Même si Providence est le premier album de Destruction Ritual, ses membres sont loin d’en être à leur coup d’essai. C’est en effet TerrorReign (Necroblood), un certain Arafel, et MkM (Antaeus, Aosoth), avec son camarade Blastum (Antaeus, Merrimack) en renfort à la batterie, que l’on trouve aux manettes de ce groupe franco-américain, dont la première démo sortie en été 2021 augurait le meilleur. Fort de ces débuts solides et maîtrisés, Destruction Ritual continue dans la même lignée avec Providence, qui reprend là où la cassette s’arrêtait, c’est-à-dire dans la bile, le sang, et à deux doigts de la crise d’hystérie.
Car Destruction Ritual a les nerfs à vif : sans fioritures, ses morceaux sont bruts, servis par une production organique qui use avec parcimonie des ficelles habituelles du metal extrême (distorsion, delay, etc.). Au fil de morceaux assez longs, l’intensité et l’atmosphère viennent d’ailleurs. La batterie est vivante et nerveuse, la basse pulse, les guitares s’entrecroisent et étourdissent, expressives tant dans les arpèges menaçants que dans les longs solos habités (« Pride & Corrupted Dreams », « Washed Away Sins »). De tout cela émergent des voix paradoxalement moins humaines que la musique, à commencer par celle, comme toujours gutturale, presque d’outre-tombe, de MkM, mais aussi celles de samples méticuleusement intégrés à partir du lent et malsain « Gone Days Of Splendor ». La continuité avec la démo est établie par la réutilisation de longs passages de l’inoubliable scène de fausse couche/crise de nerfs de Possession d’Andrzej Żuławski, dont l’héroïne a sans doute inspiré la pochette. « J’ai peur de moi car je suis la créatrice de mon propre mal », l’entend-on dire dans le bien nommé « Closure », qui ferme l’album : c’est bien de ça qu’il s’agit avec Providence. Écorchage en règle, anéantissement programmé, ce premier album galvanise un genre pourtant largement arpenté – le black orthodoxe mêlé de death – en préférant les tripes et les respirations aux machines et à la saturation.
L’album en écoute :
Album Providence, sorti le 12 septembre 2025 via Norma Evangelium Diaboli. Disponible à l’achat ici




























