A deux semaines de l’ouverture des portes de l’édition 2013 du festival Motocultor, notre équipe a interviewé vendredi dernier Yann Le Baraillec, le programmateur du Motocultor. Une bonne occasion de faire le point sur cette prochaine session en plein air qui se déroulera les 16, 17 et 18 août, et pour la première fois à Saint-Nolff, à quelques kilomètres de Theix, le précédent site.
Yann, visiblement serein, affirmant ne ressentir aucune peur avant cette nouvelle édition, et toujours aussi décontracté, nous explique d’ailleurs au cours de cet entretien de 15 minutes pourquoi le festival a déménagé cette année, mais aussi ce que cela va changer, en comparaison de 2012, et les conséquences positives que cela pourrait avoir sur l’évolution de l’événement dans un futur plus ou moins proche.
L’avenir, il en a aussi été question. Immédiat d’abord, quand on parle des groupes présents au Motocultor 2013, à commencer par ceux qui reviennent cette année après une annulation malheureuse l’an passé – sauf Electric Wizard, et il nous dit pourquoi. Mais aussi plus lointain, en parlant des futures annonces de l’édition 2014. Mais là, il faudra sans doute être un peu patient.
Écouter la version audio de l’interview : [audio:interviews/2013/08/2013 – Motocultor.mp3|titles=Interview Yann le Baraillec (Motocultor)]
En premier lieu, il faut faire table rase du passé en vérifiant que les incidents de l’an dernier resteront de lointains souvenirs, sans échos en 2013. Le premier d’entre eux avait été l’ouverture avec deux heures de retard du site, après un enchaînement de péripéties incluant un désistement quinze jours avant le début de la manifestation de l’association de secouristes qui devait assurer la sécurité pendant les trois jours de fest et un agent de la Commission de Sécurité le vendredi matin qui n’aurait, nous dit Yann, eu d’autre envie que de gâcher le plaisir de tout le monde (on vous laisse goûter aux mots exacts dans l’audio ci-dessus) mais le directeur/programmateur nous assure qu’il n’y a aucune raison pour que cela se reproduise : « Ce n’est dans l’intérêt de personne. »
Autre gros problème de l’an dernier : l’eau. Autant d’un point de vue sanitaire que pour simplement s’hydrater. Pour cela, pas de souci à se faire, nous assure Yann : le changement de terrain y étant pour quelque chose puisqu’il est déjà tout équipé pour cela. Le festival hérite donc pour 2013 d’une installation permanente pour l’arrivée et l’évacuation d’eau.
Et qui dit eau, dit nourriture. Si en 2012 le Motocultor a été surpris par l’afflux croissant de festivaliers, causant des queues à rallonge devant les stands de nourriture, il a a priori retenu la leçon et cette fois-ci, pour parer à ce « point noir récurrent du festival » : « On a renforcé l’équipe, on a pris plus de prestataires pour superviser, manager les bénévoles – on va avoir plus de bénévoles – donc on va gagner en qualité de service, les gens vont être mieux servis et plus rapidement. »
Mais ces quelques cafouillages, qui n’ont pas excessivement abaissé la qualité générale de ce weekend de 2012, ne sont finalement, conclue Yann sur ce sujet, que ce que par quoi passent tous les jeunes festivals (comme l’est encore le Motocultor) et/ou ceux qui débutent, en particulier parce que tous les membres de l’équipe n’ont pas le même niveau d’expérience. Les ultimes problèmes de l’an dernier étaient d’ailleurs hors du contrôle du l’orga, c’est-à-dire les annulations de groupes à la dernière minute. D’abord celles d’Ataraxie et Miseducation Of Masses à cause du retard pris le vendredi, puisque les deux formations étaient censées ouvrir le bal. Mais il n’était pas non plus question alors de les laisser repartir sans rien et surtout sans la moindre considération : « C’est moi qui leur ai annoncé que, malheureusement, avec les retards, on devait annuler leurs concerts. Et je leur avais donc dit dans la foulée qu’on les reprendrait l’année prochaine, et ils avaient dit oui ». Par contre, il y en a un qui n’est pas réapparu sur l’affiche de 2013, c’est Electric Wizard. Ayant annulé sa venue juste une paire de jours avant en raison de problèmes de santé de son leader Justin Oborn, le Motocultor avait perdu l’un des principaux noms ornant sa programmation mais n’a pas désespéré de le retrouver l’année suivante. Cependant les doomsters britanniques jouent sur la valorisation de la rareté : « Ils font très peu de dates cet été et ils étaient deux, trois fois plus chers que l’été dernier [rire]. […] Ils étaient trop chers pour nous. Ils ne voulaient pas faire un geste. On voulait les faire revenir dans les mêmes conditions que l’an dernier mais ça n’a pas pu se faire malheureusement. »
Place maintenant au présent, celui sur lequel pousse l’avenir. Et cela passe par la question du nouveau terrain. En 2012, on savait déjà que le festival se déroulerait ailleurs que Theix, avec peut-être un retour sur le site de 2010. Mais ce n’est pas forcément un pas en avant, car pour progresser, atteindre ses ambitions, l’organisation avait besoin d’ « un terrain sur lequel on pourrait rester cinq ou six éditions minimum ». Et celui qu’ils visaient depuis 2010, depuis que le festival se fait en plein-air, c’était justement celui du Kerboulard à Saint-Nolff, « fait pour et plus économique », adapté à l’organisation d’un festival, avec des voies de secours, un peu d’infrastructures, des arrivées et évacuations d’eau ainsi qu’une installation électrique à la hauteur, etc.
Il s’agirait même de la base nécessaire pour le développement du festival, d’abord parce que « c’est le terrain idéal pour nous. On souhaite vraiment y rester [car] changer de terrain tous les ans, c’est vraiment compliqué en termes d’organisation ». Et même si les changements réguliers d’adresse n’ont pas été un frein au développement du Motocultor – passant de 4 500 festivaliers en 2010 à 11 000 en 2012, et un score déjà équivalent à ce dernier pour 2013, pouvant encore être dépassé – « c’est quand même très, très dur au niveau énergie, et ça prend beaucoup de temps dans l’organisation. On serait plus tranquille, plus serein si on était sur le même terrain. » Et le festival pourrait aussi aller plus loin dans ses ambitions grâce à une plus grande stabilité, comme faire venir « plus de groupes, plus de styles différents, plus de groupe amateurs », comme il l’indiquait en conférence de presse l’an dernier. Depuis 2010, le festival reprend la même formule et accueille toujours 45 groupes (avec deux tiers d’artistes internationaux), 15 par jours, sur deux scènes et « l’année prochaine, malheureusement, ça va rester sur le même format » nous avoue déjà Yann. Pourtant ils aimeraient ajouter une troisième scène : « Pour faire plus de groupes, plus de groupes découverte, varier encore plus les styles. Et pour ça, il faut résoudre le problème du terrain avant, avant d’envisager d’agrandir le festival. Si on a la chance de rester à Saint-Nolff dans les années qui viennent on pourra rajouter cette troisième scène. Mais pour l’année prochaine, on négocie pour rester à Saint-Nolff ou retourner à Theix. » Mais « à Theix, ce n’est pas un terrain d’avenir. »
Voici donc dans quel contexte les festivaliers, toujours plus nombreux pour encourager la croissance du Motocultor année après année, vont débarquer dans dix jours. Bien sûr, dans l’instant présent, ils penseront surtout à profiter des concerts, en tête ceux d’Annihilator, Therion, Exodus ou DevilDriver, sans trop se demander s’ils fouleront encore la terre de Saint-Nolff l’an prochain. Mais peut-être se demanderont-ils quels autres concerts ils y vivront en 2014 s’ils sont heureux de l’expérience dans cette nouvelle cours. Alors nous n’avons pas laissé le programmateur sans lui poser une ultime question cocnernant les artistes en vue pour l’an prochain : « J’ai des tourneurs qui m’ont appelé pour proposer des groupes pour 2014. Je n’ai pas trop le temps d’y répondre malheureusement. » Donc pas de scoop pour le moment mais « il peut arriver qu’on annonce un groupe dès cette année, pendant le festival. Au pire, on annoncera les groupes en octobre » et probablement déjà de quoi garnir la tête d’affiche, à l’en croire. Tout dépendra finalement des dates du festival qui n’ont pas encore été définies pour 2014.
Interview réalisée par téléphone le vendredi 2 août 2013 par Metal’O Phil
Article par Animal
Site internet officiel du Motocultor : www.motocultor-festival.com