Le rendez-vous était noté, et les voilà bien ponctuels, eux qui avaient pris l’habitude d’espacer déraisonnablement leurs sorties. Comme prévu, un an et demi après la première partie de Down IV, découpé en une série de quatre EP, voilà Down qui revient à la charge, s’accommodant sans accro du départ du guitariste et fondateur Kirk Windstein parti offrir toute son attention à son bébé Crowbar, pour donner suite à cette expérience discographique inédite (depuis Skid Row leur a toute fois emboîté le pas). Ça fait bien longtemps que Down n’est plus simplement à considérer comme un super groupe, au sens de regroupement de musiciens de renoms, mais comme une référence. Et autant le dire tout de suite, le petit dernier de la famille hurle à en faire trembler toute la Louisiane.
L’une des particularité que le groupe avait annoncé en s’engageant dans cette série d’EP, c’était que chacun allait avoir sa spécificité : le premier heavy, un autre doom, un autre plus calme, etc. Or on constate que cette seconde salve de six titres ne se démarque pas de manière aussi tranchée qu’on aurait pu l’imaginer de la première. Elle démontre que Down reste encore et toujours une machine terriblement groovy, soit dit en passant absolument pas affectée par l’absence de Windstein. Quand bien même, le combo en profite pour s’enfoncer un peu plus dans les profondeurs acides du sludge. Le son que l’on pourrait qualifier de crasseux et corrosif, toujours très « NOLA » dans l’âme, se fait plus massif. S’il n’a pas mis de côté sa férocité, Down joue davantage sur son penchant pachydermique, torturé et vicieux comme l’ouverture apocalyptique quasi doom death de « Steeple » ou la fin de « We Knew Him Well » où les superpositions de voix créées la confusion. Down baigne plus que jamais dans l’influence de Black Sabbath sur un « Conjure » épique, psyché et horrifique que les pères du heavy metal, mais aussi Saint Vitus, n’auraient par renié. Des riffs que l’on croirait tout droit sorti des phalanges de Iommi, des lignes de basses rondes et bavardes typiques de Butler, une batterie à la Ward qui semble porter tous les fardeaux du monde et un Anselmo qui donne parfois la sensation de singer Ozzy. Et c’est sur une douceur gracieuse à la « Planet Caravan », une libération, que se termine l’étouffant « Bacchanalia », dernier titre… Avant la suite. Une indication sur la teneur de l’EP n°3 selon Pepper Keenan ; rien de moins certain selon Phil Anselmo (interview à paraître bientôt) car chez Down, la musique fonctionne avant tout à l’instinct et à l’humeur.
Ce second EP apporte une dimension malsaine à l’oeuvre « Down IV ». Si les all-stars de la scène stoner metal avaient déjà versé à de nombreuses reprises dans ce registre, jamais ils ne semblaient l’avoir autant exploré et exploité. Souvent glauque et poisseuse mais jamais écœurante, cette galette est une savoureuse brasse coulée marécageuse pour qui saura se laisser entraîner dans la brume du bayou.
Par Le Phasme et Spaceman.
Album Down IV, Part 2, sortie le 12 mai 2014 chez Roadrunner Records