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CR De Festival    Live Report   

Heavy Week-End : folie et décibels à Nancy


Du 6 au 8 juin, le zénith de Nancy s’apprêtait à accueillir une horde de métalleux et de métalleuses bien décidés à prendre une bonne dose de décibels. Si on se souvient de la première édition qui avait déjà placé la barre très haut, il faut dire que cette année encore du beau monde était prévu en tête d’affiche : Saxon, Powerwolf, Europe, Dream Theater, Mass Hysteria et Slipknot… rien que ça ! Une pléthore de groupes, connus ou moins connus, se sont partagé l’unique scène extérieure du zénith pour ravir les amateurs de power metal, de hard rock, de heavy metal ou encore de metal alternatif. Alors oui, peut-être que le soleil et la chaleur n’étaient pas tout le temps au rendez-vous, mais il en fallait plus pour décourager le fidèle public metal de venir s’éclater dans le pit jusqu’au bout de la nuit.

L’ouverture des portes s’est faite à 16 heures. Pendant trois jours, la même ronde s’est répétée : après avoir passé les contrôles de sécurité et le scan des billets, les premiers arrivants se sont rués vers la fosse, histoire d’être aux premières loges pour voir leurs artistes favoris de près. Le zénith se composant d’une seule scène, cela évite de courir partout entre deux shows mais c’est aussi pourquoi les places devant sont les plus prisées. Quant aux moins sportifs, eux ont préféré s’arrêter d’abord aux cinq stands de merch (dont notre fine équipe !), répartis un peu partout sur le site, ou alors aux stands de bières. Eh oui, car les métalleux ont vite soif et il fallait bien se désaltérer avant de s’époumoner sur les premières chansons du jour.

Evénement : Heavy Week-End
Dates : 6-8 juin 2025
Ville : Nancy [54]

Jour 1

Vendredi, sur les coups de 17h30, avec une enceinte qui se remplissait doucement mais sûrement (le plus gros de la foule étant attendu pour le dimanche), les premières notes de guitare ont retenti et c’est Adrian Vandenberg qui a donné le coup d’envoi d’un week-end survolté. Entouré de sa bande de joyeux lurons, le guitariste néerlandais, connu principalement pour sa carrière au sein de Whitesnake, a emmené le public dans un voyage à travers les 80’s en reprenant tous les plus grands classiques de son ancien groupe. Entre « Bad Boys », « Fool For Your Loving », « Give Me All Your Love », « Still Of The Night » (dédicacée au regretté John Sykes) ou encore « Here I Go Again », ce premier show a pris des airs de tribute plus que de concert véritable. Ne soyons pas mauvaise langue : cela a fait plaisir d’entendre ces tubes, portés par Mats Levén au chant qui a assuré son rôle parfaitement, mais quelques titres issus du répertoire personnel de Vandenberg auraient été fortement appréciés également. Petite anecdote qui vaut son pesant de cacahuètes : durant le morceau « Crying In The Rain », le public a eu droit à l’averse. Si ça ne résulte pas du timing divin, alors on se demande bien ce que c’est…

Le temps d’un entracte de vingt minutes après ce premier concert pour que les fervents metalleux puissent aller se désaltérer et c’était au tour de Battle Beast de reprendre la main. Du hard rock au power metal, il en fallait pour tous les goûts. Les Finlandais ont démarré leur show avec « Straight To The Heart ». L’attitude scénique de Noora Louhimo était magnétique ! Vêtue tout de noir et coiffée de ses traditionnelles cornes, la chanteuse à la voix de dragonne a envoyé une claque vocale à tout le monde. Frissons et justesse pour des titres comme « Master Of Illusion », « Eye Of The Storm », « Where Angels Fear To Fly » qui n’ont pu que rappeler que les femmes aussi avaient leur place sur le devant de la scène metal. Et si Noora Louhimo était la grande patronne de cette soirée, car la seule femme à la tête d’un combo pour cette édition, elle n’a pas oublié de rappeler à ses fans qui étaient les véritables rois de cette soirée en finissant avec le très beau « King For A Day ».

20 heures, l’heure pour les titans du heavy metal britannique d’investir la scène. On parle bien sûr de Saxon et de leur set bien rodé. « Certains d’entre vous n’étaient même pas nés quand la chanson que nous allons jouer est sortie. Pas d’internet, pas de TikTok, pas de Facebook », a rappelé Biff Byfford, tel l’ancien qu’il est (Saxon existe depuis 1977). Sa bande et lui ont jonglé entre titres du dernier album (« Hell, Fire And Damnation », « Madame Guillotine », « 1066 ») et morceaux qui ont fait la renommée des Anglais, tels « And The Bands Played On » et « Denim And Leather, un hommage à la mode metal qui répond à des codes vestimentaires bien particuliers; Biff Byford s’est d’ailleurs paré d’une veste en jean à patchs, la fameuse battle jacket, qu’un fan a lancée sur la scène. Nul doute que pour lui, ce simple accessoire vestimentaire est désormais devenu une véritable relique… D’autres classiques, tonitruants et pleins de riffs tranchants, comme « 747 (Strangers In The Night) », « Wheels Of Steel », « Crusader » ont continué de ravir les plus âgés du public mais aussi les jeunes. Saxon aura su ce soir-là transcender les écarts générationnels. Le final, comme à l’habitude du groupe, s’est fait sur « Princess Of The Night ».

Alors que la nuit tombait sur Nancy, la scène prenait des airs de cathédrale. Une messe obscure se préparait. Une messe dirigée par Attila Dorn. Il était temps pour les loups de Powerwolf de convertir les derniers résistants (s’il y en avait encore) au culte du power metal. La foule s’est faite plus massive pour ce dernier concert. Il faut dire qu’en vingt ans d’existence, Powerwolf a su se créer une base de fans fidèles. « Bless’ Em With The Blade » a démarré et c’était parti ! Orgues enflammés, une batterie brute, ils en ont envoyé plein les tympans. Des pogos se sont même fait voir par-ci par-là en fosse mais rien de bien violent pour ce premier soir de festival. Entre chaque chanson, Attila Dorn a interagi dans un français quasi impeccable avec son public, créant ainsi une réelle proximité avec lui. Il faut dire que le groupe est un voisin : il vient de Sarrebruck, une petite ville allemande située à la frontière, à seulement une heure et demie de Nancy. Falk, le claviériste, a aussi amusé les gens présents en sautant partout sur la scène lorsqu’il n’était pas derrière son instrument. Quelques pas de danse effectués au bras d’Attila Dorn et une complicité sans pareille entre les deux compères auront apporté une touche de charme et de rires à la soirée qui s’est terminée en apothéose. Le ton était donné pour le reste du week-end qui n’a fait qu’aller crescendo.

Jour 2

Pour rester dans la lignée de la veille et éviter un changement de style trop brutal, samedi c’est Wings Of Steel qui a démarré les hostilités. Ce jeune groupe américain propose un hard rock/heavy metal classique mais efficace, qui n’est pas sans rappeler Judas Priest ou Saxon. Le chanteur, Leo Unnermark, a mis le feu en donnant tout de sa voix criante et aiguë. Une fois de plus, le public a été emmené vers un voyage temporel, direction tout droit les 80’s. Bien que récent, le combo a maîtrisé son jeu et sa présence scénique à en faire presque pâlir les anciennes formations présentes à l’affiche. Bien que la setlist ait été assez courte – seulement sept titres ont été interprétés : « Fall In Line », « Liar In Love », « Cry Of The Damned », « She Cries », « Wings Of Time », « Rhythm Of Desire » et « Wings Of Steel » – celle-ci a été sacrément efficace. Des riffs galopants, des matraquages de batterie assurés et assumés auront secoué les spectateurs comme il se doit.

L’ambiance s’est faite plus grave lorsque Vanden Plas a investi la scène. La formation allemande a donné un avant-goût de metal progressif avant les géants de Dream Theater. Riffs presque pachydermiques, solos qui s’envolent vers le ciel (clin d’œil à leur chanson « Holes In The Sky » ou à « Postcard To God », jouées ce soir-là), tempos carrés et millimétrés presque militairement, les musiciens ont affiché une attitude calme qui contrastait avec la puissance de leur jeu.

Sur les coups de 20 heures, les tant attendus membres d’Europe ont déboulé sur la scène. Ouvrant sur « On Broken Wings », Joey Tempest et John Norum, les deux membres fondateurs, ainsi que leurs camarades John Levén, Mic Michaeli et Ian Haugland, ont servi un show incroyable, laissant presque penser que la scène n’appartenait qu’à eux pour ce soir. Ils ont partagé des anecdotes, notamment sur l’ancien nom du combo suédois – il s’appelait au départ Force – mais aussi leur sens de l’humour bien particulier ; Joey Tempest aura retenu deux mots en français qu’il a servis à toutes les sauces : « merde » et « putain ». Enchaînant avec « Rock The Night », la foule a été mise à feu et en folie. Joey Tempest débordait d’énergie et se mouvait de long en large sur la scène, jouant avec son micro, le lançant dans les airs et le rattrapant. A côté du titre éponyme du dernier album, « Walk The Earth », qui date déjà quand même de 2017, les tubes qui ont inscrit le groupe dans la légende du glam metal ont été interprétés : « Carrie », « Open Your Heart », « Superstitious », « Cherokee » et bien sûr « The Final Countdown » pour finir. Joey Tempest et sa bande ne pouvaient pas mieux choisir comme final. La fosse, plus grande que la veille, n’a fait qu’une sur ce morceau. Tout le monde chantait en chœur et sautait en rythme, ne faisant plus qu’un. Les générations communiaient sur un seul et même titre, montrant que le pouvoir d’une seule chanson devenue mythique peut rassembler les foules. Une belle fin comme on les aime.

Mais passer de l’énergie folle d’Europe à la technicité presque assommante de Dream Theater n’a pas manqué de frapper les esprits. La formation américaine a contrasté par son manque d’interaction avec le public et un James LaBrie qui, entre chaque plage musicale, ne s’est pas fait prier pour disparaître de la scène. Alors oui, la virtuosité des musiciens mérite d’être saluée, puisqu’ils ont quand même une puissance rythmique bien connue, et en leur sein un guitar hero qui n’a pas volé sa réputation, aka John Petrucci, mais la technicité et la complexité des morceaux ont vite calmé la foule… et en ont fait partir plus d’un avant la fin. Et les commentaires sont allés bon train : « trop long », « Europe aurait dû conclure cette journée », « un mauvais choix de setlist »… A se demander si Dream Theater est réellement un groupe pour un tel festival. Mais c’est aussi ça les risques du live ; parfois il y a des hauts, parfois il y a des bas. Les fidèles de la première heure, eux, sont quand même restés jusqu’au bout, profitant de titres comme « Peruvian Skies » (incluant des extraits de « Wish You Were Here » de Pink Floyd et « Wherever I May Roam » de Metallica), « As I Am » ou encore « Pull Me Under », montrant leur soutien à un combo qui reste l’un des meilleurs de son genre. Une soirée qui s’est finie en demi-teinte donc, mais les metalleux et metalleuses en recherche de sensations fortes sont revenus sans hésiter le lendemain pour une affiche qui promettait de tout déchirer.

Jour 3

Seize mille. C’était le nombre de festivaliers attendus en ce troisième et dernier jour de festivités. Deux queues immenses se sont formées de part et d’autre du site, prêtes à l’envahir. Les plus téméraires, eux, ont attendu dès le matin pour être sûrs de pouvoir être les premiers sur place. A peine les portes ouvertes que l’enceinte s’est noircie de monde, ce qui a rendu la circulation parfois difficile et le temps d’attente aux différents stands particulièrement long. Mais il faut dire que pour cet ultime soir, les organisateurs ont promis du très, très lourd et ont tenu leur parole : Mass Hysteria et Slipknot ont été choisis pour clôturer le bal.

Mais avant de s’en prendre plein la tronche, petite mise en bouche avec les Texans de Nothing More. Pieds nus et le corps peinturluré en noir et en doré, le chanteur Jonny Hawkins a entamé le show dans une énergie communicative face à une fosse déjà bien bondée. Si le groupe a eu la lourde tâche d’ouvrir la journée la plus importante du Heavy Week-End, il a réussi avec brio ! A la fin, pour mettre la foule encore plus en délire, Jonny Hawkins, Mark Vollelunga et Daniel Oliver sont même descendus au plus près des gens, avec la batterie en partie démontée, pour jouer avec eux. A partir de ce moment-là, la folie était inarrêtable.

Et ça tombait bien, puisque la folie c’est quelque chose que maîtrise bien le groupe qui a suivi : Rise Of The North Star. Avec leur crossover entre metal et rap, les premiers Frenchies de l’événement ont embarqué le public pour un aller simple dans leur trip vers le Japon. Au programme : « Nekketsu », « Welcame (Furyo State Of Mind) », « Neo Paris » ou encore « Rise » et « Again And Again ». Une setlist efficace qui a fait son effet. Les premiers crowd surfers se sont laissé porter sans demander leur reste, les headbangers ont secoué la tête au point de s’en faire mal à la nuque… Le délire a été contagieux et même les spectateurs les plus calmes ont suivi la cadence en sautant comme des fous lorsque le chanteur Vithia les a incités à le faire.

Le voyage retour vers la France s’est fait à 20 heures quand les furieux de Mass Hysteria ont débarqué à grands coups de « Mass Veritas ». La fosse s’est alors transformée en joyeux bordel. Entre crowdsurfing, pogos, circle pit et même wall of death, Mouss et sa bande n’ont eu qu’un seul mot d’ordre pour ce soir-là : retourner le Heavy Week-End. « Furieux, furieuses, les jeunes, les vieux. Soyons positifs à bloc », a lancé Mouss avant d’entamer le titre « Positif À Bloc ». D’autant plus que le groupe fête ses trente ans de carrière ; il n’y a pas de plus bel anniversaire que celui-ci. Entre deux chansons, Mouss n’a pas manqué de saluer la ferveur du public nancéen : « Quand vous hurlez, vous saturez plus que les guitares dans mes oreilles. Le public de l’Est est un public metal, je ne suis donc qu’à moitié étonné, puisqu’ici on est à Nancy ! » Et en retour, Mass Hysteria a fait un beau cadeau à ses fans en offrant une setlist brutale à souhait, en passant de « Chiens de la Casse », « Vae Soli ! », « Notre Complot », « L’Inversion Des Pôles » à « Nerf De Bœuf », « Se Brûler Sûrement », « L’émotif Impérieux » ou encore « L’enfer Des Dieux » et « Tenace », pour ne citer que ceux-là. Le concert a atteint des summums de sauvagerie avec « Plus Que Du Metal » et l’un des plus gros walls of death vu ce soir-là.

22 heures… Alors que le Heavy Week-End touchait bientôt à sa fin, l’atmosphère s’est faite plus lourde. La tension et l’excitation étaient palpables alors que le public attendait impatiemment le dernier gros nom du festival : Slipknot. Cent minutes de concert de prévues pour leur deuxième date française de l’année. Petite intro musicale et un jeu de lumière rouge laissant le groupe se faire désirer, puis les huit membres masqués sont apparus sur la scène en jouant « (sic) » et « People = Shit ». Seul le clown était absent de la scène, retenu chez lui pour urgence familiale mais le public a fait du bruit en soutien à la demande de Corey Taylor. Dans un français maîtrisé, celui-ci a guidé les fans à travers le chaos. « Écoutez, écoutez », a-t-il lancé avant chaque titre célèbre – « Psychosocial », « The Devil In I », « Duality » étaient bien évidemment présentes dans la setlist. Les cornes de diable formées par les doigts des gens se sont levés, les corps ont sauté et volé, les bousculades ont été légion dans la fosse. Le foutoir du public a contrasté avec la structuration du spectacle, découpé en chapitres et ponctué de transitions audio et d’interludes, notamment un solo électro mémorable du DJ Sid Wilson. Slipknot a délivré une prestation pensée pour frapper fort, pour marquer les esprits, presque titanesque tant visuellement que musicalement. Une dernière prestation qui a clôturé le week-end en beauté.

Durant ces trois jours, avec son affiche éclectique et variée, le Heavy Week-End est passé de petit festival sympathique de l’Est à quelque chose de bien plus gros, bien plus impactant pour les fans de metal. A tel point que les dates de l’année prochaine ont été révélées dans la foulée. Alors rendez-vous les 5, 6 et 7 juin 2026.

Photos : Nicolas Keshvary.

Retrouvez encore plus de photos des artistes présents au Heavy Week-End sur la page Facebook de Radio Metal.



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