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Interview   

Fifth Angel : la synthèse du passé et du présent


The Third Secret (2018) avait été un retour réussi pour Fifth Angel, après une séparation de près de trente ans. Retour entériné désormais avec When Angels Kill qui surfe sur l’enthousiasme du groupe, fort d’un line-up enrichi, et réunit les époques, notamment au niveau de son concept aux allures cinématographiques qui pioche dans les thématiques encore très actuelles des deux premiers albums du groupe, Fifth Angel (1986) et Time Will Tell (1989).

Nous avons contacté le batteur et producteur Ken Mary pour nous parler de ce quatrième album qu’il considère déjà comme une apogée pour le groupe, mais aussi de l’histoire de Fifth Angel, formation de Seattle qui a été, comme beaucoup d’autres, victime du grunge, et de son histoire personnelle. En effet, s’il officie aujourd’hui au sein de Fifth Angel et de Flotsam And Jetsam, son CV est des plus impressionnants, étant passé par Alice Cooper, Impellitteri, House Of Lords, Chastain, Accept, Kip Winger et même les Beach Boys !

« Il est très probable qu’un gouvernement mondial apparaisse. […] Plus les choses avancent et se développent, comme avec l’IA et les différentes mesures de contrôle qu’un gouvernement peut mettre en place, plus je me dis que la tendance va évoluer vers davantage de contrôle. »

Radio Metal : Votre album comeback, The Third Secret, est sorti en 2018. Il s’agissait de votre premier album depuis Time Will Tell en 1989. Presque trente ans, c’est très long ! Comment avez-vous vécu cette période, à la fois en termes de remettre le pied à l’étrier en tant que groupe et de réception par la communauté metal ?

Ken Mary (batterie) : Nous avions beaucoup de pression avec The Third Secret, car nous n’avions pas sorti d’album depuis 1989 et nous savions que nos deux premiers disques étaient vus comme des classiques en Europe. Nous avions vraiment la pression pour sortir quelque chose de bien. C’est la raison pour laquelle nous n’avons rien sorti [pendant longtemps]. Nous essayions d’écrire depuis 2011 ou peut-être 2012, mais nous n’avions pas l’impression que c’était très solide : « C’est cool, mais ça ne sonne pas comme du Fifth Angel. » The Third Secret est le résultat d’une alchimie retrouvée entre Kendall [Bechtel], John [Macko] et moi. C’était très facile, les chansons venaient toutes seules et nous étions très excités : « Waouh, on dirait du Fifth Angel, cette fois ! » Ce n’est pas exactement la même chose qu’en 1989, nous avons évolué. C’était une belle progression et nous avions le sentiment que c’était solide. Nous avons eu de très bons retours ; il semblerait que les fans et la presse aient aimé l’album. Nous en sommes très satisfaits.

Vous avez déclaré que When Angels Kill était « la bande originale d’un film qui n’a pas encore été réalisé ». Les petits interludes sont là pour souligner cette impression, mais aviez-vous déjà ce côté cinématographique en tête au moment d’écrire l’album ?

En fait, nous avions dans l’idée d’écrire un concept album à l’époque de The Third Secret, mais nous ne l’avons jamais terminé. Quand nous avons fini The Third Secret et que nous nous sommes replongés dans les concepts et les thèmes des deux premiers albums et de The Third Secret, nous nous sommes aperçus qu’il y avait beaucoup de sujets communs. Nous avons donc essayé de revenir en arrière et d’utiliser les thèmes et les titres des chansons. Si tu regardes ce que nous écrivions en 1986, c’est assez fou : nous parlions des mensonges des médias, de trahison, de guerre, d’attaques terroristes et de tous ces trucs qui sont totalement pertinents aujourd’hui. Nous aurions pu écrire tout ça aujourd’hui et ce serait encore d’actualité. Nous avons donc essayé de prendre les thèmes, voire quelques titres de nos chansons, et d’en faire une histoire que nous pourrions raconter à travers les chansons de nos quatre albums, mais plus particulièrement When Angels Kill, bien sûr. Je pense que n’importe quel fan de Fifth Angel appréciera le fait qu’il y a des clins d’œil aux autres albums. Vous pouvez même revenir aux albums précédents et creuser davantage l’histoire en écoutant les chansons qui sont mentionnées. Je ne pense pas que qui que ce soit ait déjà fait ça sur un concept album – pour autant que je sache. J’espère que nous sommes les premiers et que les fans trouveront ça intéressant.

Vous avez déclaré que « les sujets que le groupe a toujours traités parlent de l’état de l’humanité ». Cette histoire évoque-t-elle ce qui, selon toi, pourrait arriver à l’humanité à l’avenir ?

Si je devais supposer, je dirais que oui. Il est très probable qu’un gouvernement mondial apparaisse. Je pense qu’on en voit les prémices actuellement. Avec la Covid-19, on a vu tous les gouvernements faire la même chose au même moment, ce qui est une première dans l’histoire de l’humanité. On commence à voir les prémices d’un lien mondial, d’un gouvernement mondial. Je pense que c’est très probable, malheureusement. J’aimerais pouvoir dire que le futur sera merveilleux, mais quand on regarde la réalité et l’état de l’humanité, on se rend compte qu’on a tendance à ne pas faire de belles choses [rires]. C’est un monde intéressant, mais aussi étrange, parce qu’on a tellement de choses qui sont si belles, si incroyables, et d’autres qui sont affreuses. La plupart du temps, je pense que c’est de notre propre fait. Pense aux armes que l’humanité a créées et qu’on utilise les uns contre les autres. Quand on y réfléchit, c’est atroce. Qu’elles soient chimiques, biologiques ou nucléaires, on utilise toutes ces armes qu’on a créées contre nous-mêmes. Ça en dit long sur ce qu’on est. J’aimerais qu’on soit différents. Si je devais me projeter dans l’avenir, au rythme où progresse la technologie, je pense que la tendance à la tyrannie va augmenter ; si un gouvernement peut facilement surveiller tout le monde à l’échelle mondiale, il est facile de se dire que tu es le meilleur et que tu peux contrôler n’importe qui. Nous espérions que cette situation arriverait largement plus tard [rires]. Quand nous écrivions cet album, nous nous disions que c’était très loin dans le futur, mais plus les choses avancent et se développent, comme avec l’IA et les différentes mesures de contrôle qu’un gouvernement peut mettre en place, plus je me dis que la tendance va évoluer vers davantage de contrôle.

Le personnage central, Phoenix, se rebelle contre cette tyrannie. Peut-on dire qu’il représente l’espoir dans ce monde de fous ?

Je pense que oui. L’humain est courageux et cherche la liberté. On veut être libres. Généralement, la plupart des gens veulent avoir une vie tranquille, une famille, des amis, ils veulent apprécier la vie. Je pense que c’est le genre de chose que tout le monde recherche. C’est ce qu’essaie de faire Phoenix : il essaie d’avoir une vie et de survivre dans ces conditions difficiles.

Dans la mesure où cet album est très cinématographique, si vous aviez l’occasion d’en tirer un film, la saisiriez-vous ?

Nous adorerions en faire un film, oui. D’ailleurs, la vidéo que nous allons sortir via Nuclear Blast la semaine prochaine présente les quatre personnages principaux. Il y a quatre personnages centraux. Il y a Phoenix, un jeune homme qui essaie simplement de survivre à cette situation mondiale ; Lana et Dylan sont un peu des résistants qui se battent contre le chancelier mondial, Dionne Profontis, qui essaie d’asservir le monde. Ces gens essaient de bâtir un monde meilleur et se battent contre ça. Ce n’est pas une histoire joyeuse [rires]. L’histoire n’est pas toujours heureuse et des choses horribles arrivent à des gens bien. Malheureusement, ça fait partie de l’histoire de l’humanité.

« Pro Tools te permet de créer la batterie de façon très précise, mais dans les années 90, ça n’existait pas et il fallait vraiment jouer. J’étais pas mal contacté en raison de la précision de mon jeu. »

De façon plus générale, quel est le lien du groupe avec le cinéma ?

Nous n’avons pas une histoire énorme avec le cinéma, parce que nous n’avons jamais écrit de film ou quelque chose de ce genre. Mais je pense que cette histoire pourrait facilement devenir un film, et je pense que dans un avenir proche… Je regardais des bandes annonces créées par IA ; rien n’a été tourné, ce sont simplement des données qui ont été fournies à l’IA et celle-ci a produit quelque chose qui ressemble à une vraie bande-annonce, un vrai film ! Je dirais que, d’ici quatre ans, peut-être moins, nous serons sans doute en mesure de faire un film en IA qui serait absolument génial à regarder ! [Rires] Je vois passer des choses très impressionnantes. Nous avons utilisé l’IA pour créer les images qui vont représenter nos personnages dans la nouvelle vidéo. Un ami à moi, Kane Roberts, qui a joué avec moi et Alice Cooper, est artiste graphique à Los Angeles, et il a été assez sympa pour créer des images de Phoenix, Lana, Dylan et le Chancelier. Nous les utilisons dans la vidéo. On peut vraiment créer des images via l’IA, aujourd’hui. On peut imaginer et créer des œuvres d’art qui ont l’air d’être faites pour un film. On dirait qu’elles viennent d’un film qui n’aurait pas encore été tourné ! [Rires] Dans un avenir très proche, je pense que nous serons en mesure de produire un film qui représente l’album de façon très précise. Ce n’est qu’une question d’années.

Tu n’es pas seulement le batteur du groupe, tu en es aussi le producteur. Penses-tu que ton rôle de batteur, et donc de pilier de la structure musicale, t’aide à avoir une vision plus objective en tant que producteur ?

Je suis producteur et ingénieur depuis des années maintenant, donc c’était assez naturel pour nous. Et puis, pour être honnête, à l’heure actuelle, les budgets d’enregistrement et l’industrie de la musique ont changé, donc il faut pour ainsi dire être capable de tout faire soi-même. En ce moment, nous ne pouvons pas faire mieux, en allant voir Michael Wagener ou d’autres grands producteurs avec qui nous avons pu travailler par le passé. Nous avons travaillé avec Terry Brown et Terry Date, qui sont tous les deux des producteurs exceptionnels, mais aujourd’hui, le monde est un peu différent, donc il faut se débrouiller soi-même. Je crois effectivement qu’être batteur et être le pilier de la musique de façon générale aide beaucoup. Pour être producteur, je pense qu’il faut être musicien. Je ne sais pas s’il est possible de produire sans être guitariste, batteur, chanteur ou pianiste. Je pense qu’il faut un passé musical et des connaissances en matière d’écriture, de structure de chansons, d’arrangements et de ce qui sonne bien. Par exemple, est-ce que le son de la guitare est bon ? Est-ce juste ? Le chant est-il juste ? Être musicien aide vraiment pour tout ça.

Tu as joué avec un grand nombre de groupes et d’artistes au fil des années, d’Alice Cooper à Jordan Rudess, en passant par Impellitteri, Accept et Kip Winger. Comment t’es-tu retrouvé à jouer avec tellement de gens différents ?

C’était très naturel pour moi. Quand tu commences à travailler avec des gens comme Alice… Kip Winger, Kane Roberts et moi étions dans le groupe d’Alice ensemble. Du coup, évidemment, je connais Kip, et quand il a eu besoin de quelqu’un, il m’a appelé. Chris Impellitteri est un ami. Il avait entendu parler de moi par Chuck Wright, qui a joué sur certains de ses albums. Chuck était dans un groupe appelé House Of Lords. Tout ça se développe à partir de la communauté de musiciens avec qui tu travailles. J’ai eu la grande chance de travailler avec des musiciens extraordinaires, et un projet mène souvent à un autre, ou bien quelqu’un doit enregistrer un album – en particulier dans les années 80 et 90, avant que Pro Tools ne prenne toute la place. Pro Tools te permet de créer la batterie de façon très précise, mais dans les années 90, ça n’existait pas et il fallait vraiment jouer. J’étais pas mal contacté en raison de la précision de mon jeu, mais aujourd’hui, c’est sans doute moins important grâce à Pro Tools. Avec ça, j’arrive à transformer un batteur assez novice en génie [rires]. Il y a des logiciels pour rendre les chanteurs meilleurs qu’ils ne sont, pour faire jouer les guitaristes mieux qu’ils ne jouent. Nous ne les utilisons pas chez Fifth Angel, mais je pense que, pour beaucoup de groupes plus récents, ces outils sont souvent utilisés. Je ne dis pas que les musiciens sont mauvais ; je ne pense pas qu’utiliser ces outils signifie qu’on est mauvais, mais si tu as besoin de les utiliser et que la performance live du groupe n’a rien à voir avec l’album, alors il y a un problème [rires].

Mais c’est intéressant, parce que les gens pensent que j’ai fait partie de dix millions de groupes [rires]. J’ai joué sur beaucoup d’albums. Avec Accept, par exemple, j’ai tourné en live mais je n’ai pas participé à un album. Avec Alice Cooper, j’ai joué live, j’ai fait deux tournées mondiales et j’ai joué sur quelques albums. C’est différent avec chaque artiste. J’ai joué pour Chastain, pour Impellitteri, pour Don Dokken, j’ai joué sur certains albums de Kip, je joue actuellement sur l’album de Demons Down, sur le label Frontiers – c’est un nouvel album avec Jimi Bell et Chuck Wright, quelques copains… Enregistrer un album, ce n’est pas la même chose qu’être dans un groupe et tourner. Les groupes dont j’ai véritablement fait partie sont Fifth Angel, Alice Cooper, Flotsam And Jetsam et House Of Lords. Oui, j’ai joué sur beaucoup d’albums et j’ai eu une longue carrière. Je suis dans ce business depuis longtemps [rires]. J’ai joué sur certains albums de David Ellefson. Il vient de sortir une chanson appelée « Vacation In The Underworld » avec son nouveau projet – Ellefson / Soto, je crois. Steve Conley de Flotsam et moi-même avons participé à ça. Je finis généralement par participer à pas mal de projets. J’adore jouer en studio, jouer sur scène, être producteur et ingénieur. Je continue vraiment d’apprécier tous ces rôles. J’aime tout ce que je fais et les différentes facettes du métier de musicien et de producteur.

« Alice est ce que je qualifierais de rockstar – c’est une vraie star. Quoi qu’il fasse, tu y crois, c’est hyper puissant. Quand tu es dans une pièce avec lui, tu sais qu’il y a quelque chose de spécial chez ce type. »

Trouves-tu plus agréable de passer par plusieurs groupes et projets que de faire toute sa carrière dans le même groupe ?

Nous vivons à une époque différente. Si tu regardes les musiciens à l’heure actuelle, tu retrouveras beaucoup d’entre eux dans plusieurs groupes, comme Billy Sheehan. À l’époque, tout le monde appartenait à un seul groupe, mais aujourd’hui, très franchement, je pense que c’est plus difficile de gagner sa vie. Il est presque obligatoire de faire partie de plusieurs groupes pour gagner autant qu’avec un seul à l’époque. Personnellement, j’ai eu la chance de travailler avec des gens que j’ai adorés en tant qu’individus et en tant que musiciens. J’aime vraiment jouer sur différents albums et avec différents groupes. Ça te maintient en forme, parce que ça t’oblige à te développer, à changer, à ajouter quelque chose à son jeu, à prendre des voies différentes ou à apprendre des nouvelles choses. J’essaie toujours d’évoluer en tant que musicien. Si tu travailles avec des personnes différentes, tu finiras par apprendre des choses et par enrichir ton vocabulaire musical.

Alice Cooper est sans doute l’artiste le plus célèbre avec qui tu aies travaillé. Tu as joué sur Raise Your First And Yell et lors de la tournée. Ce n’était qu’une période assez courte, entre 1986 et 1988, mais ça a dû être sacrément intense. Qu’as-tu appris de cette expérience ?

J’ai aussi joué et enregistré avec les Beach Boys, qui sont très célèbres également. Alice Cooper et les Beach Boys sont au Rock And Roll Hall Of Fame, on ne peut pas faire mieux que ça. Mais oui, Alice est sans doute l’artiste le plus connu avec qui j’aie travaillé. Pour répondre à ta question, Alice est un showman exceptionnel et une personne remarquable. Les gens ne se rendent pas compte qu’il est extrêmement intelligent. Ils en ont peut-être plus conscience maintenant, mais sans doute pas autant à l’époque, quand il n’y avait pas encore YouTube. Aujourd’hui, quand tu regardes des interviews, tu peux mieux évaluer les gens, qui ils sont et comment ils pensent. Alice est ce que je qualifierais de rockstar – c’est une vraie star. Quoi qu’il fasse, tu y crois, c’est hyper puissant. Je ne sais pas comment dire les choses autrement – c’est une star. Quand tu es dans une pièce avec lui, tu sais qu’il y a quelque chose de spécial chez ce type, quelque chose que tu as ou que tu n’as pas. Dans ce cas précis, j’ai appris qu’avoir le sens du spectacle est très important. Si tu veux distraire les gens, il faut vraiment que tu aies un certain sens du spectacle. Monter sur scène et simplement jouer ses chansons, ça marche très bien pour certains artistes, ce n’est pas un problème. Mais si tu vas voir Alice, tu as la certitude que ce sera dingue tout du long. C’est sans doute la leçon la plus importante pour moi : le sens du spectacle est un aspect très important de tout ce processus.

Même si tu as joué avec plusieurs groupes au fil des années, ces temps-ci, tu te consacres principalement à Fifth Angel et Flotsam And Jetsam. As-tu le sentiment que tu parviens à conserver une identité distincte pour chaque groupe en matière de batterie ?

Je pense que oui. Les deux groupes sont très différents, et mon jeu dans Flotsam And Jetsam est beaucoup plus rapide et agressif en raison du style de musique. La musique elle-même est plus rapide et plus agressive. C’est très fun à jouer, j’adore vraiment jouer ce type de musique. C’est un groupe génial et tous les gars sont des amis. Nous vivons tous dans la région de Phoenix, c’est un gros plus. Mais pour ce qui est de conserver une identité distincte… Musicalement, les deux groupes sont différents, du coup c’est assez facile de compartimenter et de me dire : « OK, je joue comme ça ici, et comme ça là-bas. » Il y a vraiment une différence, oui.

Quand tu as rejoint Flotsam And Jetsam en 2018, c’était ton premier groupe de thrash, non ?

Oui, mais j’avais tout de même joué dans des groupes très rapides avant. Impellitteri est sans doute le guitariste le plus rapide du monde. Il vient d’ailleurs d’entrer au Heavy Metal Hall Of Fame, et j’ai joué sur cinq de ses albums. La batterie est extrêmement rapide sur ces disques. C’est effectivement mon premier groupe de thrash, mais ce n’était pas un problème. J’ai l’habitude de jouer vite et de façon agressive, donc ce n’était pas du tout bizarre pour moi. C’était très naturel.

Vous avez donné votre premier concert en presque quatre ans au Keep It True Festival, où Fifth Angel avait déjà choisi de jouer en 2010 et 2017 pour des concerts de reformation. Pourquoi toujours choisir ce festival pour vos comebacks ? Le groupe a-t-il un lien particulier avec cet événement ?

Tout à fait. Oliver [Weinsheimer] est le directeur du Keep It True Festival, et pour être franc, c’est grâce à lui et à Jaap Wagemaker de Nuclear Blast que le groupe est revenu, parce que nous ne comprenions pas vraiment… Aux États-Unis, à l’arrivée du grunge, nous avons été mis de côté et avons perdu notre studio d’enregistrement. Une nouvelle ère musicale est arrivée. Ironiquement, elle venait de Seattle, et nous sommes également de Seattle, donc c’était un peu bizarre. Quand ils nous ont fait venir en Europe en 2010, c’est la première fois que nous avons pris conscience qu’il y avait peut-être encore un appétit pour Fifth Angel sur ce continent. Aux US, l’appétit était pour ainsi dire inexistant. Jouer au Keep It True Festival nous a fait réaliser que nous avions encore des fans, parce que le public chantait toutes les chansons. C’était un événement spécial pour nous. Oliver et Jaap nous sont tous les deux très chers. Jaap a assisté au premier concert de Fifth Angel et nous a demandé si nous avions plus de musique. C’est comme ça que nous avons fini par signer chez Nuclear Blast. Donc oui, il y a un lien très particulier entre Fifth Angel et Keep It True. Ils sont en grande partie responsables de notre retour.

« Les groupes de grunge se fichaient d’Ozzy, Kiss, Aerosmith et Iron Maiden. Ca me fait rire, parce que des groupes comme Kiss ou Iron Maiden se produisent dans des stades à l’heure actuelle. Ce sont toujours d’énormes groupes et les groupes de grunge ont disparu. »

Avez-vous le sentiment d’avoir un lien plus fort avec la scène européenne qu’avec l’Amérique ?

Absolument. Nous avons vraiment l’impression que l’Europe nous comprend. Les gens là-bas comprennent le groupe. Je crois que Fifth Angel a plus ou moins été un des précurseurs du power metal, d’une certaine façon. Je connais beaucoup de groupes qui ont été influencés par Fifth Angel, en particulier en Europe. Donc oui, nous avons le sentiment que l’Europe comprend le groupe et la musique que nous faisons, et nous sommes très reconnaissants envers nos fans européens.

Seattle est aujourd’hui principalement connue pour être le lieu de naissance du grunge, mais comme tu l’as dit, votre carrière a commencé bien avant ça. Comment avez-vous vécu la montée du grunge à Seattle ?

Avant le grunge, il y avait une grosse scène metal à Seattle, avec des groupes comme Metal Church. À l’époque, Soundgarden était presque considéré comme un groupe de metal, mais Queensrÿche, Heir Apparent, TKO et Fifth Angel venaient de Seattle. Il y avait une scène underground metal à Seattle avant l’arrivée du grunge. Mais le grunge a vraiment changé la dynamique musicale de la ville. C’est vraiment dommage. La plupart des styles de musique peuvent coexister jusqu’à un certain point, mais pour une raison quelconque, les maisons de disques aux États-Unis ont complètement… Si tu regardes cette époque aux États-Unis, tu constates que même des groupes comme Megadeth ou Metallica ont vécu une période difficile au début des années 90. Il y a eu un gros retour de bâton. Les fans de grunge se moquaient des groupes comme Kiss ou Aerosmith. Aujourd’hui, je trouve ça très drôle, parce que ça a duré deux ans et la plupart de ces groupes ont disparu. Pearl Jam fait toujours des trucs, j’imagine, mais la plupart des autres groupes ont disparu et ceux dont ils se moquaient… Ozzy Osbourne a demandé à participer à un de leurs festivals orientés grunge et on lui a ri au nez. C’est pour ça qu’il a créé Ozzfest. Ils se fichaient d’Ozzy, Kiss, Aerosmith et Iron Maiden. Quand j’y réfléchis aujourd’hui, je ne comprends pas. Mais ça me fait rire, parce que des groupes comme Kiss ou Iron Maiden se produisent dans des stades à l’heure actuelle. Ce sont toujours d’énormes groupes et les groupes de grunge ont disparu. C’est dommage et j’aurais aimé que ça n’arrive jamais, mais ça ne dépendait pas de nous.

Penses-tu que, comme beaucoup d’autres groupes, Fifth Angel ait été victime de la vague grunge ?

Je pense que ça a été le coup de grâce. Ça a fait très mal et c’était vraiment difficile. Maintenant, il y a Internet, YouTube, les réseaux sociaux ; on peut rester en contact avec les fans, mais à l’époque, il fallait avoir une maison de disques et un réseau de distribution. Si tu ne pouvais pas mettre des disques dans les magasins, sincèrement, tu n’existais pas. Donc oui, c’était une période difficile, et pour nous, ça voulait dire que nous n’allions pas sortir de nouvelle musique pendant une longue période – jusqu’en 2018. C’était un problème, effectivement [rires].

Comme tu l’as dit, avant l’arrivée du grunge, la scène de Seattle comptait des groupes comme Fifth Angel, Queensrÿche et Metal Church. Comment décrirais-tu la scène à l’époque et la relation entre ces groupes qui existent toujours aujourd’hui ?

Kurdt [Vanderhoof] de Metal Church et Goeff Tate, que je connais depuis des années, sont toujours des amis. Je ne dirais pas que la scène était très soudée, mais tout le monde avait conscience de l’existence des autres. Je pense que tout le monde se soutenait déjà à l’époque. Au moment où Metal Church travaillait sur son album, nous venions de finir un disque avec Terry Date, qui a ensuite produit Soundgarden, Pantera et Deftones. Il a produit de très gros disques. Il m’a appelé pour me demander de l’aider avec le son de batterie sur l’album de Metal Church et j’étais ravi de participer. Nous étions une communauté. Comme je l’ai dit, c’est vraiment dommage ce qui s’est passé avec le grunge, en raison de l’attitude des labels à l’époque. Tout ce qui était un peu connu avant ça a plus ou moins été rayé de la carte, mis de côté, et je trouve que ce n’était pas correct. Ça a beaucoup desservi pas mal de groupes, et aussi les fans de ces groupes.

Avec le recul, comment considères-tu les deux albums que le groupe a sortis lors de la première phase de son existence – l’album éponyme et Time Will Tell ?

Je les trouve exceptionnels. Nous en sommes fiers. Nous étions très jeunes quand nous les avons réalisés, et comme je l’ai déjà mentionné, si tu écoutes les thèmes abordés, ils sont toujours complètement pertinents à l’heure actuelle. Et puis, à l’époque, il n’y avait pas de Pro Tools, pas de moyen de bidouiller le chant ou de trafiquer la batterie, aucun des outils qu’on utilise aujourd’hui. Mais si tu écoutes ces albums, ils sont très précis, très bien faits, et la maîtrise musicale est excellente. Ce que j’en pense, c’est que je suis très fier de ces disques. Je pense que nous avons fait du très bon boulot et que nous continuons à faire du bon boulot. Je suis très fier de When Angels Kill. Pour moi, c’est notre meilleur album à ce jour. Nous avons évolué, nous sommes un peu plus agressifs, mais aussi plus progressifs, car il y a plus d’éléments difficiles à jouer. Je dirais que notre trajectoire a toujours été ascendante. L’album suprême de notre discographie, c’est celui-là. Si nous faisons d’autres disques à l’avenir, nous passerons sans doute à des sujets différents, car celui-ci rassemble très bien les concepts des albums précédents sur un seul disque. Je pense que nous allons devoir trouver une autre direction en termes de paroles. Nous allons devoir passer à autre chose avec les textes. Mais je suis très fier de cet album.

Interview réalisée par téléphone le 10 mai 2023 par Emma Hodapp.
Retranscription : Emma Hodapp.
Traduction : Tiphaine Lombardelli.
Photos : Shane Eckert.

Site officiel de Fifth Angel : fifthangelofficial.com

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  • Leur nouvel album est excellent, du Heavy Metal ciselé avec une précision d’orfèvre. Bravo les vétérans.

  • Dommage que l interview soit si court.Il avait pleins de choses à dire.Bon c était pas Nico qui intervenait donc je comprends mieux.

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