Korn est joueur. Et de ce trait de caractère, ils ont fait de The Path Of Totality le symbole. Album expérimental résolument tourné vers l’avenir et prenant, à un an d’écart seulement, le contre-pied total de son prédécesseur. Voilà un album qui a gagné aujourd’hui le statut de plus controversé de la carrière du groupe. Et vous savez quoi ? Korn ne s’en excusera jamais. Contre vents et marées, Korn (et en particulier Jonathan Davis, passionné d’électronique qu’il est) continue aujourd’hui, à la veille de la sortie de son nouvel opus The Paradigm Shift, de soutenir cet album. Et probablement que celui-ci fut l’un des plus importants de sa carrière. Car au-delà du plan purement musical, qui est laissé à l’appréciation de chacun, et résolument novateur (ils ont, pour la première fois depuis leurs trois premiers albums été précurseurs et leaders dans une nouvelle mode), cet album a posé de nombreux débats, a agité les esprits et a posé la question de la liberté artistique et de la distance qu’un groupe doit ou ne doit pas prendre avec son public pour satisfaire celle-ci.
Et même le guitariste Head, aujourd’hui de retour dans le groupe après huit années d’absence, que certains auraient imaginé (souhaité ?) voir prendre ses distances avec cette expérience collaborative, soutient totalement ses collègues et ne rechigne d’ailleurs pas à jouer ces titres sur scène. Quelque part c’est rassurant, cela montre avant tout que le guitariste est sur la même longueur d’onde que ses compères retrouvés, que ce retour à un sens et que l’alchimie créative avait des chances d’opérer à nouveau.
Comment donc peut-on penser une seule seconde que Korn, sous prétexte du retour d’un membre fondateur, allait revenir à ses premiers albums ? Surtout lorsque Korn III, qui se voulait justement être ce retour aux sources, a eu reçu un accueil mitigé… Et comment peut-on imaginer que l’expérience The Path Of Totality, si imposante, n’ait laissé aucune trace ? Au contraire, Korn se joue de cette atmosphère post-The Path Of Totality et des questions qui entourent le retour de Head au poste de guitariste. Il suffit de voir le choix de premier single « Never Never » qui, avec ses relents pop et dubstep, prend à contre-sens les attentes des puristes en leur offrant tout ce qu’ils ne voulaient pas. « On a assurément fait exprès, car je savais [en faisant ce choix] que tous les metalleux purs et durs seraient furax. […] J’aime faire ce que tu n’es pas censé faire », nous avouait Jonathan Davis récemment en entretien (à paraître). Un choix d’autant plus provocant que ce single ne résume en rien l’album, mais inutile pour autant d’essayer de l’y extraire : il en incarne bel et bien une composante. Car The Paradigm Shift est truffé de refrains entêtants, mélodiques à souhait, certainement hérités de la pierre angulaire Untouchable (« Prey For Me », « Love & Meth », « Lullaby For A Sadist ») et propose même quelques couplets plutôt légers (« Spike In My Veins », « Lullaby For A Sadist »). The Paradigm Shift dévoile des tubes potentiels à la louche. A ce titre, c’est à se demander comment un « Tell Me What You Want » s’est retrouvé en bonus d’album, tellement il est lui-même taillé pour servir de single.
On constatera également que les influences dubstep ont laissé de plus grandes traces que ce que Jonathan Davis lui-même semblait l’imaginer il y a un an et demi. Des titres comme « Prey For Me », « Spike In My Veins », « Paranoid And Aroused » ou, bien entendu, « Never Never », ont tous hérité, d’une manière ou d’une autre, des sonorités et rythmes exploités dans The Path Of Totality. Seulement, en moindre mesure puisque là où l’album tant décrié de 2011 était collaboratif et voyait le metal de Korn partager le gâteau à part égale avec les artistes dubstep, The Paradigm Shift est avant tout un album de Korn seul, ou presque. Les influences dubstep sont donc utilisées de manière différente, elles ne servent plus de base pour construire des chansons entières mais pour les arranger, pour élaborer un break ici ou un pont là, mélangés à d’autres effets électroniques assimilables à la période pré-2011 du groupe. Korn ne va donc pas plus loin dans l’expérience – Davis lui-même reconnaissait qu’il n’y avait pas plus à faire – mais plutôt met à profit ce qu’il en a appris.
Pour autant, « Never Never » reste la chanson la plus jusqu’au-boutiste dans l’orientation pop moderne et, de fait, s’en retrouve un peu isolée. Car The Paradigm Shift est un album aux multiples visages. Et, d’une certaine manière, même s’il profite des retombées de l’expérience, il prend lui-même le contre-pied de The Path Of Totality qui était un album au parti pris tranché, presque unidimensionnel. The Paradigm shift se veut à l’inverse touche à tout et contrasté. Car en parallèle des moments résolument accrocheurs et entraînants que réserve l’album, Korn dévoile parmi ses passages les plus virulents depuis Take A Look Into The Mirror, avec des riffs massifs et un Jonathan Davis qui racle parfois sa gorge, jusqu’à atteindre un timbre guttural (« Prey For Me », « Love & Meth », la fin de « Punishment Time », « Victimized »). Un Jonathan Davis qui, de manière générale, varie ses textures vocales entre voix claire quasi cristalline, avec du grain, quasi death metal, chuchotée, etc.
Korn est remonté à bloc, sans doute l’effet du retour de son guitariste dont la personnalité semble parfaitement réintégrer les rangs et renforcer les choix du combo, offrant des riffs créatifs aux effets originaux (« Punishment Time », la wah-wah de « Paranoid And Aroused ») et des compositions particulièrement denses. Et l’atmosphère globale qui en ressort est très positive, loin de la sinistrose qui embaumait les premiers albums des enfant de Bakersfield. Korn s’assume totalement tel qu’il est aujourd’hui, en adulte marqué par les expériences et le succès commercial. Il emprunte, certes, des traits de caractères à des œuvres passées (Untouchable, Take A Look In The Mirror et The Path Of Totality pour les plus évidents) mais sans nécessairement chercher à revisiter ce passé. Mais, au fond, même si sa vie a pris des couleurs depuis ses début, l’adolescent est toujours là, quelque part, à transgresser les codes, à bousculer jusqu’à sa propre base de fans qui, pour certains individus le composant, ne saura décidément pas sur quel pied danser avec ce nouvel opus.
Album The Paradigm Shift, sortie le 8 octobre 2013 via Prospect Park
je confirme,un excellent album : bien recherché,travaillé,gros son,refrain accrocheurs..tout y est!!!!! effectivement,on sens bien la nouvelle influence « electro-dubstep » sur certaines chansons,en particulier « never never ». et étant donné que j’ai adoré « the path of totality »,cette dernière ne me gêne pas 😉
le SEUL tooooooout petit bémol : c’est le son de basse de fieldy : moins vrombissant,moins lourd,plus sobre qu’avant……maaaaaaais ça n’enlève en rien la qualité de l’album,juste un peu de nostalgie :))
Très bonne analyse, vous avez même souligné le coté « lumineux » de l’album avec une atmosphère bien moins pesante que celle de la plus part des disques… Sinon, mis à part le coté electro/dubstep cet album me fait trop penser à celui de Love and Death (Between Here and Lost), le style de Head y est dominant, on a plus l’impression d’une collaboration Love and Death/Jonathan Davis que d’un disque de Korn proprement dit.
Je l ai écouté en intégralité sur YouTube.
Et bien cette album c’est de la méchante frappe !!!
J’écoutais pas mal de Korn il y a plus de dix ans et j avais lâché l’affaire, je me suis repenché dessus après leur belle prestation au sonisphere et je suis vraiment content de ce dernier album.
Du coup je l’ai commandé !!!
J’ai reçu l’album ce matin, en étant tout content, et je l’ai direct écouté d’un trait.
Sur certaines compos on entend bien les éléments dubstep du dernier (sans compter The Paradigm évidemment), mais le groupe n’en fait pas trop, pour un son plus moderne mais qui ne fait pas de cet album un Path Of The Totality².
On ressent aussi les inspirations des anciens albums, avec de bons riffs et de bonnes basses, et ça fait super plaisir à entendre.
A part Never Never qui fait plus figure d’intrus mais étrangement qui se marie assez bien avec l’album, la grande majorité des chansons sont excellentes, je retiens particulièrement Prey For Me et Spike In My Veins, qui avec Love & Meth sont les meilleures de l’album.
En bref, cet album est excellent, ce serait une erreur de ne pas l’acheter.
L’album et carrément enorme la seul chanson la plus bidon si je puis dire et Never Never ! vous verez les autres c’est pas compliquer c’est un melange de Untouchable et Issues.
Korn est un groupe légendaire, Jon Davis est surement le chanteur métal le plus sous estimé tellement il est bon et moqué. Mais là cet album, non. J’étais habitué a trouver quelques bonnes chansons même sur les albums moins constants (post See You On The Other Side donc), mais là c’est chiant comme un jour sans pain. La platitude des compos me désespère au plus haut point, le son « Korn » a le cul entre deux chaises, et finalement Never Never ressort comme le meilleur morceau de l’album, ça en dit long… Dommage, espérons que le groupe nous ponde un vrai album qui se tient pour sa déjà douzième sortie ! 🙂
Bah moi je n’accroche pas du tout. J’en suis à une dizaine d’écoutes et je n’en ressors rien..
Vraiment je suis déçu, j’en espérais tant.
et tu la écouter ou l’album gros malin
J’ai vraiment hâte de découvrir cet album! J’adore Korn depuis toujours, et les albums cités comme influences sont parmi mes préférés.
Bref, un album à ne surtout pas rater à sa sortie, d’autant que Head est de retour au sein du groupe!
D’accord merci, étant fan de Korn j’ai hâte d’écouter l’album.
bonne analyse en tout cas, j’écouterai naturellement par curiosité grâce à toi spaceman^^ mais en terme de précurseur dans une phase de transition ou plutôt de fusion/évolution, j’ai quand même des arrière pensées pour Linkin Park qui avait bien attaqué la chose, j’attendai même de le voir apparaître dans ton descriptif.comme pour bien faire apparaitre que les fer de lance du néo métal sont bien les plus apte à créer naturellement ce néonéométal. je veux dire par là, que leur volontés de créer, bousculer avancer avec l’ère du temps est tout simplement , au fond, dans leur conception de la musique.
Par quelle moyens si c’est possible de le savoir ? 🙂
Hello Carpenter,
Ce sont les labels des groupes qui, via leurs chargés de promos, nous envoient les albums avant la sortie pour que nous puissions en parler sur l’antenne et le site.
Vous avez pu écoutez l’album entièrement ?
Si on en fait une analyse c’est effectivement qu’on l’a écouté plusieurs fois entièrement. 😉
Etant donné que cet album comporte encore bien des composantes de dubstep, je ne dirais pas que The Paradigm Shift prend totalement à contrepied The Path of Totality, même s’il est résolument plus axé métal.
Perso, je suis moins enthousiaste que toi sur cet album, mais tous les goûts sont dans la nature. 🙂
Mais je ne dis pas qu’il prend « totalement à contrepied The Path Of Totality » 😉
Je dis que « les influences dubstep ont laissé de plus grandes traces que ce que Jonathan Davis lui-même semblait l’imaginer il y a un an et demi » mais que « d’une certaine manière, même s’il profite des retombées de l’expérience, il prend lui-même le contre-pied de The Path Of Totality qui était un album au parti pris tranché, presque unidimensionnel. The Paradigm shift se veut à l’inverse touche à tout et contrasté. »
« à un an d’écart seulement, le contre-pied total de son prédécesseur »
pourtant, tu dis ça, dès le début de ta chronique, faudrait savoir. 😉
Lis bien, sur ce passage je parle de The Path Of Totality (le prédécesseur en question étant Korn III). 🙂