé de Saturday Night Wrist. Ou peut-être que je me plante dans mes chiffres…
Sergio Vega : Non, tu as raison.
Abe Cunningham : Ah, oui. Et ensuite, les deux derniers. Yay !
Comment ont-ils influencé le son de Deftones ?
Ce sont des gens géniaux avec qui travailler. Terry Date est un excellent ingénieur. Je veux dire, c’est un producteur, mais c’est avant tout un ingénieur. Il a la tête dans la console, c’est sont truc. Ce n’est pas quelqu’un qui… S’il a une idée, évidemment, il va nous dire : « Allez-y, les gars, essayez ça. » Mais il n’a pas vraiment les mains dans le cambouis, contrairement à Nick.
Sergio Vega : Nick associe parfaitement implication et transparence. Il fait toujours en sorte que tout soit à propos de toi. Il ne dit jamais : « Fais ci, fais ça ! », mais plutôt : « C’est génial, ce que tu as fait, je veux plus de ça ! Les gars, regardez ce que fait Frank ! » Il est excellent pour créer des structures qui nous permettent d’être plus libres. Il enregistre toute la journée de répétition, puis il découpe tout ça et nous l’envoie. Il entretient le mouvement. C’est quelque chose qu’on a intégré. S’il doit louper une journée, nous le faisions nous-mêmes. Notre côté créatif peut être libre et ouvert, parce qu’il y a un autre aspect qui concerne l’enregistrement pur et une réflexion plus consciente sur les idées. Ensuite, on joue avec les arrangements et les morceaux. Ça nous permet de cristalliser les choses très rapidement.
« Je les ai vus et rencontrés pour la première fois parce que quelqu’un m’a dit : ‘Va voir Deftones’. […] Je suis allé les voir, j’ai vu cette énergie pure et je me suis dit : ‘C’est pour ce genre de choses que je fais ça.' »
Sergio, quelle était ta perception du groupe avant de le rejoindre ?
Je les ai rencontrés en 1995 sur la première tournée mondiale. Ce sont des potes depuis 1995. Je les ai vus et rencontrés pour la première fois parce que quelqu’un m’a dit : « Va voir Deftones. » J’étais à fond dans ma bulle hardcore, donc j’ai demandé: « Ils font quelque chose comme ça ? » Et il a dit : « Non, ils ne font pas ça, ils adorent Bad Brains ! » Comment ça, ils adorent Bad Brains ?! Je suis allé les voir, j’ai vu cette énergie pure et je me suis dit : « C’est pour ce genre de choses que je fais ça. » Je me souviens d’être allé à leur bus et, comme à l’époque j’avais toujours de l’herbe et des cigares, je leur ai apporté de l’herbe et des cigares ! Ça a bien marché avec eux. J’avais les cheveux longs et des dents en or, juste pour agacer mes copains hardcore, qui étaient tous tellement strictes. J’ai trouvé que l’énergie de ces gars était incroyable. J’ai eu la chance de remplacer Chi brièvement en 1999. Je n’avais jamais été impliqué dans quelque chose que tout le monde voulait faire au même moment. Je me disais: « C’est trop bien! » Je suis super-méga fan de tout, parce que je sais que c’est authentique. Quand ils m’ont rappelé, je me suis dit: « J’ai l’occasion d’être entouré de gens authentiques. J’y vais! »
Dans le groupe, vous êtes très proches, car vous êtes tous deux la base rythmique. Comment décririez-vous votre collaboration musicale ?
Abe Cunningham : Trop bien !
Sergio Vega : C’est comme ça qu’on parle de nous : trop bien, trop fort, c’est la section rythmique ! (rires)
Abe Cunningham : C’est marrant, parce qu’à l’époque, Chi avait un style de jeu très particulier. Ça coulait tout seul, c’était très libre, mais son rythme était tordu, mec. Stephen, notre guitariste, est très précis, il est à fond. Généralement, la section rythmique joue ensemble, basse et batterie. Je ne me suis jamais basé sur Chi, jamais. Ceci, messieurs, est donc totalement nouveau ! Je n’ai jamais vraiment connu ça avant. C’est cool, mec !
Sergio Vega : Je t’aime aussi ! Stephen est très orienté rythme et, de mon point de vue, s’appuyer sur ces deux gars, c’est une tuerie.
Abe Cunningham : Je ne l’écoute plus, c’est toi que j’écoute, maintenant !
Sergio Vega : Je veux toucher à tout ce qui sonne et Stephen est pareil. Ça fonctionne bien. Je veux être à ma place et fusionner les choses.
Abe Cunningham : Et moi je veux juste emmerder Stephen ! Toute la journée !
Sergio Vega : (rires) Donc oui, être dans la section rythmique, c’est génial !
Sergio, quand tu as rejoint le groupe, j’ai pensé, comme beaucoup de gens je crois, que cela devait être des conditions vraiment étranges pour rejoindre un groupe, étant donné ce qui était arrivé à Chi…
C’était horrible, ouais…
Comment as-tu trouvé ta place et réussi à surmonter cela ?
En n’y pensant pas et en étant un pote. Les bases de mes actions sont fondées sur le fait d’essayer d’être le plus positif et le meilleur pote possible. Le reste est le reste. J’imagine, que si je fais cela correctement, le reste ira tout seul. Tant que je leur suis utile, c’est bon. Je suis simplement content de faire partie de ça, et c’est tout. C’est très terre à terre : ce sont mes potes et c’est un honneur d’être dans un truc qu’ils ont autant développé et avec lequel ils ont fait autant de choses. Être un bon pote, travailler dur, s’entraîner tous les jours et c’est tout.
« [Stephen Carpenter] est mon frère et nous sommes liés… C’est mon devoir de le faire chier tous les jours ! (Rires) »
Vu que nous parlons de basse, as-tu des nouvelles positives à nous communiquer sur Chi ?
Abe Cunningham : C’est presque toujours pareil. Je pense que ce n’est pas si négatif. Je souhaiterais que ce soit mieux, mais ça ne l’est pas. Il est toujours dans un état de conscience minimale. Il est chez lui maintenant, ce qui est beaucoup mieux que l’hôpital, Il est très sujet aux infections, car il est couché tout le temps. Cela faisait longtemps qu’il était à l’hôpital mais maintenant il est chez lui avec sa famille. Je pense à lui toute la journée, tous les jours.
Sergio Vega : Il y a beaucoup d’énergie positive. La médecine a tellement évolué dans la compréhension des blessures sévères du cerveau et des traumatismes. Maintenant, il y a tellement de précédents, de gens se réveillant après plusieurs décennies ou avant. Alors on ressort constamment l’énergie positive de tout ça et on lui souhaite ça de tout notre cœur. En fin de compte, cela donne parfois des résultats incroyables.
Abe Cunningham : Il reçoit cette énergie des gens du monde entier. Une vague d’amour.
Sergio Vega : C’est un fait. Je suis sûr que d’ici quelques années ils seront capables de prouver que cela aide vraiment.
Abe, cela fait plus de vingt ans que tu joues avec Stephen Carpenter maintenant…
Abe Cunningham : vingt-cinq !
Comment ta relation musicale avec lui a-t-elle évolué au fur et à mesure des années?
De mal en pis! (rires) Je rigole, mais c’est vraiment ça. Il y a vraiment des trucs qu’il écoute… je veux dire, nous écoutons des trucs en commun, mais il y a certaines merdes qu’il écoute que je n’aime pas du tout! Mais c’est mon frère et nous sommes liés… C’est mon devoir de le faire chier tous les jours ! (Rires)
Est-ce que cela a toujours été facile de jouer avec lui ?
Oui ! Absolument, lui et moi, on a tout fait. Ce n’était rien que nous deux quand nous avons commencé le groupe. Nous nous appelions Animosity, à cause d’un album de Corrosion Of Conformity. Chino m’a présenté à lui, ils se connaissaient. Les deux premiers albums, lui et moi avons tout écrit. Nous étions les deux à être à l’heure tous les jours, à rester tard le soir, à remplir la voiture, etc. Nous étions la base mais nous sommes un groupe. Cela inclut tout le monde. C’est de la collaboration comme ça l’est maintenant. J’aime Stephen, je l’aime énormément, et il m’aime aussi, je le sais. Mais j’aime vraiment pas beaucoup de la musique qu’il écoute ! (rires) Et je suis sûr qu’il n’aime pas ce que j’écoute non plus. Mais nous trouvons toujours un terrain d’entente. Cela fait partie du processus et donne un côté fun au truc.
Parlons un peu de batterie maintenant. Tu as cité Steward Copeland comme l’une de tes influences. Est-ce lui qui t’a inspiré ta façon de frapper la caisse claire, qui est si caractéristique de ton jeu ?
Oui, il a toujours eu une frappe très sèche. J’aime la puissance. Il y a John Bonham (de Led Zeppelin, ndlr), aussi bien sûr, il est si puissant et énorme, et il danse carrément sur le kit de batterie, alors que tout le monde pense qu’il fait juste « Bam », « Bam » ! Dave Grohl aussi frappe sec. Mais il ne faut pas non plus frapper trop fort sinon ça sonne comme de la merde. Je suis vraiment super influencé par Steward Copeland, peut-être un peu trop, mais bon…
Je me souviens encore de la première fois que j’ai entendu « Around The Fur ». Je me souviens avoir pensé : « Quelle frappe de caisse claire! »
On a l’impression que je la frappe fort, mais je ne la frappe pas si fort que ça ! C’est de la poudre aux yeux, c’est Hollywood, ça ! (rires) Mais c’est vrai que j’aime bien tabasser ma batterie un peu.
Sergio Vega : Il est tellement puissant!
Qu’est-ce que cela représente d’être devenu toi-même une influence pour les batteurs d’aujourd’hui ?
Abe Cunningham : Je ne sais pas !
Sergio Vega : Pour beaucoup de mes potes, quand on a entendu Deftones pour la première fois sur la côte est, ils se disaient tous : « La batterie, c’est un truc de dingue ! » La manière dont elle accompagne les riffs, la façon dont elle les coupe, cela leur donne vraiment de la vie… Cela les amène à un autre niveau. La preuve en est, c’est que je n’imagine pas ces riffs avec un autre jeu de batterie.
Abe Cunningham : Merci !
Sergio Vega : C’est un truc de dingue, mon pote !
« Tu ne te regardes pas comme une influence, tu ne te regardes pas à la troisième personne. Ce qui compte est ta passion pour la musique et c’est ce qui rend le truc beau et excitant. »
Il y a seulement deux featurings dans la carrière de Deftones, « Head Up » avec Max Cavalera et « Passenger » avec Maynard James Keenan (de Tool, ndlr), mais ceux-ci resteront dans la mémoire collective pendant des années encore. Pourquoi ne pas en avoir fait plus ?
Abe Cunningham : Ces choses arrivent très naturellement. Ce sont des potes à nous, qui se sont retrouvés en ville en même temps que nous. Max était en tournée à cet endroit quand nous étions en train d’enregistrer à Seattle. Nous le connaissions depuis un certain temps et nous étions de gros fans de Sepultura. C’était la motivation : « Putain, allez on le fait ! », ça s’est passé comme ça. Aujourd’hui, pour beaucoup de disques c’est : « Avec la participation de untel et untel. » Mais pour nous c’est très naturel et j’aime bien que ce soit comme ça.
Y aura-t-il une opportunité à l’avenir de jouer à nouveau avec Tool ?
C’est à la volonté des dieux ! (rires)
Sergio Vega : Nous jouons ensemble au Ozzfest au Japon, mais à des dates différentes, malheureusement.
Vous avez été nominés aux Revolver Golden Gods Awards dans toutes les catégories. Est-ce que cela a une quelconque importance pour vous?
C’est intéressant, on en a parlé l’autre jour. D’un côté, je ne… (Il bredouille et rit) Allez, on recommence !
Abe Cunningham : Bien sûr, c’est toujours bien d’être reconnu.
Sergio Vega : C’est le truc qui est vraiment bien : c’est quelque chose d’excitant, cela crée de l’excitation auprès des gens, cela crée un écho et ils en parlent. Mais comme nous l’avons déjà dit : tu ne te regardes pas comme une influence, tu ne te regardes pas à la troisième personne. Ce qui compte est ta passion pour la musique et c’est ce qui rend le truc beau et excitant. J’ose même dire que c’est pour cela que les gens sont intéressés par nous, parce qu’on ne se regarde pas. Si nous étions ce genre de gars, nous ferions des collaborations forcées, comme faire des albums avec Katy Perry, par exemple !
Abe Cunningham : On reste détaché. On garde le côté léger, détaché et fun. La compétition, c’est bon pour le sport.
Sergio Vega : Absolument, la compétition c’est bon pour la FIFA, tu vois ce que je veux dire ?
Abe Cunningham : Les « Dieux de l’Aluminium », je serais plutôt ça. Ou « Les Dieux de l’étain ». (rires)
A la fin des années 90, l’époque où vous avez démarré, étiez-vous conscients de vivre un âge doré du rock alternatif et du metal ? Beaucoup de groupes sont nés à cette période : vous, Rage Against The Machine, Tool, Nine Inch Nails…
Beaucoup ont arrêté, nous on a juste continué notre route. J’ai l’impression que l’on ne s’est jamais arrêté. C’est bizarre. C’était une époque géniale. Beaucoup de groupes géniaux, une grande époque pour la musique, pour les gens qui allaient voir des concerts. C’était dans le monde entier. C’était énorme. Cela me manque…
Interview réalisée en face à face le 22 février 2013.
Retranscription : Saff’
Traduction : Amphisbaena
Site internet officiel de Deftones : www.deftones.com
Merci beaucoup pour cet excellent interview, Deftones est et restera l’un des meilleurs groupes metal existant.
ça fait plaisir de voir Sergio si bien intégrer au groupe.
Puis RIP Chi 🙁
PS: il y a aussi un troisième featuring dans la carrière de Deftones: celui avec Serj Tankian dans la chanson Mein de leur album Saturday Night Wrist, c’est important de le souligner!
Par contre elle date un peu chi était toujours vivant… RIP
Deftones un de mes groupes préféré c’est vraiment dommage qu’ils sont si peu connue en France, l’atmosphère qui se dégage du groupe est formidable merci beaucoup pour cette interview.