« À partir du moment où il y a le logo ‘Motörhead’ dessus, j’estime que ça doit ressembler à du Motörhead » nous avoue Mikkey Dee, batteur du trio depuis vingt ans. Alors dire que Motörhead fait simplement du Motörhead, c’est comme crier eurêka pour avoir inventé l’eau tiède. Et si quelques critiques veulent pointer du doigt cette particularité, le groupe prendra cela comme un compliment, car cela signifiera que le job a été fait dans le respect d’une tradition et de règles élaborées au fil d’une vingtaine d’albums.
Mais même faire du Motörhead, ce n’est pas si simple, selon le batteur, c’est même « la chose la plus difficile qu’on puisse faire : écrire de nouvelles chansons qui sonnent comme les anciennes. » Et si de nouvelles chansons ne viennent pas frapper à la porte, alors ils n’iront pas se précipiter à travers celle des studios et préféreront repartir sur les routes. Et qu’importe si cela veut dire repousser d’un an la sortie d’un album.
C’est dans cet esprit de sincérité et de simplicité qu’on traverse donc cette interview avec Mikkey Dee qui nous parle de sa « famille », de leur dernier né, Aftershock, de ce que pourrait être le prochain (un album de reprises ?) et de la santé du patriarche Lemmy, qui a tellement fait trembler la communauté des fans, qui se porte, finalement, comme n’importe quel homme qui va sur ses 68 ans.
« L’album de Motörhead parfait, c’est un album qui sonne comme tout ce que nous avons pu faire auparavant, mais en neuf. »
Il s’est passé trois ans entre Aftershock et votre album précédent. Est-ce que c’est parce que vous étiez en tournée ou parce que vous vouliez prendre le temps de peaufiner vos chansons ?
Non. Beaucoup de gens s’imaginent que nous avons travaillé un an de plus sur cet album, mais ce n’est pas le cas. Non, la vérité c’est que l’année dernière, quand nous étions supposés nous atteler au nouvel album, nous n’avons pas eu envie de le faire ! [rires] Nous nous sommes dit : « Eh merde ! », et nous avons continué de tourner. Je me souviens qu’une fois, à Los Angeles, nous nous sommes dit : « Oh mon dieu, maintenant, on doit écrire encore un album. » Et j’ai dit : « J’ai pas envie ! », Lemmy a dit [il imite la voix de Lemmy] : « J’ai pas envie ! », et Phil a dit : « Rien à foutre, j’ai pas envie non plus, on a qu’à pas le faire ! » Donc nous avons continué de tourner, et nous nous sommes réunis pour écrire l’album en février-mars de cette année. C’est aussi simple que ça.
Vous collaborez avec Cameron Webb à la production depuis Inferno. Est-ce que tu penses que vous avez trouvé en lui le producteur idéal pour Motörhead ?
Oui, je crois. Je ne sais pas s’il en fera encore beaucoup d’autres, le prochain par exemple, mais en ce qui concerne les cinq albums – c’est beaucoup, cinq albums ! – sur lesquels il a travaillé, il a été parfait pour nous. C’était le gars qu’il fallait, il nous connaît très bien et il sait comment nous pousser, Lemmy, Phil et moi pour que nous donnions le meilleur de nous-mêmes. En plus, c’est un ingénieur du son et un producteur très compétent. Ça nous semble évident, nous l’aimons beaucoup. Quand il nous a rejoint et que nous avons enregistré Inferno, nous avons fait un grand pas en avant, et depuis, je trouve que chacun des albums que nous avons enregistrés est, en termes de son, le meilleur album que nous ayons sorti ! Howard Benson était lui aussi ce genre de personne, il a fait quatre albums avec nous un peu plus tôt, Bastards, Sacrifice, Overnight Sensation et Snake Bite Love, il me semble. Il a fait ces quatre albums et il a été génial pour nous aussi. Ensuite, nous avons travaillé avec différents producteurs mais c’est vrai que Cameron nous va bien, je trouve.
À quel point est-il impliqué dans la musique de Motörhead ? Parce qu’apparemment, c’est lui qui a eu l’idée de la partie de basse lead dans « Going To Mexico ». Est-ce qu’il vous suggère souvent des idées pour les chansons, au niveau de l’écriture par exemple ?
Au niveau de l’écriture, pas du tout. Mais, en effet, il nous fait des suggestions. Il peut nous dire : « Je trouve que ce riff ne va pas pour le refrain, il irait plutôt pour les couplets, et celui-là pour le refrain », par exemple. Donc oui, il nous aide un peu à structurer les choses.
Selon Lemmy, c’est toi qui a trouvé le titre « Aftershock ». La dernière fois que nous lui avons parlé, il nous a aussi dit qu’il ne fallait pas chercher de sens profond chez Motörhead, mais qu’est-ce que ce titre veut dire pour toi ?
Non, nous ne pensons pas à des significations profondes… Quand j’ai vu cette pochette [il montre la pochette d’Aftershock], j’ai pensé à un autre titre. Ce titre, c’était « After The Disaster ». J’aime beaucoup « After The Disaster » [« après le désastre », ndt] parce que ça, ça ressemble vraiment à un désastre, à mes yeux [il montre l’album à nouveau]. C’est un putain de désastre, ça dégouline… C’est ce qui reste sur Terre après le désastre. Mais ils ont trouvé ça trop long, et à la fois je suis d’accord et je ne suis pas d’accord. Enfin, j’ai répondu : « Et qu’est-ce que vous pensez d’Aftershock ? C’est plus simple. » Ça leur a plu. C’est simplement ce à quoi tu penses quand tu vois la pochette… Peut-être qu’« Aftershock » est un peu plus hard, ça fait mieux. Ça n’a pas une signification très profonde, mais ça sonne bien, ça a de la gueule et ça fait bien sur la pochette.
Il y a une chanson qui s’appelle « Lost Woman Blues ». Est-ce qu’elle a un rapport avec « Whorehouse Blues » ?
Non, pas vraiment. Il n’y a pas de lien entre les deux… Des gens ont aussi cru qu’il y avait un lien entre « Going To Mexico » et « Going To Brazil », mais en réalité, pas du tout… Nous sommes très simples quand nous écrivons, nous n’avons pas de plan, nous ne savons pas exactement où nous allons, c’est très spontané, et pour une raison ou pour une autre, on dirait que ça marche. Plus tôt dans notre carrière, nous avons essayé de faire des plans et de travailler comme le font les groupes normaux, mais ça ne marche pas pour nous ! Je suis sûr que Lemmy a été inspiré par son propre travail sur les albums précédents bien entendu, tout comme moi et Phil pour la musique : il y a certaines de nos anciennes chansons qui nous inspirent pour écrire ce que nous écrivons maintenant. Je pense que c’est tout à fait normal, mais ce n’est pas délibéré. Pas très intéressant comme réponse, mais c’est comme ça ! Nous sommes beaucoup plus simples que les gens se l’imaginent.
« Je me souviens que lorsque nous avons écrit notre première ballade, les gens ont été choqué, ils en ont presque fait un malaise ! […] Allez, toutes nos chansons n’ont pas à aller à 200 à l’heure. »
« Lost Woman Blues » comme « Dust And Glass » ont un aspect bluesy qui fait penser à ZZ Top. Est-ce que c’est un groupe dont vous vous sentez proche, ou qui est l’une des influences de Motörhead ?
Oui, nous aimons ZZ Top, nous aimons AC/DC, nous aimons les vrais groupes de rock. Les groupes de rock, de blues, de metal, les vrais groupes qui écrivent du vrai blues, du vrai rock, du vrai metal… Peu importe, ce sont juste de très bons compositeurs. ZZ Top est un groupe fantastique à écouter ou à voir en live, tout comme AC/DC, Iron Maiden, Metallica… Ces vrais groupes qui écrivent des trucs cool. Et évidemment, tu peux dire que tu ne t’en es pas inspiré, nous ne nous asseyons pas autour d’une table comme nous le sommes en ce moment à discuter d’écrire une chanson à la ZZ Top ou à la AC/DC, non, mais parfois, ces groupes t’inspirent, une petite partie de ce qu’ils font passe dans ta musique, et avant même que tu t’en sois rendu compte, les gens remarquent que ça sonne comme tel ou tel groupe, et je me dis : « C’est vrai en fait ! » Parfois, nous ne nous en rendons même pas compte tant qu’on ne nous l’a pas fait remarquer. [Il prend du tabac à priser] C’est du tabac ! C’est suédois. C’est un peu bizarre.
Je sais ! Je n’ai jamais essayé, mais je sais que c’est un truc suédois.
N’essaie jamais [rires].
Lemmy et Phil Campbell nous ont tous les deux parlé il y a quelques années d’une idée qu’ils avaient eue à propos d’un album acoustique et bluesy. Est-ce que c’est quelque chose qui est toujours à l’ordre du jour ?
Je ne suis pas sûr pour le côté acoustique, mais on aimerait faire un album de reprises. Je dirais que nous choisirions quelque chose comme quatre chansons chacun, et c’est ce que nous mettrions sur l’album. C’est une grande idée, et peut-être que notre prochain album sera un album de reprises, je ne sais pas.
Je voulais t’en parler justement : à quel genre de reprises peut-on s’attendre sur un album de reprises de Motörhead ?
Je ne sais pas. Je sais seulement qu’un jour, nous avons bien rigolé avec Phil quand l’un d’entre nous a dit qu’il choisirait une chanson de Céline Dion ou de Barbara Streisand pour que Lemmy la chante [rires]. Non, c’est une blague, mais ce serait tellement drôle d’entendre Lemmy chanter quelque chose d’aussi aigu, ça le tuerait [rires] ! Ou cette chanson de Bon Jovi, comment elle s’appelle déjà… Ah oui, « Living On A Prayer » ! Non, mais je suis sûr que nous choisirions ce que nous préférons : Lemmy adore les Beatles et choisirait sûrement une chanson de Jimi Hendrix, quelque chose comme ça ; moi, je choisirais de faire une reprise de Deep Purple, peut-être… On ne sait jamais. Je pense que le choix de chansons serait très varié, et que ce serait là le charme et l’intérêt de l’album.
Globalement, les paroles de cet album sont plutôt agressives, comme souvent chez Motörhead. Est-ce que tu penses que votre musique est une sorte de punching-ball pour vous comme pour l’auditeur ?
Oui, d’une certaine manière… Notre musique a toujours été dure, agressive et sans compromis, et je pense que ça s’entend au niveau des paroles. Je suis sûr qu’il y a des compositeurs dans le monde qui écoutent certaines de nos chansons et se disent : « Oh, si seulement ils avaient fait ça avec cette chanson, ç’aurait été un hit international ! » Mais tu vois, ce n’est pas pour ça que nous écrivons de la musique, ce qui signifie que nous ne faisons pas de compromis. Tous les trois, nous écrivons ce qui nous plaît, puis nous le sortons. Si toi, tu aimes aussi, c’est un chouette bonus, on trouve ça fantastique, mais si tu trouves que c’est un album de merde et que cette chanson est horrible, ça nous va aussi parce que nous, nous l’aimons beaucoup. C’est ce qui fait un album sincère, et tout ce qui est sincère, surtout dans ce style de musique, est une sorte de punching-ball pour les autres groupes comme pour nous. C’est quelque chose de très authentique, tu vois. C’est sans compromis, ce n’est pas fait pour être vendu à des milliards d’exemplaires, puis mourir au bout de deux mois d’écoute. C’est censé être un album qui va t’accompagner tout le reste de ta vie.
« Juste parce qu’on parle de Lemmy, s’il a ne serait-ce que le nez qui coule, les gens vont s’inquiéter ! »
Il y a quelques surprises sur Aftershock : « Lost Woman Blues » ou « Dust And Glass » par exemple, et aussi des passages plutôt mélodiques et moins rapides. Est-ce que tu penses que cet album prouve que le répertoire de Motörhead est plus large qu’on a tendance à le penser ?
Oui, mais ce sont des choses que nous avons déjà faites par le passé. Je me souviens que lorsque nous avons écrit notre première ballade, les gens ont été choqué, ils en ont presque fait un malaise ! « Motörhead a sorti une ballade ?! » Allez, toutes nos chansons n’ont pas à aller à 200 à l’heure. Ça dépend de comment nous nous sentons au moment où nous l’écrivons. Je me souviens qu’à un moment, Phil et moi avions écrit deux ou trois chansons mid-tempos du même genre pour l’album, et quelques jours plus tard, j’ai dit : « Il faut qu’on écrive des chansons plus lentes ou plus rapides.» Le jour suivant, nous avons écrit le riff de « Heartbreaker », et nous nous sommes dit : « Ouais, c’est génial ! », puis le lendemain, nous avons écrit un riff très lent et très bluesy. Quand je dis que nous n’avons aucun plan pour l’album, je veux dire que nous ne nous réunissons pas à l’avance pour prévoir ce que nous allons faire, mais en studio, oui, nous avons un plan, nous essayons de varier les choses sur lesquelles nous nous concentrons d’un jour sur l’autre. Si moi et Phil écrivons trois ou quatre riffs qui défoncent, je dis : « Écoute Phil, non, on ne va pas encore écrire une chanson rapide aujourd’hui, on va écrire quelque chose de putain de bluesy ! », et ensuite, c’est là-dessus que nous nous concentrons. Peut-être que quelque chose en ressort, peut-être pas. Peut-être que nous allons nous remettre à écrire des chansons rapides et que deux semaines plus tard, nous écrirons quelque chose de très bluesy. Mais quoi qu’il en soit, il faut que tu aies une vision globale de combien de chansons tu as pour le moment. Ce que je veux dire, c’est que c’est facile d’écrire uniquement des chansons rapides, uniquement des chansons mid-tempo ou uniquement des ballades. Ce qui est difficile, c’est de faire un bon album qui soit varié : à la fin, tu dois te retrouver avec dix, douze ou quatorze chansons différentes les unes des autres. Ce n’est pas facile.
Aftershock est le 21e album de Motörhead, et ça fait désormais plus de 20 ans que tu fais partie du groupe. Comment est-ce que vous faites, à ce point de vos carrières de musiciens, pour continuer à écrire de la musique sans vous répéter, ou avoir l’impression de le faire ?
L’album de Motörhead parfait, c’est un album qui sonne comme tout ce que nous avons pu faire auparavant, mais en neuf. C’est notre objectif. Parfois, je lis les chroniques après qu’on ait sorti un album, et je vois des choses comme : « Bon, voilà le nouveau Motörhead. Il n’y a pas de surprise, il sonne comme d’habitude, mais comme il est bien on lui met un 3 ou un 4. » Dans l’article, on dirait que c’est une mauvaise chose qu’il sonne comme d’habitude, mais pour nous, c’est parfait, parce que c’est la chose la plus difficile qu’on puisse faire : écrire de nouvelles chansons qui sonnent comme les anciennes. Avec Motörhead, nous travaillons dans un cadre très étroit… Nous pouvons expérimenter un peu comme on le fait sur cet album par exemple, et ça nous inspire beaucoup aussi, mais nous ne pouvons pas aller très loin non plus, parce que sinon, ce n’est plus du Motörhead, c’est quelque chose d’autre, et si tu veux faire autre chose, alors tu fais un album solo ! À partir du moment où il y a le logo « Motörhead » dessus, j’estime que ça doit ressembler à du Motörhead. Mais il peut aussi y avoir de petites choses en plus comme ça. C’est vrai que sur cet album, il y en a peut-être un peu plus que sur d’autres, mais globalement, je pense que c’est super que nous écrivions des chansons qui sont typiquement du Motörhead, mais en neuf. Les gens le reconnaissent tout de suite. En réalité, c’est la meilleure critique qu’on puisse avoir, mais les journalistes ont l’air de penser que c’est une mauvaise chose : « Hélas, cet album sonne comme les autres. » Moi, je me dis : « Super, merci ! », parce que nous ne voulons pas avancer trop vite d’un coup, nous voulons avancer pas à pas. Nous avons fait un grand pas en avant avec Inferno je trouve, puis plusieurs petits pas jusqu’à cet album. Avec Aftershock, c’est à nouveau un grand pas, mais pas un trop grand pas non plus, nous ne grillons pas toutes les étapes d’un coup au point que les gens se disent : « Est-ce que c’est un album de Motörhead que je viens d’entendre ?! Ça ressemble à ceci ou cela, mais pas à du Motörhead ! » Ça, c’est dangereux. Ce que je voulais entendre, c’est : « Oui, c’est du Motörhead typique, je sais à quoi m’attendre. » Mais ce sont des nouvelles chansons de Motörhead. Je le répète : Motörhead, c’est comme un vieux chien qui doit quand même être lavé de temps en temps. Lave ce putain de vieux chien pour qu’il sente bon aujourd’hui ! Voilà ce que c’est, cet album.
Qu’est-ce qui fait que le groupe est toujours enthousiaste à l’idée de faire de nouvelles chansons après tout ce temps ?
Je dirais que nous nous inspirons surtout de nous-mêmes, de nos tournée ; nous sommes trois gars qui aiment passer du temps ensemble et qui se considèrent presque comme une famille… Je dis toujours qu’un album, c’est le reflet de comment se sent le groupe en tournée, et que les tournées sont toujours un reflet de ce qu’a été le dernier album. Donc ça s’enchaîne. C’est un peu comme ces gens qui peuvent dire rien qu’en te regardant dans les yeux comment tu vis : tu as un problème de foie ou tel autre problème de santé… C’est la même chose ! C’est un reflet. La tournée est toujours un reflet de l’album qui la précède. Si nous avons fait un super album, alors nous allons être très enthousiastes à l’idée de jouer ces chansons. Si l’album était merdique, alors tu ne sais pas trop quelles chansons tu vas jouer et la tournée n’est pas aussi cool. Si la tournée se passe super bien, c’est plus facile d’avoir de l’inspiration pour la suite, quand tu retournes en studio. Si tu es de bonne humeur, que tu joues bien et que tu te sens bien avec les autres, alors oui, putain, allons faire un nouvel album ! Ce n’est pas ce que nous avons ressenti, l’année dernière. Nous avons fait notre tournée, c’était super, mais l’inspiration n’était pas là. Nous en avons discuté au Rainbow… Est-ce que tu y es déjà allée ?
Non !
C’est une boîte rock. Nous étions là, assis avec notre manager, à manger une pizza pepperoni-saucisse je crois, quand il nous a dit : « OK, regardez : voilà votre programme avec le créneau pendant lequel on voudrait que vous commenciez, peut-être qu’il faudrait que vous veniez par ici », et blablabla… Nous nous sommes regardés, et je leur ai dit : « Putain, j’ai pas envie de faire ça maintenant ! J’ai rien à donner ! » Puis Lemmy a dit [il imite la voix de Lemmy] : « J’ai pas envie de faire un album ! », et Phil a dit : « J’ai pas envie non plus ! » Nous avons donc dit que nous n’allions pas faire cet album, et il est resté là, a dit : « Quoi ?! », et c’était plié ! À ce moment-là, nous n’avions pas d’inspiration. Nous avons donc continué notre tournée l’année dernière, nous avons fait des concerts formidables, rencontré de nouvelles personnes… Et en janvier, nous nous sommes dit : « Ouah, nous sommes prêts ! Allons-y ! »
« Je ne bois à peu près que de la bière […] c’est meilleur que de boire du whisky ou de la vodka, et au lieu de manger un Big Mac, des frites et un Coca, je prends un Big Mac et une bière ! »
Je suis sûre qu’on t’a déjà posé mille fois cette question, mais Lemmy a eu des soucis de santé au Wacken de cette année… Il a aussi eu des problèmes de voix l’année dernière. La communauté hard rock et metal commence à s’inquiéter. Qu’est-ce que tu peux dire aux fans qui se font du souci pour Lemmy ?
Je leur dirais que juste parce qu’on parle de Lemmy, s’il a ne serait-ce que le nez qui coule, les gens vont s’inquiéter ! Ça fait vingt ans que je joue avec lui, et quand on est en tournée, entre tous les membres de l’équipe, les bus, les nouvelles personnes que tu rencontres, les mains que tu serres… Surtout quand, comme moi, on a tout le temps ses doigts dans la bouche à cause du tabac à priser, au bout de deux ou trois semaines de tournée, on tousse, on a de la fièvre, mais Lemmy, après toutes ses années, il n’a même pas le nez qui coule ! Jamais un problème ! Du coup, dès que Lemmy attrape un rhume, les gens sont très inquiets et se demandent ce qu’il peut bien se passer. Lemmy est à là, en train de se rétablir ; oui, il a eu des problèmes de santé, il était très malade. Il était fatigué, épuisé… Il voulait continuer, mais le docteur lui a dit : « Écoutez, vous ne pouvez pas jouer comme ça. C’est l’été en Europe, il va faire 35°C partout où vous allez jouer… Ne le faites pas ! » Et Lemmy a répondu : « Eh merde, OK. » Les médias en font tout un plat… En effet, ce n’était pas rien : Lemmy était malade. Il ne se sentait pas bien, mais pas mal à ce point non plus. Il n’était pas en si mauvais état que les médias le prétendait. Pour nous, dans Motörhead, à chaque fois qu’il nous arrive quelque chose avec le groupe, il y a un effet de contagion et ça a des conséquences gigantesques. Parfois je discute avec des collègues d’autres groupes et ils me disent : « Mon guitariste s’est fait mal au petit doigt, donc il ne peut pas jouer pendant deux semaines », et ils doivent annuler quelque chose comme deux concerts. Quand nous, nous devons annuler nos dates sur deux semaines, nous devons annuler dix concerts ! À chaque fois qu’il arrive quelque chose, ça prend une ampleur incroyable… Mais je comprends que les fans s’inquiètent. Lemmy a 68 ans, il n’a plus 20 ans. Je ne dis pas qu’il est vieux, mais il a 68 ans, j’en ai 50 et Phil en a 52. Nous n’avons plus 20 ans, nous sommes encore très en forme, mais il faut que nous prenions en considération ce que nous disent les médecins. Si un médecin me dit : « Mikkey, il fait 42°C dehors, si vous jouez, vous allez tomber et vous faire mal ! », je lui répondrais : « D’accord, je vais essayer, mais si je ne peux pas, je sortirai de scène. » C’est comme ça. Mais Lemmy se remet, il nous reste un mois et demi avant la tournée, il est heureux comme un poisson dans l’eau et nous avons hâte de partir sur la route pour cet album. En matière de santé, tu ne peux jamais savoir. Tout ce que tu peux faire, c’est essayer de te remettre et de te préparer psychologiquement à remonter sur scène, parce que c’est vraiment beaucoup de boulot.
Dans deux ans, ce sera le 40e anniversaire de Motörhead. Est-ce que vous prévoyez quelque chose de spécial ?
Nous n’avons pas encore commencé à y réfléchir. Nous avons passé le 25e, le 30e, le 35e anniversaire ; les gens se disent « Ouah ! » comme si c’était quelque chose d’énorme. Nous trois, nous nous disons : « Ah oui, vraiment ? OK ! » Je me souviens qu’après le 30e anniversaire, Lemmy a répondu à des gens qui lui parlaient de ça l’année suivante : « À vrai dire c’est encore plus extraordinaire maintenant parce que ça nous fait 31 ans ! Pourquoi me parlez-vous du 30e anniversaire, c’est encore plus impressionnant maintenant, c’est 31, ça fait un an de plus ! » Donc… Je ne sais pas. 40 ans, c’est extrême, je suis d’accord, et j’espère que nous allons prévoir quelque chose de chouette, mais je ne sais pas encore quoi. On ne sait jamais ce qui va se passer. Peut-être que ce sera l’occasion de sortir un nouveau DVD. Nous en avons sorti un l’année dernière… Ou quelque chose d’autre, quelque chose de vraiment exceptionnel. Je suis sûr qu’il se passera quelque chose.
Tu as la réputation d’être un batteur très metal, qui tape très fort. Est-ce que tu te définirais comme ça, ou est-ce que tu trouves ça réducteur ?
Pas du tout, je joue même plus fort maintenant qu’il y a 15 ans parce que je suis plus fort maintenant qu’il y a 15 ans. Je suis plus entraîné, je sais beaucoup plus de choses… Si tu as une bonne estime de toi et que tu as confiance en toi, tu joues beaucoup mieux. J’ai eu confiance en moi toute ma carrière, je ne dis pas que ce n’était pas le cas, mais logiquement, plus tu joues depuis longtemps, plus tu progresses, et en tant que batteur, je me sens plus complet maintenant qu’il y a 5 ans, ou même 10, 15 ou 20 ans. Donc je n’ai pas réduit ma force, parce que je sais que je suis connu pour mon jeu très rapide, très puissant et très énergique, et je veux que ça reste comme ça. Je ne ralentis pas, c’est presque l’inverse, j’ai progressé un peu ces dernières années, parce que c’est important pour moi de sentir que je joue toujours aussi bien, tu vois ce que je veux dire ? Et je fais beaucoup de sport, et je prends plus soin de moi que par le passé. Je dois mieux me préparer mentalement qu’il y a 5, 10 ou 20 ans, mais quand nous montons sur scène, c’est mieux. Je suis plus complet, je suis plus sûr de moi, plus détendu, et quand je suis détendu, je joue mieux et plus fort. Parfois, je me souviens, quand tu es nerveux, tu peux te crisper et ne plus être toi-même… Mais maintenant, c’est facile pour moi d’être bon quand je sens que je suis bon. C’est plus de travail en amont que quand j’étais plus jeune : je dois me préparer mentalement, physiquement. J’ai un coach sportif personnel depuis un an et demi, et quand je suis en Suède, je travaille avec lui le lundi, le mercredi et le vendredi : je cours jusqu’à la salle de sport, ça fait 3,5km, il m’entraîne pendant une heure, et je rentre en courant. Il me fait bosser dur pour me garder en forme ! Et je ne bois à peu près que de la bière, surtout la bière française 1664, ma préférée ; c’est meilleur que de boire du whisky ou de la vodka, et au lieu de manger un Big Mac, des frites et un Coca, je prends un Big Mac et une bière ! Donc je fais attention aux détails, je me prépare, et quand je monte sur scène, je suis plus puissant maintenant que par le passé.
Interview réalisée en face-à-face le 20 septembre 2013 par Chloé
Fiche de questions : Spaceman
Retranscription et traduction : Chloé
Introduction : Animal
Site internet officiel de Motörhead : www.imotorhead.com
Album Aftershock, sortie le 21 octobre 2013 chez UDR Music.
Simple, nature, sincère … Pas d’esbroufes, comme la musique de Motörhead
Sa bière préférée : la 1664 mdr !
La blague….
Merci pour l’IW, ça fait toujours plaisir d’avoir des news des trois lascars. Ca rassure de savoir que la machine est toujours aussi bien huilée et qu’elle poursuit inexorablement sa route.
LONG LIVE MOTÖRHEAD !!!!!
ouais cette interview remet du baume au cœur surtout par rapport à la santé de Lem ! saloperie de médias qui nous mettent les foins à chaque fois ….
enfin c’est cool qu’ils reviennent en pleine forme !!
et longue vie au LEMMY CREW !!!