Pour fêter en beauté son dixième anniversaire, le Hellfest Open Air a choisi de proposer à ses aficionados une affiche best-of du plus bel effet comportant des mastodontes de la scène comme ces pépites méconnues qui sont intrinsèquement liées à l’identité du festival. Comme chaque année, notre équipe est présente à Clisson pour vous faire vivre en direct et durant trois jours cette fête de l’enfer devenue un rendez-vous incontournable pour tous les fans de metal français (et de plus en plus européens). Un événement d’ailleurs complet dès décembre dernier, soit seulement trois semaines après l’ouverture de la billetterie, ce qui constitue un record pour le festival.
Comme nous avons pu le faire ces dernières années, vous allez pouvoir suivre le festival en direct via ce fil rouge qui sera fréquemment mis à jour de l’ouverture des hostilités vers 10h30, jusqu’à la fin des derniers concerts vers 2h du matin ! Suivez-nous donc dès maintenant via cet article mais aussi sur les réseaux sociaux – notre page Facebook et nos comptes Twitter et Instagram – pour tout savoir sur ce Hellfest 2015 et obtenir nos impressions à brûle-pourpoint. Nous vous conseillons donc de recharger cette page régulièrement car nos informations sont mises en ligne en temps réel (si la connexion sur place le permet, ce qui a toujours été le cas jusqu’à présent). Par ailleurs, sachez que comme chaque année les live reports de ce fil rouge pourront être enrichis quelques jours après le festival et nous vous proposerons également, a posteriori de l’événement, des galeries photos entièrement consacrées aux prestations des artistes.
07h45 : On sort la tête de nos tentes. Malgré le temps un peu gris et la fraiche température, pas mal de metalheads sont déjà debouts, plus ou moins réveillés. Certains pissent dans les vignes, Y’a plus qu’à espérer que cela ne laissera pas un petit goût en bouteille.
10h46 : Cette année encore, le supermarché Leclerc est assailli de toutes parts, la queue est juste monstrueuse pour aller se ravitailler en substances alcoolisées (ou non). Heureusement, des concerts sont là pour faire passer le temps !
10h57 : Breakdust et son thrash death ouvre les hostilités sur la mainstage 2. Les Français proposent une prestation énergique qui fait la part belle aux gros riffs qui arrachent. Quelques soucis de son pour les zicos mais le retour du groupe au Hellest où il avait joué au Metal Corner l’an passé est réussi. « On veut sentir votre énergie ! » hurlera son chanteur au cours de ce set carré effectué sous un temps ensoleillé et devant les premiers pogos. Ils l’ont senti…
11h02 : C’est aux Français de Necrowretch qu’incombe la noble tâche d’essuyer les plâtres d’une Altar flambant neuve. Avec leur black death énervé, ils font office de réveil matin pour les festivaliers les plus matinaux déjà assemblés devant la scène. Certains sont déjà à bloc, d’autres émergent au fur et à mesure du set. Évoquant autant le death old school de Possessed qu’un groupe comme Nifelheim, le trio, qui ne ménage pas ses efforts (mention spéciale au batteur), emporte peu à peu l’adhésion du public. De plus en plus nombreuses, les cornes se lèvent : cette fois-ci, le Hellfest, c’est bel et bien parti !
11h06 : Ambiance ‘Kyussienne’ pour introduire le premier riff sous la Valley. Le son semble très bien calibré pour les Français de Glowsun et le riff d’intro de Behind The Moon fait des petits ravages dans la fosse de plus en plus consistante. Johan Jaccob démontre une aisance toute particulière à jongler entre ses effets, la maîtrise est là ! Le combo livre une prestation sans accrocs qui vient réveiller les festivaliers à coups de poutres stoner bien senties.
11h14 : Dialogue incroyable entre deux festivaliers bien cramés :
– Elle est où cette putain de guitare de merde ?
– Mais pourquoi tu veux la trouver ?
– Parce que ton putain de camion est garé à côté, connard…
11h33 : Lion’s Law ouvre les concerts de la Warzone en douceur avec son oï mélodique. Les Parisiens délivrent un set punchy qui fait taper du pied. L’énergie du quintet se développe au fil du show et ses chansons hyper fédératrices séduisent une foule déjà nombreuse. En 30 petites minutes le groupe, dont le nom est inscrit en bleu blanc rouge sur son backdrop, a fait un sans faute. Un hymne à la danse !
11h38 : Beau défi pour les Sticky Boys qui ouvrent la Mainstage 1 ! Alex et Cie se sont bien fait plaisir eux qui viennent d’habitude en festivaliers. La pelouse se remplit en sautillant autant dire que l’ambiance est bon enfant. Sur scène ça balance, surtout la tête, avec un gros finish sur « Bang That Head » et une reprise des Beach Boys « Surfin’ USA ». Comme le disait leur premier album ‘This is rock’n’roll ‘! Un plaisir d’être là et beaucoup de générosité !
11h45 : Si pour Vorkreist l’on assiste à un concert classique au niveau jeu de scène et lumières avec une imagerie classique du black (croix inversées etc.), le groupe reste bien communicatif et le public réceptif. Les morceaux sont accrocheurs et donnent une prestation rondement menée et vraiment agréable ! Un morceau écrit par Marianne lui est dédié (Marianne Séjourné alias LSK qui s’est suicidée le 23 octobre 2013), bel hommage.
11h52 : Le site a tout de même bien changé. Les décors massifs autour des Mainstages renforcent un peu plus le côté Disney Land Metal, les Temple et Altar sont découplées, tout comme la Valley, offrant plus d’espace aux festivaliers, et des écrans sont désormais présents pour ces trois scènes, en plus des Mainstages. De nouveaux aménagements on fait leur apparition également, comme des allées, des bancs en forme d’os géants, une cage pour skaters, etc.
12h09 : Soli enragés et tierces à tout-va, No Return offre une prestation rentre-dedans, à l’image de l’intro de « News Item ». Dommage que la performance des Français soit en partie desservie par un son bien trop fort et âcre.
12h13 : The Midnight Ghost Train entre un à un sur scène et reçoit un accueil chaleureux de la part des amoureux de stoner sous la Valley. Le trio américain envoie le bois avec un chanteur guitariste au visage expressif – on note de la folie dans son regard ! – qui aime jouer avec le public et ne cesse de le haranguer. Le heavy rock des Texans aura largement passé l’épreuve de la scène lors de cette prestation qui aura connu quelques soucis de son (on n’entendait pas le chanteur au début du set, quelques larsens au cours de ce dernier). Un vrai partage entre le groupe et son public plein d’enthousiasme et qui donne la pêche.
12h15 La population se diversifie sous l’Altar pour les suisses de Bölzer ; en quelques années, le duo s’est imposé comme l’un des incontournables de la nouvelle scène black death. À raison, car en dépit d’un show assez statique – duo oblige – on ne se lasse pas une seule seconde pendant de longs morceaux tortueux aux rythmiques disloquées. Le set fait la part belle à leur EP très remarqué Aura, sorti en 2013. Le premier circle-pit de la journée se forme d’ailleurs durant le redoutable « Coronal Mass Ejaculation ». Visiblement gêné par des problèmes de retour, le binome va jusqu’au bout de son entreprise et récolte les applaudissements nourris d’un public conquis.
12h32 : Nous accédons aux forges de Vulcain. Les frères Puzio et Marc Variez, maîtres forgerons, investissent la scène. « Rock’n’Roll Secours » d’entrée alors qu’un camion de pompiers entre sur le site ! Rien que ça ! Eh oui, un drôle d’oiseau a grimpé dans un nid formellement interdit. Les titres s’enchaînent, avec notamment le « Soviet Suprême », un hommage bienvenu à Coluche, mort il y a 30 ans un 19 juin ! Après une demi-heure le public reconnaissant acclame ces vieux routiers qui ont plus de 30 ans de carrière et qui, en hommes de bon goût, finiront avec une « Digue Du Cul »…
12h39 : Despise You prend possession de la Warzone. 20 ans de carrière pour les Californiens mine de rien… 20 ans de power violence et de hardcore et pourtant les mecs mitraillent les titres à toute berzingue, on a l’impression que toute la discographie va y passer. Bon, en même temps, avec des titres de moins de 1min30 c’est plus facile. La voix haut perchée de Cynthia Nishi répond aux aboiements de Chris Elder et on sent la colère monter contre la police ou contre tout d’ailleurs, « Nothing But You Fuck You » martèlent-ils ! Cris jouissifs et slams : un beau programme.
13h45 : Samsara Blues Experiment : plus qu un concert c’est une expérience chamanique, un retour aux sources. Les Berlinois envoient un rock psyché envoûtant, beaucoup s’allongent dans le public pour profiter de l’expérience, on les suit et on se laisse porter par les voix et les transes des riffs précis du groupe. Pas de superflu, l’essentiel pour permettre aux jeunes filles de se déhancher lascivement à l’ombre de la Valley. Peut-être pas uniquement « For The Lost Souls » mais clairement en plein « Center Of The Sun »… Cosmique.
13h50 : Leng Tch’e propose une énergie hallucinante dès le début du concert. Un son tranchant comme un rasoir. Une énorme présence pour ce groupe qui nous livre un grindcore personnel et qui groove vraiment. Le fond de death dérivant parfois vers le stoner est bien là et la magie opère. Mention spéciale au chanteur et au bassiste qui ont un réel charisme ! Le chanteur vient même solliciter plusieurs fois le public en descendant dans le pit. Dommage que ce dernier attende la moitié du concert pour se réveiller mais il finit par nous faire un circle pit et se déchaîne un peu. Serge Kasongo : « Ceux qui sont venus chercher de la tendresse se sont trompés d’adresse ! » Les Belges nous montrent là toute l’étendue de leur talent et il n’est pas des moindres…
13h58 : Que ce soit par la célérité de « Fear The World » ou la puissance de « Mercy », Sylosis s’est magistralement imposé sur la Mainstage. Bénéficiant d’un son enfin digne de la scène, les Anglais ont pu défendre les titres phares de leur dernier album Dormant Heart et ainsi susciter le premier véritable circle-pit du festival. John Middleton fut impressionnant de maîtrise, tant vocalement que sur ses nombreux soli. Et que dire de ce « Leech »… A donner le frisson. Aujourd’hui, Sylosis était simplement monstrueux.
14h00 : Conv’ entendue…
– Il est super classe le chanteur (Sylosis je pense) »
– Arrête de couiner, t’écoutes, tu regardes et t’en reverras avec tes doigts »
14h13 : De nombreux festivaliers bravent le soleil à son zénith pour voir les Californiens de Twitching Tongues sur la Warzone. Le groupe délivre un mélange assez unique de sludge bien gras et de voix et de breakdowns pratiquement metalcore, le tout saupoudré d’un peu de blastbeat. Ils nous offrent de plus en exclusivité le premier titre de leur nouvel album qui sortira cet automne sur Metal Blade. De quoi réjouir les inconditionnels du groupe ! Malgré un public un peu léthargique (après tout, c’est l’heure de la sieste), les têtes bougent, et ce n’est qu’après avoir remercié le public avec profusion que le groupe quitte la scène.
14h22 : The Quireboys, sexe, drogue et rock ‘n’ roll semble être une formule qui prolonge la vie de certains. Les Londoniens en sont le parfait exemple. Rien n’arrête Spike et ses amis. On se croirait dans un pub de Camden en train de partager un moment festif et d’enchainer pinte sur pinte. C’est simple, efficace et on tape du pied avec plaisir. Le public apprécie, reprend avec Spike un « Yihaaaa » digne de John Wayne et on voit certaines têtes arborer une belle banane. « 7 o’clock » clôt ce concert fun sous un beau soleil.
14h31 : Breaking news de Spaceman ! « DSK vient de passer devant moi en peignoir. Apparemment il sortait de la douche. »
14h43 : C’est un rituel que propose Enthroned avec son black metal (« Welcome to our ritual » dira d’ailleurs son frontman au cours du set). Les Belges arrivent maquillés et son leader n’aura de cesse de bénir le public. Ce set est une ode à Satan (lumières en forme de croix inversées, « hail Satan » du chanteur…) et la foule est concernée comme le prouvent ces cris répétés, poings levés, sous les incantations du combo. Fort de dix albums en vingt ans de carrière, le groupe aura su convaincre l’audience de la Temple malgré un son un peu trop fort.
15h07 : Les rockers de We Are Harlot sont de sortie. Le son souffre de quelques problèmes au début et n’est pas très équilibré… Dommage, ils ont la pêche ! Le hard rock de ce « supergroupe » reste un tantinet classique jusqu’à la moitié du concert où ils nous envoient enfin des titres plus accrocheurs. Danny Worsnop force un peu trop sur sa voix, dommage encore. Ce concert pour midinettes ne restera pas dans les annales même si la bande de Los Angeles est fort sympathique…
15h13 : Billy Idol sort un livre : ‘Drugs, Sex & Rock’n’roll’
Spoiler Alert : tout est dans le titre…
15h17 : Truckfighters a livré un set sauvage et complètement décharné, digne de son statut de maître du live. Les Suédois modifient sans cesse leur compositions et jouent avec l’humeur de leur public, très réceptif. Ozo et Dango sont déchaînés sur le devant de scène. Enzo offre une frappe lourde et puissante. Mis à part une caisse claire un peu violente, le son a permis de rendre justice aux divers arrangements des Suédois. On comprend aisément pourquoi ils font partie des groupes favoris de Josh Homme…
15h27 : Une immersion, voilà ce à quoi incite Shape Of Despair avec son funeral doom. La tristesse est de mise avec cette musique jouée par des zicos vêtus de noir dont la lumière vient ponctuellement des envolées éthérées de sa chanteuse qui apporte un bon complément au chanteur principal. Les Finlandais sont absorbés par leur musique et le groupe reçoit un accueil respectueux d’un public qui en termes de communication aura simplement eu droit à un « merci » final. Un concert sans mouvement donc en forme d’expérience sensorielle.
15h38 : Sous la Temple, les Lettons de Skyforger envoient un folk teinté de black plutôt enlevé qui recueille tous les suffrages chez les amateurs de ce style relativement peu représenté cette année. Revêtus de tuniques noires et de bijoux et accessoires folkloriques, devise « Nothing is forgotten, nothing is gonna be forgotten » affichée fièrement sous la batterie : tout est là ! Guitaristes et bassiste s’alignent à la ZZ Top pour des solos épiques endiablés. Entre chaque chanson, le leader se fend d’explications historiques en anglais, parfois en lituanien : qu’importe ! La Temple ne cache pas son enthousiasme et lève le poing vaillamment.
15h43 : Los Angeles vient nous voir cet après-midi avec Armored Saint. Une chemise de cowboy et un vas made in India pour le chanteur. One, two, three. Le son heavy metal est lancé. « Win Hands Down ouvre le set avec énergie. Les cheveux au vent, à l’ancienne, les guitaristes épaule contre épaule jouent leur solo. « March Of The Saints » est jouée avec une justesse impeccable. Une voix heavy parfaite d’un John Bush toujours aussi puissant. De la classe, du charisme… Viennent ensuite quelques titres péchés : « The Pillar », « Mess », « Reign Of Fire ». Les nouveau morceaux issus de Win Hands Down, sorti il y a à peine quelque semaines, font mouche avec une intensité décuplée. Le chanteur explique que c’est sa troisième fois seulement en France et qu’ils sont contents d’être ici. Qu’on a 3 jours pour profiter et être bourré. Ils vont nous y aider.
16h01 : Defeater fait partager sur la Warzone son post hardcore ravageur. Le groupe parvient à faire taper du pied malgré des compos parfois complexes. Se dégage de la performance du combo une véritable énergie qui fait plaisir à voir. Belle ovation du public à un groupe qui quitte rapidement la scène.
16h25 : Pendant que la Mainstage 1 se prépare à accueillir Godsmack, on remarque une tête familière : oui, c’est bien Arthur Seay, guitariste de John Garcia, Unida et House Of Broken Promises, qui sert de technicien guitare. Voilà un groupe attendu en France. C’est l’une des rares dates sur notre territoire. On peut dire que le groupe a su se faire attendre, et certains fans dans la foule sont prêts à en découdre. Ça sent l’Amérique. Ça sent la sueur et le bourbon. Petite intro AC/DC avec « For Those About To Rock » et les mains se lèvent. Une fois sur scène, ils commencent avec « 1000 Horsepower ». Devant le son est si fort que les tripes vibrent en rythme, en cadence avec les coup d’un Shannon Larkin à la gestuelle et au visage expressifs. Le hit « Crying Like A Bitch » continue le set. Le rendez-vous est pris pour « Awake », l’énergie se propage dans la foule, les gens chantent les paroles par cœur, inutile de préciser que c’était le tube attendu. Combien d’années il nous aura fallu attendre pour entendre ce grand titre sur scène. S’ensuit une nouvelle chanson du combo. À un moment donné, le riff de « Walk » de Pantera résonne. Le mosh pit s’agrandit pour quelques secondes. « Stay Away From Me » reprend. Un homme entièrement nu sous son kilt slamme. Un vrai bonheur pour les yeux. Pendant « Go Away », Sully demande de chanter et sépare la foule en deux. Les plus déguisés se mettent au milieu. Et prennent cher. Rob Halford regarde le concert avec intérêt sur le bord de la scène et « I Stand Alone » clôt le show.
16h40 : Concert monstrueux de Vallenfyre. Un mur de death metal avec de gros riffs tantôt heavy tantôt doomy. Mené par un frontman, Greg Mackintosh – également guitariste de Paradise Lost qui, avec ses dreads et sa gestuelle death metal, ferait presque penser à Chris Barnes de Six Feet Under -, totalement habité par sa musique et sacrément charismatique, loin de son côté plus introverti sur scène dans Paradise Lost et prenant son rôle très à cœur, déléguant ses partie de six corde au guitariste live Sam Wallace. Le groupe anglais aura livré un set brutal et sacrement jouissif. On en aurait bien pris plus !! Sinon question : est-ce les paroles des chansons qui figuraient dans ce cahier dont le frontman tournait les pages de temps à autre ?
16h45 : Un tantinet amorphe : c’est l’impression désagréable qui est susceptible de rester suite à la performance d’Orchid. Certes les musiciens s’exécutent parfaitement et Theo Mindell maîtrise son timbre à merveille. Pour autant le groupe semble seulement « faire le boulot », à l’image d’un « Capricorn » poussif. Il a fallu attendre « He Who Walks Alone » pour que les ‘doomistes’ américains sortent de leur zone de confort, un peu tard. Sympathique soit, mais loin d’être marquant, d’autant qu’une basse anormalement trop lourde a fini par faire fuir les estomacs les plus fragiles.
17h35 : Billy Idol, torse nu et sourire aux lèvres, est heureux d’être là pour délivrer son rock fédérateur avec Steve Stevens et ses acolytes. Malheureusement ce set fut desservi par un son pas au niveau, on n’entendait presque pas la guitare de Steve et la basse était beaucoup trop en avant… Bonne prestation tout de même, pleine de dynamisme et placée sous le signe de la chaleur avec un tuyau d’arrosage de sortie, il fait chaud à Clisson et le soleil tape ! Bel accueil du public avec un « Rebel Yell » repris par la foule et belle complicité entre les musiciens constamment dans l’échange.
17h40 : Dès le début du concert de Melechesh, l’Orient immémorial s’affiche sous toutes ses couleurs : le bassiste et le deuxième gratteux revêtent des habits d’hommes du désert. Devant eux, au-dessus de la foule, flotte le drapeau arménien. Les différentes religions du Livre cohabitent ensemble… La musique est plus agressive en live que sur album, la voix d’Ashmedi est âpre, rugueuse. Cela n’empêche pas un couple de se récurer la gorge à coups de pelles gluantes à côté de votre serviteur. La saillie est proche et la turgescence masculine prête à frapper ! Après six ans d’absence, Melechesh déboîte tout et les fans de black metal rugissent de plaisir ! Vraiment impressionnant. Ashmedi se permet un petit plaisir : il prend une baguette que lui lance son batteur et joue sur sa guitare un air arabisant en mode mineur. Il ne se refuse rien et il a bien raison le bougre ! Un monumental « Rebirth Of The Nemesis » cloture avec brio le show. Un des meilleurs concerts de la journée, sans aucun doute !
17h42 : Wolfbrigade, le groupe de punk death suédois nous envoie un son charpenté, gigantesque, qui nous fauche comme le plus puissant des coups de pied retournés de Chuck Norris. Le public est nombreux et la Warzone est presque pleine à craquer, les morceaux sont accrocheurs et reçoivent un bon accueil. Un sacré moment pour finir cette après-midi tout en « douceur »!
18h18 : C’est dans une Altar déjà bien remplie que rentre Dying Fetus : manifestement, bien des festivaliers attendaient les Américains ! Et difficile d’être déçu : pendant les 40 minutes d’un set un peu plus court que le temps imparti, le trio envoie sans faiblir le death/grind qui a fait sa renommée. Pour la subtilité, il faudra repasser, mais qui a besoin de subtilité quand on peut mosher et headbanguer à s’en dévisser les cervicales ?
18h20 : Sodom n’en est pas à son coup d’essai… Le trio allemand officie depuis 1982 et sait faire le job pour retourner le public de la Mainstage 2 venu en nombre. La chaleur commence à se faire sentir, le moment de rafraîchir l’audience au propre comme au figuré avec une reprise de « Bird Is The Word », extraite de son album M-16. Par la suite quelques titres phares comme « Agent Orange », « Sodomy And Lust » ou « City Of God » et du neuf comme « Sacred »… bref, Sodom ne la fait pas à l’envers et a ravi tout le monde, tout en achevant le concert sur « Remember The Fallen ».
18h29 : Direct et sans compromis, voici venir High On Fire. Peut-être même trop direct. Le groupe enchaîne ses titres mécaniquement et communique le moins possible. Il peut néanmoins compter sur l’engouement des fans de la première heure pour installer une ambiance festive dans la Valley. Autrement, on assiste à un groupe qui joue vite, fait vite la transition et repart très vite, malgré une intensité trouvée en toute fin de concert.
19h18 : The Oathbreaker, mince alors ! Je n’en crois pas mes yeux… Le chanteur porte une robe vaporeuse avec du tulle noir pieds nus. Ses cheveux sont longs, sa voix criarde, digne des plus grands chanteurs de deathcore. Mais… Mais oui ! C’est une femme ! Une femme assure les voix de ce groupe venu remplacer Trap Them. Tous vêtus de noir, les musiciens offrent un concert énigmatique. Mystérieux, le visage de la chanteuse est semblable au personnage de The Ring, qui sait ce qui se passera si nous la regardons dans les yeux ! Soudain le calme. Puis la tempête. Son cri perce le ciel et aiguise nos tympans. La foule, peu massive, se révèle peu réceptive. La faute au climat froid et au silence absolu qui règne entre les morceaux ?
19h35 : Arkona achève une performance incroyable sous le Temple qui, non content de bien s’amuser sur scène, est parvenu à rallier à lui un public chauffé à blanc, qui tape spontanément des mains et danse au son du pagan des Russes dont le charisme de la chanteuse s’ajoute à d’efficaces mélodies folk.
19h50 : Est-ce que Lemmy commencerait à fatiguer ? Certainement, mais du haut de ses presque 70 ans il nous livre avec ses compères une prestation énergique comme à son habitude ! Pas du genre de celles que l’on a l’habitude d’entendre mais comme cela a été annoncé par Mikkey Dee (qui nous a livré un magnifique solo de batterie digne d’un John Bonham), plus tôt en conférence de presse les morceaux sont joués plus lentement avec plus de groove et de musicalité que d’habitude. Motörhead sait encore surprendre et ils nous le font savoir… L’incontournable « Orgasmatron » s’invite à la fête pour le plus grand bonheur des fans venus très nombreux. On enchaine avec un « Ace Of Spades » presque stoner tant le tempo est pris bas par rapport à ce qu’on a l’habitude d’entendre mais force est de constater que ça swingue ! Il en reste encore un peu dans le moteur et après que Lemmy qualifie comme à son habitude Mikkey Dee de : « Best drummer in the World! » le groupe gratifiera le public clissonais du grand hit « Overkill ».
19h52 : L’organisation du Hellfest annonce que Five Finger Death Punch échange son créneau horaire avec celui de Lamb Of God. Ainsi c’est ce dernier qui entre en en scène immédiatement sur la Mainstage 2, tandis que Five Finger Death Punch donnera son concert à partir de 22h05 au même endroit. Pendant ce temps, Bloodbath est sous l’Altar. Un concert aux apparences de messe noire, avec un décorum morbide en fond, que vous pouvez d’ailleurs suivre en direct sur Arte Live. On y retrouve ainsi un Nick Holmes en soutane, grimé d’hémoglobine et une croix inversée en guise de pendentif qui joue de sa voix rauque pour essayer d’emmener avec lui un public attentif mais d’apparence un peu fatigué. Celui qui officie par ailleurs comme frontman de Paradise Lost démontre qu’il n’a rien perdu de son allant à chanter un death metal des plus cryptiques. Si jadis on a pu reprocher un certain manque de vigueur dans les concerts récents de Paradise Lost, force est de constater qu’en l’occurrence le chanteur se montre plus loquace et vulgaire que d’habitude. Le line-up est complété de son guitariste Anders Nyström et de Jonas Renkse, par ailleurs actuel chanteur de Katatonia à la basse. Du spectacle, mais il manque cependant un peu d’âme, celle qui rend les concerts inoubliables.
20h30 : Pendant ce temps dans l’herbe de la Valley c’est une toute autre ambiance qu’instaure Envy avec sa musique post-rock voire screamo, que notre reporter sur place compare à un rêve éveillé dans lequel on passerait des songes aux cauchemars, voire à la trame d’un dessin animé japonais où la douceur des mélodies laisse place à la brutalité des hurlements. Une recette qui a visiblement transporté en apesanteur un public le long de riffs stratosphériques.
20h35 : Sur la Mainstage 1, Randy Blythe de Lamb Of God est un frontman qui sait se faire obéir, comme lorsqu’il réclame le circle pit le plus grand de tout le festival au moment de jouer « Redneck ». Dans ce concert aux allures de scène de guerre, le groupe n’a pas perdu de sa verve et envoie quelques ogives telles que « Walk With Me In Hell », « Now You’ve Got Something To Die For ». La foule devenue primale s’exécute sans broncher, et enclenche le bouton ‘guerre’ quitte à faire voler des chaussures jusqu’à 10 mètres de hauteur. Autre fait notoire, le batteur Chris Adler affiche ses couleurs en portant un t-shirt de Megadeth. Pour rappel, c’est lui qui tiendra les fûts sur le prochain album du groupe de thrash californien.
21h46 : Cradle Of Filth clôture son concert sous le Temple. Les Anglais l’avaient débuté sur l’intro d’ « At The Gates Of Midian » suivi de « Chthulu Dawn » avant de promettre au public de le gratifier de nouveaux morceaux de son prochain album Hammer Of The Witches, qui sort en juillet. Les musiciens ont eu de l’allant, notamment sur « Her Ghost In The Fog » tiré de l’album Midian, mais comme de coutume Cradle peine à distiller un son de qualité – Dani Filth est souvent inaudible car chantant loin de son micro. Le public qui compte dans ses rangs un grand nombre de représentantes de la gent féminine semble tout de même captivé, et le groupe achève un concert certes brouillon sur son hit inimitable, « From The Cradle To Enslaved ».
21h51 : Sur la Warzone, le concert de Peter And The Test Tube Babies avait mal débuté en raison de larsens insoutenables qui ont bien failli gâcher la fête. Ceci réparé par l’ingénieur du son, le groupe de punk natif de Brighton s’est adonné avec sa bonhomie habituelle à une prestation sans surprise. Communicatifs avec le public, les Anglais scellent vite une alchimie avec les spectateurs. Un bon moment de punk, sans artifice aucun.
22h09 : Alice ! Alice ! Alice ! Est-ce que ça glisse au pays du festival ? Boutade facile, mais il apparaît comme évident que lorsque Alice Cooper entre sur scène, la légende donne l’impression de marcher à 30 centimètres du sol. Elle vole, elle avance, et salue son public dévoué à son art ce soir. Son masque se fige et entonne la première chanson « Department Of Youth » suivi d’un « No More Mr Nice Guy » bien rock’n’roll. Et les classiques s’enchaînent sans temps mort, avec notamment un excellent « Billion Dollar Baby » des familles. Une bonne surprise avec un « Lost In America » de sous-estimé The Last Temptation. Un moment fort : « I Love The Dead » pendant lequel Alice perd sa tête sous la lame de la guillotine, tout comme le public qui devient véritablement hystérique. Mais quel âge a Alice ? « I’m Eighteen » apporte une réponse exquise. Les musiciens charismatiques participent autant que le maître au show. Mentionnons Nita Strauss qui remplace désormais Orianthi à la guitare et qui joue les femmes fatales de son regard qui tue. C’est bientôt la fin, et l’apothéose du concert va survenir. « Poison » déchaîne la foule. Puis « School’s Out » retentit, sonnant l’heure de la récréation et Alice lâche son florilège de ballons sur des étudiants en mal de professorat. « Ho oui Alice, apprends-nous », semble dire un black metalleux en train de chercher à attraper un ballon rose. En plus, Alice s’offre un petit medley comportant « Another Brick In The Wall » de qui vous savez ! Un final grandiose puis Vincent Furnier se retire de la Mainstage 01 sur un triomphe mérité.
22h37 : Mastodon, que pourtant d’indiscrets bruits de couloirs classaient comme un groupe à mauvaise réputation scéniquement parlant, semble avoir déroulé une énergie contagieuse ce soir sous la tente de la Valley. Un public nombreux goûte au son puissant des Américains, d’une lourdeur qui écrase toutes les épaules. Les corps s’agitent, dansent, les sourires marquent les visages. Pendant la chanson la plus pop du dernier album « Chimes at Midnight », le refrain est laissé au soin du public. Les corps des musiciens embrasent leurs guitares. Troy Sanders et Brent Hinds se répondent avec une justesse qui fera taire les critiques susvisées, et lorsque leurs regards viennent à croiser celui du ciel, ce dernier contemple les guitar-heros qu’ils sont en retour. Saluons leur énergie, leur rousseur et leur charisme qui ont probablement fait de ce concert un concert unique ce soir.
22h48 : Par ailleurs, Children of Bodom est lui aussi parvenu à se mettre le public dans sa poche sous l’Altar. Une bête de scène qui use de lumières chiadées pour dynamiser une musique virevoltante de mélodies entêtantes. Le quintet finlandais fait tente comble devant une foule réceptive qui ne se fait pas prier pour taper vigoureusement des mains. À plusieurs reprises, par la voix de son leader Alexis Laiho, le groupe fait part du sentiment fort qu’il éprouve à jouer au Hellfest.
22h55 : Voici la nouvelle question ajoutée à l’édition 2015 du Trivial Pursuit : quel est le groupe qui passe plus de 6043 fois par jour sur les radios US ? Réponse : Five Finger Death Punch. Le groupe entre sur la Mainstage 01, mais est handicapé par un son que nous qualifierions d’infâme. Sur album, les chansons sont carrées, le son parfait, net et précis, mais il est vrai que comme beaucoup d’autres groupes dans ce même style, le passage sur scène s’avère plus délicat, et c’est dommage. Néanmoins, le public semble réceptif et le groupe ultra impliqué, en profitant pour poser pour les photographes, avec un Ivan Moody comme à son habitude possédé, lâchant dans sa rage quelques filets de bave, et débarquant sur scène muni d’une batte de base-ball métallique pour symboliser son envie d’en découdre. Moment gênant : Moody s’en prend au technicien lumière lui reprochant de trop l’éclairer en mimant, dans la peau de son personnage de scène, un engorgement… Les titres s’enchaînent et un début d’endormissement finit par frapper un à un les spectateurs à cause d’une certaine redondance dans la musique qui, sur la longueur, perd son effet coup de poing – une reprise de Bad Company permet tout de même un sursaut léger. Un concert peu marquant d’après notre reporter qui fut tenté de jouer à Candy Crush pendant cette prestation en demi-teinte de Five Finger Death Punch.
23h49 : Les punks londoniens de Cock Sparer nous viennent en grande forme et dans la bonne humeur ce soir ! En dépit de l’absence de nouvel album depuis 1992, ils démontrent qu’ils n’ont pas perdu la fougue de leurs 20 ans. Sur scène ça s’agite du bocal et le public en redemande. Une Warzone devenue festive grâce à des morceaux comme « Argy Pargy » ou le hit déchaînant « England Belongs To Me » dont le public scande le refrain lorsqu’il est sollicité, et pour cause, le morceau est connu des fans assidus de Ultimate Fighting Championship (UFC) pour être la chanson d’entrée du combattant Dan Hardy. On voit que les 43 ans d’expérience scénique du groupe « l’un des plus jeunes du Hellfest » comme l’a lui- même asséné son chanteur Colin Mc Faul n’auront pas été vains. Les papis du punk anglais sont de véritables showmen et les Clissonnais leur rendent honneur avec un véritable tonnerre d’applaudissements en fin de concert.
00h10 : Satyricon ne semble s’épanouir qu’en enfer. Lorsqu’il foule les planches d’une Temple plongée dans une lumière rouge avec un fond lui-même rougeoyant, et orné de croix inversées formées par les rails des différents spots, on sent qu’il y a de la tension dans l’air. Paré de son charisme qu’on lui connaît, le groupe de black metal norvégien propose ce soir un concert digne des plus grands groupes de rock ‘n’ roll. Du Black, du rock, du rythme, de l’énergie, et le tout enveloppé d’orchestrations simples et dépouillées qui confèrent à la musique un caractère tantôt tribal qu’atmosphérique. Les croix s’allument un peu partout sur la scène, et la toile de fond laisse peu à peu apparaître des corbeaux. Pourtant pas d’oiseaux de mauvais augure ce soir, Satyricon est au meilleur de sa forme. Peut-être seul le claviériste Job Bos, pétrifié comme une statue de sel, concentré et impassible, rompt avec la débauche d’énergie dont le reste du combo fait preuve. Sigurd ‘Satyr’ Wongraven tend son micro au public et le fait participer au gré des chansons. Ses yeux cherchent à percer tous les visages de la foule tandis que le métronome Frost s’en donne à cœur joie derrière la batterie. Une petite ombre au tableau ? L’absence dans la setlist de ce soir du hit monumental qui a fait connaître Satyricon à l’international, à savoir « Fuel For Hatred » tiré de l’album Volcano (2003). La fête devient malgré tout complète avec l’envoi de chansons incontournables telles que« Now, Diabolical », « Mother North ». Quand les notes de « King » retentissent, on se demande qui est le roi ? Satyricon, roi du dance floor black metal ? Un qualificatif qui s’avère plutôt cohérent.
00h42 : Fin de l’un des plus gros concert événement de cette première journée du Hellfest sur la Mainstage 01 avec un Judas Priest ressuscité, lui dont on pensait qu’il avait définitivement tiré sa révérence en 2011 après son Epitaph World Tour. Les papys de Birmingham font le job. Rob Halford au crâne et à la voix affûtés transpire la classe, et pas seulement parce que le frontman a revêtu sa légendaire tenue d’apparat avec cuir, chaînes et collier à pics, mais parce que le chanteur se livre corps et âme. Le monsieur joue tout de même un drôle de personnage en venant sur scène appuyé sur une canne en bois. Richie Faulkner qui remplace en seconde guitare depuis plusieurs années K.K Downing donne l’impression d’avoir toujours fait partie intégrante du groupe, bien que son énergie débordante tranche avec le reste du groupe beaucoup moins vif et mobile, et crée lui l’enthousiasme. Le public est transporté, nostalgique, et devient même hilare en cœur de set lorsqu’une moto aux couleurs de l’Union Jack s’invite sur scène. Jouant quelques titres de son dernier album Redeemer Of Souls sorti l’an passé, tels que « Dragonaut » ou « Halls Of Valhalla », le prêtre de Judas fait évidemment la part belle aux hits qui ont jalonné ses plus de quarante-cinq années de carrière, et notamment « Jawbreaker », «Hell Bent For Leather », « Breaking The Law » ou l’apothéotique « Painkiller » qui rassemble les fans de toutes générations autour de ce gigantesque cador du heavy metal britannique.
00h59 : Le public est épars sous la Valley pour accueillir Wovenhand. Evidemment, on pourrait chercher longtemps une quelconque trace de metal dans ce groupe, mais on passerait à côté d’une performance émouvante et singulière. Emmené par David Eugene Edwards, le groupe trace sa route entre rock, folk et americana. La silhouette iconique d’Edwards se distingue à peine au travers des fumigènes ; l’éclairage particulièrement soigné, baigne la scène d’ocres et de sépias en parfait accord avec la musique. Le chant, désincarné par une réverbération titanesque semble venir d’un au-delà. Ce n’est pas un simple concert que Wovenhand propose mais un véritable voyage. Les titres du dernier album Refractory Obdurate brillent particulièrement, notamment « Salome » et sa belle montée dans l’intensité et surtout le très onirique « Corsicana ». Une performance tout en retenue mais le public est conquis, et il reste en nombre en fin de set pour applaudir cette formation étiquetée ‘alternative-country’, comme pour prolonger l’instant présent de ce dernier concert à la Valley ce soir.
01h10 : Meshuggah peut se targuer d’être de ces formations qui ne s’oublient pas, tant à chacun de ses concerts une atmosphère clinique s’installe, technique, scientifique, mathématique. Une rigueur se dégage de celui de ce soir en terres clissonaises, et les Suédois insufflent sous le chapiteau leur meilleur. Lorsqu’un petit grain de sable vient entraver la bonne marche de la machine – en l’occurrence un léger problème de batterie – Jens Kidman, le chanteur, pourfend le costume de bête de scène survoltée qui se voûtait, et semblait essuyer sans douleur des flèches venues lui transpercer le corps en rythme saccadé. Aucune panique, le frontman en profite pour tailler le bout de gras et raconter ses différentes venues au Hellfest. La complexité des lignes de Meshuggah est clairement appréhendée différemment par les personnes présentes dans la foule ; en effet chacun agite sa tête différemment selon son ressenti et sa propre ligne de rythme. Les ruptures de temps occasionnent de nombreux torticolis et moments de solitude. Mince, comment peut-on danser sur ce groupe ? L’idée de se fier à un métronome a effleuré notre reporter présent dans le pit. Un petit interlude en usant d’un vocodeur puis le groupe retourne définitivement le sol de l’Altar en insistant sur son album Catch Thirtythree pendant le dernier quart d’heure.
01h17 : C’est pas aux vieux punks qu’on apprend à faire la grimace… Les Dead Kennedys investissent une Warzone totalement acquise à leur cause, et ont bien l’intention d’en découdre. Ron « Skip » Greer a la lourde tâche de succéder à Jello Biaffra au micro, chose qu’il exécute à sa manière, comme lorsqu’il minaude avec ses partenaires tel un comédien de stand-up sous ecstasy. Sarcasmes et textes vindicatifs pleuvent sur toutes les bizarreries navrantes de la vie… Du football aux youtubeurs, en passant par les hipsters, ou la Pop Culture made in USA. Les immanquables « Kill The Poor » et « Too Drunk To Fuck » surviennent en milieu de set. Grosse blague ou regard désabusé sur le monde ? Peu importe, en tout cas le charme des Dead Kennedys opère entre potache et consternation.
1h35 : Pendant que Slipknot impressionne sur la Main Stage 01 et que les Norvégiens (à ne pas confondre avec son homonyme suédois) de Shining jouent devant un petit comité sous le Temple, les Dead Kennedys n’en finissent plus de vociférer et continuent sur leur lancée en dégainant leur fameux « Nazi-Punks Fuck Off », lui-même suivi dans la foulée de « California über Alles ». Indéniablement ce soir, le groupe a beaucoup de choses à dire. Autant dire qu’American Pie, c’est fini et que ça met des tatanes là où ça fait mal.
2h03 : Dernier rappel pour Dead Kennedys qui délivre « Holiday In Cambodia » suite à un mash-up improbable de Taylor Swift, puis de reprendre le « Viva Las Vegas » d’Elvis Presley. Voilà qui clôture un live best-of, pourtant d’une pertinence actuelle. On aura beau dire qu’ils n’ont rien inventé, mais au bout de trente ans de carrière, si les musiciens californiens étaient morts, alors nous aussi… Shining pendant ce temps, sous un Temple rarement aussi dégarni en public – le groupe de néo-metal de l’Iowa au nœud coulant, comme cousu de fil blanc, attire énormément de fans ou de simples curieux sur la scène principale – se livre à une joute musicale alambiquée alors que règne une odeur nocturne d’herbe vieillie, de foin. Le groupe distille un metal extrême dont lui seul a le secret, d’une rare intensité, en l’agrémentant d’une grande dose d’avant-garde lorsque son chanteur Jorgen Munkeby dégaine un saxophone. Ce dernier ajouté au clavier, le free-jazz n’est pas très loin. Il est amusant, rare, de contempler et écouter le son d’un cuivre au Hellfest, puis d’entendre à quel point Munkeby va véritablement traumatiser l’instrument sur la fin du concert. L’homme semble possédé, au regard parfois furieux, et suscite l’effroi avec sa voix percutante, corrosive, haineuse, une débauche de musique agressive qui serait jouée sous acide, car teintée au détour d’un pont ou d’un refrain, d’harmonies pop, de black, de jazz, de dance… Avec en prime sa reprise heavy et démente du « 21st Century Schizoid Man » de King Crimson. Shining, le groupe insaisissable par excellence, qui ce soir avait derrière les fûts l’ancien Leprous et batteur d’Ihsahn Tobias Ørnes Andersen. Munkeby en a par ailleurs profité pour annoncer un nouvel album pour octobre.
2h18 : Il est tard mais nous ne pouvions vous quitter sans avoir évoqué la prestation de haute tenue que vient d’offrir le groupe de néo-metal Slipknot sur la Main Stage 01. Devant une foule immense, les neufs musiciens masqués furent en forme et offrirent un show de qualité, renforcé d’effets de lumière intéressants et d’une pyrotechnie généreuse. Volontairement chaotique avec ces nacelles rotatives qui s’élèvent et sur lesquelles sont juchées Shawn Crahan et Chris Fehn avec leurs percussions. Sid Wilson aussi qui vient jouer les trublions en courant tel un bouffon partout sur scène, nous faisant nous poser la question de sa véritable utilité musicale. Une première réussie à Clisson donc – si l’on occulte leur houleuse venue au Fury Fest en 2004 – et qui se mesure au soutien inconditionnel de son public, venu les acclamer dans la reprise de quelques titres issus du dernier album en date 5. The Gray Chapter – dont le surpuissant « Sarcastrophe » qui démarre le set à la suite de l’intro « XIX » – mais aussi et surtout des titres plus anciens. Corey Taylor n’en finit plus de remercier cette foule bouillante qui a peut-être vu l’un des concerts les plus impressionnants de cette première journée. Mission accomplie pour les musiciens originaires de Des Moines (Iowa, USA).
A voir également :
Fil rouge de la journée du samedi.
Fil rouge de la journée du dimanche.
Alice Cooper c’était la première fois que je les voyais en live, bah nom d’un p’tit bonhomme!!! J’ai pas été déçu!!! Du grand spectacle! Incontournable!! =D
Par contre je suis assez dèg’ d’avoir raté Motorhead. Y’a eu un accident de bagnole près de là ou j’étais installé (camping sauvage en bord de petite route), et du coup on c’est fait aggro par la sécurité, puis par la gendarmerie. Ça nous a bien fait perdre 1h30 le temps de tout répéter 50 fois à chaque nouvelle personne qui arrivait, mais c’était marrant. Ça fait des souvenirs! ^^
Et puis la gendarmière était vraiment sympa! =)
Super concert d’Alice Cooper !! J’étais hors de moi pendant ce show ^^
Juste déçu par Motörhead, je ne comprenais pas un mot qui sortait de la bouche de Lemmy, et je ne suis pas le seul à l’avoir signale …
Shining jouait si tard au Hellfest? :O
Au Graspop on les a eu a 14h…
Un show qui envoyait tellement que meme les gars de la sécu derriere la barriere ne pouvait s’empecher de mettre l’ambiance dans le public 😀
Shining était énorme. Une pêche d’enfer le chanteur !
petite correction : « A Touch Of Evil » n’a pas été jouée par JUDAS PRIEST
Corrections faites ! 😉
merci pour ces comptes rendu qui nous font un peu rêver de loin et imaginer l’ambiance en live:content que Lemmy soit encore debout!!immortel le mec ainsi qu’alice cooper après tous se délires de carrière…
Hahahaha c’est nouveau, Jello Biafra avec les dead kennedys ^^
Vous avez bien tripper les garçons
Pour le classique de Sodom , vous êtes sûr pour « Sodomy and Love » ? Je pense plus à « Sodomy and LUST » !! pas du tout le même sens 🙂
Pas de fest cette année pour moi à cause d’un souci de santé, grâce au fil rouge j’y serai un peu par procuration alors merci radiometal !
N’oublie pas les vidéos et tout !
http://concert.arte.tv/fr/collections/hellfest
J’espère qu’il n’y a pas besoin d’une connexion de barge, par contre… Cambrousse pour moi ce week-end.