Après déjà plusieurs années d’absence au sein de la formation floridienne, d’abord en raison d’importants problèmes de dos qui l’empêchaient de tenir son poste derrière la batterie, David Vincent l’a exprimé très clairement, mettant fin à une longue période d’incertitude : « Pete [Sandoval] ne fait plus partie de Morbid Angel ».
Et donc Tim Yeung (deuxième en partant de la droite sur la photo ci-contre), actuel batteur du groupe, semble bien installé derrière les fûts de la formation pour un certain temps encore. Et cela ne dérange absolument pas le bassiste et chanteur. Croisé sur la tournée nord-américaine du groupe durant laquelle ils ont célébré les vingt ans de l’album Covenant, Vincent a déclaré à Invisible Oranges : « Tim est un excellent batteur. Il gère très bien les compos. C’était aussi un grand fan de l’album [Covenant] à l’époque où celui-ci est sorti. Il est certes plus jeune que moi de quelques années, mais c’est cool. Il ressent très bien les chansons et c’est agréable. »
Mais cela n’explique pas encore comment le frontman s’arrange à ce point de cette séparation avec l’un des membres fondateurs, et donc emblématique, de Morbid Angel. Sandoval aurait-il dirigé toutes ses attentions vers Terrorizer, son autre groupe ? Trois années loin de ses vieux camarades ont-elles formé un trop grand fossé entre eux ? Il y a probablement de cela car donner l’assise rythmique aux chants voués à des divinités impies ne semble plus du goût du batteur.
Voici donc la suite de la déclaration de Vincent au média américain : « Tout son mode de vie a changé, il est dans une optique différente, et au point où il en est actuellement, lui et Morbid Angel ne sont pas compatibles. » Et ce nouveau mode de vie est d’ordre… religieux. Vincent précise : « Eh bien, [Pete] a trouvé Jésus. Vous pouvez donc voir d’où provient l’incompatibilité. » Et effectivement, cette « renaissance chrétienne » ne fait aucun doute quand l’on fait un tour sur la page Facebook officielle de Sandoval désormais tapissée d’extraits de la Bible.
Évidemment, les divergences de personnalités, d’opinions politiques ou bien religieuses sont, par nature, des poids poussant à la contradiction, aux débats ou aux vraies empoignades. Et dans un groupe, même si bien souvent ses compagnons de route sont plus ou moins proches de soi, dès lors qu’il faut aborder des thèmes épineux, il arrive que la vie, sans crier gare, fasse que tout ce qui semblait acquis ne le soit plus. Alors quand, en plus, on se nomme Morbid Angel, qu’on officie dans un registre ô combien délicat (aussi bien dans son fond que dans sa forme), le death metal, parler de Jésus revient à lâcher un agneau parmi les fauves. Ça racle, ça gicle, et ça conduit plus d’un frontman du genre à cracher toute sa haine viscérale du Christ et de son Père. Au moins pour la forme. Et si le metal, dans sa plus grande diversité n’est pas foncièrement anti-religieux, voire anti-quoi-que-ce-soit, il n’en demeure pas moins que dans la scène death/black, la religion n’est pas considérée sous un jour particulièrement positif.
Mais, les divergences avec ses anciens camarades, Sandoval fut probablement le premier à les exprimer, quand il y a deux ans, peu après la sortie de l’album Illud Divium Insanus, Pete Sandoval avait exprimé son ressenti vis-à-vis de cet opus, montrant déjà combien artistiquement il ne se sentait plus proche de son groupe : « Je ne joue pas dessus ! […] Il aurait été plus extrême, deathgrind metal avec moins de trucs de DJ emmerdants et typiques dont je me fiche ! Ce n’est pas ce qu’est MORBID ! … Hmmmm, et je ne pourrais pas plus m’en ficher…! »
Encore un qui tombe dans la tentation comme Mustaine….
Au moins pas d’hypocrisie, c’est bien de leur part.
Et c’est tout aussi bien pour le groupe.