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Live Report   

Ghost reste impérial


La tension monte chez les adeptes de messe metallique : le pape du metal est annoncé en terres lyonnaises ce lundi 22 mai. C’est par la France que Ghost choisit de démarrer sa nouvelle tournée audacieusement nommée Re-imperatour, si toutefois l’Imperatour n’avait pas suffi à imposer la domination des Suédois sur le monde. Au moins les choses sont annoncées : on va pouvoir à nouveau goûter aux joies de ce dernier opus, même si, revers de la médaille, on s’attend peut-être un peu trop à ce qu’on va entendre. Toutefois, le petit dernier, Phantomime, EP de reprises allant d’Iron Maiden à Tina Turner (souple dans le grand écart le Papa…), peut apporter son lot de pépites et de surprises dans cette soirée. On a en tout cas hâte de voir comment ces reprises passeront l’épreuve du live aux côtés des hits du groupe.

Deuxième date de cette tournée, après Rouen la veille, et avant six nouvelles dates qui verront le groupe faire deux fois le tour de France (!). Prends ça Pogačar. Ce soir, c’est à la Halle Tony Garnier que le groupe pose ses valises pleines de costumes, de lumières ou de confettis pour donner ce que tout le monde attend : deux petites heures de concert plein et intense.

Artistes : GhostSpiritbox
Date : 22 mai 2023
Salle : Halle Tony Garnier
Ville : Lyon [69]

18h30, c’est l’ouverture des portes, et le public arrive petit à petit pour prendre possession du lieu. Des t-shirts à l’effigie du clergé metallique fleurissent, et les inconscients qui ne sont pas raccord avec la soirée s’arrachent les goodies exposés dès l’entrée de la salle (certains auront même pu déployer leurs ailes avec un hoodie chauve-souris pour la modique somme de 105 euros – l’histoire ne dit pas s’il est opérationnel, personne n’ayant tenté de survol de la fosse…).

Vers 20 heures, ce sont les Canadiens de Spiritbox qui montent sur cette scène, avec une sobriété qui tranche avec Ghost. Une batterie un peu seule au milieu de la scène, un backdrop, des jeux de lumière plutôt bien fichus, et le groupe déroule ses titres devant une salle à moitié remplie, attentive même si assez peu réactive dans l’ensemble. Une petite pensée à Josh Gilbert, le bassiste, qui s’est cassé le pied la veille à Rouen, mais qui assure tout de même. Si ses déplacements sont limités, il ne manque pas d’énergie le bougre, comme les autres membres du groupe. Nul doute que le groupe a dû gagner quelques fans ce soir, même desservi par un son un peu brouillon pendant les premiers titres.

Un grand drap blanc tombe devant la scène, on sent que derrière, les techniciens s’affairent… Les chants religieux commencent doucement à pointer le bout de leur nez, comme un générique qui annonce l’arrivée du plat principal de la soirée. 21 heures, après les premiers accords de « Kaisarion », le rideau tombe, le show peut commencer. Papa Emeritus IV et ses huit goules sont là. Pour les plus footeux d’entre nous, il faut préciser que la formation choisie est le 4-1-3-1 : quatre goules à l’arrière (choriste, deux claviers et Swiss, le couteau suisse multi-instrumentiste de la bande), Earth à la batterie, juché sur une sorte de pyramide d’escaliers que Papa se plaira à monter et descendre tout au long de la soirée, les deux guitares, une blanche et une noire, de part et d’autre de la scène, la basse au milieu, et Papa seul en pointe pour empiler les buts tel un Zlatan de la belle époque. Etonnamment, la lumière est concentrée sur l’avant de la scène, et les quatre goules à l’arrière sont finalement très peu mises en avant, apparaissant plus comme des silhouettes en fond de scène qu’autre chose.

En tout cas, dès les premières minutes, avec l’enchaînement « Kaisarion », « Rats », « Faith » et « Spillways », on sent le groupe en forme et bien rodé. Le show est là avec un Papa bien en voix. On peut avoir un léger arrière-goût d’un peu trop d’automatismes, longuement acquis pendant les précédentes tournées, avec une setlist classique depuis plusieurs mois. Bien qu’on soit en début de tournée, les musiciens enchaînent les yeux fermés, chacun concentré sur ce qu’il a à faire, et le faisant très bien. Tout coule naturellement, et ca peut manquer un peu d’interaction avec le public du côté des goules, qui se rattraperont bien un peu plus tard. Papa tient dans sa main le public, qui réagit vite et fort à chaque nouveau hit. Entrée en matière musclée et efficace donc, qui laisse place à un premier petit break pour annoncer l’arrivée de « Cirice ». Nouveau jeu de lumière qui donne un vrai plus à la prestation, en créant l’univers qui colle parfaitement à ce titre malsain. « Hunter’s Moon » s’ensuit, et on arrive à la première, et finalement la seule, originalité de la soirée, extraite du dernier EP, « Jesus He Knows Me » de Genesis. Et le moins que l’on puisse dire est que Ghost montre encore une fois sa propension à reprendre et digérer à la sauce Ghost les titres de tous horizons. Les téléphones, assez discrets jusque-là, sont de sortie, pour ce qui marque un temps fort de la soirée.

Après un « Ritual » repris en force par le public, vient un autre moment spécial dans ce concert. Le riff de « Call Me Little Sunshine » résonne dans la Halle, lumières violettes, et Papa arrive du fond de scène, d’un pas calme et assuré, revêtu de son plus beau costume de pape. Le moment est au recueillement ; il se fait solennel, alors que Papa déclame les paroles. C’est finalement sur un titre extrait du dernier album que le « costume traditionnel » de Papa Emeritus refait son apparition, signe d’une continuité à travers les époques du groupe. Si pour certains, l’esprit des débuts, aspect messe noire dans des petites salles, a disparu au profit des paillettes et des tournées monstres, on est là face à un trait d’union, forme de rappel au passé, qui montre que ce qui fait l’origine du groupe, l’image qui l’a fait connaître, n’est pas oublié. L’instant est hypnotique et donne l’impression qu’il ne dure qu’une seconde, tant l’ambiance et la mise en scène happent le spectateur. Comme un clin d’œil encore au passé, « Con Clavi Con Dio » arrive ensuite avec son riff de basse toujours aussi efficace, suivi de « Watchers In The Sky » et « Year Zero » sur lequel Papa revêt un autre costume de cérémonie. Petit break pour reprendre sa respiration (les morceaux sont tous enchaînés quasi sans interruption jusque-là, Papa ne prenant que peu la parole), et le beau, le magnifique, le lumineux « He Is » est repris à pleins poumons par tous les spectateurs, lampe de téléphone en main.

Papa se retire ensuite pour laisser place à ses goules pour leur moment et à « Miasma ». Titre tant attendu pour certains, et encore une fois, il ne déçoit pas. La mise en scène reste convenue, avec Papa Zero qui déboule dans sa caisse, qui est réanimé et qui s’époumone sur son solo de saxophone. C’est convenu, c’est vu et revu à tous les concerts du groupe depuis la sortie de Prequelle, mais qu’est-ce que c’est jouissif ! Papa revient d’humeur taquine pour lancer « Mary On A cross », et joue avec le public, avant d’enquiller avec « Mummy Dust », sa keytar et sa pluie de poussière de momie. Fin de set avec le moins attendu mais très efficace « Respite The Spitalfields » et une certaine originalité, puisque la goule choriste reprend à la voix le riff final avec ses collègues guitaristes. Ce petit ajout de voix, discret mais bien là sur quelques titres tout au long du concert, apporte un petit quelque chose qui donne encore plus d’intérêt aux titres. Les lumières également jouent leur rôle sur ce dernier titre, puisque, dans les tons jaune-orange qui balayent la scène, apparaît régulièrement une lumière blanche qui vient se poser tour à tour sur chacune des goules, pour la mettre en valeur et lui permettre de saluer. Idée très astucieuse et originale, avec un titre qui s’y prête tout particulièrement bien. C’est là-dessus que se termine un concert vraiment intense et pied au plancher.

Quelques minutes plus tard, retour de Papa qui s’agace de voir la salle toujours pleine : « Vous n’aviez pas compris que c’était la fin ?! » Mais comme notre pape est miséricordieux, il nous accorde l’aumône de deux… et puis non, trois titres supplémentaires. Et s’enchaînent « Kiss The Go Goat », le dansant « Dance Macabre » qui transforme la salle en boîte de nuit et l’inévitable « Square Hammer » qui sonne le glas d’une soirée qui ne peut que ravir les fans. Quelques esprits chagrins, au moment de sortir, ont pu déplorer que le groupe ne puise plus beaucoup dans ses premiers albums. Il est vrai qu’après avoir largement tourné pour défendre Imperia, il aurait pu saisir l’occasion de cette nouvelle tournée pour brasser un peu plus large. Mais la plupart des classiques étaient là, l’énergie était là, et chacun peut rentrer se reposer, fatigué mais heureux d’avoir assisté à du grand spectacle.

Setlist (setlist.fm) :

Kaisarion
Rats
Faith
Spillways
Cirice
Hunter’s Moon
Jesus He Knows Me (reprise de Genesis)
Ritual
Call Me Little Sunshine
Con Clavi Con Dio
Watcher In The Sky
Year Zero
He Is
Miasma
Mary On A Cross
Mummy Dust
Respite On The Spitalfields

Rappels :
Kiss The Go-Goat
Dance Macabre
Square Hammer



Laisser un commentaire

  • Concert de Rouen exceptionnel, set list meilleure que Bercy pour ma part

  • 1e fois pour moi, grosse claque !
    Un vrai show, au sens noble du terme, au service de toutes ces excellentes chansons.
    Très admiratif de Tobias Forge pour avoir fait de son groupe ce qu’il est devenu !

  • 6trouille dit :

    Vu la veille à Rouen :
    Peut-être leur meilleur concert des 6 auxquels j’ai pu assister (et pourtant j’étais sous la tente de leur 1er Hellfest et j’en garde un souvenir dingue).
    Ce niveau de professionnalisme et de classe fait assurément d’eux LA RELEVE !
    Et leur ascension n’est pas finie, assurément !

    Chapeau, Tobias ! (et MERCI pour le kiff intégral)

    • Mr CLaude dit :

      Pareil: j’étais sous la tente de leur 1er Hellfest, tout devant à a barrière.
      Quelle ascension, quel groupe!

      Merci à Mr Gricourt pour ses si belles photos..And justice for him.

      Hail Ghost !

    • 6trouille dit :

      Yes ! bravo pour les photos !
      D’ailleurs un groupe pareil c’est la fête pour les photographes. Maintenant que le stage show s’est considérablement développé, on ne sait plus où donner de la tête.
      9 personnes sur scène !

      Je recommande à tous les indécis de vite se ruer sur les billets pour les dates restantes. Il faudrait être fou, pisse-froid, hospitalisé ou mort pour rater une tournée pareille ! 😀

      Si vous êtes un peu refroidi par le glissement pop de Ghost, soyez certains que ça envoie toujours bien en live.

    • 6trouille dit :

      @ Mr Claude :

      Génial ! un warrior du 1er jour. 😉
      Ce jour là, j’étais vautré dans l’herbe avec 2 copains, mode batterie faible.
      Je leur dis « les mecs, on se lève, il faut absolument que j’aille jeter un oeil sur ce groupe là » (j’avais écouté plusieurs extraits du 1er opus fin 2010 et ça m’avait botté mais sans plus).
      On se rapproche, timides, on reste à l’entrée de la tente… genre près à se barrer au moindre bâillement.
      Et là, la magie opère, à chaque morceau on échange des regards, les yeux ronds comme des soucoupes, les sourcils de plus en plus hauts (à la fin du concert on devait tous les porter au niveau de la nuque !!). :-))) Toutes les 3 minutes on avançait pour être plus près du truc, comme les rats du fameux conte, attirés par la flûte de Hamelin.
      10 minutes après le concert, un de mes potes revenait déjà de l’Extreme Market avec 2 Opus Eponymous en CD. Conquis !
      La suite n’a pas été décevante non plus.

      On parle sans arrêt de ce qui va se produire après l’extinction des Judas/Maiden/AC/DC/Metallica/Aerosmith/Kiss.
      Je vais vous le dire : GHOST.

    • Mr CLaude dit :

      @6trouille: Excellent ton retour d’expérience !

      C’est ça la magie du net pour moi: partager des moment positifs entre humains qui ne se connaissent pas, plutôt que de balancer du bullshit pour se sentir mieux, le plus grand, le lus beau, le plus fort…
      On a tant à partager avec la musique, et les arts en général.

      Pour en revenir à ma découverte de Ghost, c’est aussi une forme de magie.
      J’étais allé chez Spaceman et on passe devant son impressionnant étagère à cd’s.
      Là il me sort, je ne sais plus pourquoi, l’Opus Eponymus. J’ai compris à la pochette qu’il tenait un truc spécial, et ce qui est sorti des HP m’a convaincu. Un peu comme si on écoutait Kill ‘Em All pour la première fois en ’83.
      Et ce qui m’a achevé à la fin de ce fameux 1er concert Hellfest, c’est la reprise des Beatles « Here Comes The Sun ». Je suis ultra fan des fab’ four, de George Harrisson. Et là, ce groupe le reprend à sa sauce, avec une grande classe. Ce titre lumineux passe en mode ténèbres, mais garde toute sa brillance. Un talent évident de respect de la tradition en ajoutant ‘une touche personnelle toute moderne.

      Le groupe l’a prouvé, il est aujourd’hui permis les grands du metal. Son côté pop qui peut déplaire, c’est aussi sa grande force. Maitrise impeccable de la mélodie, du songwriting, grosse culture musicale et savoir faire de l’arrangement.
      Je suis toujours étonné d’entendre sa musique qui me parait très fraiche avec des ingrédients pourtant datés.
      La magie quoi.

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
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