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Interview   

Les mille et une légendes de Sabaton


Sabaton change de cap. Après deux albums profondément ancrés dans la Première Guerre mondiale, nos chers Suédois férus d’histoire s’attaquent cette fois-ci à un territoire plus vaste : les légendes historiques. Avec Legends, Sabaton explore des personnages emblématiques allant de Jules César à Vlad III l’Empaleur, de la France à l’Égypte antique, mêlant récits dramatiques et histoires glorieuses parfois méconnues. Cette nouvelle ère s’accompagne du retour de Thobbe Englund à la guitare suite au départ de son prédécesseur – et successeur – Tommy Johansson, un retour après huit ans loin des pantalons camo ouvrant la voie à un souffle créatif renouvelé. Décidant de se détacher un peu des conflits armés modernes, Sabaton élargit son horizon tout en conservant sa puissance et son engouement caractéristiques.

Pour mieux comprendre ce tournant, nous avons rencontré Joakim Brodén, chanteur à la voix si spécifique et principal compositeur du groupe, et le revenant Thobbe. Dans cet entretien, ils reviennent sur la genèse de l’album, la place de l’ambition et des légendes dans l’histoire, la production hors du commun que le groupe a prévue pour la tournée à venir, mais aussi leur vision des conflits mondiaux actuels et des tabous de guerre. Passion évidente pour l’histoire, goût du spectacle, et engagement artistique : autant de thèmes qu’ils explorent avec franchise, enthousiasme et une pointe d’humour, offrant un éclairage unique sur l’évolution de Sabaton en ce dernier trimestre de 2025 et sur ce qui fait la force de cette nouvelle ère musicale.

« Nous étions en train d’écouter ‘The Best Is Yet To Come’ [de Scorpions], à ce moment-là Pär et moi nous sommes regardés et nous avons su [que je reviendrais dans le groupe]. Nous n’avons même pas eu à dire quoi que ce soit. »

Radio Metal : Thobbe, tu as rejoint Sabaton l’année dernière. Tu avais quitté le groupe pendant huit ans, mais tu ne t’en es jamais beaucoup éloigné, puisque tu as participé à la chanson « Fields Of Verdun » et que tu les as rejoints sur scène à quelques reprises. A-t-il été difficile de couper les ponts, pour ainsi dire ?

Thobbe Englund (guitare) : En fait, je ne dirais même pas que j’ai quitté le groupe, j’ai plutôt arrêté de jouer live en 2016. Je savais que ça allait être difficile. Le plus dur pour moi était que je n’allais pas pouvoir les avoir tout le temps auprès de moi, car je les adore, ce sont mes meilleurs amis. Comme tu l’as dit, nous sommes restés en contact durant toutes ces années. Dès que nous pouvions, nous faisions un barbecue ensemble, nous buvions quelques bières, nous écrivions des chansons, etc. Je n’ai donc jamais vraiment été hors du groupe. Je me souviens d’une fois, je crois que c’était au Sabaton Open Air en 2022, je regardais les gars jouer le dernier soir du festival. Un gars est venu me voir et a demandé : « Ce n’est pas bizarre de ne plus être dans le groupe ? » Et j’ai répondu : « Qu’est-ce que tu veux dire ? Je suis dans le groupe ! Je ne suis juste pas sur scène » [rires].

Au moment où tu as arrêté, tu as dit : « Ces dernières années, j’ai pris davantage conscience de ce qui me procurerait un réel bonheur et une réelle satisfaction, à savoir développer ma créativité tout en menant une vie plus calme, où je ne tournerais pas toute l’année à la vitesse de la lumière. » Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? Parce que Sabaton reste un groupe très actif, y compris sur scène…

Je me souviens de nombreuses nuits, en 2015 et 2016, où j’avais du mal à m’endormir dans le tour bus. Je n’étais pas sûr de ce qu’il manquait à ma vie, car j’avais tout – ou, en tout cas, c’est ce que je croyais. Je réalisais mon rêve de gosse en étant dans un groupe de rock international, en voyageant dans le monde entier et en jouant de la guitare tous les soirs avec mes meilleurs amis. Pourtant, il me manquait encore quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Puis j’ai compris : il me manquait un enfant. Maintenant, Loke a presque sept ans, son groupe préféré est Sabaton. C’était une évidence quand ils m’ont demandé de revenir, le timing était parfait. Maintenant, je peux faire ça pour l’éternité. A l’époque où je suis parti, c’était il y a presque dix ans, nous étions plus jeunes, nous n’avions pas de famille, nous avions juste des petites amies. Aujourd’hui, c’est une autre histoire, parce que nous avons tous une famille. Nous ne tournons plus aussi intensément que nous devions le faire avant. Nous étions obligés à l’époque : pour pouvoir en être là où nous sommes aujourd’hui, il fallait beaucoup travailler. 2014 et 2015, c’était les années où nous avons le plus tourné dans l’histoire de Sabaton. C’était sans doute l’un des facteurs qui m’ont poussé à réfléchir, à me demander si j’aurais la force de continuer à ce rythme. Maintenant, le rythme est différent, parce que nous jouons dans des arènes et c’est autre chose.

D’ailleurs comment ton retour s’est fait concrètement ? Car apparemment une chanson de Scorpions lors du réveillon du jour de l’an a été une sorte de déclencheur…

[Rires] Oui, c’est assez drôle ! Cette chanson, « The Best Is Yet To Come », a toujours été là dans un coin de notre tête : tu crois tout avoir maintenant, mais le meilleur est à venir. Pour faire court, ma femme, mon fils Loke et moi étions avec Pär et sa femme pour célébrer le passage à la nouvelle année 2024 – comme nous le faisons habituellement. Je m’étais dit que, si la question de mon retour était soulevée, j’y réfléchirais bien comme il faut. C’est un peu flou parce que nous avons bu peut-être un verre de trop, mais je me souviens que nous étions assis dans le canapé, nous étions en train d’écouter « The Best Is Yet To Come », à ce moment-là Pär et moi nous sommes regardés et nous avons su. Nous n’avons même pas eu à dire quoi que ce soit. C’était genre : « Evidemment. » Une semaine plus tard Joakim est venu chez moi en disant : « Hey, qu’est-ce que tu dirais de remettre des pantalons camo ? » J’ai dit : « Ouais, pas de problème, allons-y ! » [Rires]

De ton côté, Joakim, tu as dit que la décision de faire revenir Thobbe après le départ de Tommy allait de soi pour le groupe – il n’y a même pas eu d’auditions avec d’autres guitaristes. Qu’est-ce qui le rend si adapté à Sabaton, à la fois en tant qu’homme et en tant que musicien ?

Joakim Brodén (chant) : En tant que personne, c’est très facile : nous le connaissons tous, nous l’aimons tous et nous n’avons jamais cessé d’être amis même lorsqu’il n’était pas dans le groupe. Comme tu l’as dit, nous avons écrit « Fields Of Verdun » ensemble, lui et moi, alors qu’il n’était pas dans le groupe. De ce point de vue, c’était super facile. Et puis, musicalement, ce que j’ai toujours aimé, c’est que lui et Chris abordent la guitare et pensent leurs solos de manière très différente. Ils se complètent donc très bien, en ce sens. Quant à Tommy, je n’ai rien de négatif à dire sur lui, il était simplement plus proche du style musical de Chris, donc les différences entre les guitaristes étaient moins marquées. Les deux sont tout aussi bons, je ne dis pas que je choisis Thobbe plutôt que Tommy à ce niveau, les deux ont leurs forces et leurs faiblesses, mais avec Thobbe, le contraste entre les deux guitaristes est plus important.

« Certaines personnes ne comprennent pas pourquoi je mets Yngwie Malmsteen sur un tel piédestal, car elles croient que c’est juste un guitariste qui joue vite, mais il n’y a pas que ça. Il y quelque chose dans son son qui est sauvage et indompté, et cette précision qui relève presque de la sorcellerie. »

Thobbe, en réintégrant le groupe pour de bon après tout ce temps, quels changements as-tu constatés chez Sabaton par rapport au moment où tu étais parti ?

Thobbe : Pas grand-chose ! Ce sont les mêmes gars qu’ils ont toujours été. Nous nous amusons toujours autant. Nous rigolons du matin au soir. Je dirais que c’est une plus grosse organisation qu’il y a près de dix ans, les choses sont plus fluides. Avant, nous étions constamment sur la route, alors que maintenant, nous prenons du temps pour d’autres choses, y compris récréatives. C’est plus facile, d’une certaine manière.

Après deux albums sur la Première Guerre mondiale, vous vous éloignez radicalement de ce thème en vous concentrant sur les légendes de l’histoire, remontant très loin dans le temps. Y avait-il, quelque part, un besoin d’évasion par rapport aux guerres modernes qu’on voit chaque jour aux informations ?

Joakim : Il y avait un besoin de changement, d’une certaine manière. Quand on a la tête dans la Première Guerre mondiale pendant deux albums, ça nous mène dans un endroit très sombre et terne. Je ne dis pas que le Moyen Âge sera beaucoup plus léger, mais il nous a semblé que, ayant été, dans notre carrière, principalement dans la guerre moderne, il était temps de changer. Nous avons abordé des sujets plus anciens auparavant évidemment, mais nous avons senti qu’il fallait quelque chose de nouveau. Sauf que ce n’était pas parce que c’était nouveau que nous l’avons fait. C’est plutôt que nous avions cette idée de légendes depuis quelques années et après The War To End All Wars, nous avons pensé que c’était le bon moment pour le faire. Ça nous offre aussi un peu plus de liberté. Par exemple, le sujet des chansons va influencer leur atmosphère, leur musique. Même chose avec le vocabulaire utilisé : nous n’allons pas chanter « beast and man through the cold and snow » (« la bête et l’homme dans le froid et la neige », paroles de « Lighting At The Gates », NDLR) dans un album sur la Première Guerre mondiale, ni évoquer des éléphants traversant les Alpes [rires]. C’était un changement sympa, ça m’a plu.

Thobbe : Je n’étais pas encore revenu dans le groupe quand ils ont commencé à prendre cette direction, mais je sais que Joakim avait déjà écrit la chanson « Templars » et quand ils l’ont entendue, il se sont dit que la musique n’allait pas avec la Première ou la Seconde Guerre mondiale, que c’était une musique qui correspondait plus aux templiers. Quand on fait une chanson, on peut visualiser de quoi ça peut parler. Joakim et Pär sont tous les deux arrivés à la conclusion qu’ils ne pouvaient pas continuer sur la Première Guerre mondiale, que ça emmenait trop vers autre chose. La chanson avait un côté plus médiéval. C’est là qu’ils ont réfléchi et que la première graine a été semée pour évoquer les légendes. Car peut-on faire tout un album sur les templiers ? Je suppose qu’on pourrait, mais est-ce que ce serait amusant ? Je ne sais pas.

L’avantage d’un tel thème est qu’il fait voyager à travers différentes époques et lieux géographiques. Dans quelle mesure ça a été un terrain d’inspiration pour vous ? Ces personnages légendaires et leurs histoires ont-ils directement influencé la composition, comme, Joakim, tu sembles le dire ?

Joakim : Certains, oui. C’est une question délicate parce que je ne peux pas donner une réponse applicable à toutes les chansons, mais je peux donner des exemples. Quand j’ai commencé à écrire la chanson « Templars », nous savions déjà que nous allions faire un album sur les légendes, et je savais quelles légendes nous voulions aborder parce que, disons, nous avions commencé avec une liste de cent à deux cents personnages, nous en avons éliminé la plupart et il nous en restait environ quarante à cinquante qui nous semblaient intéressants. Ensuite, comme le disait Thobbe, quand j’ai commencé à écrire, j’ai su instantanément : « La voilà, c’est la chanson sur les templiers. » Pour d’autres chansons, par exemple quand nous nous sommes dit qu’il faudrait inclure Vlad l’Empaleur sur l’une d’entre elles, je me souviens que Chris et moi avions commencé une chanson avant, pour The War To End All Wars, mais nous n’avions qu’un riff de guitare et un thème principal. C’était trop sombre, ça n’avait pas sa place sur cet album parce que nous en avions déjà assez de ce style. Puis je me suis dit : « Attends ! Ce riff de guitare et ce thème principal que Chris et moi avons écrits il y a un an et demi, c’est parfait pour Vlad l’Empaleur ! » Alors avec Chris nous sommes revenus dessus. C’est différent pour chaque chanson, je suppose.

« Il est important de considérer que des bonnes personnes, qui ont accompli des choses vraiment formidables et incroyables, ont parfois aussi fait de mauvaises choses. Au final, il faut apprendre à gérer les zones plus grises, tout n’est pas seulement noir ou blanc. […] Il s’agissait aussi principalement d’autres époques, très brutales, et on ne peut pas les juger selon notre façon de vivre aujourd’hui et nos expériences. »

C’est la première fois dans l’histoire de Sabaton que tous les membres actuels du groupe ont joué un rôle actif dans le processus de composition. Comment cette approche plus collective est-elle née et, Joakim, étant celui qui écrit habituellement la majeure partie de la musique, que penses-tu qu’elle a apporté ?

Tout d’abord, c’était amusant, parce que c’est ennuyeux d’écrire la plupart des choses tout seul [rires]. Ensuite… rien n’a changé. Absolument rien du tout. Tous les membres du groupe ont déjà écrit des chansons, ça n’était simplement jamais arrivé sur le même album. Hannes n’écrit pas beaucoup de chansons, la seule autre à laquelle il a participé était « Man Of War » ; nous l’avions écrite ensemble. Chris et moi n’avions pas terminé les chansons que nous avions prévues pour Heroes, donc il n’apparaissait pas dessus [rires]. C’est amusant et je pense que c’est génial que nous ayons plus de chansons écrites avec d’autres, mais rien n’a vraiment changé, c’est juste une pure coïncidence.

Comment c’était pour toi, Thobbe, de te remettre à travailler sur ton premier album de Sabaton depuis The Last Stand ?

Thobbe : Comme je l’ai dit, le timing était parfait parce que Tommy a annoncé son départ lorsqu’il était temps de plancher sur un nouvel album. Je suis donc arrivé au moment idéal pour participer à ce dernier. Si tu dois tourner pour promouvoir un album pendant deux ans, c’est important d’avoir été là en studio pour le concevoir, car ainsi il fait partie de toi. Ce qui est drôle, c’est que Joakim et moi avions déjà terminé une chanson pour l’album, « Lightning At The Gates », dès novembre 2023, alors que je ne savais pas du tout que Tommy partirait ou que je reviendrais – j’ai réintégré le groupe, deux mois plus tard, en janvier 2024. En tant que guitariste, ce sont surtout des idées de parties de guitare que j’apporte, puis nous nous posons ensemble. Durant les années où je n’étais pas dans le groupe, dès que Joakim était en ville, il appelait : « Eh, que fais-tu cette semaine ? Ça te dirait qu’on se pose pour écrire des trucs et boire quelques bières ? » Il y avait donc toujours ce processus de composition en cours. Ça ne fait aucune différence que je sois dans le groupe ou pas pour la composition. Nous avons d’ailleurs écrit une autre chanson ensemble dans une chambre d’hôtel, à Nashville, je crois, sur la première tournée avec Judas Priest en 2024. Nous procédons toujours de la même manière, quoi qu’il arrive. Mais cette fois, je me souviens, nous avions dès le début un bon feeling avec le rythme que nous avions, c’était une chanson très Sabaton, ça paraissait donc naturel. Quand nous sommes arrivés à la partie solo, j’ai eu cette super idée que j’avais stockée dans un coin de ma tête un an plus tôt. J’étais là : « Attends, voyons si ce solo irait bien ici ? » Tout s’est parfaitement mis en place. J’étais très content de cette chanson, car elle est vraiment superbe. J’aime toute la chanson, mais j’adore le solo en particulier !

Vous avez onze chansons sur onze légendes, allant des templiers au roi de Suède Gustav II Adolphe, de la France à l’Égypte antique, etc. A laquelle de ces légendes et histoires vous identifiez-vous le plus ?

[Rires] Je ne m’identifie avec aucune, car j’aime croire que je suis une bonne personne, or je crois qu’aucune n’était bonne. Evidemment, elles étaient probablement bonnes pour leurs proches et leur famille, mais elles sont des légendes pour une raison, elles ont affecté de nombreuses vies et la plupart ont même pris de nombreuses vies. C’est donc dur pour moi de m’identifier à l’un de ces personnages. Peut-être Hannibal Barca qui traverse les Alpes et se lance dans une folle aventure… Je ne sais pas. C’est dur de répondre à cette question !

Joakim : Pareil pour moi, aucune [rires]. Il y en a certaines qui me fascinaient quand j’étais enfant, mais je ne m’identifie à aucun de ces personnages. Je ne voudrais pas traverser ce qu’ils ont vécu, et certainement que la moitié d’entre eux étaient complètement fous, je ne voudrais pas être à leur place [rires]. Tous n’étaient pas des gens bien ! Être légendaire ne signifie pas nécessairement être une bonne personne. Ce qui m’a toujours le plus intéressé, ce sont ceux… parce qu’on s’enthousiasme quand on apprend de nouvelles choses. Quelqu’un comme Jules César, il nous accompagne – nous tous, je suppose, dans le monde occidental – depuis l’école. On entend parler de lui pour la première fois très jeune, et de temps en temps, il y a un film, un documentaire ou un livre qui sort à son sujet. Bien sûr, j’ai beaucoup appris sur César, mais si on compare ce que j’ai découvert de nouveau sur lui et ce que j’ai appris sur Miyamoto Musashi, par exemple, c’est très différent. Pour moi, Miyamoto Musashi a été la plus grande surprise, si je peux reformuler ta question ainsi. C’était genre : « Oh d’accord, il y avait bien plus à connaître à son sujet que des duels de samouraïs. » Il y avait l’aspect enseignement, la philosophique – il a écrit Le Livre Des Cinq Anneaux. C’était donc l’une des surprises les plus intéressantes.

L’habilité à l’épée de Musashi est décrite comme profondément spirituelle et philosophique. En dehors de l’histoire, la spiritualité et la philosophie font-elles également partie de votre vie ?

Pas vraiment… La spiritualité, très peu je dirais. L’aspect philosophique… eh bien, d’une certaine manière, tout le monde a une philosophie de vie, d’une façon ou d’une autre. Je ne m’y plonge pas énormément, mais ça m’intéresse. Je trouve toutes ces philosophies différentes curieuses, que ce soit le style de Musashi ou le stoïcisme, par exemple. Une chose que je trouve incroyablement fascinante, ce sont les Méditations de Marc Aurèle : ce ne sont que des notes, ce n’était absolument pas destiné à être publié, c’était pour lui, et il serait probablement furieux aujourd’hui que des gens du monde entier lisent ses notes personnelles. Je trouve beaucoup de ces choses intéressantes, tout comme l’histoire religieuse, c’est immensément intéressant, mais je ne suis pas une personne très religieuse moi-même.

Thobbe : Il peut arriver que nous nous posions dans le tour bus et nous mettions à philosopher sur les choses, l’univers, la physique quantique, les effets que ça a, etc. Nous pouvons parfois aller loin dans certaines discussions !

« Ces dernières années, tout a été plutôt calme à l’échelle mondiale – je parle de l’ère post-Seconde Guerre mondiale. Espérons qu’avec quelques hauts et bas, cette tendance continuera, qu’il y aura une diminution des civils tués dans nos conflits. »

Dans le clip de « Templars », le premier single de l’album, Thobbe, tu incarnes le dernier templier encore en vie, avec une superbe scène de combat. Peux-tu nous en dire plus sur cette expérience ?

Nous étions en Serbie fin juillet ou début août, il faisait trente-huit degrés Celsius, et nous portions ces armures de templiers. Il faisait super chaud ! Or j’avais de la fièvre, peut-être à cause d’une insolation ou je sais quoi, donc je n’étais vraiment pas bien. Bref, je me souviens que nous avons discuté de qui allait faire quoi, quels rôles nous aurions. J’ai dit : « Je peux jouer le gars qui tue le méchant à la fin, ce serait tellement marrant ! » Et tout le monde était là : « Ouais, ce serait cool, pour célébrer ton retour ! » C’était beaucoup de boulot, en plus de la fièvre et de la chaleur, mais j’ai survécu. Heureusement mon état ne se voit pas ; en fait, je ne voulais pas que ça se voie, donc j’y ai mis encore plus du mien en étant encore plus fou que si j’allais bien ! J’étais là : « Tu n’as que quelques prises, alors tu dois assurer. » C’était un grand défi, mais j’aime les défis. C’était amusant ! Nous avons répété pendant quelques jours avec des experts et des nouilles de piscine en mousse à la place des épées, afin de mettre en place toute la chorégraphie.

La chanson en soi raconte l’ascension et la chute de l’ordre des Templiers, une confrérie de moines guerriers vouée à la protection des pèlerins et des sites chrétiens sacrés de la Terre sSainte. Si l’on fait un parallèle avec le groupe, vous sentez-vous comme des templiers du metal ?

[Rires] Non, je ne crois pas. Ce serait probablement une meilleure question pour Hammerfall ! Je crois qu’Oscar [Dronjak] s’habille probablement de manière plus adaptée pour ça que nous. Nous adorons jouer du heavy metal, nous faisons ça et écoutons les classiques depuis que nous sommes gamins, donc si les gens veulent faire le lien, bien sûr, on peut le faire, pourquoi pas, mais c’est juste que cette musique coule dans nos veines.

Si on transpose ce thème des légendes au monde de la musique, qui serait ta légende de la guitare ?

Yngwie Malmsteen, sans hésiter ! Nous ne l’avons pas mis sur l’album, mais peut-être sur Legends II il y aura une chanson sur lui [rires]. Certaines personnes – surtout celles qui ne sont pas guitaristes de heavy metal – ne comprennent pas pourquoi je le mets sur un tel piédestal, car elles croient que c’est juste un guitariste qui joue vite, c’est tout ce qu’elles savent de lui et c’est tout ce qu’elles entendent, mais il n’y a pas que ça, car il y a un million de guitaristes qui jouent vite. Le truc avec Yngwie Malmsteen est qu’il y a quelque chose dans son son qui est sauvage et indompté. Quand j’avais quatorze ans et que j’ai entendu son jeu, j’étais là : « C’est quoi ce truc ?! » C’est plus que juste un gars qui joue des notes. Il sort de l’ordinaire. Puis, bien sûr, il y a cette précision qui relève presque de la sorcellerie. Surtout dans le temps, quand il avait entre vingt et vingt-deux ans, personne n’avait jamais entendu quiconque jouer comme ça.

Comme tu l’as mentionné, Joakim, certains des personnages historiques à propos desquels tu chantes n’étaient pas exactement des saints. Il y a souvent une ambivalence à leur sujet, que ce soit Napoléon, autant vénéré que critiqué, ou Vlad III, calomnié comme un monstre. Penses-tu qu’on devrait accepter nos héros et légendes à la fois pour leurs côtés lumineux et obscur ? Dirais-tu même qu’il y a un côté sombre chez chacun d’entre eux ?

Joakim : Je suppose chez la plupart d’entre eux, oui. Je ne connaissais personnellement aucun de ces personnages, même si j’aurais bien aimé ! [Rires] Je pense néanmoins que, en général – peu importe si l’on parle de Napoléon ou de ton voisin –, c’est humain de vouloir classer les gens en bons ou mauvais. Mais il faut aussi se rappeler qu’il est tout aussi important de considérer que des bonnes personnes, qui ont accompli des choses vraiment formidables et incroyables, ont parfois aussi fait de mauvaises choses. Au final, il faut apprendre à gérer les zones plus grises, tout n’est pas seulement noir ou blanc, et être ouvert à l’idée que tel type est majoritairement bon et tel autre majoritairement mauvais, sans se limiter à une vision binaire. Musashi semblait être quelqu’un d’assez équilibré, mais il faut aussi penser qu’il s’agissait principalement d’autres époques, très brutales, et on ne peut pas les juger selon notre façon de vivre aujourd’hui et nos expériences. Peut-être aussi que les circonstances ont fait ressortir le côté sombre de ces personnes à leur époque.

« De nos jours, dans un monde très connecté, aller trop loin dans un conflit militaire fera que le reste du monde ne voudra pas traiter avec ton pays. Peu de pays sont assez proches de l’autosuffisance. Je ne suis donc pas trop inquiet. »

Croyez-vous encore aux légendes aujourd’hui ? Voyez-vous des personnalités actuelles qui pourraient atteindre ce statut dans l’histoire, comme Jeanne d’Arc ou Napoléon Bonaparte – pour prendre deux exemples français dont vous parlez dans l’album ?

Comme la religion a moins d’importance aujourd’hui dans la société dans son ensemble, je pense que l’aspect religieux présent chez Jeanne d’Arc ou les templiers est moins susceptible de se reproduire. La deuxième caractéristique commune de ces personnages est que ce sont des dirigeants impitoyables. Ceux‑ci existent encore, et je suppose qu’on en aura encore longtemps. Ça reste donc possible d’avoir de nouveaux personnages légendaires, mais c’est à nous de décider. Je pense que ça dépend des générations futures : ce n’est qu’après que toute la génération des gens en vie aujourd’hui et une ou deux générations suivantes seront passées que l’on pourra réellement savoir si l’on se souviendra de certaines personnes ainsi que pourquoi. Vlad l’Empaleur est un personnage historique immensément intéressant. Rien que pour cette raison, il mérite sa place sur cet album. Mais qu’est-ce qui a fait de lui une légende ? Peut-être Bram Stoker et son œuvre de fiction Dracula qui ont entretenu son souvenir ? Il y aura probablement toujours, à tout moment, des personnes vivantes qui pourraient devenir des légendes à l’avenir, mais il faudra attendre. Ce sont tes petits‑enfants qui en seront les juges !

L’ambition est aussi un trait commun à la plupart de ces légendes – à l’image de Jules César dont vous parlez dans « Cross The Rubicon ». Comment évaluez-vous ou jugez-vous la place de l’ambition dans le monde actuel ?

Question délicate ! Pour le meilleur et pour le pire, je ne pense pas que ça ait beaucoup changé depuis l’époque de ces personnages. Le contexte, la technologie et les moyens ont peut-être changé, mais au final, je ne pense pas que beaucoup de choses aient évolué en ce qui concerne l’ambition pure. Peut-être que l’avènement ou la généralisation de la démocratie, qui n’est pas partout mais qui est certainement présente dans plus d’endroits qu’à l’époque de Jules César, peut freiner quelques individus aux tendances mégalomaniaques [rires]. Espérons, en tout cas, que la démocratie puisse mettre un frein à leurs plans. Non, à part ça, je ne pense pas que le mécanisme lui-même ait changé du tout.

Le clip de « Hordes Of Khan » se déroule en 2045, quand le monde est en paix, que la guerre est devenue obsolète et donc, Sabaton aussi. Croyez-vous qu’un jour toutes les guerres prendront fin et que Sabaton deviendra obsolète ?

Je ne crois pas que toutes les guerres prendront fin – en tout cas, pas de mon vivant. Traditionnellement, ces dernières années, tout a été plutôt calme à l’échelle mondiale – je parle de l’ère post-Seconde Guerre mondiale. Espérons qu’avec quelques hauts et bas, cette tendance continuera, qu’il y aura une diminution des civils tués dans nos conflits. Mais ce n’est que la supposition d’un amateur ; ne prends pas trop ce que je dis au sérieux. Quant à notre obsolescence, absolument ! Ça arrivera quand plus personne ne nous écoutera – et ça arrivera à tous les groupes. Nous n’avons aucune illusion de grandeur en nous disant que nous allons figurer sur l’album d’un autre groupe qui traitera de légendes [rires]. Mais, malheureusement ou heureusement, même s’il n’y avait plus de conflits, crois-moi, il y a assez de matière intéressante dans l’histoire militaire pour que nous puissions faire vingt autres albums.

Évidemment, la guerre dont on parle le plus depuis quelques années est l’agression russe contre l’Ukraine, à nos portes européennes. La dernière fois que nous avons parlé, c’était le 4 février 2022, donc quelques jours avant que ça n’arrive. À l’époque, nous t’avions demandé si tu étais inquiet au sujet d’une troisième guerre mondiale. Tu avais répondu que, de manière générale, non, tu ne l’étais pas. Trois ans plus tard, avec tout ce qui s’est passé, y compris l’adhésion de la Suède à l’OTAN, comment vous sentez-vous ?

Je ne dirais pas que rien n’a changé concernant la situation, mais rien n’a changé par rapport à ma réponse. Je ne suis pas trop pessimiste à ce sujet. De nos jours, dans un monde très connecté, aller trop loin dans un conflit militaire fera que le reste du monde ne voudra pas traiter avec ton pays. Tu ne peux pas te le permettre d’aller trop loin. Peu de pays sont assez proches de l’autosuffisance. Je ne suis donc pas trop inquiet. Je veux dire, oui, un conflit mondial – le risque d’un tel conflit – est certainement effrayant, mais il faut aussi se rappeler que pour nous, c’est à notre porte maintenant, mais à tout moment, comme quand nous avons parlé la dernière fois, si tu étais dans certaines régions d’Afrique ou du Moyen-Orient, c’était déjà à ta porte.

« Il est important de se rappeler que, même si nous sommes très passionnés par l’histoire, nous restons des amateurs et nous devons nous appuyer sur des historiens professionnels et des témoignages directs, et les deux parties doivent pouvoir s’exprimer. »

Thobbe : Pour ma part, maintenant, on rentre dans la politique et la politique, ça ne m’intéresse pas. J’en suis venu à la conclusion qu’il vaut mieux que je me soucie d’abord de mes proches, de ma famille, de mon fils, des membres de mon groupe. Je me soucie de me sentir bien et de faire en sorte que les autres se sentent bien. C’est ce que j’ai décidé de faire : protéger ce que j’ai et rendre les gens heureux. Je ne veux donc jamais parler de politique et de ce genre de chose, car qui suis-je ? Déjà, on a des politiciens pour faire ça, donc je les laisse faire. Ce sera ma réponse [rires].

Vous avez fait une déclaration à ce sujet lorsque l’agression russe a commencé et participé à une manifestation contre elle. Penses-tu, Joakim, qu’il était important pour un groupe suédois, basé sur l’histoire des guerres et des batailles, de s’exprimer à ce sujet ?

Joakim : Non, nous n’avons pas vraiment fait de déclaration à ce sujet, c’était plutôt… Nous étions censés tirer un coup de canon et nous nous sommes dit que suffisamment de canons étaient tirés à ce moment-là, donc nous avons décidé de ne pas le faire. C’était exactement les jours où ils tiraient. Je veux dire, ça vaut pour n’importe quelle temporalité. Tirer des coups de canon, c’est amusant, nous le faisons sur scène [rires]. Ça nous a juste semblé être la mauvaise chose à faire à ce moment‑là, mais nous n’allons pas arrêter d’utiliser des effets pyrotechniques sur scène à cause de ça. De plus, de nos jours, tout le monde se met facilement en colère pour n’importe quoi, donc…

Penses-tu que, lorsque ce conflit fera partie de l’histoire, espérons le plus tôt possible, vous pourriez écrire une chanson ou un album sur toute cette situation ?

Oui, mais il faut qu’un certain temps passe et que suffisamment d’historiens professionnels aient étudié la situation, parce que nous avons remarqué que c’est toujours délicat lorsque les événements sont en train de se dérouler. Les événements mondiaux sont couverts très différemment selon l’endroit où l’on se trouve dans le monde. Nous avons eu la chance – ou la malchance, selon le point de vue – de le constater, que ce soit pour des conflits ou des élections. Nous avons pu nous retrouver aux États‑Unis, en Allemagne, en Suède, en Chine ou ailleurs pendant que de tels événements avaient lieu. La façon dont les choses sont écrites dans les journaux, la manière dont les médias couvrent les événements, peut être très différente selon les points de vue. Il est donc important de se rappeler que, même si nous sommes très passionnés par l’histoire, nous restons des amateurs et nous devons nous appuyer sur des historiens professionnels et des témoignages directs, et les deux parties doivent pouvoir s’exprimer. Donc, avant que nous écrivions sur un événement maintenant, il faut que cet événement soit terminé et que des historiens compétents l’aient analysé. À ce moment-là, oui, absolument. Ensuite, je dirais que nous n’avons aucun tabou sur ce que nous allons traiter. Crois-moi, nous avons chanté sur la solution finale et l’avons jouée sur scène en Allemagne, or c’est un tabou en soi [rires].

Thobbe, es-tu aussi passionné d’histoire de la guerre que Joakim et Pär ?

Thobbe : Personnellement, non. Mon intérêt pour l’histoire est peut-être au-dessus de la moyenne, mais, en fait, je m’intéresse peut-être plus à l’histoire économique – c’est un truc étrange que j’ai ! D’un autre côté, ça va un peu aussi avec l’histoire des guerres. L’économie et la guerre sont entremêlées. La guerre autour de ressources n’a rien de neuf, ça existe depuis les premiers jours de l’humanité. Bref, je connais les bases sur la Première et Seconde Guerre mondiale, et maintenant sur les personnages légendaires dont nous parlons dans le nouvel album, parce que j’ai un peu lu dessus.

D’où vient ton intérêt pour l’histoire de l’économie ?

Ça remonte à peut-être vingt ans en arrière. Je m’y suis intéressé quand j’ai lu un article au sujet du pétrole. Ça faisait longtemps qu’on en parlait, mais à la télé, ils expliquaient tout le temps qu’il faut sortir du pétrole, aller plus vers les énergies renouvelables, etc. – tu connais l’histoire, ça fait une éternité qu’ils racontent ça. Mais plus je me renseignais sur le pétrole et ce que ça apporte au monde, plus je réalisais que si c’était aussi important, c’était parce que sa capacité à produire de l’énergie était énorme et qu’on ne pouvait pas maintenir le mode de vie que l’on mène avec les énergies renouvelables. C’était genre : « Ouah ! » Le pétrole est partout, directement comme dans le plastique ou les médicaments, ou indirectement comme dans le transport de marchandise ou la production d’objets – car une usine est construite avec des tracteurs, certaines matières premières, etc. Les énergies fossiles sont donc dans tout. Puis j’ai commencé à de plus en plus comprendre que l’économie était construite sur les énergie fossiles et ce qu’il pourrait se passer si, tout d’un coup, on ne les avait plus. C’est là que j’ai commencé à m’y intéresser. Je me suis mis à tout lire, y compris la biographie d’Alan Greenspan et ce genre de chose. Donc je dirais que je connais deux ou trois trucs en économie internationale [petits rires]. Et c’est aussi cette connaissance de l’économie qui m’a rendu un peu cynique envers la politique.

« Crois-moi, ça ne se passe jamais parfaitement comme prévu ! Tout ce que l’on peut espérer, c’est que le public ne remarque pas tous les cafouillages [rires]. »

Vous allez partir en tournée avec The Legendary Orchestra à la fin de l’année. Habituellement, les groupes font ces concerts orchestraux en événement unique, mais vous, vous faites une tournée complète. Comment organisez-vous ça sur le plan logistique ?

Joakim : Il y a beaucoup de monde impliqué. Nous ne voulons pas gâcher la surprise sur le comment ou le quoi exactement, mais c’est une grosse production que nous apportons. Nous amenons plus de théâtralité. C’est de loin notre plus grande production de tournée. J’ai vraiment hâte, parce que je sais ce qui va se passer, mais je ne veux gâcher la surprise pour personne, car nous voulons sincèrement que les gens viennent et soient surpris. Je serai immensément fier si nous réussissons à réaliser le tout – y compris ce qui doit se passer sur scène – comme prévu – j’imagine que ce sera le cas. A la fois, c’est un peu effrayant. Il y a beaucoup de pièces mobiles et nous avons dû ajouter des répétitions supplémentaires, parce qu’habituellement, nous savons ce que nous faisons pour les répétitions, puis nous en faisons une spéciale production avec toute la scène. Cette fois-ci, nous avons réalisé que nous ne pouvions pas attendre que quelqu’un dans le groupe demande : « Peut-on rejouer cette chanson ? Il faut que je vérifie quelque chose. » Nous avons donc décidé de régler chaque détail afin qu’il ne reste rien à gérer côté musical, car il se passe tellement de choses au niveau du spectacle ainsi qu’avec les autres personnes impliquées qu’il n’y a pas de temps pour dire : « Peut-on refaire ce passage ? » Nous avons donc dû inclure des répétitions supplémentaires pour éliminer notre jeu musical de l’équation de la préproduction. Nous allons faire ça avant de partir en tournée, évidemment, mais aussi rassembler tout le monde pendant, il me semble, cinq jours [rires]. Cela dit, crois-moi, ça ne se passe jamais parfaitement comme prévu ! Tout ce que l’on peut espérer, c’est que le public ne remarque pas tous les cafouillages [rires].

Thobbe : Ce sera intéressant. Il y aura deux sets de Sabaton par soir. Il y aura The Legendary Orchestra qui jouera des chansons de Sabaton, donc il y en aura deux fois plus. Et ce n’est pas juste un orchestre, ce sont des chanteurs, etc. Ce sera énorme ! J’ai hâte !

Pär a dit au sujet de la chanson « Templars » qu’elle faisait ressortir « le côté théâtral de Sabaton » et que « dès le moment où [vous] av[ez] commencé à travailler dessus, [vous] débordi[ez] d’idées sur la façon de la mettre en scène ». Est-ce ainsi que vous imaginez l’évolution de Sabaton : de plus en plus de théâtralité ?

Joakim : Je pense que ça dépend. Oui, dans ce cas précis, je suis totalement d’accord avec lui. Cet album offre ces possibilités. Les images, le mythe, les faits historiques et les légendes de tous ces personnages légendaires se prêtent à une grande théâtralité. Mais je pense que nous devrions considérer ça au cas par cas, album par album. Ça dépend de ce que nous faisons, et si ça a du sens. Dans ce cas, oui, nous avons complètement supprimé tout notre ancien décor de scène et nous repartons de zéro. Nous nous sommes demandé : « Si nous étions des fans de Sabaton, que voudrait-on voir ? Qu’est-ce qui pourrait nous époustoufler ou nous surprendre ? » C’est donc un spectacle très différent et totalement nouveau que nous présenterons en tournée, mais c’est spécifique à cet album. A savoir si nous déciderons de continuer dans cette direction à l’avenir, ça me plairait, oui, mais seulement si ça fait sens avec la musique du disque.

Thobbe, pendant ton absence du groupe, tu as sorti un certain nombre d’albums solos. Où en est cette carrière maintenant ?

Thobbe : C’est une bonne question, car je me souviens, c’était peut-être en 2022 et je me disais que je n’avais pas sorti d’album depuis un moment. Je me suis dit que peut-être que je devais m’y remettre et repartir de zéro, faire quelque chose de nouveau en composant dix ou douze chansons. Je me suis donc enfermé dans le studio et j’ai essayé. J’avais encore plein d’idées que j’ai essayé de connecter pour créer un déclencheur, un point de départ. Puis j’en suis arrivé à la conclusion que j’avais dit un peu tout ce que j’avais envie de dire en tant que chanteur, guitariste et artiste solo. J’étais là : « Ok, je vais laisser ça et j’y reviendrai peut-être dans quelques années, quand j’aurai le sentiment d’avoir des choses à dire. » Ça ne sert à rien de se forcer. On ne sait jamais, peut-être que dans dix ans je sortirai un autre album solo, mais là, je suis très content de ma vie telle qu’elle est actuellement. Ce que j’aime, en revanche, c’est peaufiner ma technique à la guitare et m’entraîner. J’y prends de nouveau du plaisir.

En 2021, tu as rejoint le groupe Civil War et sorti l’album Invaders avec eux. Faire à nouveau partie de Sabaton remet-il en question ta participation à Civil War ?

Non, je fais toujours partie de Civil War et ce n’est pas du tout un souci pour qui que ce soit dans le groupe. Evidemment, s’il y avait un concert sur une même date, ils devront trouver un remplaçant. Mais ça ne pose pas de problème, nous sommes les meilleurs amis, Civil War et Sabaton.

Interview réalisée en visio le 25 août 2025 par Mathilde Beylacq & Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Mathilde Beylacq & Nicolas Gricourt.
Photos : Ben Alexis (1, 4), Steve Bright (2, 3, 7), Joshua Dorfman (6) & Glenn Verdickt (8).

Site officiel de Sabaton : www.sabaton.net.

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