L’usage du saxophone dans le metal a de fortes chances de devenir plus récurrent. De plus en plus, le jazz intéresse les artistes metal qui en empruntent certains codes, certaines sonorités, voire qui s’y essayent. Un phénomène qui peut avoir été inspiré par un John Zorn, avec ses incursions dans le metal voire le grindcore et ses nombreux travaux en collaboration avec Mike Patton, et qui a probablement attiré certains rockeurs vers cet instrument. Pour l’instant, seuls quelques artistes ont tenté le mélange du metal avec le saxophone, mais ont probablement par leur notoriété et aussi par la réussite saluée de cette expérience ouvert la voie. The Faceless auraient-ils vraiment eu l’idée d’inclure cet instrument (très pertinemment, cependant) dans leur death technique si Ihsahn ou Napalm Death ne l’avaient pas fait ? Avec le succès d’estime d’artistes évoluant dans un registre avant-gardiste comme Sigh, il semble que l’usage du saxophone soit amené à être – sans aller jusqu’à devenir le nouveau genre à la mode – de plus en plus populaire.
Si l’on peut bien entendu se réjouir d’une initiative qui donnera certainement de bonnes idées à des artistes, il est important malgré tout de rappeler que l’adoption d’une formule ne doit pas être motivée par l’envie d’être original ou, au contraire, l’envie d’être dans un moule mais bien par un projet artistique, comme cela était le cas pour Ihsahn, Shining ou, plus récemment Napalm Death et The Faceless. A ce propos, Ihsahn insistait d’ailleurs : « J’espérais que le son du saxophone pourrait mettre en valeur le sentiment de solitude et de désolation de l’album. […] Il était hors de question de se servir du saxo ‘juste pour se servir d’un saxo’. Je voulais que cet instrument se mêle au reste. »
On ne remettrait pas en question l’apport artistique de cet instrument sur les albums précités, pour son côté aigre sur le After de Ihsahn, son côté jazzy sur le Blackjazz de Shining ou pour l’impression de viol de saxophone sur le dernier album de Napalm Death (interprété, justement, par John Zorn). Mais on a bien trop souvent vu et entendu des groupes inclure des éléments exotiques dans leur musique sans grande conviction, sans que l’alchimie se fasse et probablement simplement « parce que personne ne l’avait encore fait ». Et évidemment, on a également vu trop de groupes reprendre une formule qui marche parce qu’elle marche, conduisant à une uniformisation des groupes, d’autant plus remarquable aujourd’hui avec l’explosion du nombre de groupes.
Autre conséquence possible d’une popularisation dans le metal d’un instrument au départ associé à un style différent : le raccourci artistique qui réduirait l’idée de mélange des genres à l’apport superficiel d’un instrument extérieur. Combien de fois des groupes ont-ils prétendu s’inspirer de la musique classique alors qu’ils se contentaient d’ajouter grossièrement quelques orchestrations par dessus leurs riffs ? Un genre musical n’est pas seulement lié à une formule d’instruments. Il ne suffit pas d’avoir un saxophone ou une contrebasse pour faire du jazz. Préoccupation sémantique ? Oui, mais pas seulement, car l’évolution d’un genre musical repose sur la manière de le jouer plus que sur les seuls instruments que l’on y trouve. Or, un tel raccourci intellectuel, s’il peut donner naissance à des œuvres de qualité, ne ferait néanmoins pas évoluer la musique.
Ce sont là des dérives que tout effet de mode peut générer. Mais loin de nous l’idée de ressasser un discours « anti-mode » (d’autant plus que cette mode en l’occurrence n’est, pour l’instant, que supposée de notre part) habituel et réducteur. Une mode n’est ni bonne ni mauvaise – sauf celles, incontestables, des claviéristes équipés de keytars et/ou des coupes mulet – : elle est le témoignage de la popularité de quelque chose. Il ne faut pas s’interdire de faire quelque chose qui s’avère être populaire si c’est ce que l’on a envie de faire. Mais une mode peut parfois faire office de filtre nuisant à la créativité et à la spontanéité artistique.
Je vous conseil l’écoute de ce groupe :
http://www.youtube.com/watch?v=MhYiANz5oeI
http://www.youtube.com/watch?v=taJPW_8OYz4
http://www.youtube.com/watch?v=T3tfY-OMpb0
http://www.youtube.com/watch?v=uoeKQe4KD2U&feature=fvwrel
100% d’accord avec ton analyse, METAL’O PHIL !
Avant-hier un post sur SEXY SAX MAN, et là un autre sur l’usage de l’instrument dans des morceaux récents…Le sax a l’air d’avoir une bonne cote chez RADIO METAL en ce moment…
C’est assez peu courant dans notre style, donc ça mérite d’être mis en avant. Encore merci à FIKMONSKOV pour son lien vers TREPALIUM !
Ces derniers jours, j’ai pu entendre sur le player un morceau d’INSAHN avec du sax et j’ai trouvé ça assez déroutant, mais ça tenait quand même la route…
Par contre, je suis tombé sur un autre groupe qui a mis de l’accordéon dans son truc…et ça n’est pas passé pas du tout !!!
Dans un autre style, je suggère l’écoute du morceau THE BOTTOM LINE du groupe metal britannique RAVEN dans lequel ce n’est un saxophone, mais carrément une section de cuivres qui vient enrichir le truc et je trouve que ça rend énorme !!!
http://www.youtube.com/watch?v=s6XZKlGnZus
il y a Queensrÿche aussi
ça arrivait souvent à Geoff Tate de caler un solo de saxo sur leurs morceaux
Exact, fin, surtout sur The Thin Line (de Empire) et sur deux trois titres de Promised Land (le morceaux-titre et Disconnected)
Tate aime bien placer son saxo quand il peut oui ^^
Media français / metal / saxophone / jazz, et pas un pour citer Trepalium… Putain les gars !!!
Allez, pour le plaisir des oreilles :
http://www.youtube.com/watch?v=3eYLQkPEmI0
Merci, Fik !
Grâce au lien, non seulement j’ai fait la connaissance de TREPALIUM, mais j’ai eu une belle démonstration de l’usage du sax dans un morceau metal.
Dans la vidéo, cet instrument s’intègre très bien au feeling sombre et malsain de la compo’ et complète bien avec les notes d’orgue et le passage avec du chant en scat
bien vu l’ami !
Je t’en prie, ça me fait plaisir ! Trepalium sont très bons, fouille.
Et si tu peux les voir en concert, fonce, c’est de la grosse folie, avec des grands écarts entre death et jazz totalement jouissifs 🙂
Ben je connais bien le sujet étant donné que je joue dans un groupe avec un saxo, et on a pas choisi ça pour être original ou novateur, on voulait pas, et un jour un mec est arrivait en disant qu’il jouait du saxo et qu’il cherchait un groupe, et on a accepté parce que c’est un élément qui apporte quelque chose de plus à la musique, mais à utiliser avec modération! La saxo sur des parties vraiment heavy je trouve que ça le fait pas, il faut vraiment qu’il joue sur des passages adéquat. Personnelement je trouve que c’est un instrument qui va bien dans le prog’, ou le jazz-rock, dans le jazz-metal qui commence à creser son terrier, voir dans le hard rock, mais je pense pas qu’il s’intègre dans les autres styles de metal.
Sinon en très bon groupe qui utilise du sax’ je conseille ever forthright
Pour les fans et néophytes :
Borbetomagus, les Brecker Brothers (album : Heavy Metal Be-Bop), Ground Zero, les délires d’Otomo Yoshihide et de Mats Gustafsson, Naked City, Painkiller, Psychofagist, Saxruins, Umezu Kazutoki et son Kiki Band, Zu pour n’en citer quelques uns…
Metallo, par curiosité, tu pourras préciser ce que John Zorn a fait avec Faith No More ?
Rien du tout ! C’était une coquille ! 🙂
OK !
En fait, Zorn a été rapido lié à Patton comme vous le savez, mais jamais à aucun autre membre de Faith No More. Bizarre… par contre, on compte plus le nombre de ses collaborations avec des ex. de Mr Bungle (Patton donc, Trey Spruance et ses Secret Chiefs 3, et surtout Trevor Dunn en tête, qui est un peu son égérie bassiste).
Nos métallurgistes auront attendu 1978, les frangins Brecker et leur Heavy Metal Be-Bop (véritable prodrome de Bungle) pour avoir une authentique union (et pas un simple « »featuring » » ou « »guest » »).
Tiens, j’y pense, un petit coucou à ses crétins superbes des Pastors of Muppets, brass metal big band « avec une batteuhrie de rock » (« qui ressemble à s’y méprendre à une énorme paire de c$ù^!% »).
Le saxophone c’est géant.
Et sinon, Klone m’a bien surpris sur « All Seeing Eye » en faisant usage de cet instrument (sur le morceau »Commonplace », quelle superbe utilisation qui ajoute vraiment de la profondeur). Chez Solefald les apparitions de cet instrument rendent vraiment bien aussi je trouve. Qu’un groupe l’utilise de façon récurrente j’adore, on attend le(s) moment(s) de l’album où l’instrument va arriver. Par contre, une idée genre « hé, si on montait un groupe de saxo-Metal » ça ne me dirait trop rien (encore que, si c’est bien fait, j’ai bien aimé Panzerballett par exemple qui reprend des tubes en version Jazz-Metal – jetez une oreille à leur version de « Gimme, Gimme, Gimme » d’Abba ça vaut le coup).
Pour ma part, un saxo’ introduit de façon régulière, non.
Sur quelques titres, pourquoi pas. J’aime bien cet instrument.
Dans le genre hard rock, HANOI ROCKS l’a fait avec brio. Ainsi qu’L.A. GUNS sur le titre bonus « ain’t the same » sur l’édition japonaise d’Hollywood Vampires
Article sympa.
Perso je déteste le saxophone, je trouve que c’est un instrument qui a vraiment pas un beau son. En plus, ça donne un coté bien ringard à la chanson le plus souvent.
ça tombe bien, le metal c’est ringard !!! ;-p
très bon article!
ce n’est pas sans me rappeler la fameuse phrase « tu n’est pas Hardcore tant que tu ne vis pas Hardcore ». Je pense bien que ça s’applique à tout les autres style et c’est ce qui permet de différencier une mode de gens dont c’est la passion.
Maintenant on aura bientôt du Jazz Metal, ça promet d’être amusant xD
Sauf que ça existe déjà 😉
http://www.youtube.com/watch?v=imMQIHN9Npc&feature=related
ça c’est du bon ! il est temps d’exploiter le son du saxophone !
Il y a toujours eu un saxophone dans Trollfest 🙂
en même temps, c’est du black folklorique, ils ont le droit d’utiliser n’importe quel instrument ^^