Adapter la musique de Moonspell à la sauce orchestrale résonne presque comme une évidence. Le groupe portugais est un pilier indémodable du metal gothique, style originel qu’il a su transcender au fil des années en témoignant d’une créativité aventureuse, et l’approche extrêmement théâtrale de son art s’accorde harmonieusement avec la puissance d’un ensemble symphonique. Comme à leur habitude, les Portugais abordent l’exercice sans jamais sombrer dans la facilité et apportent au travers de cet Opus Diabolicum une vision nouvelle de leur musique.
De nombreux groupes metal se sont risqués à habiller leurs travaux de cordes et de cuivres. La force de Moonspell est probablement de disposer d’un terreau fertile à une collaboration de cette ampleur, le travail conjoint proposé pour ce concert événement évitant avec brio l’écueil de l’ajout anecdotique d’arrière-fond. Moonspell et le Lisbon Sinfonietta Orchestra misent sur une partition symphonique ample et audacieuse. L’orchestre respire littéralement et prend le temps de s’installer le temps d’une introduction longue et sinueuse, qui impose une atmosphère inquiétante inspirée des compositeurs de la Renaissance. Une ambiance qui s’entremêle parfaitement à la noirceur vénéneuse des guitares, épaisses et hypnotiques. Il pourrait, à ce titre, paraître évident de les accompagner majoritairement par la puissance des cuivres, mais le chef Vasco Pearce de Azevedo fait le choix pertinent de laisser s’exprimer la finesse des cordes. Il évite également de multiplier les couches d’arrangements inutiles, respectant les fabuleux contrastes de la musique de Moonspell, et notamment ses passages les plus éthérés (les couplets de « Breathe »). Les décharges épiques gagnent elles en grandiloquence, dynamitées par des superpositions d’harmonies vocales profondes. Moonspell surprend parallèlement en optant pour des morceaux devenus peu courants ces dernières années, projetant notamment le mésestimé album 1755 au premier plan avec quatre extraits. Un superbe témoignage live.
Vidéo live de la chanson « In Tremor Dei » :
Vidéo live de la chanson « Vampiria » :
Album Opus Diabolicum, sortie le 31 octobre 2025 via Napalm Records. Disponible à l’achat ici




























