Les Italiens reviennent sur le devant de la scène avec un empire sans sommeil qui leur permet une halte en terres parisiennes, terres qu’ils n’avaient pas foulées depuis un sacré moment. Des nouveaux morceaux, donc, à défendre en concert pour le plus grand plaisir de tous, surtout que depuis 2019 et Black Anima, le groupe n’a pas sorti de nouveaux sons (on exclut Comalies XX), conséquence claire de la pandémie coronavirus. Nouvel album, groupe peu vu ces derniers temps dans la capitale, voilà de quoi rendre cette soirée intéressante.
En première partie, les Etats-Uniens de Nonpoint. Qui ça ? Vous ne connaissez pas ? Pas de panique, entrez avec nous dans la salle du XVIIIe, on fait les présentations, on a un peu de temps avant que la fête ne commence.
Artistes : Lacuna Coil – Nonpoint
Date : 12 octobre 2025
Salle : Elysée Montmartre
Ville : Paris [75]
Nonpoint a vu le jour à la fin des années 90 en Floride et évolue dans le registre nu metal (puisqu’il faut étiqueter, histoire de situer sur la carte du metal). La formation a douze albums à son actif quand même, sortis plutôt régulièrement et un nouvel opus est dans les tuyaux. Pour être (presque) complets, notons qu’Elias Soriano au chant et Robb Rivera, le batteur, sont là depuis le début, à savoir 1997.
Il est 19h30, le groupe entre sur scène. Le quintet a un impact visuel indéniable avec ces jerseys très colorés et les dreadlocks. Il n’y a pas de tour de chauffe : le public soutient immédiatement les Américains. Chaque membre du combo dégage quelque chose, une présence. Pas mal d’ingrédients sont engageants. Elias est un excellent meneur de revue qui n’a de cesse de haranguer le public et de maintenir le contact. Il raconte que cela fait trop longtemps qu’ils n’étaient pas venus et remercie Lacuna Coil.
Des titres comme « Ruthless » ou « A Million Watts » sont intéressants dans un ensemble qui ne révolutionne pas le genre mais fait largement le job. L’Elysée Montmartre timidement rempli est vraiment actif, applaudissant et réagissant à chaque sollicitation. Impressionnant de constater cette ferveur pour une première partie. Ce n’est pas si fréquent. A titre de comparaison, on peut imaginer qu’au Zénith, Megadeth qui assure ce soir la première partie (!) de Disturbed devrait recevoir un sacré accueil… mais c’est Megadeth !
Cet accueil ainsi que la bonne prestation du groupe magnifient les morceaux. De même pour le son qui est très propre (le meilleur de la soirée, nous aurons l’occasion d’en reparler). Elias ne manque pas d’humour quand il demande aux spectateurs s’ils savent qui ils sont. « Si vous avez du mal à lire », taquine-t-il en montrant les énormes lettres rouges placées en fond de scène qui donnent leur nom, avant d’annoncer : « Nous sommes Korn ! » 20h20, les Etats-Uniens terminent leur prestation. Mission plus que remplie, même dans le petit espace dont ils disposaient. Le chanteur a donné rendez-vous aux fans au stand de tee-shirts, espérons qu’ils seront nombreux à aller à sa rencontre.
Setlist :
Breaking Skin
What A Day
Chaos And Earthquakes
Dodge Your Destiny
The Wreckoning
Ruthless
A Million Watts
In The Air (reprise de Phil Collins)
Rabia
Alive And Kicking
Bullet
Il est 20h40, en avance sur le planning, quand Richard Meiz se poste derrière sa batterie et toise le public, assez vite rejoint par le reste de la troupe. De part et d’autre de la batterie, la tête d’oiseau mort de la pochette de Sleepless Empire décore le fond de scène. Sobre. Les Italiens sont adeptes de la pénombre. La qualité du son n’est pas optimale – elle surprend, vu que ce n’était pas le cas pour Nonpoint, et perturbera quand même l’appréciation des morceaux en arrivant à saturer la voix de Cristina Scabbia. Le groupe déborde d’énergie. Une autre chose frappe les rétines : la tenue rose de la chanteuse. Ce n’est pas tant le rose qui frappe que ce côté tutu très bizarre : on l’aura vue dans des accoutrements plus élégants, moins incongrus. L’habillage scénique, en plus des deux têtes de part et d’autre de la batterie, est constitué d’un écran en fond de scène qui permet de diffuser des visuels et autres vidéos. Les lumières restent assez standards.
« Layers Of Time » et « Reckless » lancent le bal, tous deux issus de Black Anima. Suit « Hosting The Shadow » tiré du dernier opus Sleepless Empire qui, avec ses deux prédécesseurs, trustera la soirée avec pas moins de huit morceaux joués. Les années 2000 ne sont plus qu’un lointain passé, représenté par le rescapé « Shallow Life » ou les deux tubes « Swamped » et « Heaven’s A Lie », plus dans leur acceptation XX de 2022. En introduction de « Hosting The Shadow », Cristina rappelle l’invité, la légende, qui y a participé, Randy Blythe de Lamb Of God. A la façon dont elle en parle, on pourrait croire que l’Américain va arriver sur scène, ce qui ne sera malheureusement pas le cas.
A propos de rescapé des années 2000, « Spellbound » arrive, pas très bien restitué, probablement la faute de ce son brouillon. Le public passe toutefois outre et montre son enthousiasme : le classique des Italiens remporte un gros succès. Enthousiaste, le public le sera d’ailleurs tout du long de cette prestation menée tambour battant, exécutée avec une grosse générosité et une réelle proximité avec les fans. A ce propos, avant « In The Mean Time », Cristina remercie les spectateurs, dit qu’ils leur ont beaucoup manqué, que cela fait un moment qu’ils ne se sont pas vus et que le groupe apprécie chaque minute. La chanteuse explique que leur but, au-delà de la pure performance, est de créer un lien avec les fans, d’être là les uns pour les autres. « Intoxicated » suit et permet d’apprécier la superbe voix de l’Italienne. « Downfall » est restitué poisseux à souhait. Intéressante, cette version concert. L’introduction de « Heaven’s A Lie » est soutenue par les applaudissements de la salle. Là aussi, on aurait pu s’attendre à une meilleure interprétation, un peu étouffée ce soir – un morceau qui illustre la saturation de la voix.
Andréa Ferro prend aussi la parole, remercie les fans et rappelle que Paris a toujours été un lieu spécial pour eux. Dans le côté proche des fans, Cristina annonce qu’il y a un anniversaire ce soir, il s’agit d’une spectatrice du premier rang qui les suit. Attention plus que sympa. Sympa aussi d’avoir pu apprécier quelques instants auparavant la puissance de la voix de la chanteuse sur « The House Of Shame ». Bien sûr, Andréa apporte son contrepoint et contribue à construire l’identité des Italiens, mais l’organe vocal de la chanteuse est si exceptionnel qu’autant ne pas bouder son plaisir. Andréa et Cristina occupent les devants de la scène et portent l’animation scénique, mais Marco Coti Zelati, à la basse, et Daniele Salomone, à la guitare, ne sont pas totalement absents. Ils occupent leur espace, intervertissent intelligemment de côté de façon à ce que tous les fans les voient.
Arrive un moment fort du concert quand, avant « Nothing Stands In Our Way », Cristina s’adresse aux fans, expliquant qu’au départ ils étaient juste une bande de gamins de Milan où le metal n’était pas légion et que maintenant, ils sont là, en tête d’affiche à l’Elysée Montmartre à laquelle elle fait chanter : « We fear nothing ! » Evidemment, le public, ravi, s’en donne à cœur joie comme il le fera aussi pendant le titre. Un morceau enlevé, majoritairement chanté par Cristina, qui marque la pause rappel.
Il est 21h50 passé et l’Elysée se manifeste. Il en reveut ! Sans surprise, il en aura. Richard est de retour, acclamé, et harangue les spectateurs qui répondent toujours présents. Cristina suit, invite les Parisiens à bouger leur bras de droite à gauche. Tout le monde joue le jeu. L’intéressant « The Siege » démarre le début de la fin, suivi de « I Wish You Were Dead » et de « Swamped » qui reçoit une grosse ovation. Cristina, toujours disserte, dit ô combien les fans ont été géniaux, que Paris ne les a jamais déçus et lance les remerciements de la part de tous les membres du groupe en les citant un par un, les présentant finalement par la même occasion. Astucieux. Avant de lancer leur dernier titre, elle remet les choses au clair en disant que leur absence sur Paris n’est pas de leur fait mais plus un souci d’agents, de promoteurs. C’est dit, « Never Dawn » clôt ces belles retrouvailles entre un groupe et son public, ravis de se revoir enfin ! Que demander de plus ? Un meilleur son !
Setlist :
Layers Of Time
Reckless
Hosting The Shadow
Kill The Light
Die & Rise
Spellbound
In The Mean Time
Intoxicated
Downfall
Heaven’s A Lie XX
In Nomine Patris
The House Of Shame
Blood, Tears, Dust
Gravity
Oxygen
Nothing Stands In Our Way
Rappel :
The Siege
I Wish You Were Dead
Swamped XX
Never Dawn


































Je n’y étais pas, mais j’ai constaté que l’acoustique de la salle à considérablement changé depuis l’incendie, à moins que ce soit l’installation audio moins performante.