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Interview   

Monkeys On Mars : univers en fusion


Les collaborations entre artistes, plus encore quand il s’agit de groupes entiers, ont toujours un parfum de surprise et d’excitation. On avait vu en 2022 au Hellfest l’association scénique entre Regarde Les Hommes Tomber et Hangman’s Chair. La même année, c’est Cult Of Luna et Perturbator qui joignaient leurs forces pour proposer un album commun sous le nom de Final Light. Une collaboration qui avait vu le jour au Roadburn Festival, aux Pays-Bas, coutumiers du fait et dont nous vous parlons régulièrement. En 2025, c’est les Bordelais de Mars Red Sky et les Suisses de Monkey3 qui ont décidé de mélanger leurs effluves créatifs, à la fois en studio et sur scène. Un mariage qui tombe sous le sens compte tenu d’univers qui se rapprochent, mais aussi se complètent – l’un a un chanteur, l’autre un claviériste, en l’occurrence. Deux groupes de qualité qui promettaient une fusion de haut vol : décollage garanti !

Nous avions déjà rencontré Boris de Monkey3 et Jimmy de Mars Red Sky en juin dernier à Clisson. Depuis, nous avons pu poser une oreille sur leur premier méfait discographique qui prend la forme d’un EP. L’occasion de les convier une nouvelle fois pour compléter la discussion et les entendre nous dire tout sur ce projet on ne peut plus prometteur et qui, espérons, donnera envie à d’autres groupes francophones de s’essayer au croisement musical.

« Il y a le côté humain, mais surtout, il s’agit d’explorer, de sortir d’une certaine routine. D’un coup, il y a plein d’univers qui s’ouvrent. C’est comme si tu ouvrais une porte avec un nouveau coffre à jouets. »

Radio Metal : Comment est né le projet Monkeys On Mars ?

Jimmy Knast (basse) : A force de nous croiser – nous avions même fait une tournée commune il y a plus d’une dizaine d’années –, nous avons fini par nous accoupler ! C’était naturel. Nos musiques, nos sons et nos univers se mélangent très facilement. Nous avons commencé à discuter d’un projet. Le nom est venu assez rapidement, nous ne nous sommes pas trop creusé la tête. Nous avons surtout beaucoup échangé de fichiers, des enregistrements, pour arriver à une fusion. Il y a donc un vinyle qui sort en octobre et des concerts vont arriver, d’abord quatre festivals à l’automne pour dévoiler le projet, puis une tournée en mars et avril.

Que proposez-vous conceptuellement à travers cette collaboration ?

Du côté de Mars Red Sky, il y avait un fantasme d’avoir un jour un clavier avec nous. Et côté Monkey3, peut-être celui d’avoir un chanteur. Il y a le côté humain, car nous nous apprécions, mais surtout, il s’agit d’explorer, de sortir d’une certaine routine. L’avant-dernier album de Mars Red Sky s’appelle The Task Eternal : c’est en référence au fait que tu rentres en studio, il faut réinventer quelque chose et ne pas se répéter. Je pense que tous les groupes sont un peu dans cette optique. Là, d’un coup, il y a plein d’univers qui s’ouvrent. C’est comme si tu ouvrais une porte avec un nouveau coffre à jouets.

Boris (guitare) : De même, pour des groupes comme nous qui tournons depuis pas mal d’années, il y a cette idée de proposer quelque chose de neuf, de différent. C’est aussi excitant, ne serait-ce que pour nous en tant que musiciens, de découvrir de nouveaux univers, de collaborer, de faire des compromis, d’échanger, de voir des méthodologies qui se croisent pour aller là où nous ne serions pas allés tout seuls. C’est extrêmement intéressant et motivant. C’est aussi pour proposer aux fans quelque chose d’inattendu. Le projet ne s’arrête pas simplement à l’EP qui sort à la mi-octobre : c’est aussi la fusion des deux groupes sur scène. Ceux qui vont venir voir ce spectacle de Monkeys On Mars auront globalement droit à un backline des deux groupes complets sur scène, un jeu de lumière travaillé, des projections vidéo travaillées pour un effet trippant maximum, mais aussi des morceaux de Monkey3 avec Mars Red Sky qui vient les finaliser et des morceaux de Mars Red Sky finalisés par Monkey3, et ensuite la collaboration totale. Ce n’est donc pas trois concerts en un mais un seul et unique grand concert qui va passer par plein d’atmosphères différentes, musicalement, humainement et par un spectacle visuel qui va bouger. C’est très complet et extrêmement motivant à mettre en place. Nous sommes très excités de présenter ça au public le moment venu.

Jimmy, tu parles de « sortir d’une certaine routine ». Est-ce que la routine est l’ennemi de l’art pour vous ?

Jimmy : Oui, et nous avons très vite trouvé une solution pour la casser : entre chaque album, nous avons un projet d’EP particulier, nous sortons quelque chose qui n’est, en général, pas repressé. Nous avons, par exemple, fait un projet qui s’appelle Myramyd, avec deux long morceaux enregistrés live de A à Z, en analogique, que nous avions tenté de faire au Hellfest en 2017. Nous avons fait un EP avec une folkeuse qui s’appelle Helen Ferguson alias Queen Of The Meadow. Nous avons fait un projet avec une personne qui fait de la musique contemporaine et acousmatique, avec un dispositif en douze ou quinze points, et qui avait fait du feeds recording à Los Angeles, alors que nous ne sommes jamais arrivés car nous étions coincés à la douane. Nous avons aussi fait un EP avec Year Of No Light où il y avait un morceau commun. Nous avons toujours fait des projets en mode : « On a beaucoup donné sur l’album d’avant, on va faire autre chose. » Par contre, là, c’est la première fois que nous faisons quelque chose d’aussi ardu, ambitieux ou abouti avec cette fusion. Nous n’étions jamais allés aussi loin, il n’y avait pas de nom de groupe comme maintenant avec Monkeys On Mars.

Boris : De notre côté, c’est complètement différent. En dehors de notre routine – même si je n’aime pas tellement ce terme – d’albums et de tournées, nous ne sommes pas souvent sortis du cadre de ce que nous faisons. Si on regarde notre histoire et notre discographie, il n’y a pas plus de collaboration et de projets annexes que ça. Globalement, nous avons juste sorti une fois, en 2009, entre deux albums, histoire de patienter, un mini album de reprises de morceaux qui nous ont influencés, avec des chanteurs en invités – nous avions eu John Garcia de Kyuss et Tony Jelencovich de B-Thong, Mnemic et autres groupes de metal suédois. C’était plus des featurings alors que nous enregistrions des reprises. Récemment, Guillaume, le clavier, et moi-même avons fait un featuring sur un album de Nostromo et nous nous sommes retrouvés à jouer en live avec eux. Ça s’arrête là sur les excursions extra-Monkey3. Nous n’avons pas été extrêmement aventureux par le passé sur le plan des collaborations. Ce projet Monkeys On Mars est donc une nouveauté pour nous, et c’est peut-être pour ça que nous sommes extrêmement excités : c’est frais.

« Nous faisons de la musique ensemble, alors pourquoi il n’y a pas plus de groupes qui le font ? Il n’y en a pas assez ! Faites-le, les gars, c’est trop cool ! On va vous inventer des noms de groupe ! »

Il y a des festivals comme le Roadburn dont ce genre de collaboration est le concept. La vôtre est-elle née de ce que vous avez vu ailleurs chez d’autres formations que vous appréciez ?

Jimmy : En fait, ça s’est fait parce que nous nous sommes naturellement attirés dans cette idée. D’ailleurs, en le faisant, maintenant que ça prend vie, nous nous demandons pourquoi il n’y a pas plus de groupes qui le font. Nous, nous sommes un peu des handicapés du mulot, nous ne sommes pas des excités, les gens qui s’occupent de nos réseaux sociaux ne comprennent pas, nous ne faisons jamais de photos, etc. A l’heure où les artistes n’arrêtent pas de s’inviter et de faire des reprises sur leur canapé pour cross-poster, mélanger, avoir plus de « followers » et être impactants sur les [accent américain] réseaux… Franchement, nous faisons de la musique ensemble, alors pourquoi il n’y en a pas plus qui le font ? Je me rappelle, il y avait par exemple Uilab, un mélange de Stereolab et d’Ui, à une époque. Ce n’est pas nouveau, il y a plein de groupes qui le font, mais dans notre scène… Il y a eu Kadavar avec Elder, mais il n’y en a pas assez ! Faites-le, les gars, c’est trop cool ! On va vous inventer des noms de groupe !

Boris : Il y a toujours quelque chose d’intéressant et de neuf qui ressort de ce type de collaboration, et pas forcément là où on attend les protagonistes. C’est donc intéressant pour le public, j’imagine, mais aussi pour les groupes eux-mêmes : tu dois sortir de ta zone de confort, envisager les choses un peu autrement. C’est intéressant musicalement et humainement. Ça vaut la peine. En l’occurrence, le projet qui nous anime est plutôt proche de ce qu’ont fait les Melvins avec Big Business : créer une synergie, une fusion des groupes, qui a d’ailleurs été faite en live aussi. A la fois, j’ai envie de dire que nous allons écrire notre propre histoire !

Vous avez fait le choix de commencer modeste, avec un EP, plutôt qu’un album. C’était une façon de mettre le pied à l’étrier et de vous découvrir ?

Le truc, c’est que les coûts de production et le temps de travail demandé pour un EP comparé à un album, ce n’est pas les mêmes. La question est aussi : est-ce que les deux groupes auraient eu l’opportunité, dans leur agenda, d’aller jusqu’à un album complet ? Je n’ai pas la réponse, mais la question se pose, sachant qu’il y a la production et l’aspect financier. Mais à vrai dire, je crois que nous n’avons pas vraiment pensé à un album complet. L’idée était de faire cet EP qui fait quand même vingt-cinq minutes – c’est un bon gros EP ! – et d’aller proposer ça en live.

Cet EP est le fruit d’un travail collégial de A à Z. Comment se sont concrètement déroulées les sessions ayant abouti à ces deux titres ? J’imagine que chaque groupe est arrivé avec ses méthodes : comment les avez-vous conjuguées ?

Jeremy : Nous avons d’abord mis au point une règle qui est qu’il fallait faire au plus simple – comme en général dans la vie ou quand on ne sait pas. Nous avons donc défini quelques ensembles. Ça paraît hyper cucul à dire, mais j’ai l’impression qu’il y avait une telle bienveillance que ça s’est fait hyper-naturellement. Il y a des choses que nous nous étions dites et auxquelles nous tenions, mais ça a été hyper-fluide, parce qu’il y avait de la politesse. Enfin, pas trop quand même, car à force de dire « après vous », au final, il n’y a personne qui passe et c’est vraiment chiant, mais ça s’est fait avec une certaine élégance qui a fluidifié le processus. Plus concrètement, dans les grandes lignes, nous avons eu chacun envie de faire une base de morceau que chaque groupe a envoyée à l’autre. En ce moment, je suis en train de travailler le premier morceau, avec Julien au chant, sur lequel je n’avais pas posé de vraies lignes de basse – j’avais posé d’autres choses dessus. Je me rends compte en jouant que c’est hallucinant : on dirait qu’il a été fait pour notre accordage, je me sens un peu comme sur un morceau de Mars Red Sky. Il y a des riffs et des passages qui reviennent qui sont un peu à la Mars Red Sky. De notre côté, nous avons essayé aussi de faire quelque chose d’instrumental qui pourrait leur plaire.

Boris : Ce qui est intéressant dans cette collaboration, et la première chose marquante à son sujet, est que tous les membres du projet ont mis leur ego de côté et ont tous travaillé pour le bien de Monkeys On Mars, et non pour le bien de Monkey3 et Mars Red Sky. Chacun a donné le meilleur de lui-même, comme si c’était son propre album. Ce n’était pas du recyclage, des faces B ou autre. C’est de la musique nouvelle, de nouvelles idées, spécifiques à ce projet. Ça rend donc l’ensemble cohérent et fluide, et ça lui donne une vraie identité.

Vous parliez de compromis : quels sont les principaux que vous avez dû faire pour aboutir à ce projet ?

Compromis est un terme un peu fort. Avant de faire le projet, tu ne sais pas trop à quoi ça va ressembler. En plus, nous, chez Monkey3, nous ne sommes pas très habitués aux collaborations, donc tu te demandes comment ça va se passer. D’un seul coup, il y a un élément nouveau qui arrive et quand il y a de la nouveauté, parfois tu es surpris, souvent positivement. C’est plutôt ça, le compromis. Et ce n’est pas vraiment un compromis parce que les choses sont assez naturelles, les univers se mélangent bien, c’est chouette. Il y a le fait de découvrir de nouvelles possibilités, un nouveau son, car finalement, ça ne va sonner ni comme Mars Red Sky ni comme Monkey3. Ça sonnera comme Monkeys On Mars. Il faut s’habituer à cette idée et raisonner légèrement différemment de la façon dont tu raisonnes pour ton propre groupe. C’est comme un nouveau groupe. C’est à ça que je faisais référence. Ce n’est pas un compromis au sens dramatique du terme.

« Il y avait une telle bienveillance que ça s’est fait hyper-naturellement. Il y avait de la politesse. Enfin, pas trop quand même, car à force de dire ‘après vous’, au final, n’y a personne qui passe et c’est vraiment chiant, mais ça s’est fait avec une certaine élégance qui a fluidifié le processus. »

En effet, s’il y a un peu de chacun, on entend aussi que ça a donné une entité à part. Est-ce un exemple de « un plus un égale trois » ?

Je dirais plutôt que nous avons réussi à trouver une sorte de fusion des deux groupes sans que ce soit chacun des deux groupes, donc c’est vraiment Monkeys On Mars. A titre personnel, ce n’est pas un EP de Mars Red Sky featuring Monkey3 ou inversement. Le hasard fait que c’est les membres des deux groupes, mais c’est vraiment un groupe à part entière qui a une proposition avec une vraie identité.

Jeremy : Oui, la fusion a créé quelque chose. Nous voulions qu’on reconnaisse quand même les groupes originaux – ce qui est visiblement le cas, d’après ce qu’on lit à droite à gauche ou ce que les gens nous rapportent en écoutant –, mais il y a une certaine spécificité, parce qu’il y a du monde au balcon, parce que ce sont de très longs morceaux que nous, nous faisons très rarement. En tout cas, nous sommes très contents du résultat. Je suis même étonné, je t’avoue ! Ça m’a surpris parce que je trouve que c’est courageux de faire ça. Ce n’est pas Monkey3 qui invite Julien à chanter sur un titre ou Mars Red Sky qui fait un titre et invite Monkey3 à poser quelques parties. Ça va un peu plus loin.

Pensez-vous que les auditeurs et fans de Monkey3 et Mars Red Sky seront un peu bousculés quand ils entendront ce nouveau projet ou ce sera toujours dans leur zone de confort ?

Boris : C’est difficile de répondre à cette question maintenant. Je me réjouis de voir la réaction du public et nous ne devons pas nous l’imaginer à l’avance. Il faudra vivre le moment quand il se passera.

Jimmy : Pour Mars Red Sky, nous avons quand même été dans la continuité d’explorer de nouvelles choses dans la collaboration. Ça commence à toucher à certains sons plus metal qui nous titillent de temps en temps ; nous les avons mis là-dedans. Nous n’avons pas non plus fait que du confort Mars Red Sky classico. Nous avons continué la maturation qui a lieu depuis cinq albums. Nous avons poursuivi sur cette lignée, car nous étions tellement bien avec Monkey3 et c’est tellement naturel que nous nous sommes permis de muscler le propos ; il y a des batteries qui tamponnent bien !

Boris : Et deux batteries sur scène, les gars !

Comment décririez-vous le son et les atmosphère de ce disque ?

The Grateful Dead avec de la disto ! Plus sérieusement, je pense qu’il ne faut pas décrire la chose. C’est un univers unique à ce projet et il faudra simplement venir le découvrir. La patte des deux groupes est quand même présente, clairement, mais je pense qu’il faut vraiment le voir comme une entité, laisser sa curiosité ouverte et prendre le projet pour ce qu’il est. Il faut aussi, surtout, prendre beaucoup de plaisir et avoir l’envie de partager ces moments.

L’EP comprend deux longs morceaux, dont un seul est chanté par Julien Pras. Monkey3 étant un groupe instrumental, l’association des deux donne forcément un groupe semi-instrumental ?

Jimmy : Tu sais, avec Mars Red Sky, nous avons toujours fait au moins un instrumental par album, ça fait partie de notre dogme. Nous avions donc envie d’emmener un instrumental sur cet EP. Nous trouvions que c’était important, parce que c’est un territoire que nous connaissons un peu aussi, même si nous avons un chanteur avec beaucoup d’identité, qui chante très bien et qui a beaucoup de qualités. C’est un moment de respiration. Mais quelque part, tu as raison, il y a un peu de ça.

Le premier morceau se termine sur une longue montée grisante, cathartique. Dans quelle mesure ça reflète ce que vous ressentiez en travaillant sur ce projet ?

Boris : Nous nous sommes dit que ça amenait une apothéose au morceau, comme si on allait se fracasser contre un mur. Il y a un côté extrêmement grisant dans le fait de jouer ce genre de passage. Tu te dis que tu amènes le point culminant du morceau. Ça vient aussi parce que le morceau a beaucoup bougé dynamiquement. Il y a des moments lourds, d’autres mélodiques, d’autres très calmes, et là, tu as cette fin qui explose et c’est assez excitant. Cela dit, je pense que la vraie excitation, nous allons la ressentir en live quand nous serons tous ensemble sur scène avec le gros son qui pousse, car au moment de l’enregistrement, nous n’étions pas présents tous ensemble.

Vous avez tout fait à distance, y compris la composition ?

Exactement.

Jeremy : Nous nous sommes quand même vus plusieurs fois pour jouer ensemble, parler du projet, débriefer, etc. Nous avons donc eu des moments de réunion en présentiel, mais il y a eu beaucoup de composition chacun de son côté, à échanger des sons, comme ça se fait beaucoup maintenant.

« Tous les membres du projet ont mis leur ego de côté et ont tous travaillé pour le bien de Monkeys On Mars, et non pour le bien de Monkey3 et Mars Red Sky. »

Le second morceau s’intitule « Hear The Call ». Celui-ci étant instrumental, à quel « appel » faites-vous référence ?

Ça a un rapport au fait que les deux morceaux se répondent. C’est dans les paroles de « Seasonal Pyres ». Les deux morceaux forment une œuvre globale. Comme il y a eu des points communs et une recherche d’unité, nous avons beaucoup pensé, chacun de notre côté, à faire en sorte que ce soit cohérent. Comme, en plus, nous n’étions pas physiquement ensemble, nous avons fait beaucoup de ponts comme ça et nous avons recherché l’unité.

Les deux groupes à l’origine de Monkeys On Mars ont en commun une passion pour la science-fiction. On se souvient que le dernier album de Monkey3 s’inspirait directement d’œuvres telles que 2001 : L’Odyssée de l’espace, The Matrix, Sunshine, Solaris et 1984. Comment se manifestent l’inspiration et l’influence du cinéma et des œuvres littéraires chez vous ?

Pour Mars Red Sky, c’est l’un des thèmes, mais le cœur reste le voyage. Forcément, quand on est dans le thème de l’anticipation, on a forcément des codes et des films en tête qui relient ça très bien. Dans les textes de Julien, il y a aussi plusieurs degrés de lecture. Les films que je préfère en science-fiction sont quand même assez engagés et précurseurs, y compris politiquement, comme Soleil Vert. Mais ce qui réunissait le groupe, c’était avant tout le voyage ; il a démarré sur cette idée. Je peux te dire qu’au bout d’un moment, nous voulions rentrer chez nous ! Nous avons enregistré les albums chez nous, tellement nous avons voyagé ! Il y a donc le voyage dans l’espace, avec toute la dystopie… Tout l’univers de la science-fiction s’est greffé au désert. C’est assez classique, mais le côté cosmique est aussi onirique, notamment dans nos représentations de pochettes. Nos pochettes se suivent, elles racontent une histoire, et c’est la même personne qui les a faites. Ce sont des codes qui permettent de mettre directement les gens dans une position où ils retrouvent des éléments et se sentent dans un endroit familier. Tu les mets en condition pour voyager. C’est aussi une musique progressive, psyché, donc forcément, ça décolle !

Boris : Concernant Monkey3, nous ne sommes pas particulièrement des fans de science-fiction, à vrai dire. Il y a ce son un peu spatial, par moments électronique, donc tout naturellement, nous sommes associés à cette idée de voyage spatial et autre, et c’est vrai que ça nous fascine totalement, mais c’est plutôt l’aspect de l’astronomie, de la physique, etc. qui nous inspire et nous anime. Après, effectivement, par rapport au dernier album pour lequel tu as cité un certain nombre de films références : j’aurais plutôt envie de parler de livres références, comme 1984, La Ferme Des Animaux et autres. Finalement, le sujet du dernier album n’est pas si science-fiction que ça. Il est même plutôt très ancré dans la réalité actuelle. L’aspect science-fiction, c’est de l’habillage. Souvent, les films de science-fiction, pour ceux qui ont un propos, habillent de manière futuriste des concepts extrêmement contemporains. Souvent, la science-fiction n’est qu’un habillage, mais le propos n’est pas du tout fantasmagorique. Nous pouvons donc nous inspirer de certains livres, mais c’est surtout l’aspect spécifique de l’univers qui nous intéresse, avec l’astronomie, la physique, le voyage spatial, peut-être la quête de quelque chose d’inatteignable, etc. J’en profite pour dire que mi-décembre, nous allons faire deux concerts spéciaux au planétarium de Lucerne, sous le thème de l’astrologie et autre. Il y a un aspect scientifique qui va avec.

Après, si on parle de cinéma, oui, nous aimons un certain nombre de films de science-fiction, dont ceux que tu as cités, mais nous sommes aussi de très grands fans des westerns – nous avons repris le thème de « L’homme A L’harmonica » d’Il Etait Une Fois Dans L’ouest sur notre deuxième album, et nous le jouons par moments en live. Le cinéma nous inspire de différentes manières, mais pas spécifiquement la science-fiction, même si nous avons aussi un regard sur ce genre. Les films ou les livres de science-fiction nous inspirent plus par le cœur du sujet que l’habillage futuriste. Finalement, dans Monkeys On Mars, je pense qu’il n’y a pas vraiment eu de réflexion par rapport à ça. C’est juste les univers des groupes qui se sont mélangés et qui ont tout naturellement amené à cet univers spatial et de voyage intemporel, car c’est déjà, à la base, l’univers des deux groupes.

Il y a effectivement un côté très spatial, trippant, psyché dans ces deux morceaux. Croyez-vous au pouvoir de la musique à nous transporter dans une autre dimension, un autre espace ?

Oui, absolument !

Jeremy : Tu verrais, pendant les concerts, il y a des gens qui partent complètement, c’est très agréable. Il y a un bien physique. Surtout dans certains pays, en Allemagne notamment, tu sens que les mecs et les filles décollent complètement.

Boris : La musique a aussi ce pouvoir d’unification. Dans un monde totalement déconnecté, bien que connecté [petits rires], complètement divisé, la musique est peut-être un des rares médiums qui permettent de rassembler les gens, de les amener dans une communion où chacun peut se laisser aller à être qui il est. C’est un espace où chacun peut être qui il veut être, dans la bienveillance, dans l’envie de s’exprimer et dans le fait de se faire du bien en étant ensemble pour de bonnes raisons.

« Souvent, les films de science-fiction, pour ceux qui ont un propos, habillent de manière futuriste des concepts extrêmement contemporains. Les films ou les livres de science-fiction nous inspirent plus par le cœur du sujet que l’habillage futuriste. »

Si ces deux morceaux racontaient une histoire, ce serait quoi ?

Jeremy : L’idée de base était de prendre un moyen de locomotion et de partir se faire du bien tous ensemble. Après, c’est important de laisser le plus de champ possible à l’interprétation des gens qui écoutent et à leur ressenti par rapport à leur vécu. Nous donnons de la matière, il se passe beaucoup de choses, même inconsciemment. On est quand même dans des choses un peu ésotériques.

Boris : C’est simplement de la musique pour nourrir l’âme.

Jérémy : On en a bien besoin !

Pour promouvoir cet EP, vous avez fait un « Tiny Flames edit » de « Seasonal Pyres ». Pensez-vous que ce soit contre-productif de valoriser le morceau dans son intégralité ?

Quand tu fais deux titres sur un EP et qu’à deux mois ou un mois de la sortie, tu dévoiles un morceau… Il suffit de regarder les statistiques des chaines YouTube – je ne suis pas beaucoup dessus, nous ne sommes pas très bons dans le domaine : la façon de consommer de la musique est ultra-flippante. Je pense que c’était aussi une façon de ne pas tout dévoiler. Ce sera, à mon avis, un vrai plaisir pour les auditeurs qui ont découvert les trois minutes d’entendre le morceau entier – et il y a un paquet de parties ! C’est comme s’ils avaient vu un petit bout de la lorgnette. Mais à la base, la réflexion est très terre à terre. Ça vient de Floriane [Fontaine, du label Mrs Red Sound] qui disait très justement que nous ne pourrions pas être sur les compilations des plateformes numériques, car il y a une longueur de morceau maximum – c’est huit ou neuf minutes. Comme nos deux morceaux faisaient plus, ça nous interdisait ça. C’était dommage par rapport à la capacité du projet à être écouté. Nous avons donc fait un edit autour de huit minutes qui nous a semblé respecter le morceau. Puis la personne qui a mixé avec nous, Benjamin Mandeau, a pris la liberté de nous présenter une autre version, il nous a dit : « Ecoutez, c’est les Beatles. Il y a un couplet, un refrain, un solo. » Les membres de Monkey3 ont préféré cette version et nous aussi. Nous avons donc opté pour cette version ultra-courte de trois minutes. C’était assez surprenant que ça marche dans ce format.

De ce qu’on comprend, il était évident qu’il y aurait une phase studio et une phase live…

Boris : Je dirais qu’il y avait d’abord plutôt l’idée du live. Sauf que l’idée du live n’aurait pas été aboutie sans le support audio, et sans avoir commencé l’histoire par un enregistrement. Alors que là, il y a toute une histoire à proposer et à raconter. Mais ça s’est fait assez rapidement et pas forcément avec un plan prédéfini. Le plan est né au fil du temps. Le côté assez spontané du projet est ce qui le rend assez frais et excitant.

Jimmy : Nous avons commencé à nous en parler au mois d’octobre ou novembre dernier, nous nous sommes envoyé des morceaux et comme je disais, il y a déjà trois ou quatre festivals à l’automne et des tournées sur mars et avril. C’est aussi la possibilité de continuer à jouer et de faire des dates ensemble d’une façon « augmentée ». C’est aussi un prétexte pour faire des tournées avec eux. Nous nous sommes beaucoup croisés, mais nous ne nous connaissons pas tant que ça, donc nous nous découvrons aussi et c’est bien. Il y a une certaine pudeur. Ce sera chouette de faire toute cette route avec eux. Pour des vieux mâles de cinquante ans qui font de la musique ensemble depuis un certain nombre d’années et qui se posent beaucoup de questions sur leur déconstruction, c’est vraiment bien ! [Rires]

Comment appréhendez-vous de passer à sept sur scène ?

Moi, ça va très bien. Il faut demander à Julien ! [Rires] Cela étant, c’est le seul chanteur. Je chante dans Mars Red Sky, mais c’est lui le chanteur.

Boris : De notre côté, nous n’appréhendons pas. Nous sommes excités à l’idée d’arriver à ce moment-là, car ça fait vraiment comme un orchestre. Imaginez la puissance sonore que ça va pouvoir amener et l’expansion du son de chacun… Ce sera décuplé ! Ne serait-ce que jouer avec deux batteries. Nouveauté pour nous : avoir un chanteur sur scène avec nous. Là, nous devrons adapter – notamment Jalil à la basse et moi à la guitare – notre attitude sur scène. Comme nous n’avons pas de frontman, nous sommes devant et c’est nous qui devons faire la connexion avec le public. Dans le projet Monkeys On Mars, nous devrons être un peu en retrait et laisser à Julien sa place de frontman, le laisser exister en tant que tel. C’est donc aussi un challenge pour nous mais qui est extrêmement intéressant.

Jimmy : Concernant la position de Mars Red Sky, je crois que nous n’aurions pas pu faire un projet comme celui-ci et le réaliser de cette façon il y a quelques années. Je crois que nous avons une maturité qui permet de le faire, j’en suis quasi sûr. Ça peut paraître hyper-bateau, mais je suis hyper-content du résultat. Nous avons été assez vite, ça a été assez fluide, alors qu’au départ, il n’y avait pas de vraie stratégie. Finalement, nous voyons que nous avons du métier. Peut-être sommes-nous aussi à un âge où, en termes d’ego, nous sommes plus à la cool.

« Dans un monde totalement déconnecté, bien que connecté, complètement divisé, la musique est peut-être un des rares espaces où chacun peut être qui il veut être, dans la bienveillance, dans l’envie de s’exprimer et dans le fait de se faire du bien en étant ensemble pour de bonnes raisons. »

Comment vont s’agencer les concerts de Monkeys On Mars ?

C’est un projet à géométrie variable. Sur les tournées que nous avons annoncées, les premières dates sont des festivals où nous avons entre cent ou cent cinq minutes où nous allons faire les morceaux du EP de Monkeys On Mars à la fin. Il y aura des articulations sur les derniers morceaux de chaque groupe – en général, en France, Mars Red Sky va jouer en dernier et Monkey3 sera en dernier sur le reste des dates en Europe –, mais il y aura des invités au cours du set. Pendant que nous serons ensemble en tournée, je pense que nous allons ajouter des moments où nous allons nous inviter, parce que nous aurons peut-être un peu plus de temps pour en parler – même si en tournée, on n’a jamais trop de temps. Ce sera très simple, car il y a un seul set-up en termes de backline. Ça veut dire qu’à n’importe quel moment, quelqu’un de Monkey3 pourra venir jouer sur le set de Mars Red Sky et inversement. Je pense que nous allons le faire au fur et à mesure. En plus, nous sommes en train de booker des dates et au Motocultor, ils n’ont pas voulu que nous annoncions Monkey3 et Mars Red Sky : ils nous ont fait une proposition uniquement sur Monkeys On Mars de soixante minutes, qu’il va bien falloir honorer. Pour l’instant, nous serions plus entre trente-cinq et quarante. Il va donc falloir rajouter des morceaux – un ou deux de chaque groupe – pour pouvoir faire soixante minutes tous ensemble sur scène.

Boris : En fait, en tournée, ce sera un concert des trois groupes. La proposition de base, par exemple, c’est : si nous commençons à jouer en premier, nous faisons un set de nos morceaux, puis sur le dernier, Mars Red Sky nous rejoint et s’intègre à notre morceau. Ça fera donc une version inédite d’un morceau que les gens connaissent déjà. De là, Mars Red Sky enchaîne sur son concert avec son répertoire et nous les rejoignons pour jouer avec eux sur leur dernier morceau. Et finalement, nous enchaînons sur les morceaux de la collaboration. Ça, c’est le point de départ, mais nous verrons ce qui se passe au fur et à mesure des dates. En tout cas l’objectif est d’avoir un peu de Mars Red Sky, un peu de Monkey3, et beaucoup de Monkeys On Mars.

On retrouve deux basses et deux batteries, qui sont des instruments qu’on voit rarement en plusieurs exemplaires dans les formations. Comment est-ce que vous abordez ça ?

Jimmy : Nous avons deux excellents batteurs, avec des parties qui ont été écrites pour se répondre – ça s’entend sur le disque. Au niveau des guitares, ça a déjà été tout calé car tout le monde joue en même temps et tout marche. Concernant les basses, je sais que ce sera le point le plus délicat. Par exemple, sur le morceau où Julien chante, « Seasonal Pyres », c’est Jalil qui tient majoritairement la basse, mais je vais le rejoindre live. Il a un son puissant mais medium et moi, je vais aller plus dans le bas sur pas mal de parties. Par contre, je vais garder mes parties sur l’enregistrement où je suis resté sur la spécificité de Mars Red Sky : des fois la basse se comporte un peu comme un instrument soliste bizarroïde. En fait, je suis le zinzin du groupe – il en faut toujours un qui essaye des trucs – et là j’ai fait un peu le zinzin sur leur morceau, c’est-à-dire que l’intro, c’est du clavier et de la basse avec un son un peu aigu bizarre. Je vais donc garder les petits bruits que j’ai faits et qui s’entendent sur le disque, tout en renforçant la basse de Jalil. Sur le morceau instrumental, où je joue, Jalil va venir doubler pour renforcer en live. Après, ce sera le sonorisateur qui, en live, fera en sorte que ça poutre bien en trouvant les bons choix pour que ce soit plaisant, et s’il faut simplifier une partie, nous le ferons. Comme nous n’avons pas de problème d’ego, tout va bien. J’ai vraiment envie d’aller toucher un peu le clavier de dB, si je peux me permettre, il le sait. C’est vraiment important pour moi, si je peux venir à un moment donné en hauteur avec lui sur le poste. On verra ce qu’il accepte de me confier. Ça me ferait vraiment très plaisir, et auquel cas, je lâcherais la basse, car il n’est pas question que je fasse les deux.

Boris : En studio, c’est plus facile de gérer un certain nombre de choses, notamment au niveau des fréquences, mais on verra en live ce que ça donne. Je dirais quand même que ça va le faire !

Jimmy : De toute façon, si, à un moment donné, on perd quelque chose… Par exemple, si à la basse, je sens que ce que j’emmène en doublant est compliqué, je me mettrai en retrait et je ferai autre chose. J’ai prévu d’emmener quelques percussions, du tambourin, des choses comme ça. Dans Monkey3, il y a une belle basse qui tient bien la route, or quand je vais venir, il faudra que ça apporte quelque chose, ou alors il faudra faire des priorités de mix. L’effet que nous cherchons aussi est la puissance de voir le plateau, ce qui va sortir, etc., même s’il y a des priorités qui sont faites en termes de mix.

Boris : Indépendamment du rendu sonore, il y a effectivement cet aspect visuel, c’est-à-dire que d’un coup, on voit sept musiciens sur scène, des instruments doublés, etc. Tu vois les mecs ensemble sur scène qui font corps, qui font un. Déjà ça, ça va amener beaucoup. Après, au niveau sonore, chaque petit élément va amener quelque chose qui rendra le spectacle unique, avec sa spécificité. Effectivement, il y aura des choix à faire au niveau du mix, mais nous laissons les techniciens travailler. Nous, nous serons sur scène à nous amuser et à donner le meilleur de nous-mêmes. Je tiens à souligner que, sur scène, Jimmy et moi serons du même côté, donc la scène va un peu pencher [rires]. Et il va souffrir avec moi, parce que quand je suis sur scène, j’adore discuter et raconter des conneries !

« Pour des vieux mâles de cinquante ans qui font de la musique ensemble depuis un certain nombre d’années et qui se posent beaucoup de questions sur leur déconstruction, ce projet est vraiment bien ! [Rires] »

Jimmy : Nous, nous sommes contents : nous serons dans des vapeurs de vapoteuses. Autant la clope, ça me saoule, autant la vapoteuse ne me dérange pas du tout. Ça va nous changer. Nous serons dans des contextes un peu différents. Ils verront aussi le comportement de Julien sur certaines choses, moi qui suis au téléphone parfois, qui en fout plein à côté… Nous allons voir nos entrailles !

Boris : C’est aussi ce qui est intéressant : cet échange humain. Ce qui est important est que, sur la scène, nous ressentions la spécificité de chaque personne qui est en train de jouer, avec ses qualités et ses défauts. Il faudra s’écouter les uns les autres, se comprendre, mais nous avons tous le même objectif : donner un maximum de plaisir au public.

Notamment Mars Red Sky, quand on vous voit sur scène, on a l’impression que vous avez trois personnalités complètement différentes. Je ne sais pas si vous êtes comme ça dans la vraie vie…

Jimmy : C’est totalement vrai ! Il y a une dizaine d’années nous nous étions appelés le « fou », le « nazi » et le « dépressif ». Tu vas vite trouver qui est qui [rires]. Blague à part, c’est incroyable, nous sommes totalement différents. Ce n’est pas que la musique qui nous a rassemblés. Je connais Julien depuis très longtemps, idem pour Matt, mais je ne comprends toujours pas comment nous arrivons à nous supporter, compte tenu de notre différence. Mais c’est cool !

C’est peut-être tôt pour le demander, mais imaginez-vous que ce sera un one-shot ou que ce sera un projet qui s’inscrira dans la durée ?

Il y a déjà un ou deux festivals de confirmés pour 2026, donc ça veut dire que ça va continuer.

Boris : Ce n’est pas qu’un one-shot. To be continued.

Jimmy : Nous avons même fait un profil Tinder… Heu, non, excusez-moi, MySpace. Je suis désolé, je n’y comprends rien. Nous allons continuer à donner du pognon à Meta, car ça, ça nous plaît de faire des saluts romains ! [Rires]

Monkey3, vous faites aujourd’hui un projet avec un groupe français. Etant basés à Lausanne, en Suisse romande, dirais-tu, Boris, que vous avez plus de contact avec la scène française ou avez-vous quand même des liens avec les groupes des autres régions suisses ? Car il y a une belle scène chez vous…

Boris : Oui et non. En Suisse, il y a de super bons groupes, pour certains même historiques et précurseurs, mais il n’y a pas une vraie scène compacte qui avance ensemble. Tout est fractionné. C’est très disparate en termes de style et de provenance des groupes. Il y aura un groupe à Genève, un à Lausanne, un à Zurich, un à Bâle… Mais il n’y a pas une grosse scène qui pousse comme un seul homme, comme on a pu le voir dans d’autres pays ou zones géographiques. Ce n’est d’ailleurs pas toujours facile, parce que tu te retrouves un peu isolé, toujours tout seul. C’est pour cette raison que beaucoup de groupes suisses auront tout de suite tendance à avoir un regard vers l’étranger et à essayer de se développer en Europe plus qu’en Suisse même, pour pouvoir exister au sein d’une scène plus grande. Il y a d’ailleurs pas mal de groupes suisses, depuis longtemps, qui s’exportent relativement bien, mais qui ne sont pas forcément connus dans leur propre pays. Après, on peut se poser la question… Je prends un exemple, parce qu’il vient de sortir un disque : Coroner. C’est un groupe culte, mais est-ce un groupe qui a vraiment eu du succès ? Non, c’est resté un groupe de niche. Si ça avait été un groupe allemand, anglais ou américain, est-ce que leur carrière aurait été différente d’un point de vue notoriété ? C’est bien possible. D’un autre côté, le fait d’être suisse et un peu isolé n’a-t-il pas permis de générer la musique qu’ils ont faite ? C’est aussi possible.

La scène suisse est, certes, disparate, mais elle est aussi très qualitative et souvent assez originale. Tu parles de Coroner, on peut mentionner évidemment Celtic Frost, dans un autre style Eluveitie…

Samael et puis les Young Gods, plus que tous les autres, je trouve. Les Young Gods ont fait quelque chose qui était complètement en dehors de ce qui se faisait. Très vite, on a vu arriver des groupes comme Ministry, mais les Young Gods étaient vraiment au tout début de cette mouvance et ils ont influencé plein de monde dans cette scène indus. Quand tu vois le succès de groupes comme Ministry, que je trouve, par ailleurs, être un groupe phénoménal, et que les Young Gods sont restés très underground… Pourquoi ? C’est comme ça.

Interview réalisée en face à face et en visio les 19 juin et 7 octobre 2025 par Jean-Florian Garel & Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Liss Eulenherz & Cedric Mathias (3).

Site officiel de Monkey3 : monkey3official.com.
Facebook officiel de Mars Red Sky : www.facebook.com/marsredskyband.

Acheter l’album Monkeys On Mars.



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